Go to homepage
GMT
Timezones of the world
Home  |  Reports & Interviews  |  Special EventsOnline Shop Online Shop
Full reports on countries or regions, and interviews to top personalities Articles developed by Winne on any matter regarding emerging markets Forums Store
Search by Region
Click for a bigger map
Cambodia
Discovering an emerging potential in Asia.
 

V.I.P. INTERVIEWS
S.E. Keat Chhon Interview with:

S.E. Keat Chhon

Ministre de l'Economie et des Finances

25 Juin 2003

Reportage Special pour World Investment News et Far Eastern Economic Review
Votre Excellence, l'économie cambodgienne a connu une progression remarquable les dernières années. Pouvez-vous nous donner un aperçu de son développement depuis 1993, ainsi que les principales données macro-économiques actuelles ?

Les résultats enregistrés depuis 1993 sont satisfaisants dans la mesure ou nous avons pu répondre aux besoins les plus urgents du pays. Cependant les résultats les plus remarquables ont été obtenus à partir de 1999. En effet, durant la période de 1993 à 1999 nous n'étions ni en paix ni en guerre, c'est une période pendant laquelle nous n'avions pas tout le temps nécessaire pour nous consacrer au développement du pays et résoudre les problèmes de base tel que la lutte contre la pauvreté. A cette époque, nous travaillions d'une main pendant que la seconde tenait le fusil, car il y avait encore des factions de Khmer Rouge armées dans certaines régions. Ce n'est qu'avec la " win-win " stratégie du Gouvernement Royal du Cambodge que nous avons pu démanteler l'organisation politico-militaire des khmers Rouges. Cela a permit de rétablir la paix sur l'ensemble du Royaume et unifier physiquement et politiquement le pays.

A partir de 1999, le royaume vit sous une seule constitution, un seul Roi, un seul gouvernement, avec une seule loi applicable sur l'intégralité du territoire ; il n'y a donc plus de région en sécession par rapport au gouvernement central. Avec cette paix renforcée de jour en jour, nous avons pu également renforcer l'esprit de réconciliation nationale. Tous ces facteurs ont bien entendu contribué à un développement accru, aussi bien social qu'économique, mais surtout à une plus grande stabilité politique qui a permit au gouvernement de raffermir la stabilité macro-économique du pays.

Les trois premières années du second mandat du gouvernement, nous avons réussi à atteindre les objectifs que nous nous étions fixés en terme de croissance économique, avec en moyenne 7% du PIB de 1999 à 2001, et ce malgré les importantes calamités naturelles telles que les inondations et sécheresses répétées. Notre objectif en règle générale est de maintenir une croissance comprise entre 6 et 7%, ces premières années ont donc étés des années fastes pour le Cambodge. Cependant en 2002, nous avons du réviser à la baisse nos prévisions de croissance, due à une conjoncture d'incertitude au niveau international, à l'attaque du 11 septembre, et encore une fois aux désastres naturels répétés. Dans la loi de finance 2002, au lieu de 6% nous avons fixé comme objectif d'atteindre 5%. En ce qui concerne nos estimations des résultats pour l'année 2002, qui sont bien entendu étayées par la banque asiatique, elles sont à hauteur de 5.5%. Pour l'année en cours, pendant laquelle nous espérions une reprise générale, à cause de la mauvaise surprise du SRAS, qui a entraîné une chute de 37% de notre industrie touristique, ainsi qu'un climat d'incertitude générale due à la guerre d'Irak et d'autres facteurs, nous avons du re-estimer ces données à la baisse, d'une première esquisse optimiste de 6% présentée à l'Assemblée Nationale en début d'année, à un taux plus modeste de 4,7%.

Ceci pour vous donner un aperçu de l'évolution de notre économie. Il faut également souligner la politique du gouvernement en terme de maîtrise de l'inflation pour laquelle notre objectif est de nous situer en dessous de la barre des 4%. Les trois premières années elle était quasiment nulle, pour atteindre en l'an 2002 les 3%, ce qui reste raisonnable. Il faut souligner que dans notre économie nationale l'inflation est très néfaste, en effet il s'agit avant tout du bien être de notre population. Notre économie nationale étant fortement dollarisée, et les salaires étant payés en Riels, une variation, même infime, se traduit directement par une perte de pouvoir d'achat. Cette année 2003 a été dans ce sens très délicate, car le Riel s'est déprécié durant les 6 derniers mois de 6%. Il faut bien entendu considérer qu'en juillet se tiendrons les élections et malgré le bon climat actuel cela entraîne toujours une certaine incertitude.

En ce qui concerne les réserves du pays, elles couvrent habituellement 3 mois et demi de nos importations. Cependant, encore une fois due à une mauvaise conjoncture internationale et régionale nous avons du nous limiter, cette année, à deux mois et demi de réserves.

Je pense avoir partager avec vous les principales données macro-économiques du Cambodge durant les dernières années. Il y a cependant un dernier point que j'aimerais souligner ; Il y a actuellement dans notre pays une polémique générale sur la redistribution des bienfaits de ces indicateurs vers notre population. En effet certains affirment, en y incluant l'UNDP, que la redistribution n'est pas efficiente. Je donne un exemple concret, lorsque nous construisons une route et nous permettons à nos populations de réduire leur temps et coûts de transport, cela n'a-il pas un impact direct positif sur la pauvreté ? Il ne faut pas se limiter à l'analyse des simples indicateurs sociaux mais avoir une vision plus large et surtout à plus long terme de l'impact de la politique de notre gouvernement sur le bien être de nos populations.

Au cours de ce second mandat du gouvernement nous avons fortement mis l'accent sur la construction de notre infrastructure, et en particulier sur les routes, car désenclaver le pays et permettre aux flux physiques de pouvoir y circuler avec plus de facilité est pour nous une priorité dans le cadre de notre Stratégie Nationale de Réduction de la pauvreté.

En ce qui concerne le budget national, pouvez vous nous donner un aperçu de ce dernier en terme de provenance et de répartition vers les différents portefeuilles ?

Je souhaiterais tout d'abord partager avec vous certains chiffres en terme de pression fiscale, afin d'introduire les finances de notre gouvernement. Au cours du premier mandat du gouvernement la pression fiscale ne s'élevait qu'entre 6 et 6,5 de notre PIB, ce qui est très faible. Au cours de notre second mandat, grâce à notre reforme des finances publiques, nous avons pu accroître ce chiffre pour atteindre de 8,5 à 9%. En règle générale nous avons augmenté les revenus du gouvernement d'environ 1% de notre PIB par an. Cet effort de mobilisation des revenus est nécessaire afin de financer les services publics ainsi que les investissements en infrastructures, bien que ces derniers aient été bien évidement financés en partie par des prêts et des aides multi et bilatérales.

Dans ce cadre j'aimerais vous présenter quelques chiffres qui présentent nos projections en terme de recettes et de dépenses de l'Etat sur les prochaines années ;

Table 2.1. Cambodia: Key Macroeconomic Indicators, 1999-2007
(in percent of GDP, unless otherwise indicated)
1999(Act.) 2000(Act.) 2001(Act.) 2002(Act.) 2003(Proj.) 2004(Proj.) 2005(Proj.) 2006(Proj.) 2007(Proj.)
Real GDP growth, % 6.9 7.7 6.3 5.5 4.7 5.8 6.0 6.3 6.5
Per capita GDP nominal 264 262 260 273 282 289 298 308 319
GDP (CR, B, current price) 12587 12932 13357 14377 15474 16863 18403 20149 22103
GDP (US$, M, current price) 3300 3351 3404 3659 3869 4058 4299 4570 4866
CR/US$, average official rate 3813 3859 3924 3917 3995 4115 4238 4365 4495
CPI (% increase, Q4/Q4) 0.0 0.5 -0.5 3.0 4.0 4.0 4.0 4.0 4.0
Budget revenue 10.6 11.2 11.7 12.2 11.6 12.6 13.9 14.3 14.5
Budget expenditure 14.7 16.4 17.7 19.4 19.4 19.9 19.4 19.7 20.2
Current budget deficit/surplus 1.6 1.5 1.2 1.5 0.0 0.5 1.3 1.3 1.2
Overall budget deficit -4.0 -5.2 -6.0 -7.2 -7.6 -7.3 -5.5 -5.4 -5.7
Domestic export (US$, M) 921 1206 1295 1659 1926 2204 2448 2692 2961
Retained import (US$, M) 1219 1662 1809 2230 2480 2821 3074 3350 3685
External C/A (US$, M) 1/ -295 -336 -426 -406 -441 -470 -481 -493 -496

A travers notre politique de dépenses publiques, nous cherchons avant tout à assurer une stabilité macro-économique. En effet tous ces facteurs sont directement liés ; si nous connaissons une inflation importante, et notre stabilité macro-économique est mise en péril, il en va directement de notre stabilité politique, ce point est donc stratégique pour le développement du pays. Nous entendons respecter ce cadre, avec l'aide de nos partenaires tel que le FMI, pour que notre stabilité macro-économique soie assurée.

Si nous nous référons à cette année 2003, de la même manière que nous avons révisé à la baisse notre croissance, nous allons également devoir le faire avec nos prévisions en terme de recettes. Cependant les dépenses vont être maintenues, et c'est à ce niveau là que se situe le problème ; nous avons une pression importante due à la mauvaise conjoncture et, une fois encore, à la tenue des prochaines élections. Cependant je reste optimiste car après les élections nous connaîtrons un regain de confiance sur le marché national, nous avons déjà connu ce phénomène en 1998.

En terme d'allocation des ressources il faut souligner que nous avons réduis les dépenses militaires et sécuritaires de 6,9% du PIB en 1994, à environ 3% actuellement. Ces réductions sont bien évidement en faveur des dépenses sociales, qui représentent aujourd'hui 3% en comparaison avec le 1% de 1994. Ces dépenses se dirigent essentiellement sur 4 ministères prioritaires qui sont ; le ministère de la santé, le ministère de l'éducation, le ministère de l'agriculture et enfin le ministère du développement rural.

Il y a un autre point qu'il est important de souligner dans le cadre de notre reforme des finances publiques ; La proportion des recettes tarifaires et des recettes provenant du marché interne s'inverse. Auparavant, les taxes douanières représentaient 80% et le marché interne 20%. Nous avons réussi à inverser cette tendance afin de conforter notre position au sein de l'ASEAN ainsi que notre prochaine adhésion à l'Organisation Mondiale du Commerce ; Au jour d'aujourd'hui, cette proportion est de 54% pour les recettes internes au pays et 46% pour les recettes tarifaires. C'est également une performance, car si nous n'avions pas mis en place et respecté nos reformes nous n'aurions pu atteindre ces résultats qui sont nécessaires afin de faire face à l'échéance de notre adhésion à l'OMC. Il s'agit d'un enjeu important ; notre intégration régionale tout d'abord et internationale par la suite.

PROVENANCE DES TAXES COLLECTEES EN POURCENTAGE DU PIB

Graphic (Click here)

Comme vous nous l'avez mentionné, renforcer les capacités de l'état par une meilleure mobilisation des ressources est une étape essentielle afin de pouvoir garantir les services minimums et ainsi créer un climat favorable à l'investissement. Dans ce cadre, plusieurs réformes sont en cours tel que la reforme douanière, des taxes ainsi que le renforcement de la gestion du budget nationale. Pouvez-vous nous décrire les principaux résultats obtenus au jour d'aujourd'hui ?

Nous pouvons mesurer les résultats de ces reformes tout d'abord par les performances de l'administration des impôts, des douanes et par la meilleure gestion de notre budget. Affirmer que nous sommes satisfaits de ces résultats, non pas encore, nous avons encore un long chemin à parcourir. Affirmer que nous sommes à l'aise, non, nous ne sommes pas encore dans une situation ou nous avons une certaine marge de manœuvre. La pression des demandes de dépense est telle que notre ministère a des difficultés à gérer cette situation. C'est la raison pour laquelle nous avons tiré une sonnette d'alarme au Premier Ministre, qui nous a écouté. Parallèlement nous devons faire face à d'autres obligations, au niveau international en tant que président de L'ASEAN par exemple, et national avec les demandes de la population pour un investissement croissant dans les infrastructures au niveau rural. Là encore, j'aimerais répondre à ceux qui prétendent que la décentralisation n'apporte rien ; au contraire nous travaillons actuellement pour que les services publics puissent atteindre la base de notre population, en d'autres termes les zones rurales. Dans ce cadre les infrastructures sont, bien entendu, un point crucial mais il y a également d'autres commodités tel que l'électrification du pays, l'accès à l'eau potable, etc.

Il faut considérer que nous n'avons joui jusqu'à présent que de moins de cinq années de paix, et il est impossible en ce laps de temps de tout réaliser, cependant les progrès sont là, malgré les difficultés. Dans ce cadre nous faisons face à un problème important de liquidités, de cash-flow. Ceci est dû en partie au fait que l'Etat avait pris certains engagements et que l'heure venue l'argent avait déjà été dépensé pour faire face à la série de calamités climatiques qu'a connues le pays. Nous sommes de bonne volonté mais nous devons bien évidement parer au plus pressé. Suite aux calamités climatiques, notre population a beaucoup souffert mais grâce à notre action immédiate nous avons pu alléger part de cette souffrance et limiter les conséquences économiques de ces évènements en sauvant une grande partie des récoltes agricoles.

Nous sommes un pays très jeune, nous avons à peine commencé à nous engager sur un long chemin qui nous mènera très certainement à la prospérité pour le pays et sa population. Cependant ce chemin est juché d'embûches et nous devons y faire face au quotidien. Nous sommes actuellement en train d'établir les bases qui permettront un développement, et nous entendons y arriver pas à pas. Nous sommes déjà membre de l'ASEAN et prétendons à l'adhésion au sein de l'OMC, nous voulons nous situer au même niveau que les autres pays. Je dois également confesser que pendant les années 1993/94 j'étais très pessimiste en ce qui concerne le développement des ressources humaines, cependant la jeune génération, malgré que leurs diplômes ne soient pas aux standards internationaux, bénéficie aujourd'hui d'une éducation de base qui s'est considérablement amélioré. Cette jeune génération a réussi à me redonner confiance en leur contribution à l'avenir de ce pays. En témoignage de cette confiance je dois vous avouer que cette jeune génération fait partie intégrante de mon équipe et me démontre au quotidien leurs qualités. Pour la petite histoire, beaucoup d'entre eux ont également été choisis par le Premier Ministre afin de l'assister dans sa lourde tache de gérer le pays, tel que le Dr. Moniroth, le Dr. Naron, Sok Chenda, Yanara, etc. Ce qui témoigne de leur qualité et de la confiance que nous pouvons avoir dans cette relève.
La création d'un environnement propice à l'investissement est essentielle pour le développement du secteur privé. Celui-ci joue en effet un rôle croissant dans la création de richesses. Dans ce cadre, quelles sont les actions entreprises par votre gouvernement afin de favoriser son développement ainsi que celui des PME, qui garantissent à terme le dynamisme de l'économie nationale ?

Le soutien au secteur privé est un point essentiel de la politique de notre gouvernement que je vais vous présenter en trois volets ; tout d'abord la philosophie générale du gouvernement, en second lieu les développements au niveau sectoriel et en dernier lieu les actions concrètes qui ont été entreprises dans ce sens.

Je pense que vous l'aurez déjà entendu de notre Premier Ministre, notre Ministre du Commerce ainsi que nos collègues du CDC ; nous considérons le secteur privé comme le moteur de la croissance de l'économie nationale et nous travaillons afin que ce concept devienne une réalité. Tout d'abord en garantissant un environnement favorable ; au niveau légal, mais aussi au niveau de la gouvernance afin que le secteur privé puisse s'épanouir. Dès la première année de la seconde ère du Royaume, et j'insiste sur ce terme car il ne s'agit pas du second Royaume, nous avons beaucoup misé sur l'Aide Publique au Développement (APD). Cependant nous savons que cette politique ne peut être appliquée sur le long terme, car tous les pays ont leurs propres contraintes. Dans ce cadre, la principale source de mobilisation des ressources doit être le secteur privé ; qu'ils soient nationaux ou étrangers, nous devons les encourager à investir sur le territoire national.

Nous avons distingué dès le début, j'ai d'ailleurs rédigé un document qui a été approuvé par le Conseil des Ministres et présenté aux pays donateurs, la séparation des tâches entre l'Etat et le secteur privé. Pour cette raison, dès 1995 nous avons introduit dans notre loi des finances les privatisations à venir. L'Etat ne va pas s'impliquer dans l'industrie, le commerce, les services ou les finances (mis à part les finances publiques) pour laisser les principaux pôles économiques aux mains du secteur privé. Dans le cadre des plus grands projets de privatisation déjà planifiés, je peux citer notre industrie du caoutchouc ou encore notre Banque du Commerce Extérieur. Notre philosophie est de substituer les déclins en APD par l'investissement privé. Notre objectif est d'atteindre 30% de notre PIB en investissement aussi bien publique que privé afin que l'économie du pays décolle réellement. Actuellement nous sommes aux alentours des 20%, mais dès à présent je considère que c'est le secteur privé qui va prendre la relève pour le développement du pays. Et nous sommes prêts, dans le cadre d'une stratégie "win-win" entre celui-ci et notre gouvernement, à leur concéder tous les avantages possibles. Dans ce cadre nous avons adopté les formules de BOT, par exemple pour notre aéroport, avec le Groupe Vinci.

Il faut également souligner, dans l'application de cette vision, les points forts et les points plus faibles. Nous devons actuellement tout reformer ; car pour un secteur privé fort, il faut développer un service public qui puisse servir au mieux ses intérêts. L'administration doit être amicale avec le secteur privé et non pas seulement régalienne. La reforme de notre administration, de nos institutions légales et judiciaires, est donc une nécessité car il faut être en ligne avec les normes internationales ainsi qu'avec nos partenaires tel que l'ASEAN et bientôt l'OMC. Ceci va renforcer la confiance du secteur privé. Dans ce cadre nous avons fait d'important progrès, mais le secteur privé reste insatisfait. Afin de palier à cette situation nous avons crée un forum entre le gouvernement et le secteur privé. Sok Chenda en est le Secrétaire Générale, quant à moi je suis le coordinateur de ce forum avec d'autres ministres afin d'encadrer les sept groupes de travail qui ont été créés. Avec M. Sciaroni, qui travaille dans une firme de droit, nous nous occupons du groupe de travail qui traite de gouvernance, taxes et lois. Grâce à ces groupes de travail nous débattons directement avec le secteur privé sur les grandes orientations de notre politique publique, ainsi que sur leurs préoccupations dans les divers domaines de compétence de chaque groupe, avant de passer les reformes au Conseil des Ministres. Nous avons ainsi pu amender, en collaboration avec le secteur privé, notre loi sur les investissements, notre loi sur les taxes et notre loi sur la comptabilité et l'audit. Nous disposons également de notre propre Institut de Comptabilité et notre Conseil de Comptables qui proviennent tous deux du secteur privé. Nous avons également collaboré pour la réduction de la contre-bande.

Nous considérons le secteur privé comme un partenaire pour le développement du pays. Récemment nous avons également préparé un code civil et avons, bien entendu demander l'aval du secteur privé. Ceux-ci ont répondu en affirmant qu'ils nécessitaient du temps afin d'étudier en profondeur ce code, nous avons donc fait le pas de demander à notre Ministre de la Justice de différer son adoption afin que nous puissions prendre en compte les recommandations de notre partenaire privé, avant de le présenter au Conseil des Ministres. Pour vous démontrer l'importance que nous accordons à leurs opinions ; lorsque nous avons un désaccord sur un dossier particulier, nous présentons les deux avis à notre Conseil Interministériel afin que celui-ci fasse office de juge et prenne la décision finale ; à deux reprises, le conseil des ministres a tranché en faveur du secteur privé. Au même titre que le gouvernement ils sont directement impliqués dans le débat pour l'ameiloration de notre climat général d'investissement.

Cependant il y a encore un point sur lequel ils ne sont pas satisfaits, il s'agit des dessous de tables. Sur ce point j'aimerais insister sur le partage des responsabilités entre le gouvernement et le secteur privé. En effet, certaines entreprises du secteur privé, au lieu de régler leurs litiges ou problèmes par la voie officielle, préfèrent régler leur problème à l'amiable directement avec des officiels du gouvernement. Au lieu de choisir de régler le problème d'une forme générale, ils préfèrent s'atteler à leurs problèmes individuels. Si le secteur privé ne joue pas le jeu de la transparence, il a distorsion du système, il faut donc une plus grande conscientisation de ce problème de la dynamique du système des acteurs.

En ce qui concerne le développement des Petites et Moyennes Entreprises (PME), elles représentent un point essentiel pour le bien être de notre population tout d'abord, et bien entendu pour le dynamisme de notre économie. Le principal problème se situe en terme de financement et nous travaillons dans ce cadre avec plusieurs partenaires tel que l'Allemagne, la France ou encore le IFC afin de pourvoir garantir un financement minimum pour le développement de ces PMEs.

Le secteur financier est bien entendu un point stratégique aussi bien pour le développement des petites et moyennes entreprises que pour le soutien au secteur privé dans son ensemble. C'est pourquoi nous avons défini un road map pour le développement du secteur pendant les dix prochaines années. Nous allons compléter la première phase qui s'étend jusqu'en 2004, ce road map devant être achevé en 2010. Ceci inclus le développement de notre système bancaire et des assurances, ainsi que nos systèmes de leasing, des marchés des capitaux et autres produits financiers. Dans ce cadre le gouvernement ne joue qu'un rôle de régulateur. Nous travaillons en collaboration avec la Banque Asiatique de Développement (BAD) et la Banque Mondiale, en conservant à l'esprit les reformes nécessaires pour notre adhésion à l'OMC.

Si nous nous focalisons essentiellement sur l'investissement direct dans le pays. Quels sont les principaux constats et les challenges à venir pour le Cambodge ?

Le challenge à relever au jour d'aujourd'hui reste la mise en place d'un environnement favorable à l'investissement à travers le renforcement de notre système juridictionnel et de notre bonne gouvernance, ainsi que la capacité du gouvernement à assurer les services minimums à moindre coût pour le secteur privé. Dans ce cadre j'inclus bien évidement le développement de nos ressources humaines. Notre ministère contribue activement dans ce processus avec la création de notre propre Institut Economique et Financier qui forme beaucoup de nos commis de l'Etat, avec le soutien de plusieurs donateurs et du secteur privé.

Ces derniers temps nous avons observé un fléchissement de l'investissement direct dans tout le sud est asiatique, au bénéfice de la Chine. Cependant le Cambodge à fait des progrès considérables, même si nous ne sommes pas encore satisfaits, nous devons souligner les évolutions positives dans ce sens. Les progrès ne se mesurent pas uniquement en terme de déclaration d'intention mais surtout en terme de concrétisation. Avant 1998, nous avons délivré un nombre important de licences, cependant le taux de concrétisation se situait aux alentour des 25%. Aujourd'hui ce même taux atteint les 75%.

Comme vous nous l'avez également mentionné, le Cambodge est membre de l'ASEAN et présente sa candidature à l'OMC. Cette intégration ouvre bien entendu de nouvelles opportunités au pays mais présente également de réelles menaces, particulièrement pour le secteur de la confection, qui demeure l'un des piliers de votre économie. Pouvez-vous nous faire part de vos commentaires sur cette intégration croissante du pays ?

Je pense que nous devons être très réalistes sur ce sujet, l'industrie de la confection reste dans ce domaine le talon d'Achille de notre économie. Cependant même si nous n'avons plus accès à un traitement de faveur, je pense que le Cambodge dispose de certains avantages comparatifs par rapport à ses principaux concurrents. Ces avantages ne se situent pas uniquement en terme de bas coût de main d'œuvre, mais surtout en terme de standards de production. Les Américains, ainsi que beaucoup de pays européens, ne sont plus disposés à acheter des produits en provenance de " sweat shops " dans lesquelles les conditions minimums de travail ne sont pas respectées. Nous acceptons les règles du jeu et avons établi dans notre pays une politique triangulaire incluant non seulement les propriétaires de ces entreprises et le gouvernement mais également les travailleurs, tout cela sous la superstition de l'ILO (International Labour Organisation). Nous devons utiliser cette politique comme un avantage comparatif pour le Cambodge, certes les prix de nos produits ne sont pas les plus compétitifs cependant nous garantissons non seulement la qualité de ces derniers, mais surtout le respect des normes internationales de travails.

Nous sommes également intéressés par l'homme derrière l'institution. Vous avez accompagné le développement du pays en faisant partie de tous les gouvernements depuis 1960, pouvez vous nous en dire plus sur votre parcourt professionnel ?

J'ai une formation d'ingénieur civil du génie maritime et en génie atomique et avant de venir au Cambodge, je travaillais en France dans la recherche thermonucléaire. Cependant j'ai considéré que je serais plus utile dans mon pays alors je suis revenu, malgré qu'il n'y ait aucun programme nucléaire à développer au Cambodge. En revenant, je suis devenu directeur général d'une société de construction civile avec laquelle nous avons réalisé et/ou réhabilité un nombre important d'ouvrages tel que la route Nationale de Phnom Penh vers Sihanoukville, l'actuel aéroport de Phnom Penh, ect. Et à travers cette expérience j'ai acquis une bonne connaissance du territoire cambodgien. Les conditions de travail n'étaient pas toujours les meilleures, nous avions des délais très court de réalisation et plus d'une fois nous avons du finir nos ouvrages de nuit car nous devions prendre gare aux intempéries, en cas de pluie par exemples, à chaque minute nous perdions 100 USD.

Puis le Prince Sihanouk, à l'époque, considérant mon background en sciences et mathématiques, m'a honoré en me demandant de fonder l'université en province, l'Université Royale de Kampong Cham. J'en étais le premier recteur. Suite au succès de ce projet, j'ai été appelé à la tête du ministère de l'industrie, ce qui correspondait assez bien avec ma formation car je suis par ailleurs ingénieur. Il me manquait cependant, considérant que j'avais essentiellement une expérience en entreprise, une approche de l'économie sectorielle, que j'ai acquis grâce à cette expérience.

Puis la guerre éclata et le pays fut scindé en deux. A ce moment là je suivis le Roi à Pékin, qui représentait à cette époque la résistance, afin de l'assister en tant que ministre à la présidence du Conseil des Ministres. Je suis ensuite rentré au Cambodge avec le Roi pendant l'époque des Khmers Rouges, et j'ai survécu par chance, car depuis 1978 j'étais devenu une cible. Bien heureusement, l'intervention des troupes de Hun Sen avec les volontaires vietnamiens m'a permis de m'échapper avec le Roi à New York.

Cependant étant séparé de ma famille depuis 3 ans et n'ayant pas de leurs nouvelles je ne pouvais partir et je me suis rendu à la frontière thaïlandaise afin d'assurer leur sécurité. J'ai tout d'abord retrouvé mon fils, que j'ai envoyé à l'étranger ainsi que ma femme. On m'a ensuite assuré que ma fille était en lieu sûr. Une fois rassuré j'ai quitté le Cambodge, pour rejoindre Paris et travailler dans une entreprise privée en tant que directeur des opérations internationales. Ensuite j'ai rejoint L'UNIDO comme co-directeur pour le management stratégique du développement industriel dans l'ancien Zaïre. Cette expérience m'a permis d'acquérir une nouvelle dimension de l'économie, celle de la macro-économie en collaboration avec la Banque Mondiale, le FMI, ect. En 1992 je suis rentré au Cambodge en tant que consultant pour l'UNDP. J'ai ensuite été nommé conseiller du Gouvernement de l'Etat du Cambodge de notre actuel Premier Ministre Samdech Hun Sen avant les élections. En 1993, j'ai été nommé Vice-Premier Ministre pour le gouvernement provisoire, avant d'être promu au poste de ministre d'Etat pour la réhabilitation et le développement du pays. Suite à une crise ministérielle et au départ de Sam Rainsy, j'ai pris le poste de Ministre de l'Economie et des Finances depuis octobre 1994, jusqu'à présent.
  Read on  
  
 

 

Make World Investment News Your Homepage.
World Investment News: Your Online Source Of Information On Investment Opportunities
© 2004, 2008World INvestment NEws
, Multimedia Information Company
Contact  |  Legal Terms  |  About Us  |  Career Opportunities  |  Sitemap  |  Advertise With Us  |  Related sites