Congo: Interview with Pierre Oba

Pierre Oba

Ministre (Ministere des Mines et de la Géologie)

2011-02-28
Pierre Oba
Le Ministère des Mines et de la Géologie réalise et met en œuvre les politiques de gestion et de valorisation du patrimoine minier et géologique de la République du Congo. Suivant les orientations du projet de société du « Chemin d’Avenir », le secteur minier va connaître une montée en puissance dans les années à venir.  De nouvelles perspectives s’ouvrent aux investisseurs désireux de développer une industrie structurante sur laquelle la volonté politique de diversification de l’économie compte bien s’appuyer.



Le Gouvernement définit les grandes orientations en matière de gestion des ressources minières et géologiques et votre ministère s’attèle à l’exécution de cette politique. Pouvez-vous nous expliquer les missions réalisées au quotidien par votre ministère ?

En effet, les grandes orientations en matière de gestion de ressources minérales sont définies par le gouvernement qui, en la matière ne fait que traduire celles du Chef de l’Etat contenue dans son projet de société approuvée par le peuple congolais appelé « Le chemin d’avenir ».

Cette source d’inspirations et d’initiatives couplée de la volonté clairement affiche par le Président de la République  concernant la diversification de l’économie congolaise constitue des fondamentaux et le leitmotiv de notre action.

Quant aux missions exercées au quotidien par mon département, elles se résument essentiellement :

-en l’exécution des programmes élaborés en vue de la promotion, l’assistance et le développement des secteurs relevant des mines solides;

-en la participation à l’élaboration des plans nationaux de développement économique;

-en la recherche des financements nécessaires aux études et aux investissements concernant les mines solides;

-en l’application et au suivi des accords de coopération conclus dans mon domaine de compétence;

-en la définition des objectifs à atteindre conformément aux orientations du Chef de l’Etat.



Le PIB de la République du Congo est aujourd’hui basé à près de 90% sur l’exploitation pétrolière. Cependant, la stratégie de diversification de l’économie suivie par le Gouvernement consiste notamment à développer un véritable secteur minier. Quelles initiatives le ministère des Mines et de la Géologie a-t-il entrepris pour créer un cadre favorable au développement d’une industrie minière forte ?

Aucune initiative n’était possible sans un cadre juridique préalablement bien défini. La première préoccupation dès notre arrivée dans ce département était donc de le créer. Etant donné l’existence déjà d’un projet du nouveau code minier en instance d’adoption au parlement, il nous a suffi simplement d’accélérer les procédures parlementaires pour que celui-ci soit adopté. Sa publication aidant, de nombreux textes d’application ont permis d’encadrer toutes les activités minières à tous les niveaux : de la prospection à l’exploitation en passant par la recherche.

Par ce code minier voulu attractif et les textes d’application subséquents, la politique de libéralisation du domaine des mines solides a été ainsi consacrée, créant dès lors un engouement au niveau des opérateurs économiques et des investisseurs.

De nombreuses procédures ont été simplifiées notamment celles concernant l’octroi des titres miniers, l’abaissement des taxes et la fixation des règles de leur perception garantissant la transparence, le tout permet, aujourd’hui d’espérer la création d’une base favorable au développement d’une industrie minière forte tant souhaitée.

Tout cela versé dans un environnement des affaires très confortables, grâce aux efforts titanesques du Président Denis SASSOU-NGUESSO pour restaurer la paix, la sécurité et avec elles, la stabilité au Congo devient un gage sûr pour les majors et les investisseurs internationaux.

Du reste le Congo souscrit scrupuleusement et rigoureusement aux standards internationaux en matière d’environnement, autre engagement qui rassure nos partenaires.



Le Centre des recherches géologiques et minières est un établissement public financièrement autonome, dépendant du ministère des Mines et de la Géologie. Il a pour mission de libéraliser le secteur minier fournissant des informations précises sur le potentiel géologique du territoire et sur les activités des sociétés d’exploitation. Quel rôle cet organisme de veille économique tient-il dans l’organisation et la transparence de l’exploitation des ressources minières?

Le gouvernement de la République s’est résolu de mettre en place un établissement public financièrement autonome sous la tutelle du ministère des Mines et de la Géologie. C’est un établissement technique qui devra lui permettre d’avoir la maitrise de son sol et de son sous-sol en ce qui concerne les richesses minières.

Dans la perspective du développement d’une industrie minière forte, le gouvernement entend positionner le secteur des mines solides comme un des leviers de l’industrialisation voulue dans notre pays par son Excellence, monsieur le Président de la République.

Pour comprendre le rôle qu’il tiendra dans l’organisation et la transparence de l’exploitation des ressources minières, il y a lieu de connaitre ses missions fondamentales qui sont :

-la recherche scientifique appliquée des processus liés au sol et au sous-sol, c’est-à-dire, la reconnaissance géologique générale et détaillé du territoire national en vue de la production des cartes géologiques, « métallo géniques », topographiques, etc.…

-l’appui aux politiques par des actions d’expertise, de surveillance, d’étude, de développement des techniques adéquates pour répondre aux difficultés environnementales que sont la gestion du sol, du sous-sol et des ressources minérales.

-la collecte, l’analyse et la diffusion de l’information scientifique nécessaire à une bonne gestion du sous-sol national et des ressources qu’il contient.

Au regard de ces missions précitées, et de concert avec les autres organismes qui ont la même vocation (à l’instar recherche scientifique), ce centre jouera donc un rôle majeur dans le développement minier de notre pays, tels que les établissements relevant de la recherche scientifique.

Il est de notoriété que seuls les Etats qui disposent de la base de données sur leur potentiel minier, tirent véritablement de substantiels bénéfices de leurs ressources minières étant entendu que grâce à son apport, les contrats de partage sont mieux négociés ; de même ces Etats n’attendent pas les résultats des travaux des opérateurs privés pour savoir quelles sont les différentes substances qu’on trouve sous leur sol tant en quantité qu’en qualité.

En mettant progressivement à la disposition des pouvoirs publics l’ensemble des données sur le potentiel minier du pays, ce centre contribuera efficacement à n’en point douter, à l’instar d’organismes équivalents, tel que le BRGM en France, à faciliter l’action du gouvernement dans l’attribution transparente des permis de recherche et d’exploitation.



La République du Congo possède une richesse et une grande variété de ressources géologiques et minières. La  majorité des gisements est exploitée par des firmes internationales, notamment nord-américaines ou chinoises ; une situation due au manque d’intérêt des acteurs locaux pour le secteur. Vous avez cependant salué en juin dernier l’initiative de jeunes Congolais de la Corem (la Congolaise de recherche et d’exploitation minière) en signant une convention relative à la recherche de diamants dans la zone d’Inioli, et appelé, par la même occasion, les jeunes entrepreneurs à se lancer dans l’aventure. Quelles stratégies de promotion de l’investissement le ministère des Mines et de la Géologie opère-t-il ?

Justifier comme vous le dites la présence des investisseurs internationaux par le manque d’intérêt des acteurs locaux des mines solides est excessif. Si j’en avais appelé à la conscience des jeunes entrepreneurs locaux en prononçant le mot « aventure » c’était juste pour souligner la lourdeur des investissements à réunir pour opérer dans le secteur des mines solides. L’intérêt est perceptible mais le passage à l’action est rendu difficile par les incapacités financières de ces entrepreneurs locaux.

Au stade actuel ou le constat est que la capacité ne peut accompagner la volonté au niveau des entrepreneurs locaux, on s’interroge sur les stratégies de promotion, des investissements à bâtir.

Au niveau international, le problème ne se pose pas, car la vulgarisation des supports très attrayants que sont le code minier et la charte des investissements a provoqué un mouvement incitatif efficace.

Mais le problème des investisseurs locaux reste posé et les stratégies élaborées dans la politique  macro-économique du pays ont pris en compte cette situation; la promotion de la micro-finance avec le mouvement de libéralisation intervenu dans les banques et les assurances, accentue par la simplification des procédures et de formalités de création d’entreprises, l’intérêt aujourd’hui éludé des entrepreneurs locaux pour le secteur des mines solides en sortira renforcé demain surtout au niveau de la petite mine, ou, sur instruction de son Excellence Monsieur le Président de la République, nous nous attelons à organiser les orpailleurs et diamineurs artisanaux au sein des coopératives.

Cette politique qui vise à encadrer ces entités et à les doter d’équipements essentiels, a également pour objectif majeur de canaliser leurs actions productives dans la lutte pour le recul de la pauvreté.

Des études sont également menées au plan local et de concert avec certains Etats voisins pour lutter contre les prédateurs qui sillonnent nos zones rurales et dilapident les produits au moyen des pratiques commerciales généralement fondées sur le troc.

Ces comportements rendent ces efforts dérisoires.



Vous avez ouvert en septembre 2010 un programme de formation à la gestion axée sur les résultats (GAR), en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), à destinations des cadres du secteur minier. L’objectif est d’amorcer le passage « d’une culture de gestion bureaucratique surannée » vers «  une culture dynamique de recherche de résultats  tangibles », a déclaré M. Lamin Manneh, représentant résidant du PNUD au Congo. Quels effets les investisseurs peuvent-ils être en mesure d’attendre de cet engagement vers une gestion plus efficace ?

Dans mes attributions, il m’est assigné, entre autres, de participer à l’élaboration des plans nationaux de développement économique et de définir les objectifs à atteindre. Pour réussir ces missions, le département a besoin d’une expertise nationale et d’un véritable corps de métier des mines et de la géologie qui nous manque cruellement.

La formation reste une préoccupation majeure et le programme de formation à la gestion axée sur les résultats (GAR) dont vous faites allusion intègre parfaitement le programme d’action de notre département.

D’autres séminaires, ateliers et cycles de formation sont programmés.

Quant aux effets attendus par les investisseurs, ils sont nombreux et bénéfiques. Les investisseurs miniers devront s’attendre à l’intériorisation des principes fondamentaux de la GAR notamment la pertinence, la transparence, la responsabilité, l’efficacité et l’efficience dans les négociations et la passation des contrats miniers et dans la gestion de leurs projets.

Grâce à la GAR, leurs projets seront mieux suivis et connaitront une évaluation avantageuse.



M. OBA, en tant que ministre des Mines et de la Géologie, votre contribution au développement économique de la République du Congo va gagner en importance dans les prochaines années. Une phase de transition s’opère et vous en êtes à la tête. Pouvez-vous nous décrire votre parcours ? Quel regard avez-vous aujourd’hui sur vos réalisations ?

Je ne suis qu’un simple exécutant aux ordres du Chef de l’Etat. Il me serait donc prétentieux de parler d’une contribution quelconque. Si réalisations il y a, vous le porteriez au crédit de leur initiateur : le Président de la République, qui a eu la vision sublime de créer un ministère pour s’occuper essentiellement de l’éclosion du secteur des mines solides, autre démarche pour impulser la diversification de l’économie.

C’est aussi le gage cardinal pour l’industrialisation, génératrice de nombreux emplois et de la création des richesses.

L’action que je mène intègre la continuité de l’action gouvernementale entamée par mes prédécesseurs ; modestement je n’essaie que de raviver la flamme qu’ils ont allumée.

S’agissant de mon parcours, il est facile à décrire : c’est celui d’un fils de paysan qui, après ses études secondaires et universitaires est enrôlé dans la force publique, encadré par l’actuel Président de la République alors le directeur général de la sécurité d’Etat (D.G.S.E.) pour devenir par la suite directeur de la sécurité présidentielle à l’accession de ce dernier à la magistrature suprême, puis directeur général de la police nationale, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité et de l’Administration du territoire, ministre de la Sécurité et de la Police, pour atterrir au ministère des Mines, des Industries Minières et de la Géologie devenu ce jour, ministère des Mines et de la Géologie.

Trop simple, n’est-ce pas ? Il n’est pas superflu de clore ce chapitre par le fait que je suis aussi « son général ».



La République du Congo dispose de richesses incroyables, tant au niveau des ressources naturelles que des multiples opportunités qui s’offrent à qui est un bâtisseur. Pourtant, ce constat ne traverse que trop rarement les frontières de ce pays. Quel message délivriez-vous aux investisseurs étrangers pour les inciter à prendre part au développement de la République du Congo ?

Par la voix de son Président, la République du Congo a fait le pari de sa modernisation et de son industrialisation. Le projet de société en cours d’exécution vise à répondre à l’urgence sociale et à l’exigence du développement global du Congo.

En ce qui concerne mon département, le message à délivrer aux investisseurs  étrangers est celui de s’engager vite et maintenant dans un partenariat « gagnant-gagnant » que le Congo leur offre avec toutes les assurances de paix, de stabilité et de garantie absolue des investissements.

Le département leur garantit en prime son soutien sans faille.