CAMEROON
The new locomotive of Western Africa








Report


Interview de

M. Pierre HELE,
Ministre du Tourisme

Yaoundé, 21 Octobre 2000
Question 1: Quels sont les grand axes de la politique du gouvernement en matière de tourisme ?

Réponse 1: Dès son accession à la souveraineté internationale en 1960, le Cameroun a perçu la nécessité de développer le tourisme qui apparaissait alors comme facteur de détente et de loisirs pour les étrangers et en même temps, un facteur de brassage des populations et d'unité nationale. Un Office National du Tourisme est ainsi créé le 03 août 1960. Il évoluera sous d'autres appellations telles que le Commissariat général au tourisme le 12 juin 1970, la Délégation générale au tourisme le 25 novembre 1975 et puis en 1986, le Secrétariat d'Etat au tourisme. En 1989, conscient de l'importance du tourisme dans le développement économique, social et culturel des nations et au regard de nombreux atouts dont dispose le Cameroun, le chef de l'Etat décide de créer un département ministériel à part entière, spécialement chargé du tourisme.

Les objectifs assignés au Ministère du Tourisme sont multiples: faire du tourisme un puissant levier de la relance économique nationale; passer de 180 000 à 500 000 touristes l'an à l'horizon 2004. Je vous rappelle que le chef de l'Etat n'a manqué aucune occasion pour réaffirmer sa ferme volonté de faire du Cameroun une véritable destination touristique.

Au terme de son élection en 1997, le Président de la République fait de la promotion du tourisme le cinquième des dix points de son programme pour construire l'avenir du Cameroun.

Pour atteindre ces objectifs, un cadre juridique et institutionnel particulièrement propice à l'essor de ce secteur au Cameroun, a été mis en place avec entre autres la promulgation en 1998 d'une loi-cadre relative à l'activité touristique et la signature, un an plus tard, des textes d'application subséquents. S'agissant de la loi sus-visée, les dispositions incitatives qu'elle comporte concernent notamment la création d'un «compte d'affectation spécial» pour le développement et le soutien de l'activité touristique ; des mesures d'encouragement spécifiques qui peuvent être prises, notamment dans les domaines fiscaux, douaniers, fonciers ou domaniaux, dans le cadre de la Loi de Finances ou des lois particulières, afin de promouvoir les investissements touristiques et de rendre le produit touristique national plus compétitif ; l'autorisation de l'exploitation des vols charters à partir de toutes destinations étrangères dont les traductions dans les faits ne dépendent plus que de l'implication effective des opérateurs concernés ; la création du Conseil National du Tourisme, structure présidée personnellement par le Premier Ministre, chef du Gouvernement et qui regroupe aussi bien les représentants de l'administration que ceux du secteur privé, en vue de réfléchir et de proposer au Gouvernement toutes mesures ou aménagements susceptibles de faciliter l'entrée et le séjour des touristes au Cameroun, ainsi que leur sortie et leur sécurité ou de lui faire toute recommandation concourant au développement du tourisme.

Q. 2: Quels sont les objectifs principaux poursuivis par le ministère dans le cadre de l'organisation d'un programme complet pour la journée mondiale du tourisme et quelles sont vos attentes précises dans ce domaine ?

R. 2: Le Cameroun, de concert avec la communauté internationale a effectivement célébré le 27 septembre dernier la Journée mondiale du Tourisme, instituée par l'Organisation Mondiale du Tourisme depuis 1980. Cet événement permet de mettre en œuvre une série de manifestations économiques, politiques, sociales et culturelles pour la sensibilisation de l'opinion publique sur la place et l'importance du tourisme dans le monde. Le Cameroun, qui compte sur le tourisme comme point majeur de la relance de son économie entendait marquer cette année de façon tout à fait particulière la célébration de la Journée mondiale du Tourisme. Diverses manifestations ont donc été organisées à travers la République axées sur l'organisation d'un concours national d'élection de «Miss Tourisme Cameroun 2000» qui est d'ailleurs l'une des recommandations de l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) ; la diffusion du message du Secrétaire Général de l'OMT et la vulgarisation du Code Mondial d'Ethique du Tourisme adopté en 1999 à Santiago au Chili ; la sensibilisation sur l'importance du tourisme dans le monde et la promotion du tourisme au Cameroun avec un accent donné sur les recommandations du Conseil National du Tourisme ; de nombreuses actions médiatiques.

De façon plus précise, il s'agissait à travers ces manifestations d'attirer l'attention sur le tourisme camerounais ; d'appeler tous les intervenants du secteur à adopter des actes concrets en faveur de la relance du tourisme ; de sensibiliser dans le but de susciter chez les Camerounais une véritable culture touristique afin d'améliorer l'accueil réservé aux touristes dans notre pays ; de renforcer l'image positive du Cameroun à l'étranger en vue d'une meilleure commercialisation du produit camerounais sur le marché international.

Q. 3: Quelle est la position du ministère face aux nouvelles technologies et quels sont les objectifs en terme de communication par les nouvelles technologies de l'information ?

R. 3: Il y a quelques années, la visite personnelle, l'appel téléphonique et la lettre étaient les seuls instruments qui permettaient traditionnellement aux touristes de demander des informations. Le conseil personnel et la brochure étaient les seuls moyens de les fournir.
Aujourd'hui, les nouvelles technologies de l'information ont transformé les formes de demande et d'émission de l'information.
Les nouvelles technologies des télécommunications et de l'information révolutionnent chaque jour l'industrie du voyage, notamment dans le domaine de la diffusion de l'information touristique. Elles multiplient le volume d'information émis et multiplient aussi le volume d'information demandé.

Ainsi, le ministère du Tourisme se veut à terme, un département phare dans l'exploitation des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Internet notamment, est l'un de nos objectifs à court terme. Nous sommes maintenant en phase expérimentale avec un site dynamique sur le Cameroun, et nous comptons beaucoup sur ce site pour promouvoir notre destination.

A côté de nouvelles technologies de pointe que nous expérimentons, nous utilisons les brochures, les dépliants, les plaquettes, les films documentaires, les affiches etc.
Mais nous attendons surtout l'assistance technique des pays amis pour le transfert effectif de nouvelles technologies de l'information nécessaire à la promotion du tourisme.

Q. 4: Pouvez-vous nous donner un aperçu des infrastructures d'accueil existantes, des circuits et des agences qui conçoivent et organisent des circuits ?

R. 4: Le Cameroun compte, notamment dans les grandes villes Yaoundé et Douala, des hôtels de classe internationale susceptibles d'accueillir une clientèle exigeante. On compte à ce jour au Cameroun 820 établissements d'hébergement pour une capacité de 13 972 chambres et 15 542 lits dont 114 établissements d'hébergement classés pour une capacité de 6000 chambres et 8000 lits répartis entre les hôtels de 1 à 5 étoiles où sont représentés les chaînes internationales telles que Hilton, Méridien, Accor (IBIS) ; 200 établissements de restauration pour une qualité de cuisine exquise et diversifiée ; 40 agences de tourisme pouvant servir de partenaires aux tours opérateurs étrangers et aux compagnies de charter sont opérationnelles.

A long terme, l'objectif du Ministère du Tourisme est non seulement d'accroître cette capacité d'accueil, mais également de doter certains de nos principaux sites touristiques d'infrastructures pouvant accueillir des touristes en grand nombre.
A court terme, l'Etat s'est donné pour objectif de rénover et de privatiser la gestion de certains établissements hôteliers de son portefeuille.

Q. 5: Quelles sont les opportunités d'investissement dans votre secteur ?

R 5: L'Etat camerounais a des potentialités et des atouts pour intéresser les investisseurs: plus de deux cents sites touristiques importants, sept parcs nationaux, plus de quatre cents kilomètres de côte atlantique propice au tourisme balnéaire. Le Cameroun offre les possibilités de pratiquer l'écotourisme dans les sites du mont Cameroun Korup et dans les réserves du Dja. En faveur des investisseurs, les mesures suivantes sont prises: l'engagement de l'Etat à assurer la sécurité des touristes ; l'arsenal juridique mis en place; La création d'un Conseil National du Tourisme que préside personnellement le chef du Gouvernement entouré des chefs de départements ministériels intervenant dans l'activité touristique. Ce conseil prend toutes les mesures nécessaires au développement du tourisme et enraye toute difficulté susceptible d' entraver la promotion du tourisme ; la « chartérisation » à l'effet de réduire le coût du transport aérien ; la mise en concession des sites touristiques ; la création de bureaux d'information touristiques à l'étranger.

Aux différentes mesures, s'ajoute l'existence d'un code d'investissement très attractif avec de nombreux avantages fiscaux et douaniers pour les investisseurs. Conscient de la concurrence des autres destinations et pour améliorer le code existant, le gouvernement confectionne une charte des investissements qui donnera lieu à un code sectoriel, code d'investissement plus incitatif et plus avantageux pour les investisseurs.

De plus le Cameroun a adhéré au traité de l'Organisation pour l'Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique (OHADA). A cet égard, de multiples opportunités d'investissement sont offertes aux opérateurs économiques nationaux et internationaux: construction de complexes hôteliers dans les grands centres urbains et dans les zones d'intérêts touristiques ; construction de villages de vacances dans la région côtière ; concession des sites touristiques ; mise en place d'infrastructures en vue de l'organisation des croisières sur les grands fleuves ; organisation de vols charters en direction du Cameroun encouragée par une réglementation favorable en la matière ; création d'agences de tourisme et exploitation des circuits. Je dirai pour terminer, qu'il est indéniable que le Cameroun est en Afrique, la synthèse de la plupart des destinations concurrentes qui aujourd'hui sont plus fréquentées, sans toutefois disposer d'autant d'atouts touristiques. Par ailleurs, compte tenu du fait que l'exploitation des destinations traditionnelles est arrivée aujourd'hui à saturation, le Cameroun se présente comme une réelle alternative, et de ce fait, peut se substituer sur les plans qualitatifs et quantitatifs à ce que les touristes peuvent apprécier comme produits touristiques exotiques.

La stabilité politique du pays, son attachement à la paix, son engagement pour la sécurité des touristes et des investissements, en même temps que le défi de faire du Cameroun l'une des plus grandes destinations touristiques africaines du 3ème millénaire, sont autant de facteurs qui militent pour la sécurisation et la rentabilité de tout investissement opéré dans le tourisme camerounais.


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You can find the version published in Forbes Global or Far Eastern Economic Review

© World INvestment NEws, 2001. This is the electronic edition of the special country report on Cameroon published in Forbes Global Magazine, October 1st, 2001. Developed by Agencia E.