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December 4th, 2002




 Algeria
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V.I.P. INTERVIEWS

Mr. Amara Benyounes, Former Minister of Public Works



MINISTRY OF PUBLIC WORKS

Interview with

Mr. Amara Benyounes,
Former Minister of Public Works

Alger, le 31 janvier 2001
Pourriez-vous donner un aperçu du rôle des travaux publics pour le pays en tant qu'engin économique et quels sont les projets les plus importants ?

Tout d'abord les prérogatives du ministère des Travaux Publics sont: les routes, les ports et aéroports. Pour les routes, nous nous occupons de la construction, de l'exploitation et de l'entretien. Pour ce qui est des ports et des aéroports, nous nous occupons de la réalisation des infrastructures, mais la gestion des superstructures, revient au ministère des Transports.

Pour les aéroports, nous réalisons, ce que l'on appelle les airs de mouvement de l'avion, tout ce qui est pistes, taxi-weil, le reste comme les aérogares ainsi et les ports, c'est géré par le ministère des Transports.

Nous prenons en charge toutes les infrastructures du pays, nous gérons, en fait tous les moyens de communications à travers le pays. C'est un secteur qui nécessite énormément d'argent et qui a connu beaucoup de désinvestissements sur, au minimum une dizaine ou une quinzaine d'années, ce qui a entraîné des retards considérables à combler, et des retards, notamment dans le réseau routier, en termes d'infrastructures routières, nous avons des problèmes le projet fondamental, c'est l'autoroute qui fait 1.216 km.

Si on parle de l'autoroute. Il y a des groupes maintenant qui soumis des propositions comme Lavallin, d'autres groupes sud-africains, qu'en est-il maintenant du projet et quels sont les plans que vous développez, puisque comme vous l'avez dit-il y a un retard?

En ce qui concerne l'autoroute Est-Ouest, c'est un projet fondamental et structurant pour l'Algérie du point de vue économique, politique, social et culturel, c'est un énorme projet en termes d'aménagement du territoire, il traverse toute la partie Nord du pays, c'est-à-dire en allant des deux grandes villes les plus lointaines, c'est Annaba à l'Est et Tlemcen à l'Ouest. Il a été créé en 1987 et approuvé officiellement au Conseil des ministres, et à l'époque, L'Algérie était sous un régime politique de parti unique et nous étions encore en économie socialiste. Treize ans après, nous avons changé radicalement de paysage et sur le plan politique, et sur le plan économique. Donc, c'est un projet qui doit impérativement s'adapter notamment à la nouvelle donne économique du pays, à savoir l'entrée définitive de l'Algérie dans l'économie de marché.

Il y a deux choses fondamentales sur lesquelles il y a un consensus important en Algérie :
1. la première, c'est que l'autoroute Est-Ouest ne peut pas être réalisée uniquement sur le budget de l'Etat, à lui seul, il ne peut pas financer la réalisation de cette autoroute ;
2. la deuxième, l'Algérie ne peut pas attendre vingt autres années.

Depuis maintenant 4 ou 5 mois, je suis en charge de ce secteur, nous avons entamé des démarches pour trouver un financement mixte, ou des cofinancements pour la réalisation de cette autoroute. Nous sommes ouverts à toute forme de propositions de la part de nos partenaires nationaux ou étrangers. Le principe que nous avons retenu, c'est donner le projet de cette autoroute en concession, c'est-à-dire que l'Algérie va réaliser un certain nombre de trançons de cette autoroute à des entreprises algériennes ou étrangères qui vont, sur cette base, réaliser le reste de l'autoroute.

Il y a un certain nombre d'entreprises, de groupements qui ont manifesté des intérêts mais pour l'instant, il n'y a absolument rien de concret ou de consistant. C'est un projet qui coûte extrêmement cher, il est évalué autour de 5 milliards de dollars, la réalisation d'un marché aussi important demande au moins des mois de discussions et de négociations avec nos partenaires étrangers.

Mais l'avantage que nous avons comparativement à nos voisins à l'Est ou à l'Ouest, c'est que l'autoroute algérienne est beaucoup plus rentable. Nous tournons en moyenne autour de 20.000 véhicules/jour.

Donc si on parle de rentabilité, est-ce que se sera non d'après un modèle BOOT qui sera un transfert d'une certaine gestion de la compagnie qui aura la concession de l'autoroute, qui pourra générer vers la compagnie?

Nous avons retenu le principe, c'est, que si l'on donne cette autoroute en concession, il est clair que ce sera en péage, ce n'est pas encore déterminé. Vous savez maintenant, il y a plusieurs formules à travers le monde, il y a des pays riches où se sont les citoyens qui prennent l'autoroute qui paient, il y a d'autres formules, comme par exemple maintenant le Portugal, c'est entre l'Etat et le citoyen.

Donc, en fait ce qui est absolument certain, c'est qu'aucune entreprise ne viendra investir ici s'il n'y a pas de péage pour l'autoroute. Pour l'entreprise étrangère, le péage sera assuré, mais maintenant qui va payer ? Nous avons vu quand même des pays où ça été de grands échecs, le cas de l'Argentine ou celui du Mexique, où le prix du péage était tellement élevé qu'il s'est avéré que c'était une affaire désastreuse.

En ce qui concerne le changement d'un gouvernement socialiste à un gouvernement plus libéral vers l'économie de marché, comment faites-vous donc pour encourager les entreprises publiques pour qu'elles deviennent plus efficaces et aussi, pour encourager le secteur privé pour qu'il se développe et en naissant justement une entreprise privée dans le domaine des travaux publics ?

Vous savez, le secteur des travaux publics est un secteur très particulier en ce qui concerne les entreprises, c'est un secteur qui exige énormément de moyens d'investissements. Pour créer une entreprise de travaux publics, il faut beaucoup d'argent. Dans la majorité des pays développés, il y a le phénomène de la sous-traitance, c'est-à-dire que les grandes entreprises ne disposent de la totalité des moyens, elle loue au niveau d'autres entreprises. Ici, c'est un marché qui n'existe pas.

Nous avons des entreprises publiques qui sont vraiment colossales et qui ont de graves problèmes de gestion pour lesquelles, nous allons d'une manière certaine, vers leur privatisation. L'Etat, tel qu'on le conçoit actuellement, n'a pas à s'occuper de la construction ou de la réalisation, l'Etat est la fonction de contrôle et de régulation. Nous allons aller de plus en plus vers la privatisation de ces entreprises. Mais en même temps que le problème des entreprises publiques, les entreprises privées sont en train d'émerger et les étrangers qui commencent à arriver.

Les entreprises étrangères en termes matières de travaux publics n'ont pas investi disons, d'une manière forte et importante. Il y a, depuis deux ans des entreprises étrangères importantes qui sont venues mais qui n'ont que des bureaux ici il y a des sociétés canadiennes, françaises, espagnoles, des turques, des chinois, des vietnamiens qui sont là et qui sont en train de travailler avec des moyens de réalisation algériens.

Le secteur public qui commence à tomber parce qu'il y a des problèmes, le secteur privé qui arrive et les entreprises étrangères qui ne sont pas tout à fait là. Mais, je pense que très franchement dans les deux ou trois prochaines années, nous allons avoir des groupements importants entre les entreprises algériennes d'un côté et les entreprises étrangères de l'autre. Je ne fais pas de distinction, pour moi, une entreprise est une entreprise, il y en a qui marchent d'autres qui ne marchent pas.

Donc nous allons de plus en plus vers ce genre de partenariat entre les entreprises algériennes et étrangères. Quant aux entreprises étrangères, elles ont fondamentalement deux choses que nous n'avons pas, il y a une évolution de technologie importante et il y a des technologies que l'on a pas et que l'on ne maîtrise pas et, surtout un savoir-faire que l'on a pas. Les métiers ont évolué, les méthodes de travail également, elles ont même été bouleversées dans la plupart des cas, ce n'est pas une évolution, c'est une révolution.
Pendant cette période de transition, cette période où le gouvernement a quand même une République importante, ne peut pas financer tous les projets, cette période où comme vous l'avez dit, il faut des partenaires, il faut des compagnies étrangères, que faites-vous donc, pour attirer les investissements étrangers ici en Algérie ?

D'abord il y a la révision générale du corps législatif algérien, nous avons essentiellement trois lois qui vont être discutées au Parlement algérien: la loi sur les capitaux-marchands de l'Etat, la loi sur l'investissement et la loi sur la privatisation, en plus, nous avons une loi importante que nous sommes en train de discuter: la loi sur la monnaie et le crédit. Ainsi, ces quatre grandes lois économiques vont faire entrer d'une manière définitive l'Algérie dans l'économie de marché, il y a des encouragements extrêmement forts et importants qui sont donnés aux investisseurs étrangers dans notre pays. Je crois, qu'il y a un changement radical de mentalité au niveau de l'actuel gouvernement.

Le message que je fais passer: parler projets avec ces investisseurs étrangers et leur présenter les projets que nous avons, ce que cela leur coûte, les avantages que nous leur donnons, les délais et la formule souhaités.

Dans le domaine pétrolier puisque vous avez rencontré le ministre de l'Energie et des Mines, cela va très bien, les gens viennent.

Il faut laisser le temps au temps, je suis sûr que dans les deux ou trois prochaines années à venir, il y aura beaucoup d'investisseurs qui vont venir, d'ailleurs les entreprises américaines sont les premières, bien avant les entreprises européennes. Elles sont là depuis quelques années.

Donc, l'idée que je veux faire passer à tous les lecteurs de votre journal, c'est que c'est un pays où on peut faire beaucoup d'affaires. Le budget du ministère des Travaux Publics cette année, est aux alentours de 500 millions de dollars. La réalisation de cette autoroute c'est l'affaire de 5 milliards de dollars et il y a toujours des investissements en termes d'infrastructures. Aucun pays ne peut se permettre d'arrêter de faire des investissements même si on devient l'économie la plus libérale au monde, la réalisation des routes restera toujours entre les mains de l'Etat et là, lorsque l'on a un pays comme l'Algérie qui fait 2.400 millions kilomètres carrés, nous avons des milliers de routes encore à réaliser.

Vous avez mentionné les privatisations dans le secteur, quelles sont les privatisations les plus importantes que vous prévoyez, et quelles sont les compagnies les plus importantes qui seront privatisées ?

Au gouvernement, c'est une chose simple. Nous avons arrêté un principe, disons de discussions avec tous les partenaires étrangers sur toutes les entreprises publiques, les entreprises des travaux publics comprises. Si vous voulez, lorsqu'un investisseur étranger est intéressé par n'importe quelle entreprise du secteur des travaux publics, nous sommes prêts à discuter, l'ouverture du capital, management, ou l'ouverture à 100 %, 10 %, à 20 %, nous sommes ouvert à toute forme de proposition de la part de nos partenaires étrangers, nous ne sommes pas enfermés dans une seule option. On privatise en fonction de la demande. Nous mettons les entreprises sur le marché et ce sont les acquéreurs qui viennent et qui nous font les propositions, on discute, on négocie comme partout dans le monde.

Maintenant il y a des milliers d'entreprises qui s'achètent et qui se vendent tous les jours aux Etats-Unis, ça va être la même chose ici. Le verrou politique est définitivement enlevé sur les entreprises publiques algériennes et le président de la République l'a dit plusieurs fois, nous sommes ouverts à toute forme de propositions.

D'ailleurs, le P-DG de COSIDER, lui-même est en partenariat avec deux ou trois entreprises étrangères et il souhaiterait l'ouverture de son capital. Parce que tout manager algérien censé vouloir travailler pour le bien de son entreprise a compris qu'ils ont atteint un certain nombre de limites, ne serait-ce que la limite en termes de technologie et celle du savoir-faire.

J'insiste énormément sur le savoir-faire parce que c'est beaucoup plus important que la technologie. Il faut absolument créer un maximum de relations avec nos partenaires étrangers pour acquérir ce savoir-faire. Nous avons dans le domaine des travaux publics et même partout un énorme, gigantesque effort à faire en matière de formation de nos cadres et surtout dirigeants des grandes entreprises algériennes.. Nous avons des cadres qui ont fait de très hautes études la majorité ont étudié dans les pays occidentaux, c'est ça le paradoxe. La formation de base y est, et maintenant il faut adapter cela en 2001. Les techniques de gestion ont évolué, les méthodes de gestion également, les méthodes de travail ont changé aussi.

Quel a été votre cheminement pour devenir maintenant ministre très impliqué dans la politique du pays?

J'ai eu la chance de faire mes études, j'ai fait une licence es-sciences économiques ici à l'Université d'Alger, par la suite j'ai fait un doctorat en économie à la Sorbonne de Paris. Lorsque je suis rentré j'ai travaillé pendant deux ans au ministère de la Santé et je me suis engagé définitivement dans la politique jusqu'en 1997, j'ai été nommé ministre de la Santé et de la Population et après le remaniement, ministre des Travaux Publics.

Et quel a été un challenge que vous avez affronté en passant du Ministère de la Santé aux travaux publics ?

Lorsque vous êtes un homme politique comme vous le savez aux Etats-Unis, on peut passer de la Défense aux Affaires étrangères, en allant à la Santé, aux Travaux publics parce que vous êtes chargé de la conception et de la direction d'une politique vous n'avez pas besoin d'être médecin pour être ministre de la Santé et vous n'avez pas besoin d'être ingénieur en travaux publics pour être ministre, vous êtes là en tant que ministre pour conduire une politique en accord avec le programme du gouvernement, mais un ministre c'est d'abord et avant tout un décideur, quelqu'un qui fait des choix et pour faire des choix, vous n'avez pas besoin d'être médecin dans la Santé ou ingénieur en Travaux publics parce que se sont des choix structurant qui engagent le pays et se sont des choix que vous prenez en fonction de vos convictions. Il y a énormément des fausses idées reçues qui font que, il faut qu'il y ait des technocrates, je ne crois pas à un gouvernement de technocrates, d'ailleurs cela n'existe dans aucun pays au monde. Vous pouvez être un excellent professeur de médecine, vous pouvez être un très grand ingénieur en travaux publics et ne pas pouvoir diriger un ministère parce que c'est un problème de gestion et de décisions, ce n'est pas du tout un problème de spécialistes. Moi je suis entouré d'ingénieurs en travaux publics qui m'expliquent tous les problèmes techniques, je ne suis pas ingénieur en travaux publics, lorsque j'étais au ministère de la Santé, j'étais entouré par un certain nombre de professeurs en médecine qui m'expliquaient les problèmes techniques, ce sont si vous voulez, des conseils qui aident à la décision, mais ce ne sont pas eux qui la font.

En plus les problèmes dans un pays comme le nôtre, sont connus, on retrouve pratiquement les mêmes dans tous les secteurs. Ceux des travaux publics sont clairs, nous avons un énorme problème de coût, des surcoûts incroyables. Nous avons des problèmes de dérapage de délais.

Voilà les gros problèmes du pays et c'est généralement dans tous les secteurs de généralisation, vous trouverez les mêmes problèmes, et nous ne pourrons les résoudre qu'avec un partenariat ou une coopération avec les étrangers, notamment en ce qui concerne les coûts et qualité, il faut absolument une aide.





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© World INvestment NEws, 2001.
This is the electronic edition of the special country report on Algeria published in Forbes Global Magazine. 12th November, 2001 Issue.
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