CAMEROON
The new locomotive of Western Africa

V.I.P. INTERVIEWS



Interview avec:

M. Yves MBELE NDOE,
Ministre des Mines, de l’Eau et de l’Energie

Le 11 octobre 2000
Question 1: Excellence, avant d’aller plus loin dans notre entretien, pourriez-vous nous donner un aperçu de ce Ministère si important et si essentiel pour la vie des camerounais et l’économie de leur pays, constitué par le secteur minier, énergétique et celui de l’eau.

Réponse 1: Comme vous l’avez souligné c’est un ministère qui recoupe beaucoup d’opportunités. Pour parler des mines, il s'agit des mines au sens large, il y a donc également une sous direction en charge des hydrocarbures au niveau de mon Ministère, les minéraux et toutes les ressources du pays existantes dans le pays sont également sous la dépendance de notre Ministère, enfin il y a l’énergie qui concerne à la fois la production, la distribution et la mise en exergue de certains grands potentiels et de certains grands projets électriques ou naturellement hydroélectriques. Pour parler des problèmes hydrauliques et des ressources très importantes dont dispose le Cameroun, puisque l’eau n’est heureusement pour nous pas une denrée rare au Cameroun. Pour parler donc des différents aspects de ce secteur il convient de comprendre que le potentiel hydroélectrique du pays est encore pratiquement et concrètement inexploité. Mais en dehors de tous ces aspects qui ne concernent de façon tout à fait particulière que l’hydroélectricité il est essentiel de comprendre que nous penchons notre action sur l’eau, l’eau en tant qu’élément nécessaire et indispensable à la vie, eau potable et eau symbole de progrès quand elle permet de faire reculer les maladies et les fléaux que l’on peut encore rencontrer ici ou là. Notre but ultime étant bien évidemment de permettre le renforcement la capacité hydraulique des populations par le biais d’une alimentation, d’un approvisionnement et par la mise en place d’un réseau de distribution et de raccordement de dimension conséquente. Ainsi l’eau potable permettra que soient minimisé le taux de contamination en cas d'épidémie.

En ce qui concerne les mines, plus précisément s’agissant des hydrocarbures, il existe au Cameroun un nombre très significatif de sociétés pétrolières qui ont une activité et exercent ici sur la côte. Mais toutes les activités d’exploration et d’exploitation des ressources en hydrocarbures du pays ne se font pas que selon cette configuration en un sens classique. Il existe en effet un nombre tout à fait important de sites d’exploitation en off shore, c’est à dire sur le territoire camerounais, mais dans les faits ces différentes plate-formes sont situées en mer, dans les eaux territoriales. Rares cependant sont celles qui viennent seulement d’être mise en activité et de commencer la production. Les taux de production au Cameroun sont plus qu’acceptables. Il convient ceci dit, de souligner un aspect fondamental pour l’avenir de ce secteur ; en fait les différents sites qui ont pu être une des fiertés du pays, sont pour certains en phase décroissante en terme de production et arrive à la fin de leur cycle de vie. Il importe que se mette en place une politique d’exploitation efficace et efficiente pour mettre à jour de nouveaux sites et parvenir à donner au pays un avenir durable en tant que producteur. Continuer ce mouvement de recherches est une de nos ambitions réaffichée et que l’anniversaire de la Société Nationale des Hydrocarbures du Cameroun ne manquera pas de le souligner. Le potentiel du Cameroun en terme d’hydrocarbures reste important et il nous importe de le développer en bonne intelligence avec les différents partenaires qui sont déjà établis depuis de nombreuses années dans notre pays. Maintenant dans ce champ des capacités et des ressources du Cameroun, il est un secteur encore pratiquement vierge c’est celui de la production de gaz naturel puisque celle ci est en effet encore inexistante dans un pays où l’on estime pourtant les ressources en gaz naturel, comme étant parmi les plus considérables dans la sous région. Cette capacité importante est sans doute une des opportunités les plus conséquentes en terme de longévité de la production, et malgré les investissements nécessaires, elle ne saurait manquer d’intéresser durablement les investisseurs internationaux. Je citerai l’existence d’une réserve avérée dans la zone géographique située dans le bassin Sud du pays, dans le Victoria Tribu CAMPO. Les industriels sont donc les bienvenus pour confronter leur connaissance du secteur aux potentiels et aux défis qui existent au Cameroun. Les lois qui ont été mises en place pour favoriser cette exploitation sont avantageuses en terme de fiscalité et de facilités d’établissement d’une structure puisque ces démarches sont facilitées par l’existence d’un guichet unique de l’investisseur. Quand on s’intéresse à une autre source considérable d’énergie et qui importe beaucoup dans notre pays, on en vient à parler de l’hydroélectricité. Il est également question dans ce domaine de faciliter l’accès à la production et de favoriser les investisseurs. Il existe ainsi une loi sur le secteur de l’électricité, cette loi énonce la possibilité de voir des « producteurs indépendants et des sources de production mise à la disposition sous conditions de ces éventuels producteurs indépendants ». Dans cet autre domaine donc, qui est tout aussi important, l’Etat considère qu’il y a une priorité à agir et que c’est un des aspects les plus fondamentaux de sa politique énergétique. La production de l’électricité est au centre de nos préoccupations il existe un plan qui est mis en œuvre pour permettre d’augmenter la capacité de production hydroélectrique. Nous avons mis tout notre poids en ce sens, et notre projet de développement s’inspire du plan mondial sur le développement des énergies renouvelables, qui sont sans doute une des sources les plus intéressantes de production pour un pays comme le nôtre. Fort de cette diversité qui caractérise notre secteur énergétique nous souhaitons donc attirer l’attention des investisseurs pour mettre à profit l’exploitation du gaz, de l’hydroélectricité et les énergies fossiles. Ces sources de production variées nous font espérer un avenir prometteur et une amélioration des conditions de vie de nos concitoyens. Ce qui nous a fait prendre entre autre conscience de cette nécessité de nous diversifier, c’est un événement qui est survenu sur le site de production du plus grand consommateur d’électricité du Cameroun. La société de production d’aluminium ALUCAM qui a du cesser sa production pendant plusieurs jours et a ainsi connu une diminution conséquente de son activité. Les sites potentiels de production sont nombreux, divers et se répartissent sur l’ensemble du territoire. Nous devons impérativement rendre accessible au plus grand nombre l’énergie électrique et faire en sorte que tous les foyers soient en mesure de s’alimenter en électricité. Dans certains cas il est clair que la technologie doit permettre de désenclaver certaines zones par le biais notamment de panneaux solaires, par exemple dans les zones sahéliennes où l’on a pu voir ce genre de moyens être mis en œuvre avec succès. Pour ce qui concerne les grandes consommations, c’est à dire le champ de l’industrie et de l’entreprise c'est beaucoup plus au gaz et à l'hydroélectricité que l’avenir devra être lié en matière de développement de notre production. Il faut reconnaître que la production d'énergie par le charbon est aussi une solution encore très peu exploitée. L’avenir est en partie tourné vers la construction de barrages qui pourront être construit dans des sites répartis sur l’ensemble du territoire nationale. Car il est vrai que le Cameroun a l’avantage d’avoir une hydrographie particulière ce qui fait que nous sommes en mesure à long terme de satisfaire nos besoins et notre consommation par un développement rationnel de l'hydroélectricité.

Q. 2: Le Cameroun est particulièrement riche si l’on s’intéresse à certains minerais tel que l’uranium les experts de l’Observatoire International de l’Energie Nucléaire affirme qu’au moins 15 000 tonnes de ce minerais pourraient être exploitées, il existe également un site extrêmement riche en minerai de bauxite et au moins deux des gisements recensés parmi les plus riches en Afrique Centrale: A moyen- long terme, quels sont vos objectifs en terme d’exploration et d’exploitations de ces richesses.

R. 2: Oui. Je voudrais donc essayer de vous éclairer sur le retard que nous avons accusé par rapport à la promotion et au développement du potentiel et de l’industrie minière au Cameroun. Surtout en considération des efforts considérables que le gouvernement a déployé dans ce domaine, avec notamment la révision profonde et complète du seul instrument qui existait jusqu’alors, à savoir la loi minière de 1964. Fort de ce constat nous avons avec l’appui de la Banque Mondiale initié l’élaboration d’un nouveau code minier assez compétitif par rapport aux données internationales. Nous sommes entrain de finaliser ce code minier qui devrait en principe être présenté à l’Assemblée Nationale prochainement. Ce code minier va donc permettre d’ouvrir les portes de ce secteur et attirer les investisseurs. Nos ambitions sont importantes, il nous faut travailler avec les professionnels les plus compétents au niveau international de manière à mettre en œuvre un nombre de projets qui n’ont pas vu le jour depuis plusieurs décennies. C’est en effet le cas pour le projet de la grande mine que nous espérons réaliser. S’agissant des ressources en bauxite du pays, les gisements de fer sont également très importants et nous sommes décidés à tout faire et tout mettre en œuvre pour que ces potentiels deviennent des ressources exploitées et qu’elles contribuent concrètement au développement de notre pays. La situation du point de vue des réserves est assez exceptionnelle au regard du peu de sites qui sont en activité et des possibilités qui existent. Avec la promulgation du nouveau code minier c’est l'avènement de tout un secteur encore balbutiant que nous attendons de voir être dynamiser et devenir performant.

Q. 3: Vous avez souligné plus avant un aspect qui fait du Cameroun un pays dont les ressources énergétiques sont diverses et variées, il s’agit de l’existence de ressources importantes en hydrocarbures ; si l’on s'intéresse à l’un des éléments les plus importants de l’actualité camerounaise, on ne peut manquer de s’intéresser à la question du pipeline et des attentes du Gouvernement, quand bien même les hydrocarbures se trouvent au Tchad, que pouvez-vous nous dire de ce projet et de ce qu’il représente pour le pays après avoir attendu plus de 40 années avant de commencer à être mis en œuvre.

R. 3: Disons déjà que, politiquement, ce projet est un projet sous-régional, c’est à dire qui regroupe deux pays, deux pays frères, deux pays amis, ce qui fait que cela renforce beaucoup plus la solidarité sous-régionale. C’est donc un premier angle pour aborder ce projet au plan politique, car nous ne pouvons qu’être partenaire. Ce projet commence à concrétiser dans les faits et l’action l'interconnexion entre le Cameroun et le Tchad. C’est ensuite sur le plan économique et social un chantier immense comme il en existe peu dans la vie d’un pays. Un ouvrage de plus de 1100 km de long dont 880 km seront réalisés sur le territoire camerounais, pour devenir une diagonale de 880 km Imaginez et réalisez l’impact et la superficie de cet ouvrage. Sur le plan de l’urbanisation et des expropriations qui ont du être mises en place, sur le plan environnemental évidemment: les processus considérables et les rouages économiques de ce projet ont du être longuement analysés avant que d’être mis en œuvre. Mais c’est également un formidable souffle s’agissant de l’emploi et du nombre de personnes qui vont être amenées à travailler sur ce projet. Ce qui est important pour nous par ailleurs ce sont les opportunités que ce projet va entraîner dans son sillage en terme de raccord possible avec d’autres régions et d’autres zones qui doivent être raccordées à long terme au bassin Nord du Cameroun. Le bassin du Golfe de Guinée évidemment, c'est là un avantage qui est indéniable, et il est possible d’imaginer que ce projet ne soit en réalité que la clef de voûte d’un réseau sous régional aux dimensions tout autre et dont le rôle et l’action engageraient les pays de la sous-région. Il s’agirait d’un instrument d’intégration très conséquent et dont nos partenaires ne manqueraient sans doute pas de souligner l’intérêt en investissant certainement à nos côtés dans un tel projet.
Q. 4: Pouvez-vous nous rendre compte des objectifs qui ont abouti à la mise en œuvre d’un mouvement de privatisation entamé et conçu au niveau gouvernemental, et qui concerne notamment les principales sociétés nationales des secteurs de l’eau et de l'énergie, quels sont par ailleurs en terme de rentrée budgétaire les objectifs à atteindre selon vous.

R. 4: Effectivement, lorsque le chef de l’Etat annonçait en 1995 l’amorce et la mise en œuvre de ce mouvement de privatisation, c’est qu’il lui semblait nécessaire de libéraliser les secteurs publics de notre marché afin de le dynamiser et de libérer l’esprit d’initiative et l’esprit d’entreprise dans le pays. Nous avons passé une période qui aura finalement duré plus de dix années pendant lesquelles il n’aura pas été possible de développer réellement le pays, tant les conditions économiques étaient difficiles et le climat des affaires mauvais. Cette crise économique il importait d’en sortir et de remettre l’économie en marche, de faire en sorte de retrouver une croissance qui soutienne le développement, condition indispensable pour que se développent les secteurs et que le pays avance. C’était donc pour maintenir et augmenter la croissance et les investissements qu’a été mis en œuvre ce large processus de privatisation en accord avec les partenaires du Cameroun. En réalité la crise économique a eu des conséquences très lourdes pour le pays, et notamment celle de ne plus pouvoir investir dans les grands services qui permettent à un pays de se développer efficacement. C’est pour cette raison que cette décision a été prise, si nous n’avions plus les moyens d’investir dans le pays alors il nous fallait trouver d’autres voies pour que le mouvement de croissance reprenne. Le rôle des différents investisseurs qui avaient les capitaux dont nous ne disposions plus était et est aujourd’hui d’augmenter la production et d’améliorer le service dans toutes les entreprises te dans tous les secteurs dans lesquels ils ont pris position. Rendre le marché compétitif, améliorer le service, et enfin augmenter la production. Si nous prenons le cas de la SONEL, c’est à dire la société Nationale d’Electricité il était justement question de construire de nouveaux barrages. Pour réaliser ces objectifs: l’Etat n’en avait plus les moyens. Dès lors, il fallait bien que des partenaires viennent investir leurs moyens dans ces entreprises. Que soit dynamisée la production et que d’importants capitaux permettent de rendre ces entreprises plus performantes dans un contexte international extrêmement compétitif. Aujourd’hui la croissance est là, mais pour l’accompagner, il est nécessaire de continuer à investir de façon considérable dans les outils de production, dans les services, afin d’accompagner la croissance, c’est à dire la production avec les moyens

Que cela implique. La SONEL comme nombre de compagnies a du être privatisée, d’autres sont en cours de privatisation, d’autres encore le seront dans un avenir proche. Si l’on observe l’histoire des économies dans de nombreux pays, il semble que de telles phases soient autant de processus nécessaires et que ceux-ci suivent leur cours normalement. Je pense que nous devons respecter le calendrier de toutes ces privatisations. La SNEC, Société Nationale des Eaux du Cameroun, la SCDP, société de stockage des produits pétroliers, le seront également comme presque toutes les sociétés à l’exception de la SONARA qui restera dans le giron de l’Etat.

Q. 5: En terme d’exploration quelle est la position du gouvernement par rapport aux grands groupes pétroliers mondiaux, avez vous des relations avec ces investisseurs qui vous laisse espérer que vous pourrez maintenir le niveau de production actuel en mettant différents programmes d’exploration en place.


R. 5: Effectivement, dans le contrat de convention d’établissement que le Cameroun signe avec toute société pétrolière et à travers la SNH (société Nationale des Hydrocarbures ), il existe une clause qui stipule et explicite quelles sont les obligations des parties et qui mentionne donc, à la charge des compagnies pétrolières installées au Cameroun, celle de devoir mettre en œuvre une politique d’exploration dynamique. Cette obligation de réaliser des campagnes d’exploration ne peut être considérer comme un sacrifice, car ces investissements sont la contrepartie de l’activité de commerce du pétrole et de distribution que ces entreprises réalisent au Cameroun en accord avec les autorisations que le gouvernement leur a données. Le nouveau code pétrolier est clair et précis que l’opérateur pétrolier s’investit en sachant que le but recherché est l’augmentation de la production. L’Etat veut encourager la recherche et exploiter de nouveaux bassins dont les sites qui ont pu être localisés en partie sur la côte. D’autres sociétés sont en cours de création, c’est ainsi le cas dans le bassin Nord du pays. D’une manière générale, les sociétés continuent à nous contacter. Nous avons des sociétés « traditionnelles » qui sont, par exemple, ELF, SHELL, TOTAL qui explorent et qui produisent, EUROIL quant à elle explore aussi. Les productions permettent déjà de satisfaire la consommation locale et de dégager des suppléments qui sont exportés.

Q. 6: Excellence encore une fois s’agissant du rôle de votre Ministère vous dîtes et je cite « bien qu’il soit discret et peu médiatique au quotidien, il est un des piliers essentiels de la vie au Cameroun ». Quels sont vos ambitions en fait pour parvenir à cette modernité dont vous évoquez à maintes reprises la nécessité et quels sont les plus grands défis que vous avez l’ambition de relever.

R. 6: Disons qu’il manque au pays encore des ressources autonomes de production d’énergie et d’électricité. L’énergie est un des secteurs qui est naturellement indispensable à tout développement économique durable. Naturellement et de façon parallèle il nous appartient de développer les mines, dans la mesure où comme nous l’avons souligné plus haut notre potentiel est aujourd’hui à peine exploité et que ce potentiel devrait nous permettre de créer des emplois, de la richesse et de l’activité. Les hydrocarbures peuvent encore être un pôle de développement important s’il s’avérait que les ressources encore inexploitées du pays étaient mises à jour par d’ambitieux programmes d’exploration d’un commun accord avec les entreprises du secteur. L’électricité, dans tous les aspects que nous avons évoqués plus haut, hydroélectricité notamment, est un des secteurs qui est une clef pour notre pays pour mettre en place un développement durable, une indépendance énergétique affirmée à long terme, et un équilibre dans la répartition des zones de production et de distribution. Le gaz est une ressource importante du Cameroun, il faudra un jour que soient mis en œuvre ces programmes d’exploitations que nous appelons de nos vœux et qui nécessitent le soutien et le partenariat de compagnies internationales pour soutenir les coûteux programmes de mise à disposition des réserves et d’accessibilité des ressources. Le développement d’un pays ne saurait être autre chose que le moyen de rendre la vie des hommes et des citoyens moins durs, et de faire en sorte que ce que l’on nomme progrès soit un élément partagé par le plus grand nombre, dans le cadre d’un projet de société établit, fixé et pensé à long terme pour tous. A ce titre des champs tels que ceux de la production et de la distribution d’eau potable à travers le pays et dans les zones les plus reculées, doivent être les plus suivis et bénéficier d’une attention toute particulière. Tous ces éléments font que nous pensons pouvoir dans un futur que nous espérons proche, réussir tous les processus de privatisation en cours, afin d’améliorer les services, d’augmenter les productions, et de soutenir durablement la croissance.

Q. 7: Concernant le futur, Excellence, puisque vous êtes à votre poste l’un des garants du maintien des ressources naturelles telle que l’eau, c’est à dire celles de la vie, quel serait alors le message que vous adresseriez aux générations futures au Cameroun et ailleurs s’agissant de l’exploitation et de la conservation des ressources qui existent tout autour de nous.

R. 7: C'est peut être par rapport à cette notion, parce qu’elle est aujourd’hui une des valeurs les plus mise en avant, que le travail à entreprendre sera le plus long et le plus nécessaire cependant. Cette notion dont je parle, est celle de l’exploitation rationnelle et durable des richesses. Traditionnellement maintenant nous sommes dans ce qu’on appelle une société de consommation, où la notion de « durable » est très relative et le profit au centre des préoccupations d’une grande partie des acteurs mondiaux. Etre rationnelle signifie que, bien que tenant compte des soucis de rentabilité et de profits, l’exploitation des ressources de notre planète ne peut se faire sans règles. C’est à dire sans qu’une telle situation ne continue d’entraîner des dommages irréparables et ne mette en péril un équilibre déjà bien sérieusement menacé entre les besoins des hommes et l’exploitation intensive des ressources qui existent et qui ne sont pas inépuisables. Sans considération de ces conséquences rien de bon ne peut être entrepris. Maintenant reste que nous avons un développement à mettre en œuvre et que nous avons du faire en sorte de rentrer dans le concert des nations, la mondialisation. Pour cela il fallait avoir des arguments juridiques: toutes les lois, dans tous les domaines et secteurs que nous avons évoqués ensemble et qui relèvent de mon Ministère ont été réactualisé. Elles datent de moins de trois ans. Depuis que je suis en poste ces lois passent et redessinent au fur et à mesure les contours de ce secteur. Le 24 décembre 1998, le code pétrolier ; dernièrement à partir de mars 1999, le code gazier a été entièrement revu et devrait entrer en vigueur dès 2001, le code minier entrera en vigueur bientôt et la libéralisation de l’importation des produits pétroliers qui vient de voir le jour. Tous ces éléments ne visent qu’une ambition: l’amélioration de l’environnement économique, de l’orientation, de l’exploitation dans le secteur de l’énergie, de l’eau et des hydrocarbures. Pour ne pas exploiter dans le désordre et sans schéma de développement rationnel et dûment établit. C’est le cas pour les réserves de bauxite, de fer ou de pétrole ou de toutes autres ressources. Quels que soient sites et leur configuration, il nous faudra toujours rester proche du souci de rationaliser la gestion au départ et d'amener les gens à se discipliner pour minimiser la clandestinité par exemple. Tant que l’Etat reste maître d’un secteur, et même s’il travaille de concert avec des entreprises privées, il doit gérer ses ressources. Maîtriser un secteur c’est le gérer à travers divers mécanismes: les taxes, les impôts, les quotas, les contrôles. Les réserves sont le bien commun de la nation, pour le futur et pour assurer le bien être de toutes les populations. La discipline et le respect sont les valeurs qui assurent le bien commun en sachant qu’il nous appartient de gérer ce bien commun en vue de ne pas manquer aux devoirs qui sont les notres et « que nous ne saurions ignorer sans nous ignorer nous même » car nous aurions alors manqué notre devoir envers les générations futures.


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© World INvestment NEws, 2001. This is the electronic edition of the special country report on Cameroon published in Forbes Global Magazine, October 1st, 2001. Developed by Agencia E.