CAMEROON
The new locomotive of Western Africa








Report


Interview de

M. Modou Khaya,
Directeur Général des Aéroports du Cameroun, ADC

28/03/01
Question 1: Aéroports du Cameroun, une des entreprises leaders du secteur privé, assure depuis octobre 1994 la gestion effective des sept principaux aéroports du Cameroun. Au regard du cahier des charges auquel vous êtes astreint, quels sont les grands axes de votre politique de gestion ?

Réponse 1: Comme vous l’avez mentionné, les Aéroports du Cameroun sont entrés en fonction en 1994. Aujourd’hui, ADC fait face à un problème qui veut que les infrastructures soient sous-utilisées. Il y a donc une sous capacité d’exploitation qui fait qu’il est difficile de maintenir en état opérationnel l’ensemble des installations à un coût raisonnable par rapport aux revenus tirés du trafic.

Cette situation est aggravée par le fait que l’aviation est un domaine qui est très réglementé au niveau international avec des normes et des standards qu’il faut impérativement respecter pour assurer la sécurité des gens. A un niveau économique, comme dans toute entreprise, nous sommes soumis aux impératifs et désirs de viabilité et de rentabilité mais nous avons une contrainte, celle de la sécurité que nous devons impérativement satisfaire quel qu’en soit le coût.

Depuis un an que nous sommes détachés par l’ASECNA (Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar), nous tâchons de maintenir opérationnels l’ensemble des installations qui relèvent de nous à savoir les infrastructures et équipements propres au traitement des passagers et des avions.

Q. 2: Société anonyme au capital de 177 millions de FCFA, ADC est une entreprise qui se porte bien: voudriez-vous détailler votre actionnariat et décrire vos performances en terme de chiffre d'affaires pour le dernier exercice ?

R. 2: Nous sommes une société d'économie mixte où l'Etat du Cameroun est présent avec plusieurs actionnaires institutionnels et quelques actionnaires privés. Nos actionnaires majoritaires sont les Aéroports de Paris (ADP) à hauteur de 34%, suivi de l'Etat du Cameroun qui possède 29% des actions, de l'ASECNA avec 20% d'actions et de la CAMAIR avec 8%. Les 9% restants sont répartis entre petits porteurs et sociétés privées camerounaises. Nous avons réuni des partenaires techniques tels que l'ADP, la CAMAIR et l'ASECNA dans le but de mettre en commun leurs moyens et leurs capacités afin de faire vivre convenablement et rationnellement notre compagnie. L'année dernière, nous avons obtenu un chiffre d'affaires de 9,5 milliards de FCFA ; nous escomptons un chiffre d'affaires de 10 milliards de FCFA pour l'exercice à venir.

Q. 3: A été rendu public un projet de prêt sur 25 ans de 7,2 milliards de FCFA à un taux préférentiel de 5% octroyé par l'Agence Française de Développement ; des fonds qui seraient mobilisés pour la réhabilitation des aéroports camerounais. Qu'en est-il de ce projet ?

R. 3: Le prêt de 7,2 milliards de l'Agence Française de Développement s'étendait en effet sur les sept aéroports du Cameroun: Douala, Garoua, Yaoundé, Ngaoundéré, Maroua, Bamenda et Bertoua. Sur le montant total initialement alloué, seuls 422 millions ont été versés, ce qui représente 4 ou 6% seulement du prêt. Le paiement a été suspendu par l'Agence Française de Développement suite à des constats faits au niveau de la gestion interne de la société. Suite au versement de 422 millions en 1999, le reste du prêt à été tout bonnement annulé. Depuis lors, nous avons repris contact avec l'Agence Française de Développement qui est ouverte à de nouvelles études. Nous avons déjà constitué des dossiers préliminaires qui indiquent clairement quels sont nos projets. Toutefois, il y a d'abord un autre problème comptable que nous sommes en train de régler avec le gouvernement Camerounais . Nous souhaiterions que le renouvellement des installations concédées, qui pèse actuellement très lourd dans les comptes de la société au point de compromettre ses objectifs de rentabilité à court terme, soit pris en charge par l'Etat. Nous voulons faire appliquer les termes de la convention relatifs à la réparation et au renouvellement des installations et des équipements. S'il n'est pas réglé, ce problème pèsera très lourd dans la santé financière à venir de ADC et sera aussi une question décisive pour les bailleurs de fonds. Nous attendons la réponse du gouvernement sur cette question pour communiquer dans notre dossier à l'Agence Française de Développement des chiffres qui soient valables et qui correspondent à nos besoins. Actuellement, nous sommes condamnés à prendre sur notre budget les frais de maintenance et de réparations pour la somme de 1 milliard de FCFA par an. Nous devrons aussi consacrer un autre milliard de notre chiffre d'affaires au renouvellement des installations lourdes qui ont été cédées à ADC par l'Etat et qui sont surdimensionnées. Les aéroports sont utilisés à 15% de leurs capacités mais c'est l'ensemble des infrastructures qui vieillit et qu'il faut remettre à niveau. Nous pensons que l'Etat devrait intervenir pour tout ce qui concerne la maintenance de ces infrastructures lourdes. De notre côté, nous nous engageons à réparer et à renouveler les biens d'équipements et les infrastructures dont nous nous servons. Mais nous ne pouvons tout prendre en charge. C'est financièrement impossible.


Q. 4: Quels sont les projets concernant l'ensemble des aéroports camerounais pour les années à venir, quels sont les travaux que vous devriez entreprendre afin de maintenir partout le niveau obligatoire des standards internationaux ?

R. 4: Que l'Etat prenne en charge ou non la maintenance et le renouvellement des infrastructures lourdes, notre but est de nous concentrer sur le respect des standards internationaux en matière de navigation aérienne et de traitement au sol des avions et des passagers. Nous portons nos efforts sur cette question pour que tous les équipements soient maintenus ou réparés. Beaucoup d'équipements ont déjà fait l'objet d'une remise à niveau. Il s'agit là d'une politique de prévention. Nous n'attendons pas que les équipements tombent en panne pour les réparer. Cela aurait une trop grosse incidence sur l'exploitation. Nous sommes intervenus sur les équipements servant à la navigation aérienne, les appareils de guidage, la sécurité incendie. Nous avons aussi des projets en cours de réalisation comme l'informatisation des banques d'enregistrement. Le reste concerne le travail quotidien d'un exploitant d'aéroport comme la maintenance des installations électriques par exemple. Il y a des travaux de génie civil de plus grande envergure, ceux-là même que nous voudrions voir pris en charge par l'Etat, à savoir les toitures des aéroports de Douala et Garoua qui sont abîmées et qui ont une incidence directe sur la protection des équipements hébergés par l'aéroport et sur le confort des passagers. Nous devrons aussi intervenir sur le matériel aéronautique qui commence à prendre de l'âge.

Q. 5: Menez-vous une politique spécifique visant à attirer de nouveaux Tour Opérateurs ou compagnies aériennes ?


R. 5: Je crois que les travaux en cours sont à même d'attirer de nouvelles compagnies aériennes. Cela est même une question importante à savoir qu'un bijou aéroportuaire n'est rien s'il n'accueille pas le trafic suffisant à sa santé financière. C'est pour cette raison que nous nous efforçons de satisfaire à toutes les mesures de confort et de sécurité. A ce sujet, nous respectons nos engagements vis à vis des compagnies aériennes. D'autre part, nous devons tenir compte de la compétition inter-régionale. C'est pourquoi, au-delà du respect des standards qui est une obligation, nous essayons de rendre nos aéroports tous les jours un peu plus attrayants, plus commodes pour les compagnies et plus confortables et pratiques pour les passagers de manière à faire face aux aéroports concurrents.

Q. 6: Quels moyens sont mis en œuvre pour attirer davantage d'investisseurs et de touristes au Cameroun ? Avez-vous des contacts avec des groupes hôteliers, des tours opérateurs ou encore des bailleurs de fonds ?


R. 6: Nous ne sommes là que depuis un an et nous avons eu pendant cette courte période beaucoup à faire pour ce qui est de la maintenance des aéroports afin de ne pas tomber en deçà des normes exigées et être obligés de cesser l'exploitation. Cela nous a beaucoup mobilisés. Par la suite, nous avons dû assurer plusieurs manifestations dont le sommet France-Afrique. Ceci dit, nous participons activement aux efforts entrepris pour la promotion du Cameroun. Nous travaillons donc en coopération avec le Ministère du Tourisme, bien que cette coopération ne soit pas encore aussi serrée que nous le souhaiterions.

Q. 7: Quels sont les projets concrets ou les produits que vous aimeriez lancer dans les mois ou les années à venir, avec ou sans l'aide du Ministère du Tourisme, à un niveau local et international ?


R. 7: Nous attirerons l'attention du Ministère du Tourisme sur l'intérêt qu'il y a à faire plus d'effort pour promouvoir le pays à l'étranger dans le cadre de participation à des foires internationales. De plus, nous pouvons accentuer notre action de promotion lors de réunions durant lesquelles les aéroports rencontrent les compagnies aériennes pour se vendre. Bien sûr nous voulons faire cela avec l'aide du Ministère du Tourisme pour prouver que le Cameroun a des atouts que les compagnies aériennes peuvent développer. Pour les attirer au Cameroun, nous veillons à ce que nos aéroports soient sûrs et agréables. En revanche, la notion de confort peut devenir un outil marketing. Nous avons aussi un rôle fédérateur à jouer: nous hébergeons les postes de polices, les services de douanes, de santé, les vendeurs divers, etc. Le rôle nous incombe donc de soutenir nos partenaires dans leurs efforts.

Q. 8: Quels sont vos objectifs pour les années à venir et comment voyez-vous évoluer le secteur ?

R. 8: Nous apprécions les efforts du gouvernement Camerounais à mieux faire connaître le pays à l'étranger. Nous espérons que ces efforts de promotion attireront davantage de touristes. Par ailleurs, compte tenu de la forte capacité d'accueil de nos aéroports, nous pourrions facilement supporter un flot beaucoup plus important de voyageurs. Nous n'avons pas de projet d'extension de nos surfaces d'accueil mais nous projetons de moderniser nos aéroports avec des équipements neufs, pour encore plus de sécurité et de confort.

Q. 9: Quel message voudriez-vous adresser à nos lecteurs qui sont des investisseurs et des touristes potentiels ?

R. 9: Aux touristes potentiels qui seront un jour nos clients, je dirai que le Cameroun est un pays magnifique au climat agréable, « l'Afrique en miniature ». Les hommes d'affaires, qui suivent l'évolution des pays africains connaissent déjà la reprise effective de l'économie camerounaise et savent certainement aussi qu'elle sera accélérée par le grand projet de pipeline qui est en cours. De ce côté là existent évidemment des opportunités d'investissement et je les encourage à choisir le Cameroun. En ce qui concerne les compagnies aériennes qui sont en fait nos vrais clients, il faudrait rappeler que nous avons beaucoup de capacité d'accueil, que nos efforts se portent quotidiennement sur le maintien des standards en matière de sécurité et de sûreté et enfin que nous faisons tout pour moderniser nos installations. Nous avons un aéroport international tout neuf à Yaoundé que nous venons d'ouvrir avec ses nouvelles installations, et nous invitons chaleureusement tout le monde à venir nous y rendre visite !


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You can find the version published in Forbes Global or Far Eastern Economic Review

© World INvestment NEws, 2001. This is the electronic edition of the special country report on Cameroon published in Forbes Global Magazine, October 1st, 2001. Developed by Agencia E.