Vous faites
partie du nouveau gouvernement qui a été
nommé il y a quelques mois. Est-ce
que vous pourriez-nous citer quelques-unes
des 'top priorités' pour votre ministère?
Il y a en fait trois priorités.
· La première s´agit de
mettre en place un nouveau concept du budget
d´État et d'établir également
les priorités du budget de finances
publiques pour la période de 2003 -
2006.
· La deuxième priorité
est la finalisation du processus de transformation;
qui vise à mettre un terme à
l´existence d'institutions établies
pendant la période de transformation,
c´est à dire des agences nationales,
et également de l´Agence de Consolidation.
· La troisième priorité
c´est de maintenir de bonnes relations
avec la Banque Centrale Tchèque et
de mettre en place une politique fiscale et
monétaire efficace de facon à
ce que notre monnaie n´influence pas
les exportations de façon négative
avant notre entrée dans la zone euro.
Quand vous parlez du nouveau concept budgétaire,
est-ce que l'un des objectifs pour la période
2003 - 2006 est justement de remplir les critères
de Maastricht ?
Aujourd´hui, la République Tchèque
n´a pas de problème à
respecter les critères de Maastricht
concernant l´entrée dans la zone
euro, sauf un. Il s´agit du déficit
des finances publiques par rapport à
notre P.I.B. En ce qui concerne les autres
critères de Maastricht, la dette publique
est égale a 80 % du P.I.B. et la limite
de Maastricht est de 60%. On peut dire également
que nous avons l´inflation sous contrôle.
Cette année et l´année
prochaine, l´inflation ne devrait pas
dépasser les 2 %. Le déficit
dans le rapport des finances publiques et
du P.I.B. est au niveau de 6 %. Nous travaillons
actuellement sur une réforme du budget
public qui devrait amener à une réduction
de ce déficit à 4 % en 2006.
Notre effort est orienté sur la mise
en place des conditions pour pouvoir entrer
dans la zone euro aux alentours de 2008 -
2009.
En parlant de la zone euro, les investissements
étrangers ont contribué à
donner une impulsion à l´économie
tchèque. Quelles mesures supplémentaires
pourriez-vous prendre pour attirer plus d'investissements
étrangers ?
La République Tchèque est en
très bonne position parmi les pays
d'Europe centrale en ce qui concerne les investissements
étrangers par tête d´habitant.
Nous avons préparé pour les
investisseurs des conditions très favorables,
notamment dans la construction de zones industrielles,
mais également dans l'attribution d'aides
apportées par le gouvernement, qui
sont tout à fait conformes aux conditions
imposées par l´Union Européenne.
Et bien sûr la République Tchèque
profite de l´avantage comparatif qui
consiste dans la main-d´uvre relativement
bon marché et en même temps très
qualifiée et flexible. Les investisseurs
étrangers en ont déjà
fait bonne expérience. Pour améliorer
cet environnement, il est nécessaire
d'accélérer la réforme
du Registre de Commerce pour pouvoir enregistrer
les nouvelles sociétés dans
des délais plus rapides. Tout cela
rentre dans un contexte de fonctionnement
plus flexible de notre système judiciaire.
Dans les années à venir, nous
prévoyons une réduction du taux
des impôts des personnes morales et
des corporations.
Une chose qu'il est importante de mentionner
ici, c´est le fait que les investisseurs
étrangers apprécient ou ont
déjà apprécié
la stabilité de notre politique sociale.
En République tchèque il n´y
a pas pratiquement pas de grèves. Il
y a un très bon niveau de dialogue
social entre employeurs et syndicats. Le gouvernement
y joue un rôle d´intermédiaire.
En même temps il y a des preuves
que les investissements étrangers,
notamment français, ont augmenté,
et plus spécifiquement dans le secteur
bancaire, comme c´est le cas de Komercní
banka qui a été rachetée
par Société Générale.
Comment voyez-vous l´évolution
des investissements francais dans votre pays
?
D´abord je dois dire que la privatisation
du secteur bancaire a laissé une grande
place pour les investisseurs étrangers
et je suis vraiment content de voir que c´est
un investisseur francais - la Société
Générale- qui en a profité.
Le secteur bancaire en République Tchèque
est maintenant complètement privatisé;
il n´y a plus de banques d´État
ou semi-étatiques. En général,
l´économie tchèque est
déjà une économie hautement
privatisée.
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Concernant les autres opportunités
de privatisation, en ce moment nous attendons
une privatisation du holding pétrochimique
Unipetrol. Il s´agit d´un groupe
très important au niveau de l´industrie
chimique tchèque qui contribue de façon
considérable à l'augmentation
du P.I.B. Nous attendons aussi la finalisation
de la privatisation d´État dans
le secteur des Télécoms; également
dans le secteur d´énergie électrique
où d'ici fin 2003, l'entreprise semi-étatique
CEZ aura terminé sa privatisation.
Il existe également une organisation
qui s´appelle Czechinvest et qui est
en charge d'assister les investisseurs étrangers
dans leur participation à l'économie
Tchèque.
Si l'on regarde les différentes
sociétés qui seront privatisées
d'ici peu, ou même l´économie
tchèque dans son intégralité,
où voyez-vous le plus d´opportunités
pour les investisseurs étrangers ?
Il existe de grandes opportunités pour
les nouveaux investissements étrangers,
ou 'greenfield investments' comme on les appelle
couramment, principalement dans l´industrie
automobile. D´après moi, il existe
également de grandes opportunités
pour les sociétés dans le domaine
de l'industrie mécanique ou éléctronique.
L´industrie mécanique en particulier
a une longue tradition en République
Tchèque et il y existe une main-d´uvre
très qualifiée.
Un autre vecteur pour inciter les investisseurs
étrangers à investir dans le
pays c´est la bourse. Comment voyez-vous
l´état de la Bourse à
Prague ?
Je dois dire que le marché des capitaux
tchèques est conforme aux standards
européens. Nous avons également
un organisme indépendant de surveillance
de la Bourse des marchés des capitaux,
c´est à dire la commission des
opérations boursières. La Bourse
de Prague est considérée comme
une bourse régionale plutôt petite,
d´importance régionale, où
un nombre restreint de titres sont négociés.
Je pense également qu´il y existe
de la place pour l'émission d' actions
de sociétés étrangères.
Et bien sûr en République Tchèque,
il existe un marché développé
des obligations.
L'intégration de la Bourse de Prague
dans le système européen est-elle
une chose importante selon vous ?
On ne peut pas imaginer le futur de la Bourse
de Prague sans collaboration avec des bourses
importantes comme celles de Frankfurt, de
Londres ou bien de Vienne.
Quel est votre plus grand challenge à
venir?
C'est parfaitement clair, c´est la préparation
du budget public de telle sorte que cette
nouvelle réforme contribue à
la consolidation des finances publiques et
également à la réduction
du déficit.
Nos lecteurs aiment bien savoir comment
les gens que nous interviewons arrivent à
leur position. Et quand on est un ministre
si jeune que vous (31 ans), comment est-ce
qu'on arrive au poste de Ministre des Finances
? Pourriez-vous nous donner un apercu de votre
carrière.
Il faut dire que j´ai commencé
ma vie politique très tôt, c´était
dans le contexte de grands changements dans
la société tchèque en
1989. A cette époque-là, il
y avait une vague de jeunes hommes politiques
qui sont entrés dans le parti socio-démocrate
et qui ont trouvé leur place dans le
système politique plus tard. J´ai
commencé ma carrière dans ce
parti ensemble avec Monsieur Gross et Madame
Buzková et nous sommes tous les trois
ministres du gouvernement de Monsieur pidla.
En ce qui concerne mes études, j´ai
fait la faculté de droit et à
l´âge de 25 ans, j´ai été
élu comme député dans
le parlement. J´ai aussi travaillé
dans le Comité budgétaire. Et
un peu plus tard je suis devenu chef du parti
des Socio-démocrates pour le parlement.
A partir de cette position, je suis devenu
ministre en 2002 après les élections.
A présent je suis le ministre le plus
jeune du gouvernement.
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