Congo: Interview with M. Magloire IBARA

M. Magloire IBARA

Directeur Général (WATOIL’S)

2011-09-28
M. Magloire IBARA

La société WATOIL’S est un prestataire de services spécialisé dans la location de personnel en mer. Créée en 1998 par quatre associés français et congolais, la West Africa Trading Oil and Service exerce dans un premier temps des activités de trading, avant de se recentrer deux ans plus tard sur son cœur de métier actuel : la mise à disposition de personnel maritime. Fort de ses onze années d’expérience, WATOIL’S est animé par le respect de ses clients, le professionnalisme,  l’envie de progresser et la volonté de s’ouvrir aux partenaires étrangers, des valeurs initiées par un directeur dont la passion fait figure de culture d’entreprise.

« Nous sommes heureux de prendre part à la production d’un tel rapport économique sur la République du Congo et nous y voyons une réelle opportunité pour communiquer auprès de nouveaux partenaires potentiels sur nos projets de développement. Cette opportunité d’ouverture va nous aider à améliorer notre vision du travail par la connaissance de d’autres méthodes et cultures. […] Notre challenge est d’apprendre et d’avancer par la rencontre de nouveaux partenaires ».
M. IBARA, Directeur Général de WATOIL’S



La prédominance du secteur pétrolier dans l’économie congolaise implique l’existence de nombreux acteurs dans ce domaine. WATOIL’S entre notamment dans la composition du paysage parapétrolier de Pointe-Noire. Pouvez-vous nous donner dans un premier temps un bref historique de la création de WATOIL’S et de vos activités ?


WATOIL’S est un acronyme signifiant « West Africa Trading Oil and Service » et décrivant les ambitions des créateurs de la société. Née des mains de quatre collaborateurs (deux Français et deux Congolais) en 1998, le cœur de métier de WATOIL’S était initialement les activités de trading. Suite à un remaniement de direction, nous nous sommes réorientés vers la location de personnel en mer, en espérant à l’avenir nous rediriger vers notre vision d’origine, c’est-à-dire développer le trading de produits pétroliers finis.
Nous nous focalisons depuis 2000 sur nos activités de services, qui comprennent une mise à disposition de main d’œuvre qualifiée et technique en mer, intervenant sur des bateaux d’assistance aux pétroliers – surnommés supplies. A travers la flotte de six navires de notre client TedWater, nous assurons le transport de matériels et de ressources vers les sites maritimes, riggs ou barges par exemple. Bien que considérée comme mineure à l’origine, cette activité a bénéficié d’un changement de stratégie de gestion pour devenir aujourd’hui notre activité prépondérante. Un retour vers le trading ne pourra se faire qu’en développant notre réseau de partenaires. Il nous est relativement aisé d’avoir des connections en amont mais nous sommes en recherche de partenaires d’aval. Nous travaillons à nous mettre en contact avec ce type de société de la filière. « Bien que notre activité de location de personnel en mer soit très intéressante sous différents aspects, nous voulons aujourd’hui avancer et nous diversifier ».



Disposer de personnel qualifié et formé semble être un critère important à votre activité. Comment assurez-vous cette gestion des ressources humaines ?


Nous pouvons directement trouver nos ressources sur le terrain, car il existe de nombreux employés qualifiés sur le marché. Nous disposons d’ailleurs d’une base de données riche capable de répondre à nos besoins. La formation du personnel en interne est une alternative. Lorsque nous trouvons un profil adapté, nous le rendons apte à l’exercice de ce métier en l’envoyant en formation sur des modules STC au Ghana. Ce pays dispose d’une Académie Maritime et, en tant que pays anglophone, nous considérons qu’il est bénéfique pour notre personnel d’évoluer dans un contexte international. En effet, il est fréquent que des problèmes de langues se posent sur les navires, selon l’origine de l’équipage. « Il est donc important que notre personnel puisse s’adapter à ces situations et s’imprégner de la culture anglophone. Nous sommes donc capables de répondre aux besoins de partenaires internationaux ».



Vous nous avez parlé d’un réservoir de main d’œuvre disponible aux métiers de WATOIL’S. Comment expliquez-vous le succès de WATOIL’S pour attirer du nouveau personnel ?


En partant du fait que Pointe-Noire est une ville côtière, il existe une certaine inclinaison pour la population à se diriger vers les métiers de la mer, comme ce pourrait être le cas en Bretagne par exemple. WATOIL’S fait appel à des professionnels de la mer. De plus, nous souhaitons donner sa chance à tout le monde, en recrutant tant du personnel expérimenté ou des candidats n’ayant que peu ou pas d’expérience dans le domaine, lesquels bénéficieront d’une formation. Nous voulons changer la vision du travail en mer en le rendant plus professionnel, car les métiers de la mer sont techniques et extraordinaires, et « nous souhaitons donner aux jeunes l’opportunité d’apprendre un métier et non seulement de gagner de l’argent ». WATOIL’S permet à une main d’œuvre non qualifiée de devenir de véritables professionnels.



L’activité pétrolière est prépondérante à Pointe-Noire. Avec quels partenaires travaillez-vous aujourd’hui ?


Nous avons évoqués TedWater précédemment, concernant la location de navires. Cependant d’autres clients nous font aujourd’hui confiance. Nous pourrions citer Getma ou Panalpina pour des prestations de consignation maritime. Notre recherche de partenaires prend aujourd’hui la forme de la composition d’un carnet d’adresses et la sélection de certains contacts avec lesquels nous comptons nous mettre en relation. « Cependant, nous sommes heureux de prendre part à la production d’un tel rapport économique sur la République du Congo et nous y voyons une réelle opportunité pour communiquer auprès de nouveaux partenaires potentiels sur nos projets de développement. Cette opportunité d’ouverture va nous aider à améliorer notre vision du travail par la connaissance de d’autres méthodes et cultures». Un partenariat avec des collaborateurs étrangers nous aidera à faire évoluer notre façon de travailler et d’évoluer.



WATOIL’S est donc en phase de recherche de partenaires et d’expansion actuellement. Pouvez-vous nous décrire les axes de développement que vous souhaitez poursuivre dans le futur ?


Notre évolution doit  avant tout se baser sur notre cœur de métier actuel, c’est-à-dire la location de personnel en mer. Nous voulons développer notre portefeuille client et faire évoluer ce que nous maîtrisons. Nous sommes par exemple en phase de négociation avec certains partenaires européens concernant cette activité. Nous partons de ce que nous connaissons pour mieux explorer par la suite de nouvelles perspectives. Nous relevons le défi de relancer le trading d’ici un an grâce au réseau de contacts que nous construisons chaque jour. « Notre challenge est d’apprendre et d’avancer par la rencontre de nouveaux partenaires ».



WATOIL’S fait preuve d’une véritable détermination pour se développer et croître. Comment voyez-vous WATOIL’S d’ici cinq ans ?



Il est toujours difficile de prédire l’avenir mais nous avons des challenges à relever et comptons bien réussir. Nous disposons aujourd’hui de six navires et peut-être sept bientôt, alors pourquoi ne pas espérer en avoir le double d’ici cinq ans. De plus, nous ambitionnons à avoir un service trading totalement opérationnel, efficace et en collaboration avec des partenaires extérieurs à cette échéance. Notre vision prévoit une phase d’expansion importante.



Si l’on devait décrire WATOIL’S par ses valeurs, lesquels citeriez-vous ?


Notre brochure fait état de « prestations de grande qualité, [produites par] son encadrement formé de spécialistes et d’un personnel rigoureusement sélectionné ». Nous insistons particulièrement sur la qualité du service parce que notre devise est « le respect de la clientèle ». Or, pour ce faire, il nous incombe de fournir un personnel compétent et professionnel pour satisfaire nos clients et pour qu’ils deviennent plus partenaires que clients.



Pour donner à nos lecteurs une information économique plus claire et précise, pouvez-vous nous communiquer quelques chiffres-clefs concernant WATOIL’S ?


Partant des chiffres de l’exercice 2000, l’année du recentrage de notre activité, nous disposions à cette époque d’un effectif de 12 employés pour un unique navire. Nous en comptons aujourd’hui 82 répartis sur trois navires. Le chiffre d’affaires suit logiquement cette tendance à la hausse, évoluant de 9 millions de FCFA par mois à près de 65 millions de FCFA par mois, une progression que nous espérons bien conserver à l’avenir. Nous voulons rester dans cette culture d’apprentissage permanent et d’amélioration de la performance en restant à l’écoute des clients. « La satisfaction passe par le respect de leurs visions et la réponse à leurs attentes, voire à l’anticipation des solutions à apporter ».



Respect des clients, satisfaction, volonté d’ouverture et d’évolution : vos valeurs donnent idée d’un certain engouement. En tant que directeur général, quels sont vas principaux défis ?


Mon désir est d’avoir un personnel qui suive la vision globale que j’ai de WATOIL’S. La transmission de cette vision et de cette passion est très importante pour comprendre le client et répondre à ses besoins. Or, une entreprise ne peut pas se basé uniquement sur le modèle de son directeur, ce modèle doit être partagé par chaque employé à travers un système de valeurs que je souhaite inculquer à chacun pour faire vivre cette passion dans le travail de tous. « Il faut communiquer, expliquer correctement, et faire comprendre que l’objectif n’est pas uniquement de gagner de l’argent mais aussi d’apprendre un métier ».



Nos lecteurs s’intéressent aussi aux personnalités que l’on rencontre lors de notre reportage. Quel parcours vous a conduit à la direction de WATOIL’S ?


Après avoir obtenu un diplôme suite à une formation commerciale, j’ai exercé pour un manufacturier de cigarettes gabonais, qui recrutait des agents commerciaux sur le Congo. Cette entreprise ayant dû se retirer du marché congolais à cause de certaines régulations, la société de gardiennage Afritel s’est intéressée à mon profil pour un poste similaire. J’ai eu l’opportunité de rencontrer un Français travaillant pour Prestaco, dont le directeur est ensuite devenu l’un des créateurs de WATOIL’S. Ce dernier m’a recruté comme agent commercial, me permettant d’apprendre le métier. Certains problèmes financiers ayant eu raison de Prestaco, nous nous sommes ensuite lancés dans l’aventure WATOIL’S avec deux associés supplémentaires en 1998. Une partie de ces associés ayant quittés WATOIL’S plus tard, j’ai pu récupérer leurs parts sociales, devenant ainsi directeur général.



WATOIL’S a compris tous les enjeux que présente le Congo pour ses activités. Malheureusement, les opportunités et les mutations qu’offre ce pays sont très peu connues hors de ses frontières. Quel message délivreriez-vous à nos lecteurs et aux investissements pour venir participer à cette aventure du développement ?


Le Congo est un pays de paix, ce qui est un atout considérable pour ce pays. Ensuite, les indicateurs économiques sont plutôt évocateurs du contexte favorable qu’existe au Congo. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le pays connait la paix et la croissance, ce sont des éléments significatifs qui feront peut-être que les gens n’hésitent pas à investir ici car la stabilité et la croissance sont des signes forts. Il existe au Congo des acteurs dynamiques qui ont désirent s’ouvrir aux partenariats étrangers pour développer leurs activités.