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December 4th, 2002




 Algeria
The time is now, the place is Algeria


V.I.P. INTERVIEWS

M. Hamid Temmar, Former Minister of Participation and Coordination of Reforms, current Minister of Industry"


MINISTRY OF PARTICIPATION
& COORDINATION OF REFORMS

Interview with

Mr. Hamid Temmar,
Former Minister of Participation and Coordination of Reforms, current Minister of Industry

February 3rd 2001
Quel est le programme que vous proposez pour entamer dans la première phase de privatisations des compagnies algériennes ?

Je ne vous répondrais pas directement parce qu'à mon avis, par delà de la privatisation, notre objectif n'est pas la privatisation, ce n'est qu'un élément symbolique très important. Notre but est plutôt la transformation de l'économie nationale et changer tout le système de fonctionnement de cette économie nationale. Etant donné que l'essentiel du secteur industriel est entre les mains de l'Etat, surtout le haut industriel, c'est-à-dire la transformation mécanique, chimique et pharmacie (par rapport au privé qui est beaucoup plus entre les services et la production), la transformation de ce secteur public par le biais de la privatisation a pour but de transformer l'économie nationale, à la diriger vers une modernisation de l'appareil de production et surtout à sa préservation. Donc, la privatisation n'est pas vraiment mon objectif. C'est scinder les aspects.

Etant donné l'histoire de l'Algérie, ses options socialistes très fortes, sa croyance et son égalité de tous, le secteur public représentait vraiment un espoir et un futur. Mais tout d'un coup nous leur avons dit que cette histoire, ce futur, n'est plus le même et que nous passons à une transformation de la société… Symboliquement, c'est un message extrêmement puissant, et c'est peut-être la meilleure manière d'ébranler la société et le système algérien pour qu'il se transforme rapidement et pour qu'il pense autrement que dans le système ancien qui est un système essentiellement de gestion étatique. Voilà pourquoi la privatisation est importante, mais les missions du ministère ne sont pas la privatisation.

Nous avons quatre missions:

1. La première mission est de suivre le secteur public, le réorganiser et l'amener à travailler d'une manière plus rationnelle.
2. La deuxième mission, bien sûr, est de faire travailler rationnellement le secteur public ; il faut en partie le privatiser rapidement, mais pour pouvoir privatiser, il faut trouver des investisseurs.
3. Nous avons aussi une troisième responsabilité, qui est la mobilisation de l'investissement direct ou avec la participation internationale et nationale.
4. La quatrième responsabilité est une responsabilité de coordination de toutes les réformes, quelles qu'elles soient, et nous avons décidé que cette coordination des réformes sera une réforme économique et nous donc poussons la réforme bancaire, fiscale, celle des douanes, et la réforme institutionnelle en général lorsqu'il s'agit du fonctionnement de l'économie nationale.

C'est pour cela que nous avons pondu de nouvelles lois. Nous avons une loi qui s'appelle la loi sur les capitaux marchands, une autre sur la privatisation, une sur l'investissement, mais elles ont été conçues il y a quelques années, donc maintenant il s'agit de les reprendre pour les orienter vers une vision plus ouverte de l'économie nationale. Mais en ce moment les lois que nous avons nous permettent quand même de privatiser. Les nouvelles lois vont tout simplement me donner des moyens que j'estime nécessaires, étant donné la nécessité d'ouverture de l'économie nationale dans un cadre de marché qui est un cadre de marché ouvert, vers l'extérieur.

Etant donné que le privatisation est symbolique et politiquement chargée, il est certain que nous avons eu des oppositions très fortes il y a six mois, ce qui a abouti d'ailleurs au départ de tous certains ministres, mais depuis je n'ai plus d'opposition politique - je n'en ai aucune, même les syndicats qui s'agitent quelquefois sérieusement ne sont pas contre la privatisation mais veulent simplement savoir comment nous voulons la faire pour qu'ils soient rassurés que la part du travail n'est pas perdue. Je n'ai pas de problèmes de doctrines ou d'opposition politique même avec les syndicats, et leurs questions sont: Comment faire ? Comment nous associer à vous pour que nous soyons sûrs que nos intérêts sont sauvegardés ?!

Pourtant il y une forte perception d'une opposition à la privatisation, même si il y a une acceptation de moderniser et transformer certaines entreprises de l'état. Donc quelles sont les mesures de transition que vous proposez aux syndicats ?

Je voudrais être très clair sur ce sujet: il n'y a strictement aucune opposition à la privatisation. Le peuple non seulement accepte la situation, mais il est notre allié le plus sûr en matière de privatisation. Les gens sur le terrain savent très bien que la situation est intenable ; le pouvoir d'achat est très faible, la situation est bloquée, le chômage est là, nous créons 50 à 60.000 emplois lorsqu'il faut créer 250.000, alors nous notre allié le plus sûr, c'est la population.

Qui est notre ennemi ? Notre ennemi et notre opposant le plus sûr, c'est la bureaucratie et l'inquiétude des cadres. Quand vous dites aux gens: " Nous allons privatiser votre entreprise mais je ne vous garantis rien pour le lendemain parce que nous allons vers une économie de marché ", ce n'est pas évident qu'ils l'acceptent, surtout quand vous remettez en cause tout ce qu'ils ont. C'est la raison pour laquelle je crois que ce qui nous retarde est plutôt la bureaucratie et les structures mentales. Nous avons hérité des cadres qui comprennent très bien la privatisation, ils y adhèrent parfaitement aussi, mais sur le plan des faits, de la réalité concrète, se sont des choses qui les inquiètent et qui leurs font peur. Ils se disent: Je suis en faveur de la privatisation et je comprends bien que c'est très important dans ce pays, mais qu'est-ce que je deviens dans cette affaire ? Voilà qui est la source de leur inquiétude.

Donc nous avons refait les lois de telle manière que ces lois simplifient les conditions et font participer le maximum de personnes possibles. Je pense que nous avons été un peu maladroits à pousser ces documents, et je n'avais pas prévu de publier des avant-projets de lois pour que le gouvernement donne son avis. Maintenant il a donné son avis, et nous allons effectivement consulter le syndicat et continuer. Mon collègue du Ministère de l'Energie, Chakib Khellil, a fait le contraire et dès le départ il a associé tout le monde à la réflexion sur les lois. Peut-être que, effectivement, c'est ce qu'il aurait fallu faire, mais maintenant c'est fait, et nous sommes dans la phase de la discussion avec les syndicats, et la presse n'arrive pas à très bien suivre les évènements. Ce qui est clair est que les syndicats ont reçu de ma part les textes de réformes, ils ont leur comité national ou de direction qui discutent ces lois, et le gouvernement tiendra certainement compte de leur avis. Nous allons rencontrer la presse pour expliquer ces lois, et nous devons rencontrer le Patronat la semaine suivante où nous expliquerons que sont ces lois. Puis j'ai transmis les lois à des collègues de la Banque mondiale et de l'Union européenne pour qu'ils nous donnent leur avis sur ces lois.

Donc nous avons recueilli les avis nationaux et internationaux, et toutes ces lois ont été discutées sur le plan international surtout concernant l'investissement.

Quelles serait vos méthodes préférées pour la privatisation… l'ouverture du capital ou les concessions, par exemple ?

Nous n'avons pas de préférence - si nous disons qu'il faut transformer cette économie pour qu'elle passe à une économie d'allocation des ressources par le marché, il faut commencer par la faire, parce que la privatisation, c'est de l'allocation de ressources.

Donc nous mettons les entreprises sur le marché. Dans le cas d'une ouverture de capital, si les offres internationaux montent jusqu'à 100% du capital d'une entreprise, nous irons à la privatisation totale pour l'entreprise concernée, et si c'est jusqu'à 20%, nous irons jusqu'à à 20% du capital. Cela dépendra uniquement des offres.

Nous allons bien sûr s'associer avec des banques d'affaires qui sont spécialisées dans les différents secteurs concernés qui vont nous conseiller sur la meilleure stratégie, que se soit l'ouverture en bourse ou autres méthodes. Mais d'une manière générale nous avons retenu, à titre indicatif, le tiers des entreprises irons à la privatisation totale. Mais en tout état de cause, tout sera fait sous la forme d'appel d'offres, avec une transparence totale.

Comment proposez vous donc d'attirer l'attention des investisseurs internationaux ?

Pour attirer l'attention internationale, nous organisons des rencontres avec les hommes d'affaires des pays étrangers, nous les faisons travailler avec nos hommes d'affaires publics et privés sur des projets, des discussions, et je fais aussi la promotion de la politique du gouvernement. Nous avons fait cela avec les Espagnols, les Portugais, les Italiens, les Français, les Allemands, les Américains, les Arabes tous confondus, les Canadiens et les Indiens. Nous voudrions accueillir tous les pays qui peuvent s'intéresser à l'Algérie.

Jusqu'à maintenant, nous n'étions pas très efficaces dans ces réunions parce que nous n'avions pas de liste définitive de projets de privatisation. Nous expliquions que tout était ouvert et qu'ils pouvaient discuter avec nos holdings et avec nos entreprises publiques. Désormais ces réunions-là vont se tourner vers des projets précis puisque nous donnerons notre liste, donc c'est là notre première opération.

Quel est le rôle de la coopération internationale dans ce programme, tel que vos discussions avec la Banque Mondiale et l'Union européenne ?

Nous avons, par exemple, envoyé une délégation en Italie, car ils ont mené une des opérations de privatisation les mieux réussies, et nos cadres supérieurs ont passé 15 jours à Rome pour travailler avec eux, apprendre leur boulot et leur expérience en privatisation.
Parallèlement nous sommes appuyés par un projet d'assistance de la Banque mondiale qui va mettre à notre disposition des experts qui vont être avec nous ici à demeure pendant deux ans, pendant qu'ils financeront la privatisation d'une dizaine d'entreprises publiques, sous la forme d'un financement de banques d'affaires et de consultants juridiques qui serons appelés à travailler avec nous.

Nous sommes également en négociations avec l'Union européenne pour un autre projet d'appui, mais les Européens sont très lents, donc nous attendons l'aide supplémentaire de l'UE.

Quel serait un des plus grands challenges pour vous qui se pose maintenant pour accélérer ce processus ?

Le plus grand challenge est celui d'intéresser les investisseurs à participer massivement dans ce processus de réformes.

Nous avons pris nos précautions parmi les entreprises que nous avons retenues et nous n'avons retenu que les entreprises pour lesquelles nous avions des offres ou des manifestation d'intérêt. Ce que nous voulons est de passer rapidement à une publicité massive et de recruter les banques d'affaires qui nous assisterons et commencer et aller à la pêche aux entreprises avec la banque d'affaires, car l'une des missions d'une banque d'affaires est également de trouver des investisseurs internationaux.

En tant qu'économiste, quelle est votre perspective de cette transition de l'économie algérienne, qui est en train de passer d'un système purement socialiste à un système qui embrasse la libéralisation des marchés ?

Plus qu'économiste, au passé j'ai milité et j'ai enseigné le parti unique, la nécessité de l'étatisation et la planification étatisée, alors vous comprenez très bien que c'est un renversement de ma part.

Je crois sincèrement que le challenge le plus important pendant cette période de transition sont les structures mentales qui comprennent le système libéral intellectuellement ; ils le comprennent très bien mais ne savent pas exactement ce que cela veut dire en terme pratique. Ce qu'il faudrait faire est que pendant cette période de transition, je puisse mobiliser une assistance suffisante pour nous permettre de faire ce changement de mentalités assez rapidement, de mobiliser par ailleurs ce qu'il y a de plus sérieux dans la société civile algérienne, par les prises de parole, par les syndicats et par les managers, de telle manière que l'entreprise publique continue dans cette période de transition

Nous avons déjà pris un certain nombre de mesures de telle manière que ces entreprises qui sont des entreprises publiques, l'actionnaire reste l'Etat, mais l'entreprise doit fonctionner dans le cadre de la loi sur les capitaux marchands, qui est une loi maintenant tout à fait libérale. Etant donné que de nombreuses entreprises sont dirigées par leur assemblée générale d'actionnaires, nous avons assuré que les actionnaires comprennent plusieurs représentants de l'état, ce qui assure que l'entreprise ira vers le marché et fonctionnera d'une manière parfaitement autonome.

Donc, comment change-t-on les mentalités ?

Nous avons changé l'Assemblée générale, et nous avons également modifié la méthode de fonctionnement de l'entreprise, et maintenant ce qui reste de l'Etat est un système " market friendly ", dans lequel les décisions prises par l'Etat sont toujours dirigés dans le sens du marché libre et de la libéralisation.

Par exemple, si l'on doit privatiser une entreprise d'électricité et assurer un service public nécessaire, il n'est pas question de couper l'électricité alors dans ce cas-là, il faut que l'Etat fonctionne d'une manière " market friendly ", c'est-à-dire qu'il libéralisera le marché, mais en ce qui concerne la tarification, l'état subventionnera une portion du coût de l'électricité pour assurer que le plan social est respecté au bénéfice du consommateur.

Donc c'est cet ensemble de choses: avoir la meilleure assistance possible, former les gens, travailler avec la société civile, transformer le fonctionnement de l'entreprise publique pour qu'elle soit parfaitement intégrée à l'entreprise, promouvoir le secteur privé à travers le Code des investissements - ceci va nous permettre de traverser cette période de transition et de faire fonctionner l'économie dans le bon sens.

Bien sur, les lois ne changent pas facilement, et même lorsqu'elles changent cela ne veut pas dire que les mentalités ont changé, alors nous avons déjà commencé à utiliser les lois que nous avons en ce moment, de telle manière qu'elles servent notre but à court terme.

C'est pour cela qu'un ministère de Participation et Coordination des Réformes est très important. C'est un concept nouveau qui n'existe dans aucun pays au monde, mais il s'avère que c'est un concept qui s'est traduit par une institution extrêmement utile de ce point de vue-là, car elle nous permet ainsi de trouver une manière d'avancer.

Vous êtes en train de gérer beaucoup de dossiers et de secteurs en même temps. Quels seraient donc les objectifs que vous pensez accomplir à court terme ?

A court terme, certainement ce qu'il faudrait c'est de changer le cap du fonctionnement de l'économie nationale, c'est-à-dire transformer les lois et transformer les règlements de manière à ce que l'économie nationale fonctionne, public ou privé, peu importe, mais qu'elle fonctionne tel qu'avec un marché libre.

Jusqu'à maintenant c'est l'Etat qui allouait toutes les ressources de cette économie nationale, que ce soit directement en donnant du capital aux entreprises ou indirectement en donnant des ordres aux banques pour qu'elles allouent des ressources aux entreprises. Par contre, ceci isolait le secteur privé car les fonds étaient surtout allouées au secteur public. Cette façon de faire ne doit plus se faire et ne se fait pratiquement plus par l'Etat, et il n'y aura aucune distinction entre l'entreprise publique ou privée.

Le court terme est aussi d'arriver à privatiser dans l'année un minimum de 60 à 70 entreprises qui vont nous permettre de tester notre propre capacité et de tester un peu le marché.

Quelle a été une de votre plus grandes satisfactions personnelles en tant que ministre de la Participation ?

Ma plus grand satisfaction est la création de ce ministère, car il n'existait pas… il n'y avait rien du tout, et nous avons maintenant une institution qui fonctionne, bien organisée, avec une équipe d'une vingtaine de personnes dont 40 % sont de femmes. J'ai certainement autour de moi la meilleure équipe sur la place d'Alger qui puisse exister dans le domaine de l'économie générale.

Un autre satisfaction est que le gouvernement en entier suit le chef du gouvernement et les réformes d'une manière systématique. Tout le monde les pousse de manière à ce qu'il n'y ait aucune opposition au sein du gouvernement,

Une troisième satisfaction est le fait que ce ministère soit devenu le centre de ralliement de tout ce qui concerne le changement et la transformation. C'est un centre qui a mobilisé le désir de changement même au niveau des populations ; nous recevons des lettres tout à fait libres des gens qui nous disent: " nous sommes avec vous, allez-y, bon chemin " et ça c'est une satisfaction très importante.

Auriez vous un message final pour nos lecteurs ?

Qu'ils s'intéressent à l'Algérie ! L'Algérie est le cœur du Maghreb, il n'y a pas de doute là-dessus. L'Algérie est aussi un pays arabe, et nous représentons pour les investisseurs non arabes une plate-forme d'action vis-à-vis du monde arabe. Nous sommes également en Afrique, et notre crédit est considérable, aussi bien économique que politique.

De plus, nous rentrons en Europe et nous dirigeons un Comité permanent qui travaille pour l'ouverture de nos relations avec l'Europe dans le cadre d'un accord d'association, ce qui fait que l'Algérie participera dans un régime douanier européen. L'Algérie a bien sur du gaz, du pétrole, elle a une société qui est extrêmement libre et qui a complètement perdu ses constraintes traditionnelles.

Mon message final est tout simplement que les investisseurs regardent l'Algérie et viennent discuter avec nous.





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© World INvestment NEws, 2001.
This is the electronic edition of the special country report on Algeria published in Forbes Global Magazine. 12th November, 2001 Issue.
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