Le secteur de l'Habitat est caractérisé
par un fort déficit en logement.
Quelles sont les mesures prises pour pallier
le déficit de logement qui caractérise
l'Algérie ?
La politique de l'Habitat et de l'Urbanisme
que le gouvernement a choisi de mettre en
uvre vise à recentrer l'intervention
de l'Etat autour des missions de régulation
et de contrôle. Pour ce faire, nous
avons choisi de développer toutes
les variantes susceptibles d'être
développées en matière
d'offres de logements. Nous voulons à
travers cette diversité d'offres
de logement cibler toutes les catégories
en fonction des niveaux de revenu : les
catégories défavorisées
bénéficieront de logements
sociaux locatifs. Les catégories
un peu plus aisées ont la possibilité
de bénéficier d'aides dans
le cadre du logement social d'aide participatif.
Pour la zone rurale et pour favoriser le
retour des populations vers les terres et
vers le lieu de résidence traditionnel,
nous attribuons aussi des aides dans le
cadre de l'habitat rural. Il y a aussi la
catégorie des nantis qui peuvent
bénéficier de logements dans
le cadre de la promotion immobilière.
Nous avons développé une formule
récente le logement locatif cédé
dans le cadre d'une location-vente. Cette
formule cible les catégories moyennes
à revenus modestes, qui ne sont pas
éligibles au logement social locatif
mais qui n'ont pas les moyens d'acquérir
de logements auprès de promoteurs
immobiliers. La formule de la location-vente
a l'avantage d'aider les ménages
qui ne disposent pas de revenus suffisants
car nous étalons le payement du logement
sur 20 ans avec un apport personnel fractionné
de 25% dès le départ.
Dans le cadre de cette formule location-vente,
vous avez passé un avis de présélection
nationale et internationale au mois d'août
pour la réalisation de grands immeubles,
où en êtes vous dans ce programme
?
Le gouvernement a choisi volontairement
de lancer deux programmes. Un premier programme
de 20.000 logements de location-vente qui
sont actuellement en chantier, et un deuxième
programme de 35.000 logements pour lequel
les avis d'appel d'offres ont été
lancés et qui va démarrer
dans la deuxième quinzaine de septembre.
55.000 logements ont donc été
initiés et lancés avec la
formule de la location-vente. Un troisième
programme de 65 000 logements, dont le financement
sera pris en charge par la CNEP, la banque
de l'Habitat, sera lancé fin année
2002-début de 2003. Ce programme
complètera le premier programme de
55 000 logements financés par le
concours budgétaire de l'Etat.
Quelles ont été les implications
du plan de relance 2001-2004 sur votre secteur
?
Les implications ont été positives.
Le secteur du BTPH a pu être lancé
très sérieusement à
travers toutes les Wilayas du territoire
grâce à l'argent dégagé.
Ce plan se traduit également positivement
en terme de création d'emplois puisque
le BTPH est un réservoir pour la
création de l'emploi.
Dans le programme de relance économique,
quelles ont été les priorités
?
La tranche des 20.000 logements location-vente
était une priorité, ainsi
qu'un programme d'amélioration urbaine
au niveau de certains quartiers urbains,
où l'on ressentait un gros déficit
en matière de viabilisation. Ce programme
de relance visait à couvrir les besoins
de certains quartiers où les conditions
de vie étaient désastreuses
et a donc permis d'améliorer les
conditions d'habitat de beaucoup de quartiers.
Votre ministère a trois principales
attributions, la construction, le logement
et l'urbanisme. Quelle est votre fonction
pour ces secteurs ?
L'administration centrale est le niveau
de conception, de suivi, de contrôle
et d'orientation. Nous avons un département
ministériel qui est chargé
de suivre tous les programmes de construction,
d'habitat du territoire national et d'urbanisme.
Le secteur central regroupe plusieurs directions,
ainsi qu'une inspection générale.
Nous avons trois structures au niveau des
Wilayas : une direction du logement et des
équipements publics qui s'occupe
du suivi de tous les programmes de construction
et de logements publics, une structure de
direction de l'urbanisme qui est chargée
du suivi au niveau architecturel et de l'urbanisme.
Cette dernière suit l'élaboration
des instruments d'urbanisme. La direction
générale de l'OPGI est désignée
par l'Etat pour assurer la maîtrise
d'ouvrage de tous les programmes d'équipements
de logements en réalisation, notamment
les logements sociaux. Elle est également
chargée de gérer le patrimoine
public locatif.
Via l'OPGI, où en êtes vous
dans la promotion et la recherche d'investisseurs
et de nouveaux matériaux visant à
améliorer la construction?
Nos préoccupations sont d'abord de
faire mieux que ce qu'on a fait jusqu'à
présent. Nous avons du aller plus
vite pour mieux répondre aux besoins
de la population, et ce au niveau de toutes
les Wilayas. Nos programmes ont été
menés à une très grande
cadence, ce qui ne nous a pas permis de
nous occuper de la qualité, non pas
en terme de solidité car elle est
contrôlée et garantie, mais
par rapport à la finition, l'architecture
et l'harmonie d'ensemble.
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Nous avons acquis suffisamment d'expérience,
nous avons des cadres sur le terrain qui
assurent un suivi dynamique des programmes.
Nous avons la préoccupation d'améliorer
les choses afin que nos cités soient
mieux conçues, de façon plus
harmonieuse.
Comment voyez vous dans ce cadre l'investissement
étranger, le partenariat et l'apport
de techniques étrangères ?
Nous n'avons jamais refusé les formules
de partenariat, nous les encourageons parce
que nous sommes conscients d'avoir besoin
d'une assistance, d'un soutien d'un partenaire
étranger qui a plus d'expérience
dans le domaine du bâtiment et qui
peut nous apporter beaucoup en matière
de construction et de choix conceptuel.
Nous ressentons un déficit dans le
domaine de l'urbanisme, et nous encourageons
cette formule de partenariat car je suis
persuadé que cela permettra d'aller
plus vite et de faire mieux. D'importantes
entreprises ont déjà fait
appel à des formules de partenariat
tel que COSIDER, qui a fait appel à
des partenaires Turques pour l'encadrement
technique et les systèmes constructifs.
Nous souhaitons vivement examiner les formules
de partenariat possibles avec des entreprises
étrangères.
Les entreprises asiatiques sont très
impliquées dans le secteur du bâtiment.
A part celles-ci, comment évaluez
vous l'investissement étranger dans
votre pays ?
Nous sommes conscients que l'outil de réalisation
actuel en Algérie ne couvre pas tous
les besoins du marché. C'est pour
cela que nous avons lancé des avis
d'appel d'offres ouverts, pour le programme
de logements location-vente, par exemple.
Malheureusement il n'y a pas eu beaucoup
de soumissionnaires. Au titre des 65 000
logements, nous souhaitons qu'il y ait beaucoup
plus d'entreprises qui soumissionnent et
qui puissent pénétrer le marché
algérien, c'est une opportunité.
Nous allons développer davantage
cette formule de location-vente avec des
apports financiers d'autres banques et d'organismes
d'assurance par exemple. Nous avons réellement
besoin de cette formule de partenariat car
tout le monde y gagnera.
Y a-t-il une politique de rénovation
concernant la rénovation d'anciennes
habitations ?
Il y a beaucoup à faire dans ce domaine.
Une de nos préoccupations est de
préserver le vieux bâti qui
est un patrimoine au plan historique que
nous ne pouvons pas laisser disparaître.
Il faut engager un dossier de réhabilitation
de ce vieux bâti. Il y a également
une revitalisation et une rénovation
urbaine à réaliser, en terme
de requalification, d'amélioration
et de densification, qui est indispensable
et nécessaire pour donner à
la ville son véritable visage. Il
reste un problème à régler
: nous comptons introduire un projet de
loi pour confier ces opérations à
de véritables aménageurs et
promoteurs dans le cadre d'utilité
publique, nous devrons donc procéder
à des expropriations et à
des indemnisations.
Quelle est votre vision de l'habitat
à moyen terme et de l'Algérie
en général ?
C'est un secteur qui a connu beaucoup de
problèmes dû à la croissance
démographique qui s'estompe heureusement
; le taux est à présent de
1,6. Le déficit du logement résulte
de cette pression démographique des
vingt dernières années que
nous pourrons rattraper avec des programmes
ambitieux. L'initiative doit venir du privé,
des ménages, l'Etat peut apporter
sa contribution en forme d'aides, doit prendre
en charge les catégories défavorisées,
il ne peut s'en désengager. En fonction
des niveaux de revenus, il existe des formules
d'aides pour les autres catégories.
Pouvez-vous nous donner un aperçu
de votre parcours professionnel en tant
qu'homme de terrain ?
J'ai été Wali au niveau de
quatre Wilayas. J'ai été nommé
Wali à Tissemssilt en 1984 lors de
la création de la Wilaya, puis à
Mossaganam en 1989, à Tizi Ouzou
en 1994, et à Constantine en 1999.
J'étais le doyen des Walis. J'ai
fait un parcours surtout au niveau de l'administration
locale, je suis donc un homme de terrain.
J'ai été directeur de la réglementation
et de l'administration locale, secrétaire
général de Wilaya sur deux
postes et Wali au niveau de quatre postes.
Donc je connais parfaitement les problèmes
du terrain et particulièrement du
secteur de l'habitat.
Quel serait votre dernier message aux
investisseurs qui désireraient investir
en Algérie ?
Il y a beaucoup d'opportunités chez
nous. Prenons le cas du ciment, nous avons
une demande non satisfaite de 2 millions
de tonnes, et qui ne peut être satisfaite
que par l'importation. Si des investisseurs
souhaitaient réaliser des cimenteries,
ils seraient les bienvenus. C'est un produit
qui pourrait servir les besoins du secteur
du BTPH. Nous avons aussi besoin d'outils
de réalisations, nous lançons
de très gros chantiers, tant dans
le domaine de l'habitat que dans le domaine
des travaux publics, de l'hydraulique. Si
l'outil de réalisation arrive à
notre niveau, je suis persuadé qu'il
aura un très bon plan de charge,
c'est donc une opportunité qu'il
faut saisir.
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