CAMEROON
The new locomotive of Western Africa

V.I.P. INTERVIEWS




Interview avec

M. SIAKA,
Directeur Général des BRASSERIES DU CAMEROUN, Président du GICAM

le 15 novembre 2000
Question 1: M. SIAKA, pouvez-vous nous donner un aperçu de l’histoire du GICAM et de la manière dont vous percevez votre rôle de Président ?

Réponse 1: Le GICAM a été fondé en 1957. C’était avant l’indépendance du Cameroun qui est intervenue trois ans plus tard. C’était une organisation qui ne regroupait que des entreprises étrangères qui s’interrogeaient à l’époque sur leur devenir après l’indépendance et se demandaient comment se comporterait le nouveau pouvoir quand viendrait le moment de prendre les rennes du pays. Il fallait donc, en un sens, peut-être s’organiser pour bien se défendre quand l’indépendance arriverait. Lorsqu’elle est arrivée, le groupement s’est développé, a accueilli des entreprises camerounaises dirigées par des camerounais, et son rôle s’est élargi progressivement à un rôle de patronat plutôt que de syndicat. Il a donc changé de nom en 1992 pour devenir: le Groupement Inter-Patronal du Cameroun, car quand bien même ses initiales étaient les mêmes elles ne signifiaient pas groupement inter patronal. J’ai eu la chance d’en être élu le Président quelques temps après, exactement en juin 1993, et je pense qu’après sept années passées à la tête du GICAM ma retraite prochaine sera bien méritée.

Q. 2: Comment percevez-vous donc le rôle qui incombe au Président du GICAM, et plus loin à l’organisation elle-même, quels sont les éléments qui caractérisent ses fonctions et quels sont les buts à atteindre.

R. 2: En fait, il s’agit de rassembler les préoccupations de tous les milieux économiques, de maintenir un dialogue constructif avec les pouvoirs publics pour promouvoir un espace qui soit favorable au développement des affaires. Nous ne nous positionnons pas, ni dans notre démarche, ni dans notre approche, comme un syndicat. Car un syndicat se positionne dans un schéma qui a en général pour finalité d’attirer le maximum d’avantages dans les champs fiscal, réglementaire ou institutionnel. Nous nous positionnons dans le rôle de promoteur d’un dialogue où les parties en présence doivent toutes tirer avantages. C’est à dire dans la perspective de la mise en place d’un rapport équitable dans les relations Etat Entreprises, et dans les relations qui existent et qui définissent les règles du marché. Le but n’est pas d’installer un dialogue où il y ait un gagnant. Nous voulons maintenir une relation de coopération en bonne intelligence avec les pouvoirs publics. Et ainsi faire en sorte que dans cet espace qu’est le marché, les entreprises se développent. Car il en va naturellement de l’intérêt bien compris des pouvoirs publics que ces entreprises se développent. L’expérience que nous avons vécue ces dernières années prouve que c’est une bonne approche. Puisque, en effet, le troisième programme liant le Cameroun à la Banque Mondiale et au FMI, c’est à dire le dernier programme qui a été négocié avec le FMI, s’est achevé en juin dernier par sa conclusion en bonne et due forme. C’est un programme pour lequel j’ai pu avoir la chance de participer aux négociations en son temps, et pour lequel je pense que le secteur privé a largement contribué à atteindre les objectifs fixés en terme de performances des recettes fiscales. Voilà un peu la manière dont je conçois le rôle de notre organisation au sein de notre économie.

Q. 3: Concrètement, quel débat y a-t-il pu avoir avec les pouvoirs publics au cours des sept années qui vous ont trouvé à la tête du GICAM.

R. 3: Le champ d’investigation sur lequel le débat a été le plus fructueux c’est le plan fiscal. Sur le plan fiscal on a réussi à obtenir du gouvernement depuis 3 ou 4 ans maintenant que la pression fiscale soit stabilisée. La stabilité fiscale étant garantie, on peut donc à présent augmenter la recette fiscale par l’élargissement de l’assiette, et par l’accroissement de l’activité. Ce qui a été réalisé en terme d’objectif puisque les recettes fiscales ont été pratiquement multipliées par deux et demi en l’espace de quatre ou cinq années. Et ce, sans que n’ai été augmenté la pression fiscale. Voilà un point précis de dialogue qui a pu aboutir à une négociation fructueuse et commune entre l’Etat et les entreprises représentées par le GICAM. Notez que pour la plupart des textes économiques importants, nous sommes associés et consultés. Ce qui permet de dégager des positions communes et d’arriver à créer moins de textes conflictuels. Nous sommes en fait membre d’un nombre réellement considérable de comités ministériels qui traitent des problèmes économiques. Par exemple, le comité national de compétitivité qui est chargé d’étudier tous les obstacles qui peuvent freiner la compétitivité des entreprises est dirigé par le ministre des finances et le vice-président est un membre du secteur privé qui n’est autre que votre serviteur. On a donc vu des prérogatives, qui précédemment étaient perçues comme des prérogatives essentielles de la fonction publique, progressivement être déléguées au secteur privé. Ce qui correspond à une évolution naturelle qui admet et entérine le fait que le secteur privé puisse être en charge de certaines missions de service public.

Q. 4: Quelle est le mode d’organisation qui a été choisi au niveau de la direction et des différentes structures du GICAM, existe t-il des chambres, des commissions, une assemblée générale.

R. 4: Le GICAM a une organisation très particulière qui étonne chaque personne qui la découvre, mais cette organisation a cet avantage d’être très pragmatique. Elle ne répond à aucun schéma rationnel connu, mais elle fonctionne. Dans notre organisation nous avons deux types de membres, les entreprises qui sont aujourd’hui au nombre de 166, et puis des organisations professionnelles qui sont une quinzaine à l’heure actuelle. Les entreprises se répartissent et couvrent tous les secteurs d’activités: commerce, banques, assurances, services divers, industrie de transformation, ce sont également des entreprises du secteur primaire qui recouvre entre autre les activités liées à l’agriculture, à l’exploitation forestière ou encore à l’exploitation des ressources minières. Toutes ces entreprises sont réunies au sein d’une même organisation, qui réunie à leurs côtés des organisations professionnelles. C’est par exemple le cas de l’association des compagnies d’assurance, de l’association des banques, et d’un certain nombre de syndicats qui sont représentatifs d’une partie considérable des différents acteurs de l’économie camerounaise. Alors que de telles organisations patronales sont en général organisées par fédérations de métier, nous sommes au contraire organisé sur le mode d’une chambre. Pourquoi ne pas s’être organisé par métier ? Parce qu’il se trouve que le tissu économique n’est pas encore suffisamment important pour faire vivre des fédérations. L’avantage est ainsi de permettre que tout problème posé au GICAM intéresse directement et simultanément tous les acteurs de la vie économique. Qu’il s’agisse des banquiers, des assureurs, des industriels, tous sont représentés au sein du GICAM. Plus tard, si le Cameroun venait à être un pays développé, à ce moment donné, il serait naturel que soient mises en place des fédérations ou des sections: banque, assurance, et que leurs représentants se retrouvent au GICAM. Ce n’est pas encore le cas aujourd’hui. Vous retrouvez à l’intérieur du GICAM un ensemble d’entreprises, et cet ensemble se caractérise par la diversité de ses membres, car en effet ces entreprises sont grandes, moyennes, petites, voire très petites. Les plus grosses entreprises de l’économie camerounaise s’y retrouvent naturellement, mais elles sont aux côtés d’entreprises bien plus modestes. C’est le cas notamment d’un cabinet conseil qui, bien que ne comptant qu’une dizaine de collaborateurs, est membre du GICAM. Un cabinet-conseil en marketing avec trois ou quatre collaborateurs peut en être membre. Voilà à grands traits l’organisation du GICAM du point de vue de ses membres. Il existe d’autre part une structure allégée, avec à sa tête un bureau de vingt quatre membres doté d’un président et de six vice-présidents. Voilà notre organisation. Pour le fonctionnement quotidien il existe un secrétariat général qui assure la permanence du fonctionnement de notre groupement.

Q. 5: Comment travaillez-vous avec la chambre de Commerce, d’Industrie et des Mines et le Ministère de l’Industrie et du Commerce, y a-t-il des interactions entre ces différentes institutions.

R. 5: Avec le Ministère du Commerce et de l’Industrie nous avons très peu de relations. Avec la Chambre de Commerce, d’Industrie et des Mines il est arrivé que l’on soit associé dans des manifestations communes. Mais nous n’avons pas la même vocation. La Chambre de Commerce, d’Industrie et des Mines est une organisation consulaire. Donc, une organisation qui telle qu’elle est organisée au Cameroun, est une émanation des pouvoirs publics. Le président y est nommé par les pouvoirs publics et les gens sont membres de droit. C’est-à-dire que vous n’adhérez pas à la Chambre de Commerce, vous en êtes membre de droit. Le financement d’autre part est organisé autour de taxes parafiscales. Nous nous considérons par essence comme une organisation essentiellement du secteur privé, indépendante dans notre mode de fonctionnement, dans notre mode organisationnel et dans notre processus décisionnel également. S’il existait une organisation dont nous pourrions nous sentir plus proche, ce serait à n’en pas douter le SYNDUSTRICAM. C’est un syndicat qui ne regroupe que les industriels et qui est adhérant au GICAM. Voilà donc, très sommairement quelles sont nos relations avec ces différentes organisations.

Q. 6: Pour faire un peu de prospective, comment voyez-vous le proche avenir du GICAM. Quel rôle peut-il jouer dans le cadre de la politique de libéralisation de l’économie qui est en cours au Cameroun et qui a déjà entraîné la privatisation d’un certain nombre de grandes entreprises nationales.

R. 6: En fait, je pense avant tout que le rôle du GICAM aujourd’hui c’est d’abord de se confirmer et de s’affirmer en tant que véritable patronat responsable. Nous avons mis en place un certain nombre de projets qui devraient renforcer le positionnement du GICAM à l’échelle du pays. Nous entamons, par exemple, bientôt la construction d’un siège pour le patronat. Cet édifice nous l’attendons et l’espérons, au-delà de son aspect esthétique dont nous formulons le souhait qu’il plaise au plus grand nombre, ce siège nous permettra naturellement de recevoir les différents membres, partenaires et interlocuteurs du GICAM. Nous envisageons d’autres évolutions et d’autres chantiers qui seront à conduire dans un proche avenir. C’est le cas s’agissant du démarrage prochain d’un centre d’arbitrage, qui fonctionne déjà à l’heure actuelle mais de manière très officieuse. Nous prévoyons naturellement de disposer rapidement d’un centre de formation. Donc, les axes de notre développement sont clairs: il s’agit d’asseoir le rôle du GICAM en tant qu’interlocuteur d’une part, des pouvoirs publics, et d’autre part, des bailleurs de fond. Il s’agit également de positionner le GICAM en tant qu’élément moteur du développement économique du pays et promoteur de cet espace économique qu’est le marché. Ces objectifs visant tous le même accomplissement: Instiguer un environnement des affaires qui soit le plus favorable possible. J’avoue que nous ne pourrons pas dire que nous sommes fières et satisfaits des conditions qui existent et prévalent en ce moment s’agissant du contexte et de l’environnement des affaires. Il y a encore un travail considérable à accomplir.
Q. 7: Nous allons donc maintenant nous intéresser à l’entreprise dont vous êtes le Directeur Général, les Brasseries du Cameroun, il y a là matière à plus de satisfaction de votre part.

R. 7: Mais le GICAM est une source de satisfaction
Disons que les Brasseries du Cameroun figurent parmi les fleurons de l’industrie camerounaise et que se doit être une source de satisfaction.

Les Brasseries se portent bien en effet, et je m’en réjouis. Comme je n’aime pas faire des comparaisons avec les autres, et que je suis au demeurant mal placé pour dire que je suis mieux qu’un autre… je vous dirai donc que les brasseries se portent bien.

Q. 8: Pourriez-vous évoquer l’histoire des Brasseries du Cameroun et nous donner un éclairage sur les relations qui unissent la société au groupe Castel.

R. 8: Etant entendu que le groupe Castel est un groupe familial, nous ne sommes pas très généreux en chiffres. Je vous parlerai donc plus de manière qualitative que quantitative. Pour qui sait lire il comprendra toujours. Les Brasseries du Cameroun ont été fondées en 1948. La société mère, à l’époque s’appelait les BGI, les Brasseries et Glaceries d’Indochine, parce que la société mère était née en Indochine, au Vietnam, avant que n’éclate la guerre. Progressivement la société s’est développée, puisqu’elle s’est implantée dans quatre autres villes au Cameroun: Yaoundé dans un premier temps, puis Garoua, Bafoussam, et enfin Limbe. La société a connu une croissance assez continue, puis elle s’est ensuite diversifiée, se constituant ainsi des filiales, dont deux importantes, celle qui produit l’eau minérale TANGUI, et l’autre qui produit des bouteilles en verre. Ces bouteilles en verre qui sont d’ailleurs utilisées par les brasseurs, entre autre nos concurrents qui les achètent donc à notre filiale. La société a ainsi atteint des sommets en terme de croissance et de progression de son chiffre d’affaire. Notamment en 1987 année au cours de laquelle l’activité de la société a été intense. Et puis, comme tout le monde, une période difficile de récession s’est abattu sur le pays emportant ainsi dans la tourmente un nombre significatif d’entreprises dans tous les secteurs d’activités. La glissade non ou à peine contrôlée a duré jusqu’en 1995, date où s’est fait sentir une certaine stabilisation de la situation. Depuis deux années le pays a amorcé une reprise économique, et celle ci se fait naturellement sentir au niveau des Brasseries. Après près d’une décennie de récession, l’activité économique est égale, en ce qui nous concerne, à la moitié de ce qu’elle était au moment où démarrait cette longue période de récession. En 1987 les Brasseries avaient donc une activité deux fois plus importante qu’aujourd’hui, pas en terme de chiffre d’affaire mais bien en terme d’activité. Les prix, l’inflation, la dévaluation ont fait que le chiffre d’affaire des Brasseries est à peu près équivalent à ce qu’il était alors. L’activité exprimée en nombre de bouteilles fabriquées correspond par contre à la moitié de ce que les Brasseries produisaient à l’époque. Voilà l’histoire de la société. Entre temps que s’est-il passé. Les BGI étaient une filiale d’une compagnie d’assurances qui s’appelait la Compagnie du Midi. Cette compagnie d’assurance ayant été racheté par l’assureur AXA qui ne souhaitait pas gérer d’entreprise industrielle, c’est tout naturellement qu’ont été vendu les BGI. Le groupe Castel, déjà implanté en Afrique, s’est porté acquéreur et a donc racheté les BGI en 1990. Nous avons maintenant intégré dans le groupe Castel qui, en plus de la bière, est surtout connu pour les vins, puisque c’est le premier négociant de vins en France et qu’il se trouve par ailleurs être également le premier embouteilleur d’eau minérale en France.

Q. 9: Tous les brasseurs ont souffert de la crise, mais ce qu’il est intéressant d’observer c’est que vous réussissez à maintenir une part de marché impressionnante puisque vous êtes à plus de 70% dans les boissons alcoolisées et plus de 80% dans les boissons non alcoolisées, alors qu’a priori il existe un certain nombre d’opérateurs sur le marché, voir des importateurs ; quels sont les avantages de compétitivité qui font que vous réussissiez à maintenir une telle emprise sur le marché.


R. 9: En fait, quand la production baisse de volume, la part de marché peut rester la même. Si votre part de marché diminue c’est que votre compétitivité est mise en cause. C’est que d’autres prélèvent sur vous. Si vous gardez votre part de marché dans une situation de crise et de récession comme celle que nous avons connu il y a peu, cela veut dire que tous les opérateurs font face à une diminution de leur production. Nous avons néanmoins un avantage logistique énorme sur nos concurrents. Tous ont leur unique usine à Douala. Nous avions des usines dans quatre villes au Cameroun. Nous en avons fermé une pendant la crise, il en reste trois. Mais elles sont réparties sur le territoire: Yaoundé est à 250 km, Bafoussam à la même distance, mais Garoua est à près de 1500 km Ce qui signifie que la distribution des produits et les coûts de production locale, nous donnent un avantage énorme sur eux. Ensuite, nous avons une distribution directe et permanente dans plus de 25 villes du Cameroun. Voilà quelques atouts compétitifs qui permettent à nos produits de se trouver en n’importe quel point de la République. Où que vous alliez, vous retrouverez un produit des Brasseries du Cameroun, même dans les coins les plus reculés.

Q. 10: Quel est le chiffre d’affaire des Brasseries du Cameroun, et quels sont les bénéfices enregistrés pour le dernier exercice, enfin en terme de croissance de l’activité quels sont vos objectifs.

R. 10: Le chiffre d’affaire est de 170 milliards CFA (250 millions $), alors que les bénéfices enregistrés sont de 8,5 milliards CFA (11 millions $). Nous envisageons une croissance de 5 à 6 % par an, et nous ambitionnons de maintenir cette croissance au minimum sur les cinq prochaines années. Notre volonté est de croître au-dessus de ce seuil minimum qui oscille entre 5 et 6 % car les projections économiques nous laissent espérer un niveau plus élevé. Notre business plan a été déterminé en fonction de ces taux et de ces objectifs. Maintenant s’agissant de ce que cela représente en volume, en nombre de bouteilles se sont là des chiffres que je ne peux pas vous communiquer.

Q. 11: Quelle est la diffusion de vos produits dans la sous région s’il en existe une, et si oui le marché est-il porteur et l’exportation fait-elle partie des objectifs de la société.

R. 11: Vous savez, la boisson est un produit pondéreux et dont le transport est cher. Cela signifie que nous travaillons en grande partie sur un marché local. Nous vendons au Cameroun 95% de la production et 5% est exporté. Mais l’exportation dans la sous région se heurte à deux difficultés. La première est que notre groupe est installé dans les pays voisins. Ce sont donc d’autres filiales du groupe Castel, des sociétés sœurs en quelque sorte. Nous n’allons pas les concurrencer. C’est le premier obstacle. Comme je vous l’ai dit, le fait qu’il s’agisse de produits pondéreux a pour conséquence une distribution dont le champs et l’amplitude géographique doivent être restreint par nécessité. Donc il n’y a que deux pays ou nous exportons de manière sensible: le Tchad parce que c’est Heineken le concurrent qui y est installé, en second lieu la Guinée Equatoriale parce qu’il n’y a pas de brasseries là-bas. Mais nous sommes entrain de monter une brasserie en Guinée Equatoriale. Nous avons posé la première pierre le 14 novembre 2000, la brasserie devrait être opérationnelle à la fin de l’année 2001.

Q. 12: En conclusion pour un public d’hommes d’affaires qui ont réussi et sont à l’écoute des potentiels qui ne sont pas encore clairement identifiés dans ce monde, quelles sont les opportunités d’investissement que vous pourriez conseiller aux lecteurs et qui existent au Cameroun. En terme d’investissement, qu’est-ce que le Cameroun peut apporter à nos lecteurs et quels conseils leur donneriez-vous si certain ambitionne de s’installer au Cameroun

R. 12: Venir au Cameroun le plus vite possible, parce que je crois que les meilleures places se prennent lorsqu’il n’y a pas de bousculade. Venir en sachant que ce sera difficile. Il est vrai que pour avoir un rendez-vous avec un Ministre cela sera difficile. Il ne faut pas le cacher, ce sera difficile. Mais il existe en ce moment encore pas mal d’opportunités d’affaires qui n’attirent pas beaucoup d’investisseurs du fait des difficultés que l’on peut encore rencontrer. Mais, je crois que globalement, à des postes sensibles se trouvent des hommes animés par une volonté farouche de faire avancer les choses efficacement. Malheureusement, ce n’est pas partagé par tout le monde, je pense que ceux qui sont actuellement aux postes de direction des parties les plus essentielles de l’économie du Cameroun sont des gens qui ont la volonté de faire avancer le pays. Tous ceux, enfin presque tous, qui gèrent l’économie du Cameroun au niveau ministériel sont des gens animés de cette volonté, et veulent qu’un système assaini se fasse jour. Je crois que ce sont eux qui finiront par l’emporter. Et dans la mouvance où nous sommes, très honnêtement, il faut encore peu de chose pour assainir le système. Parce que les problèmes existants ne sont pas des problèmes qui demandent d’argent pour être réglés. Améliorer le climat des affaires n’est pas une question d’argent: c’est une question de volonté. La volonté d’y aller. Régler les problèmes de justice, autant de nécessités qui évoluent par la force des choses. Je prends simplement ce seul exemple qui témoigne du rôle que nous pouvons avoir dans notre secteur. Nous sommes entrain d’instituer et d’organiser un centre d’arbitrage au niveau du GICAM. Si nous avons mis ce processus en route, c’est parce qu’un investisseur qui s’est associé avec un camerounais, et qui préfère éviter les cours de justice, du moins leur éventuelle lenteur, voire leur partialité en cas de litige, pourra soumettre tout litige à ce centre d’arbitrage du GICAM, à la seule condition d’avoir stipulé par une clause contractuelle que le centre d’arbitrage aurait à connaître de tout litige. Soumettant son contrat à notre centre d’arbitrage un investisseur pourra se sentir à l’abris de toute surprise judiciaire. De la même manière, le partenaire acceptant une telle disposition témoignera ainsi de sa bonne foi. Il existe des possibilités dans ce pays. Il existe « quelques sentiers » qui permettent d’aboutir à la mise en place d’activités profitables. Une entreprise comme British American Tobacco établit à Yaoundé réalise des bénéfices extraordinaires. Sur un chiffre d’affaires de 14 milliards CFA (18 millions $), la société réalise un bénéfice de 2 milliards CFA (2,5 millions $). C’est un rendement qui est de l’ordre de 18%. Et pourtant, si vous voyez le PDG, il vous dira qu’il s’arrache des cheveux, mais ses activités sont plus que profitables. Nous sommes décidés à aller de l’avant et à contribuer à l’affermissement des progrès déjà réalisés. Nous irons toujours dans le sens de l’affirmation des valeurs du marché, notre site Internet sera disponible prochainement, il sera opérationnel vers mars-avril 2001, vous pourrez ainsi suivre les évolutions en cours.


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© World INvestment NEws, 2001. This is the electronic edition of the special country report on Cameroon published in Forbes Global Magazine, October 1st, 2001. Developed by Agencia E.