Algerie
VERS A DÉVÉLOPPEMENT DURABLE DE L`ALGERIE


V.I.P. INTERVIEWS
  Interview avec
Monsieur Hamimid

Ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme
Septembre 2002



Le secteur de l'Habitat est caractérisé par un fort déficit en logement. Quelles sont les mesures prises pour pallier le déficit de logement qui caractérise l'Algérie ?

La politique de l'Habitat et de l'Urbanisme que le gouvernement a choisi de mettre en œuvre vise à recentrer l'intervention de l'Etat autour des missions de régulation et de contrôle. Pour ce faire, nous avons choisi de développer toutes les variantes susceptibles d'être développées en matière d'offres de logements. Nous voulons à travers cette diversité d'offres de logement cibler toutes les catégories en fonction des niveaux de revenu : les catégories défavorisées bénéficieront de logements sociaux locatifs. Les catégories un peu plus aisées ont la possibilité de bénéficier d'aides dans le cadre du logement social d'aide participatif. Pour la zone rurale et pour favoriser le retour des populations vers les terres et vers le lieu de résidence traditionnel, nous attribuons aussi des aides dans le cadre de l'habitat rural. Il y a aussi la catégorie des nantis qui peuvent bénéficier de logements dans le cadre de la promotion immobilière. Nous avons développé une formule récente le logement locatif cédé dans le cadre d'une location-vente. Cette formule cible les catégories moyennes à revenus modestes, qui ne sont pas éligibles au logement social locatif mais qui n'ont pas les moyens d'acquérir de logements auprès de promoteurs immobiliers. La formule de la location-vente a l'avantage d'aider les ménages qui ne disposent pas de revenus suffisants car nous étalons le payement du logement sur 20 ans avec un apport personnel fractionné de 25% dès le départ.

Dans le cadre de cette formule location-vente, vous avez passé un avis de présélection nationale et internationale au mois d'août pour la réalisation de grands immeubles, où en êtes vous dans ce programme ?

Le gouvernement a choisi volontairement de lancer deux programmes. Un premier programme de 20.000 logements de location-vente qui sont actuellement en chantier, et un deuxième programme de 35.000 logements pour lequel les avis d'appel d'offres ont été lancés et qui va démarrer dans la deuxième quinzaine de septembre. 55.000 logements ont donc été initiés et lancés avec la formule de la location-vente. Un troisième programme de 65 000 logements, dont le financement sera pris en charge par la CNEP, la banque de l'Habitat, sera lancé fin année 2002-début de 2003. Ce programme complètera le premier programme de 55 000 logements financés par le concours budgétaire de l'Etat.

Quelles ont été les implications du plan de relance 2001-2004 sur votre secteur ?

Les implications ont été positives. Le secteur du BTPH a pu être lancé très sérieusement à travers toutes les Wilayas du territoire grâce à l'argent dégagé. Ce plan se traduit également positivement en terme de création d'emplois puisque le BTPH est un réservoir pour la création de l'emploi.

Dans le programme de relance économique, quelles ont été les priorités ?

La tranche des 20.000 logements location-vente était une priorité, ainsi qu'un programme d'amélioration urbaine au niveau de certains quartiers urbains, où l'on ressentait un gros déficit en matière de viabilisation. Ce programme de relance visait à couvrir les besoins de certains quartiers où les conditions de vie étaient désastreuses et a donc permis d'améliorer les conditions d'habitat de beaucoup de quartiers.

Votre ministère a trois principales attributions, la construction, le logement et l'urbanisme. Quelle est votre fonction pour ces secteurs ?

L'administration centrale est le niveau de conception, de suivi, de contrôle et d'orientation. Nous avons un département ministériel qui est chargé de suivre tous les programmes de construction, d'habitat du territoire national et d'urbanisme. Le secteur central regroupe plusieurs directions, ainsi qu'une inspection générale. Nous avons trois structures au niveau des Wilayas : une direction du logement et des équipements publics qui s'occupe du suivi de tous les programmes de construction et de logements publics, une structure de direction de l'urbanisme qui est chargée du suivi au niveau architecturel et de l'urbanisme. Cette dernière suit l'élaboration des instruments d'urbanisme. La direction générale de l'OPGI est désignée par l'Etat pour assurer la maîtrise d'ouvrage de tous les programmes d'équipements de logements en réalisation, notamment les logements sociaux. Elle est également chargée de gérer le patrimoine public locatif.

Via l'OPGI, où en êtes vous dans la promotion et la recherche d'investisseurs et de nouveaux matériaux visant à améliorer la construction?

Nos préoccupations sont d'abord de faire mieux que ce qu'on a fait jusqu'à présent. Nous avons du aller plus vite pour mieux répondre aux besoins de la population, et ce au niveau de toutes les Wilayas. Nos programmes ont été menés à une très grande cadence, ce qui ne nous a pas permis de nous occuper de la qualité, non pas en terme de solidité car elle est contrôlée et garantie, mais par rapport à la finition, l'architecture et l'harmonie d'ensemble.


Nous avons acquis suffisamment d'expérience, nous avons des cadres sur le terrain qui assurent un suivi dynamique des programmes. Nous avons la préoccupation d'améliorer les choses afin que nos cités soient mieux conçues, de façon plus harmonieuse.

Comment voyez vous dans ce cadre l'investissement étranger, le partenariat et l'apport de techniques étrangères ?
Nous n'avons jamais refusé les formules de partenariat, nous les encourageons parce que nous sommes conscients d'avoir besoin d'une assistance, d'un soutien d'un partenaire étranger qui a plus d'expérience dans le domaine du bâtiment et qui peut nous apporter beaucoup en matière de construction et de choix conceptuel. Nous ressentons un déficit dans le domaine de l'urbanisme, et nous encourageons cette formule de partenariat car je suis persuadé que cela permettra d'aller plus vite et de faire mieux. D'importantes entreprises ont déjà fait appel à des formules de partenariat tel que COSIDER, qui a fait appel à des partenaires Turques pour l'encadrement technique et les systèmes constructifs. Nous souhaitons vivement examiner les formules de partenariat possibles avec des entreprises étrangères.

Les entreprises asiatiques sont très impliquées dans le secteur du bâtiment. A part celles-ci, comment évaluez vous l'investissement étranger dans votre pays ?

Nous sommes conscients que l'outil de réalisation actuel en Algérie ne couvre pas tous les besoins du marché. C'est pour cela que nous avons lancé des avis d'appel d'offres ouverts, pour le programme de logements location-vente, par exemple. Malheureusement il n'y a pas eu beaucoup de soumissionnaires. Au titre des 65 000 logements, nous souhaitons qu'il y ait beaucoup plus d'entreprises qui soumissionnent et qui puissent pénétrer le marché algérien, c'est une opportunité. Nous allons développer davantage cette formule de location-vente avec des apports financiers d'autres banques et d'organismes d'assurance par exemple. Nous avons réellement besoin de cette formule de partenariat car tout le monde y gagnera.

Y a-t-il une politique de rénovation concernant la rénovation d'anciennes habitations ?

Il y a beaucoup à faire dans ce domaine. Une de nos préoccupations est de préserver le vieux bâti qui est un patrimoine au plan historique que nous ne pouvons pas laisser disparaître. Il faut engager un dossier de réhabilitation de ce vieux bâti. Il y a également une revitalisation et une rénovation urbaine à réaliser, en terme de requalification, d'amélioration et de densification, qui est indispensable et nécessaire pour donner à la ville son véritable visage. Il reste un problème à régler : nous comptons introduire un projet de loi pour confier ces opérations à de véritables aménageurs et promoteurs dans le cadre d'utilité publique, nous devrons donc procéder à des expropriations et à des indemnisations.

Quelle est votre vision de l'habitat à moyen terme et de l'Algérie en général ?

C'est un secteur qui a connu beaucoup de problèmes dû à la croissance démographique qui s'estompe heureusement ; le taux est à présent de 1,6. Le déficit du logement résulte de cette pression démographique des vingt dernières années que nous pourrons rattraper avec des programmes ambitieux. L'initiative doit venir du privé, des ménages, l'Etat peut apporter sa contribution en forme d'aides, doit prendre en charge les catégories défavorisées, il ne peut s'en désengager. En fonction des niveaux de revenus, il existe des formules d'aides pour les autres catégories.

Pouvez-vous nous donner un aperçu de votre parcours professionnel en tant qu'homme de terrain ?

J'ai été Wali au niveau de quatre Wilayas. J'ai été nommé Wali à Tissemssilt en 1984 lors de la création de la Wilaya, puis à Mossaganam en 1989, à Tizi Ouzou en 1994, et à Constantine en 1999. J'étais le doyen des Walis. J'ai fait un parcours surtout au niveau de l'administration locale, je suis donc un homme de terrain. J'ai été directeur de la réglementation et de l'administration locale, secrétaire général de Wilaya sur deux postes et Wali au niveau de quatre postes. Donc je connais parfaitement les problèmes du terrain et particulièrement du secteur de l'habitat.

Quel serait votre dernier message aux investisseurs qui désireraient investir en Algérie ?

Il y a beaucoup d'opportunités chez nous. Prenons le cas du ciment, nous avons une demande non satisfaite de 2 millions de tonnes, et qui ne peut être satisfaite que par l'importation. Si des investisseurs souhaitaient réaliser des cimenteries, ils seraient les bienvenus. C'est un produit qui pourrait servir les besoins du secteur du BTPH. Nous avons aussi besoin d'outils de réalisations, nous lançons de très gros chantiers, tant dans le domaine de l'habitat que dans le domaine des travaux publics, de l'hydraulique. Si l'outil de réalisation arrive à notre niveau, je suis persuadé qu'il aura un très bon plan de charge, c'est donc une opportunité qu'il faut saisir.


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