Congo: Interview with Mr François AMBENDET

Mr François AMBENDET

Directeur Général (OFFICE CONGOLAIS D’INFORMATIQUE)

2011-05-09
Mr François AMBENDET
L’Office Congolais d’Informatique est un établissement public sous tutelle du ministère des Finances, du Budget et du Portefeuille Public en charge de la vulgarisation de l’outil informatique. Il répond à plusieurs missions, en réalisant des projets de modernisation des installations informatiques, tels que la mise en place du système intégré de gestion des finances publiques, ou en dispensant des formations spécialisées afin d’améliorer les compétences des acteurs et ainsi permettre l’utilisation de technologie toujours plus poussée. L’investissement sur le capital humain figure comme une priorité pour l’OCI, car les hommes seront les acteurs du changement, et les technologies seront des moyens d’y aboutir.

« La république du Congo a pour ambition de devenir un pays émergent d’ici 2025, cela signifie qu’un grand effort de développement va être entrepris. Il y aura donc besoin de partenaires dans tous les domaines, pas uniquement dans la technologie de l’information et de la communication ». M. François AMBENDET, Directeur général de l’Office Congolais d’Informatique.


L’Office Congolais d’Informatique est un établissement public de vulgarisation de l’outil informatique et de développement des structures informatiques. Pourriez-vous nous donner un bref historique de sa création et une description de vos activités?

L’Office Congolais d’Informatique est né en 1972 afin de gérer les applications informatiques de l’Etat, à l’époque la paie des fonctionnaires et les dépenses de matériel. Cette mission était auparavant remplie par le Centre transéquatorial, responsable du budget de l’administration de l’Afrique équatoriale française. Dans un contexte où l’outil informatique n’est alors qu’embryonnaire, l’OCI obtient en 1974 le monopole de la gestion de l’ensemble des activités qui en dépendent, telles que l’installation des systèmes ou les besoins de formation. L’OCI compte deux centres importants : Brazzaville, Pointe-Noire, et également des petites agences à Dolisie, Oyo, Ouesso et bientôt Mossaka.

L’intégration de l’informatique dans le monde des entreprises et l’arrivée de la téléinformatique ont ouvert à l’Office de nouvelles perspectives de développement. « A l’époque, par son monopole, l’OCI gérait l’informatique de toute l’administration et du secteur privé, comme Agip ou Elf, à l’exception des banques ». L’arrivée d’Internet au milieu des années 1980 a révolutionné l’utilisation de l’informatique, et le développement de la microinformatique . Cette évolution a changé le contexte et l’OCI doit continuellement s’adapter à ces changements qui demandent une spécialisation et une formation toujours plus poussée des opérateurs. « Nous mettons un accent très important sur la formation ; dans ce cadre, nous menons des séminaires pour former le personnel d’encadrement au  management, car pour qu’il y ait changement, il faut que cela commence dans la tête des gens ».

niveau de l’utilisation des systèmes informatiques. Après plusieurs années de lente évolution, le gouvernement de la République par son programme le « Chemin d’Avenir » veut faire de la République du Congo un pays émergent, où l’informatique figure parmi les moyens de soutien au développement. Nous souhaitons ainsi « rebâtir un Office nouveau » en investissant dans le capital humain afin de développer une expertise nationale.


Quels sont vos principaux partenaires? Comment les trouvez-vous ?


Nous travaillons avec les technologies les plus récentes, sur des systèmes et applications de pointe. La chaîne de gestion du budget de l’Etat est développée sur un environnement Java J2EE, utilisant une base de données Oracle. Nous avons su nous créé un réseau de partenaires étendu, aussi bien locaux qu’issus d’autres pays d’Afrique. « Ils sont nos assistants en technologie de pointe qui nous aident et aident nos ingénieurs ». Réciproquement, nous les formons aux logiciels et applications orientés services. « Nous voulons viser haut pour donner un produit de qualité ». Nous collaborons aussi avec de nombreux partenaires étrangers dans le domaine de la formation.

L’Etat congolais représente évidemment un client important de l’Office Congolais d’Informatique. Nous connaissons actuellement une phase de remise à niveau aussi bien des systèmes que du personnel.


L’arrivée de la fibre optique, en cours d’installation à travers différents chantiers, va révolutionner l’usage et les potentialités de l’informatique pour les utilisateurs. Quels effets attendez-vous de cette nouvelle technologie ? Comment vous préparez-vous à son arrivée ? Quels en sont les grands projets ?

Collaborant avec le ministère des Finances, du Budget et du Portefeuille Public, nous utiliserons bientôt cette technologie car tout le réseau des administrations est maillé. La fibre optique est un moyen de transport et nous en ferons usage pour répondre aux besoins des clients pour adapter nos logiciels à cette innovation.
Il faut cependant voir la création de ce réseau interministériel basé sur la fibre optique comme une première étape d’un processus bien plus conséquent, car à terme l’ensemble du territoire en sera maillé. « Ensuite, il faut bien que les applications suivent, et cela est de notre ressort » car disposer de réseaux performants est inutile s’ils ne peuvent être exploités correctement. Cette tâche nous incombe, « c’est à l’OCI de produire les logiciels ».

Le système intégré de gestion des finances publiques est un projet majeur actuellement en cours de réalisation. Nous n’en sommes qu’aux premières étapes, mais l’objectif est de réaliser l’automisation de la gestion des finances publiques, ce qui devrait fonctionner d’ici l’année prochaine. Notre intervention auprès du ministère des Finances peut être vue comme un projet pilote, qui sera reconduit par la suite vers les autres ministères.


Les missions auxquelles répond l’OCI ont une portée positive sur le développement et la modernisation du pays. De quelle image pensez-vous bénéficier aujourd’hui ? Comment travaillez-vous pour la cultiver ?

L’OCI a été perçue comme une institution vieillissante pendant un certain temps, mais nous voulons dépasser cette conception, en lui conférant une image de rénovation et de relance. « Nous voulons redonner espoir, et nos réalisations valent autant que des mots dans cette démarche. Nous voulons devenir des champions de fait sur le terrain ». Nos actions nous ont permis de nous faire, et nous comptons continuer dans cette lancée. Nous travaillons à l’amélioration et à la stabilisation de nos systèmes afin de les rendre plus fiables ; une équipe de collaborateurs est aussi partie en France pour suivre une formation en construction de sites Web et hébergement pour répondre aux besoins que l’on a ici.

Nous voulons « lifter » l’entreprise, cela passe par une amélioration des compétences humaines, car « une affaire ne vaut que ce que les hommes en font ». Cette stratégie, accompagnée du développement du partenariat, permettra de repositionner l’OCI vers son cœur de métier. Par l’engagement du ministère des Finances, la situation économico-politique actuelle et l’ambition du Gouvernement, nous pensons que « 2011 verra la naissance d’un « nouvel Office », qui sera capable de répondre à tout ce que le pays peut attendre de lui ».


En tant que directeur pionnier et visionnaire, quelle vision avez-vous de votre agence et du secteur d’ici cinq ans ?

Notre vision est écrite : nous voulons faire de l’OCI un véritable numéro un national. Nous allons faire de l’Office une référence dans notre domaine, être connu de tous. Cela passe par l’utilisation d’une technologie de pointe et de collaborateurs compétents, d’ingénieurs certifiés. Les résultats devront suivre cette volonté d’excellence et d’amélioration continue. Cette ambition sera visible dans trois ans.

Le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) prennent une place prépondérante aujourd’hui, et «  l’informatique est au centre de ces technologies, c’est l’intelligence des TIC ». L’effet Internet veut que la communication soit mondiale, nous  nous adaptons à cette tendance.


En tant que DG, quels sont aujourd’hui vos principaux défis ?

Comme je l’ai précisé précédemment, mon principal défi est de faire de l’OCI le numéro un de l’informatique au Congo. Cela passe par l’investissement dans le capital humain, la signature des accords de partenariats avec les principaux fabricants mondiaux de logiciels et matériels informatiques, l’acquisition des technologies de pointe, la reconquête des parts de marchés perdues, avec son corollaire, l’augmentation du chiffre d’affaires.


Parlons à présent aussi de vous. Pouvez-vous nous décrire votre parcours, qui vous a mené jusqu’à la direction de l’OCI?

Après avoir obtenu mon baccalauréat série C (mathématiques), j’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur en informatique à 25 ans, en Algérie, et un diplôme d’études approfondies (DEA) en informatique en 1980. Je devais certainement figurer parmi les premiers Congolais à être diplômé de troisième cycle dans ce domaine, à cette époque-là. J’ai ensuite travaillé en France au sein d’une société  de services affiliée à la CGEE Alstom en tant que spécialiste des systèmes d’exploitation (OS), avant de développer mes compétences en systèmes d’information (SI). A mon retour en République du Congo, j’ai exercé au sein de l’OCI, où j’ai travaillé sur de nombreux projets, me permettant d’évoluer par la suite dans la hiérarchie. J’ai par ailleurs créé les premières formations en bureautique à l’OCI.


VIDEO - Pour conclure, pouvez-vous partager avec nos lecteurs votre vision de la République du Congo, car peu de personnes connaissent vraiment ce pays plein de ressources. En quoi pensez-vous que la République du Congo soit un pays attractif pour les visiteurs et investisseurs étrangers?

Grâce au concours de tous, le pays connait aujourd’hui une période de stabilité. Et non seulement la paix s’est installée, mais le pays a aussi une grande vision. « La république du Congo a pour ambition de devenir un pays émergent d’ici 2025, cela signifie qu’un grand effort de développement va être entrepris. Nous aurons donc besoin de partenaires dans tous les domaines, pas uniquement dans la technologie de l’information et de la communication ». Nous sommes ouverts à tous ceux qui peuvent nous aider à monter en technologie ; nous sommes ouverts à coopérer avec tous ceux qui veulent aider le Congo, ils seront les bienvenus, et ce d’où qu’ils viennent.