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December 4th, 2002




 Algeria
The time is now, the place is Algeria


V.I.P. INTERVIEWS

M. Hamid Lounaouci, Former Minister of Transport


MINISTRY OF TRANSPORT

Interview with

Mr. Hamid Lounaouci
Former Minister of Transport

Alger, December 2000
Quelles sont les grandes priorités de votre ministère à ce jour en relation avec le développement des infrastructures de transport ?

Si nous parlons de priorités, je crois qu'il faut se rappeler que le secteur des transports est le système d'irrigation, sens figuré du terme pour l'économie nationale. Je crois que, depuis bientôt une année et demie, il y a un train de réformes économiques qui est mené en Algérie. Il y a beaucoup de changements qui sont en train de se faire - bien sur il y a encore des choses à faire - mais beaucoup de changements se sont opérés déjà.

Je crois que pour la première fois la volonté politique va vers l'ouverture de l'économie de marché, vers la libéralisation du secteur économique de manière directe et franche, chose qui n'a pas été le cas depuis quelques années. Alors, un train de réformes comme cela nécessite, aussi bien les ajustements structurels au niveau législatif, au niveau des lois et au niveau des textes en réglementant l'économie nationale, une amélioration des performances dans le secteur des transports.

Donc, c'est avec cette vision globale et cohérente que, au niveau du ministère des Transports, nous avons inscrit un certain nombre de priorités, et ces priorités sont divisées en plusieurs sous-secteurs. Dans le domaine aéroportuaire par exemple, d'abord nous sommes en train d'essayer d'améliorer les performances de la compagnie Air Algérie, la compagnie nationale, qui est un produit de l'économie étatique de l'époque précédente. Nous essayons donc d'améliorer la qualité de la prestation de la compagnie nationale, et nous sommes presque au stade de finalisation vers l'ouverture du capital de la compagnie Air Algérie.

Quel est le plan de votre ministère concernant la privatisation de Air Algérie ?

Restructurer une compagnie comme Air Algérie et ouvrir son capital nécessite une expertise, donc nous avons lancé un avis d'appel d'offres international pour le choix d'un bureau conseil juridique international, qui lui sera chargé de nous accompagner dans toutes les phases qui doivent aboutir vers l'ouverture du capital.

Je vais vous citer un exemple: nous sommes en train de reprendre la modernisation de beaucoup d'aérogares à travers le territoire national. Je peux vous citer Constantine, Annaba, Oran, ainsi que les plates-formes du Sud algérien comme In-Aménas et In-Salah. Donc il y a ces améliorations que nous sommes déjà en train d'apporter. Le secteur de l'aéroportuaire a été totalement négligé pendant des années et ce que nous venons de prendre en mains est le secteur de la navigation aérienne.

L'Algérie est un pays qui a 1.200 kilomètres de côtes et qui est une interface directe de l'Europe, donc vous imaginez le nombre d'avions qui traverse notre territoire. Il y a une trentaine d'années l'Algérie était le pays qui était le pays le plus sécure de la région en matière de navigation aérienne, mais maintenant nous sommes en retard et beaucoup de compagnies aériennes commencent à éviter l'Algérie pour passer par le Golfe. Pour résoudre ce problème nous sommes en train d'aller vers la modernisation du secteur ; le renouvellement du système informatique et système de gestion est déjà signée et les travaux ont déjà commencé, donc toute la couverture radar du territoire national sera finalisée vers la fin 2002.

Concernant le chantier de l'aéroport d'Alger, quand prévoyez vous une reprise de construction ?

Nous avons décidé de revenir aux normes universelles - nous allons le développer en concession et lancer un appel d'offre international à manifestation d'intérêts pour une banque d'affaires. La banque d'affaires sera chargée de nous élaborer tous les cahiers des Charges et chercher le concessionnaire, donc nous sommes la base du départ, et l'appel d'offre va paraître prochainement.

Comme vous le disiez, le port d'Alger nécessite une certaine restructuration également et une meilleure efficacité de gestion ensemble avec une libéralisation des métiers. Où en sommes-nous aujourd'hui ?

L'organisation portuaire a crée des entreprises portuaires comme celles d'Alger, d'Oran et de Skikda, dont chaque port gère une entreprise, qui appartient à l'Etat et contrôle l'économie, le commerce et la réglementation en même temps. Donc, pour créer une économie de marché et susciter une concurrence saine, il est évident que ce n'est pas le schéma idéal.

Une loi a donc été votée en 1998 pour revoir toute l'architecture d'organisation du système portuaire en Algérie. Cette loi prévoit de séparer les activités commerciales et économiques pour permettre de libéraliser et ouvrir à la concurrence les autorités portuaires qui sont toujours la souveraineté de l'Etat. Evidemment, le service et la sécurité des autorités portuaires demeureront des services publics.

Les services publics et sécurité, cela veut dire quoi ? Cela veut dire que demain, une fois que l'on aura opérer séparation de tous les textes d'application, l'entreprise d'Alger (par exemple) deviendra une entreprise - elle ne sera plus l'autorité du port d'Alger, et demain, par le jeu de la concurrence, une entreprise étrangère ou une entreprise nationale pourra proposer ses services pour le port d'Alger, et elle sera autorisée à entrer dans la concurrence pour le port de containers ou pour les autres services du port.

Il est certains que certaines entreprises portuaires, tel que le Port de Béjaïa, ont adopté un mode de gestion très transparent et très organisé pour s'adapter à la concurrence…

Béjaïa a effectivement un port qui est très bien géré, y compris dans ses aspects de management. Il n'y a pas de secret. La personne qui est là-bas et qui dirige est quelqu'un de très compétent et de très sérieux. Cela se voit tout de suite il prévoit s'impliquer d'avantage avec d'autres partenaires privés et étrangers dans un certain nombre de créneaux.

Pour quand prévoyez vous l'ouverture du capital de Air Algérie ?

Le temps que la procédure se complète. Un avis d'appel à la concurrence sera fait, et nous venons de mettre sur le marché international l'ouverture du capital de l'Algérie. Pour commencer il y aura une examination de ll'offre technique et l'offre financière, ce qui prendra au minimum six à sept mois, et une fois que le choix aura été fait, il faudra que ce bureau conseil juridique passe encore quelques mois pour mettre sur le marché international cette ouverture vers ceux qui sont intéressés et définir leurs choix.

Lorsqu'on dit ouverture du capital cela peut être une augmentation du capital, cela peut être une cession de parts de capitaux, et tout cela devra être étudié par le bureau conseil. Cela dit, dans environ une année le processus sera vers sa finalisation.

Qu'aimeriez-vous apporter à la concurrence qui se développe de plus en plus dans le secteur des compagnies aériennes ?

Nous étions sous embargo pendant de longues années, et il n'y avait qu'Air Algérie pour faire face avec beaucoup de ces difficultés. Maintenant, en tant que ministre des Transports, je suis soulagé d'apprendre qu'il y a des compagnies privées algériennes qui naissent ; il y en a trois privées qui s'améliorent de jour en jour, qui se bonifient de jour en jour, et leur flotte est en train de s'agrandir. Je parle bien sûr de Khalifa, Ecoair et Antinéa. Ces compagnies privées couvrent à peu près toute l'Europe et ils sont en train de s'ouvrir sur l'Afrique, sur le Transatlantique, sur l'Europe du Nord. C'est un phénomène qu'il faut absolument encourager et consolider elle sera un élément clé pour relancer l'activité économique et le tourisme.

Et la ligne Alger-Paris, est-elle toujours réservé uniquement à Air Algérie ?

Alors là, c'est un dossier à part.

Pourquoi est-ce un dossier à part ? Est-ce une de vos prérogatives personnelles, ou est-ce un jeu politique qui bloque la réouverture de lignes vers Paris ?

Il y a d'abord ma décision. J'ai mes raisons pour ne pas ouvrir la ligne Alger-Paris à tout le monde maintenant. Mais il y a aussi une chose qu'il ne faut jamais oublier - c'est qu'une ligne aérienne symbolise d'abord des accords entre deux pays. Or, en l'occurrence, avec la France, nous avons des accords mais nous avons aussi des relations avec l'aviation civile française, qui, depuis des années maintient un tête à tête Air France / Air Algérie sur Paris.

Les lignes sur Marseille, sur Lyon ou sur Lille, par exemple, ne posent strictement aucun problème. Tant qu'il y a une ouverture d'autres lignes en même temps, et je ne crois pas que garder Paris pour Air Algérie soit un acte de centralisation économique ou de refus de la concurrence. Personellement, j'appui l'ouverture, la concurrence et la libéralisation. Mais je suis aussi de ceux qui croit qu'il faut trouver rechercher un équilibre à la croissance. Il faut assurer que ces nouvelles compagnies soient suffisamment solides avant de leur accorder des lignes aussi importantes que Alger-Paris.
Au niveau des compagnies étrangères, pour quand prévoyez-vous leur retour ?

Nous avons fait le maximum pour attirer ces compagnies aériennes. Alitalia a décidé de renouveler ses vols sur Alger, et Suisse Air est intéressé aussi. Il reste l'éternel problème de Air France.

A mes yeux, Air France est une compagnie aérienne comme toutes les autres compagnies. Si elle trouve qu'il y a des affaires à faire en entreprenant la ligne Alger, elle est la bienvenue. Si elle juge qu'elle doit valoir un traitement particulier, c'est à elle de décider de revenir ou de ne pas revenir. Elle est libre à faire ce choix. Nous avons fait des efforts extraordinaires pour assurer que la stabilité s'améliore sur le plan sécuritaire. Alitalia est revenue, elle a accepté, et ils ont envoyé leurs spécialistes de la sécuritéet vérifié la sécurité du port d'Alger. , ils ont décidé de revenir, ils ont décidé de revenir, ils ont trouvé que nos mesures de sécurité étaient satisfaisantes.

D'autres dossiers importants sont le métro d'Alger et le réseau ferroviaire. Dans ce cadre-là, qu'avez vous prévu pour le développement du métro d'Alger ?

Il était prévu en trois lignes pour le métro d'Alger, et finalement il y en qu'une seule qui a été retenue. Sur cette ligne, environ 40 % est complété, et les tunnels sont posés, les stations sont pratiquement construites. La partie géologique reste la plus difficile, et les évaluations approximatives qui ont été faites indiquent un investissement nécessaire de l'ordre de 1 milliard de dollars, qui est considérable.

Ce qui est de plus, aucun métros dans tous les pays du monde rapportent de l'argent, mis à part le métro de Hong Kong. Partout ailleurs, les métros perdent de l'argent, donc les pouvoirs publics compensent.

La décision a été d'arrêter la construction du métro temporairement, et une équipe de la Banque mondiale est venue récemment et nous mettons en place un financement pour ramener une équipe d'experts qui doit plancher sur ce projet-là et nous donner des pistes de développement.

Qu'en est-il concernant la recherche de partenaire pour le transport ferroviaire ?

Nous n'examinons pas la privatisation, mais la mise en concession d'un certain nombre de lignes. C'est quand même différent. D'abord nous allons assainir la compagnie elle-même et faire un assainissement structurel de la compagnie. Toutefois, c'est un service public et il y a des lignes que nous sommes obligé de desservir pour des raisons sociales, par exemple. Donc, nécessairement l'Etat doit intervenir dans ce type de gestion, car c'est un service public par excellence.

Par contre, nous sommes en train de voir avec un certain nombre d'experts s'il n'y a pas de possibilité de développer des tronçons en concession, ce qui est sensiblement différent de la privatisation. Lorsqu'on dit concession c'est pour développer l'infrastructure.

L'Algérie est un pays vaste vous savez, donc il faut l'exploiter. Donc nous sommes prêts aujourd'hui à examiner toutes les possibilités que la loi le permet, car la volonté politique existe pour examiner toutes les possibilités de mise en concession négociées sur un certain nombre de tronçons.

Concernant ces opportunités d'investissement en Algérie, comment prévoyez vous attirer des investisseurs étrangers vers votre secteur ?

Il y a deux points sur ce sujet: ce que doit faire l'Algérie et ce que le partenaire étranger doit faire. Du côté algérien, je crois qu'il n'y a aucun complexe à dire que notre pays a traversé une période extrêmement difficile. D'autant, qu'au moment où l'on sortait d'un régime politique de parti unique et d'hyper centralisation de l'économie, nous avons traversé une période de déstabilisation de la situation politique et de déstabilisation sur le plan sécuritaire. Mais les choses s'améliorent, les choses sont en train de revenir à leur place et de s'améliorer progressivement mais sûrement dans notre pays.

La situation sécuritaire, je ne sais pas si vous avez connu Alger dans les années 1993 à 1996, car nous avons souffert, cela est vrai. Vous savez, quand on a connu le terrorisme dans un pays cela dure pendant plusieurs années avant que la stabilité ne revienne. Mais du point de vue de la stabilité nous avons grandement amélioré la situation.

D'un autre point de vue, la volonté véritable de moderniser l'économie existe réellement, chose qui n'existait pas il y a quelques années. Nous sommes prêts à revenir à une stabilité politique et sécuritaire, donner toutes les garanties législatives, réglementaires, financières, ect, aux partenaires et cela c'est quelque chose qui est en train de se faire. Par contre, il y a une partie qui est encore très faible chez nous - nous n'arrivons pas encore à vendre l'image du pays, et nous ne savons pas encore comment faire un bon marketing dans notre pays.

L'Algérie est un pays qui fait 2 millions 320 mille kilomètres carrés, c'est un pays de 30 millions d'habitants qui fait 1.200 kilomètres de côtes en interface avec l'Europe, et nous sommes à ¾ d'heure des côtes européennes. Il y a des possibilités immenses dans plusieurs domaines, je ne parle pas de l'énergie, je ne parle pas du pétrole, mais plutôt des possibilités immenses dans l'agriculture et le tourisme, par exemple.

Donc il y a beaucoup d'investisseurs potentiels qui devraient agir avec anticipation. Il est vrai que la faute est partagée, car de notre côté nous ne vendons pas de bien l'image du pays, mais par contre il y a trop de réticences de la part des étrangers et ils n'osent pas faire trop d'affaires en Algérie. Je crois qu'il faut absolument que les gens comprennent que les choses ont changé et qu'elles sont en train de changer très vite.

Donc, je crois qu'il faut que nous fassions l'effort d'améliorer l'image de notre pays, mais il faut aussi que les investisseurs ouvrent leurs yeux aux opportunités en Algérie.

Quels ont été les aspects les plus plaisants et les moins plaisants que vous avez découvert depuis que vous êtes ministre des Transports ?

Je commencerais par les expériences moins plaisants. Le secteur de transport a été désinvesti pendant de longues, longues années. Contrairement à certains secteurs de l'économie nationale qui ont bénéficié plus largement d'intérêts investis par les pouvoirs publics, je trouve que le secteur des transports a été désinvesti pendant longtemps. Donc certaines compagnies ont de grosses difficultés financières, dans le transport terrestre par exemple, car toutes les sociétés qui faisaient le transport étaient le monopole de l'Etat.

Il y a à peu près trois ans, en 1998 on a décidé de libéraliser le transport terrestre, sans aucun contrôle ni ordonnancement de l'Etat. Alors, aujourd'hui, une ville comme Alger est étouffée, car aucun plan directeur de la circulation urbaine à Alger a été développé, par exemple. Alors, évidemment lorsque vous avez 100 mille véhicules qui font le transport public et chaque véhicule a un propriétaire, La sécurité des personnes n'est pas garantie, la qualité des services n'est pas offerte, et cela pose des problèmes de gestion de la circulation urbaine. C'est donc cette absence totale de l'Etat en matière de régulation que je regrette.

Par contre, il y a des points de satisfaction en ce qui concerne les cadres de management dans le secteur, et leur changement de mentalités, car ils se sont préparés à l'ouverture et la libéralisation de leurs entreprises. Il y a aussi une naissance importante de compagnies privées qui investissent dans le transport.

Quel est le message final que vous souhaiteriez confier à nos lecteurs ?

Le message est très simple. J'invite les hommes d'affaires à venir constater par eux-même un pays qui s'appelle l'Algérie, qui a longtemps subi la déstabilisation sécuritaire, et je les invite à venir constater par eux-mêmes que les choses se sont améliorées sur le plan sécuritaire ainsi que sur le plan économique, c'est-à-dire qu'il y aujourd'hui plus de volonté et plus de possibilités d'investissement en Algérie qu'il n'en a jamais existé auparavant. Les domaines sont multiples, les possibilités sont immenses, le marché est très grand et je pense aussi qu'il faut que les gens comprennent que l'avenir économique d'un pays comme l'Algérie est irrémédiablement inscrite dans l'avenir économique du Bassin méditerranéen.





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© World INvestment NEws, 2001.
This is the electronic edition of the special country report on Algeria published in Forbes Global Magazine. 12th November, 2001 Issue.
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