Guinea, Republic of: Interview with Dr. Mohamed Lamine Doumbouya

Dr. Mohamed Lamine Doumbouya

Ministre (Ministère du Budget)

2017-10-04
Dr. Mohamed Lamine Doumbouya

Excellence, étant donné ses ressources énergétiques, minières et agricoles, la Guinée a le potentiel pour devenir encore un plus grand et un plus important acteur dans la région.  Selon vous, quelles sont d’autres opportunités d’investissement pour la Guinée ?

Je vous remercie pour l’intérêt que vous accordez à la Guinée et à son développement.

Vous posez là une question très intéressante et large à développer. Quatre éléments d’opportunités sont à retenir pour le cas spécifique de la Guinée

Vous connaissez la situation géographique de la Guinée. C’est déjà un atout. Nous sommes le seul pays qui a six frontières sur l’Afrique de l’Ouest et une frontière maritime. Donc à partir de la Guinée on peut constituer une plate-forme qui faciliterait l’accès à la sous-région. Nous sommes dans un espace économique commun avec des droits de douanes harmonisés et des facilités reconnues de part et d’autre partout où l’on s’installe. Ce positionnement de la Guinée est un avantage très enrichissant.

Un deuxième élément, ce sont nos ressources minières comme vous le dites qui sont assez importantes. Nous avons une diversité de ressources minières dont la bauxite qui constitue aujourd’hui notre principale production à l’exportation (plus de 75%) et qui génère d’importants revenus au secteur privé, à l’Etat mais aussi aux communautés. Je sais que d’ici cinq (5) ans nous serons en mesure d’exporter plus de 100.000.000 de tonnes de bauxite avec différentes sociétés qui sont en train d’arriver dans les zones. Il faut noter également dans le secteur minier, l’exploitation de l’or qui génère de plus en plus de ressources importantes. Cela nous permet aussi de diversifier nos sources d’exploitation minière et donc de nous préserver contre un éventuel choc qui arriverait sur un des produits à l’échelle internationale tel que nous le constatons aujourd’hui avec la baisse du prix du baril du pétrole.

Le troisième élément de ressources bien connu, c’est l’agriculture. Le Président de la République soutient que la Guinée n’est pas seulement un scandale géologique, elle est également un scandale agricole. La pluviométrie en Guinée favorise d’une part la production agricole dans sa diversité mais aussi et surtout dans son intensité et sa constance.

C’est pourquoi, aujourd’hui nous sommes en mesure de faire de la Guinée le grenier de l’Afrique de l’Ouest et même pourquoi pas d’une bonne partie de toute l’Afrique. C’est quelque chose qui tient à cœur Monsieur le Président de la République et tous les membres du Gouvernement. C’est pour cette raison que le Président investit énormément dans ce secteur, surtout par le ciblage de la culture des produits tel que : l’anacarde, le cacao, l’hévéa etc... Nous sommes en train de développer progressivement la transformation de notre secteur agricole pour passer d’une situation de culture de subsistance à celle de culture de développement. Nous voulons que nos différentes initiatives dans le secteur agricole se transforment en entreprenariat solide et que cela participe à la construction de notre économie. C’est pourquoi nous investissons de plus en plus dans le secteur agricole car cela devrait à terme générer des valeurs ajoutées importantes, mais aussi créer des emplois durables et conséquents.

Nous avons quatre régions naturelles et nous avons des diversités culturelles qui nous donnent la possibilité d’avoir une assiette diversifiée de produits agricoles permettant de répondre aux différents besoins des uns et des autres.


Le quatrième élément de ressources qui me semble être très important c’est le transport. Le transport est important quand on prend en compte notre positionnement sous régional.  Nous sommes en mesure de desservir beaucoup d’autres pays, (le Sénégal, la Gambie, la Guinée Bissau, la Siéra Leone, le Mali, ou le Liberia) que cela soit par le train, par la route ou par la voie aérienne. La capacité d’accueil dont nous disposons aujourd’hui à partir du port et dans le domaine d’infrastructures routières, si elle est mise en valeur, nous serons en mesure d’alimenter des pays enclavés et faciliter les investissements et autres échanges commerciaux. En conséquence, un investisseur qui viendrait en Guinée serait en mesure de desservir aussi bien le Mali et pourquoi pas d’autres pays comme le Burkina ou le Niger. Les infrastructures énergétiques que nous développons actuellement (avec les constructions des barrages de Kaléta, Souapiti et autres) participeront dans un avenir proche à cet exercice de désenclavement de notre sous-région, tout en renforçant la résilience de notre économie.

Ce sont là des éléments dans lesquelles nous investissons et c’est la raison pour laquelle nous voulons développer nos infrastructures socioéconomiques et promouvoir le redéploiement des entreprises à travers toute la Guinée.


Monsieur le Ministre, l’énergie est considérée comme étant à la base et le sommet de tout développement, qu’en dites-vous ?

L’énergie : nous avons un pays qui dispose de plusieurs fleuves sur lesquels des micros et des grands barrages hydro électriques peuvent être construits. Nous avons Kaléta qui vient d’être construit et Souapiti qui est en construction. Les négociations continuent avec nos partenaires Chinois et je suis sûr qu’à la prochaine visite du Président de République en Chine, un accord sera trouvé dans ce domaine-là. Ce sont des choses sur lesquelles nous comptons pour participer à la réduction des coûts de productions de nos unités de production (privées et publiques). Au-delà du renforcement de nos capacités de production, favorisé par la construction de ces barrages, nous deviendrons bientôt exportateur net de l’énergie dans notre sous-région. C’est formidable, d’autant plus que c’est de l’énergie propre. Beaucoup de pays aujourd’hui fonctionnent sur le thermique et nous avons la capacité de produire l’énergie en grande quantité et à faible coût, et de les alimenter. C’est ce que nous voulons faire et voilà pourquoi nous travaillons, en plus de l’accroissement de notre capacité de production, sur le transport et la distribution de cette énergie.

Nous avons des lignes d’interconnexion sous régionales qui partent d’ici en prévision de la finalisation du barrage de Souapiti. En plus, près de 30% de la production du barrage de Kaléta sont destinées à l’exportation. Cela fait partie des conventions qui nous lient à nos voisins de la sous-région. Aujourd’hui, nous avons des contrats d’achat ferme avec beaucoup de ces pays qui disent que si Souapiti et Kaléta sont prêts, ils sont en mesure d’en acheter production à partir de la Guinée.

Ce sont là des investissements qu’il faut noter sans compter que nos barrages sont à multi usage, c’est-à-dire qu’ils peuvent produire non seulement de l’énergie mais aussi faciliter l’irrigation dans le domaine agricole. Le barrage de Fomi par exemple peut permettre d’irriguer 100.000 hectares au Mali et en Guinée. Ce sont là des éléments qui peuvent favoriser le développement économique. C’est pourquoi, l’OMVS et l’OMVG, des organismes sous régionaux se sont associés à la réalisation de ces barrages.

La réalisation de ces barrages nous permettra d’encourager la transformation structurelle de notre économie, de générer des revenus en vendant de l’énergie à nos voisins mais aussi de développer l’agriculture par une meilleure maitrise de l’eau.

Un autre élément qui me semble important, c’est le capital humain. Le capital humain est à valoriser et l’Etat est en train d’investir pour rationnaliser sa production en matière de formation. Jusqu’à présent vous pouviez remarquer la volonté qui prévalait d’encourager le secteur privé éducatif, alors que cela devrait être un domaine de la souveraineté.  Former la population, former les jeunes, c’est du domaine régalien et donc une obligation pour l’Etat en vue de construire notre société. C’est pour cette raison que nous sommes en train de reformer ce secteur pour avoir un meilleur contrôle en terme d’affectation, en terme de qualification des ressources humaines et même du contenu de la formation. Il y a une grande réforme engagée dans ce secteur avec des constructions d’universités en vue par des partenaires chinois. Ils doivent nous permettre d’avoir des universités d’excellence et de pouvoir former non seulement une élite, mais aussi des techniciens compétents, toute chose dont nous avons besoin. Quand on regarde la projection d’implantation des sociétés minières, il y a un besoin en main d’œuvre dans les années à venir qui va s’intensifier surtout en BTS (brevet de technicien supérieur) donc il nous faut en produire beaucoup pour accompagner la production.

Je voudrais préciser que nous menons ces transformations en prêtant attention à l’environnement. Nous sommes tenus de penser non seulement à nous mais de prendre soin de ce qui se passe autour de nous. Quand on voit comment le désert est en train de descendre vers le sud, nous qui disposons d’une des rares ceintures frontières, il faut que nous soyons en mesure de les préserver. Il faut que nous soyons conscients que non seulement nous devons nous en servir mais aussi penser qu’il y a d’autres qui comptent sur ces ceintures pour de meilleures conditions de vie. C’est donc en connaissance de cause que nous veillons à ce que notre environnement ne soit pas détruit et à préserver la faune et la flore qui y vivent.

Nous investissons aussi dans la bonne gouvernance par ce que nous pouvons certes bien attirer les investisseurs, mais il faut que nous soyons sûrs que le cadre dans lequel ils investissent est attractif et incitatif. Nous devons non seulement les attirer mais aussi les pousser à rester dans notre pays et y développer des affaires.

C’est pour cette raisons que nous investissons dans la stabilité macroéconomique, bien sûr, pour que l’Etat ne soit pas un fardeau pour le secteur privé. L’Etat doit jouer son rôle d’incitateur à l’investissement, c’est-à-dire créer un environnement macroéconomique favorable et favoriser non seulement l’investissement mais aussi l’épanouissement de l’investisseur, c’est-à-dire, protéger l’investissement et protéger l’investisseur (son bien et sa personne). Ces éléments nous tiennent à cœur, c’est pourquoi nous renforçons notre système de sécurité, produit de la réforme de nos services de sécurité et de défense, un chantier majeur conduit par le Chef de l’État. De même, les zones industrielles que nous voulons créer vont dans ce sens, nous comptons aménager des espaces où les gens peuvent être en sécurité pour leur permettre de développer sereinement leurs activités.  

Nous continuons à améliorer l’environnement des affaires, parce que c’est absolument important. Le budget de l’Etat, nos politiques économiques de façon générale, que ce soit la politique d’échange, budgétaire ou encore politique fiscale, doivent aller dans le sens d’inciter à l’investissement privé.

Notre philosophie est que la responsabilité de la croissance doit revenir au secteur privé. Si l’Etat doit concourir avec le secteur privé, nous devons éviter que cela se traduise systématiquement par l’éviction de celui-ci, il faut accompagner et encourager notre secteur privé. C’est ce qui peut favoriser la création d’emplois durables et importants, c’est ce qui peut favoriser aussi la distribution des richesses, donc la création de richesse. C’est d’ailleurs pourquoi il important pour nous en tant que Ministère de Budget d’investir dans la qualification de nos dépenses.

Il ne faut pas dépenser pour dépenser mais avoir des priorités pour y affecter les ressources publiques. L’Etat doit avoir ses priorités. Et compte tenu du fait que nous n’avons pas de ressources immenses, le peu que nous avons mérite d’être utilisé rationnellement pour que cela puisse avoir un impact considérable et positif sur les conditions de vie de nos populations. C’est pourquoi nous investissons de plus en plus non seulement dans la mobilisation des ressources ou leur sécurisation mais aussi dans la qualification des dépenses pour que l’argent public aille là où il faut et là où on en a réellement besoin. Telle est la vision du Président de la République.


Les dernières années la situation de déficit budgétaire de la Guinée s’est améliorée en 2016 par rapport à 2015 en passant de 8,8% à 6,5% du PIB. De plus, le pays a noté un taux de croissance de plus de 5% l’année dernière et une augmentation des exportations et réduction des importations. Quelles mesures ont été prises pour avoir atteint cette croissance et comment la gestion des entités telles que la Direction Nationale des Impôts ou la Direction Générale des Douanes a permis de répondre à ces nouvelles initiatives gouvernementales?

La gouvernance ! Tout est dans la gouvernance. Vous savez, il faut savoir choisir ses priorités dans un contexte où tout est prioritaire. Il faut hiérarchiser et mettre l’accent là où cela coûte moins et rapporte plus. Nous appelons cela de l’efficacité.

Nous sommes sortis de deux années de la crise d’Ebola et il fallait prendre des décisions courageuses. L’une des décisions courageuses c’était de rationaliser les dépenses publiques. Si nous estimons qu’elles ne sont pas opportunes, il faut y renoncer, aller vers les dépenses qui sont vraiment indispensables car nous sommes contraints par l’insuffisance des ressources financières. Donc, c’est dans cet esprit qu’on a investi davantage dans l’éducation et dans la santé. Si vous remarquez le budget de la santé est passé de 5 à 8% du PIB et celui de l’éducation est passé à 17% (contre 15% en 2015). Compte tenu de la faiblesse des ressources, financer nos infrastructures à partir du budget national pèserait défavorablement sur les autres dépenses, surtout sociales, c’est pourquoi nous avons cherché à développer le partenariat public-privé. Nous avons tenu compte de cela aussi dans le budget.

En même temps l’État travaille pour améliorer la gouvernance macroéconomique et financière parce que, comme je vous le disais, la responsabilité de la croissance économique doit revenir au secteur privé.

Si le secteur privé trouve un environnement favorable, il aura une meilleure visibilité et sera plus rassuré et plus en confiance pour développer ses affaires, c’est ce que nous cherchons. Si vous venez dans un pays investir 10, 20, 100 et mêmes 200 millions de dollars ou plusieurs milliards de francs guinéens, il faut que vous ayez une meilleure visibilité. Des questions qu’un investisseur peut se poser sont les suivantes : Où le pays veut aller ? Où-est-ce que je mets mon argent ? J’ai besoin de trois, quatre à cinq ans, voire plus, pour rentabiliser mon investissement. Un ou deux ans après, si je mets mon argent et il y a des problèmes, qu’est-ce qu’il va arriver ?

Donc assainir l’environnement macroéconomique était une priorité pour nous pour rassurer ces opérateurs économiques. Nous sommes parvenus à stabiliser la monnaie en ramenant l’inflation, qui était assez élevée (21% environ en 2010) à un niveau relativement bas, stable et à un chiffre (environ 8% actuellement). Nous avons réduit le déficit budgétaire et dégager de l’épargne budgétaire pour réduire la dette publique domestique.

Dorénavant, si nous devons nous endetter, nous veillerons à ce que ce soit pour financer la production. C’est vous dire qu’il y a eu des initiatives courageuses qui nous ont permis de réaliser ce taux de croissance de 6,6% en 2016 et nous projetons 6,7% pour cette année. Nous maitrisons nos soldes budgétaires de base, nous essayons de dépenser de façon très sélective en ciblant beaucoup plus des priorités et nous encourageons la libération de la dette intérieure parce qu’il y a beaucoup d’acteurs (fournisseurs de l’État) qui attendent d’être désintéressés. A cause de la crise, nous avons dû accumuler un stock important d’impayés que nous essayons de rembourser avec le retour de la croissance. Sans doute, ces remboursements permettront à ces entreprises de surmonter leurs problèmes, notamment en se désendettant vis-à-vis du secteur bancaire.

En résumé, ce résultat est le fruit de réformes macroéconomiques et financières courageuses et difficiles mais nécessaires pour nous permettre d’avoir le résultat que nous avons aujourd’hui et sur lequel nous nous appuyons pour consolider les acquis.
D’ailleurs, la dernière mission du FMI a conforté notre position parce que depuis que nous avons fini le programme FEC en octobre 2016 nous maintenons cette tendance de réformes continues.

Nous avons porté attention aux différents indicateurs qui gouvernent notre économie et les perspectives sont bonnes. Grâce à cela, le secteur privé est rassuré.  


Sous la présidence de Son Excellence le Professeur Alpha Condé le pays avait fait de grands progrès au niveau de la transparence et de la démocratisation. Cela favorise les investissements étrangers et stimulent la croissance économique. Comment cela a influencé une augmentation du budget de l’Etat ?

Le budget est le fruit de la croissance, donc on ne peut budgétiser par exemple pour une année à venir que sur la base de ce qu’on a constaté cette année. C’est une question de tendance. Si l’économie, par exemple, connaissait une décroissance, nous serons obligés de revoir le budget en baisse. A partir du moment où les perspectives sont bonnes, les projections budgétaires s’améliorent dans la mesure où l’État s’attend à avoir plus de richesses créées. Cela veut dire plus de revenus distribués aux promoteurs du secteur privé, distribués sous forme de salaire au ménage et distribués sous forme de taxes et autres rémunérations qui reviennent à l’État. Cela implique pour l’État aussi davantage de dépenses parce que plus de ressources ; ces dépenses nous permettent de faire ce que nous  n’avons pas pu faire compte tenu des contraintes budgétaires.

Cela ne fait qu’avoir un effet amplificateur sur le système. C’est ce qui explique d’ailleurs des résultats dont vous avez parlé antérieurement. Depuis 2016 jusqu’à date nos régies ne font que réaliser des performances en matière de ressources parce que nous travaillons non seulement pour sécuriser les ressources publiques mais aussi pour mieux les contrôler. Qui dit contrôle, dit un comportement prudent ou correcte de la part de ceux qui sont tentés par le détournement des fonds publics ou les fraudes fiscales. En résumé, le budget prend du volume avec le retour de la croissance et des investissements, c’est plutôt une bonne nouvelle.


Les partenariats public-privé ne constituent pas une exception pour le ministère du budget. Nous avons l'exemple avec Le Mobile Money, notamment le service Orange Money. Avec cette initiative, la collecte du paiement des vignettes a eu des résultats impressionnants. Quelle autre initiative ou projets novateurs possède le ministre du Budget ? Quel est le rôle des partenaires privés afin d'améliorer le fonctionnement de l'administration ?

Pour nous, ce choix de développer le partenariat public privé vient d’un constat comme quoi l’administration publique ou l’État ne peut pas tout faire. Là où l’administration présente des faiblesses, il faut qu’elle le reconnaisse et qu’elle cherche un partenaire qui peut l’appuyer. Cela fait plus d’un an que nous constatons que nous avons des difficultés pour mobiliser des taxes, parce que les structures que nous avons présentent des faiblesses. En conséquence il fallait explorer d’autres pistes. C’est dans cet esprit que nous avons sollicité Orange Money et d’autres banques commerciales de la place pour nous appuyer. Auparavant, ce sont nos agents qui vendaient mais, sur la quantité commandée de vignettes vendues, l’écart entre quantités vendues et les recettes collectées était considérable et on n’arrivait pas à l’expliquer. Donc, il faillait revoir ce mode opératoire et c’est ce que nous avons fait. Nos partenaires dans cette opération nous ont compris et nous ont accompagné à cet effet, les résultats sont très encourageants.

D’ailleurs, c’est dans cet esprit que je les (banques et orange money) ai rencontrés pour leur dire « merci beaucoup pour ce qui a été fait, nous allons en tirer des leçons et nous allons voir comment développer davantage notre partenariat».

Nous retenons que cela participe à l’amélioration de l’environnement des affaires parce que la question fiscale est l’une des questions les plus importantes pour un investisseur. Plus il a la clarté dans ce qu’il doit à l’Etat, plus il est rassuré. Mais si d’un jour à l’autre il est victime de dysfonctionnement de notre administration, de mauvais traitements de la part de nos services, il n’est plus encouragé.  Cela pousse certains à quitter le secteur pour aller opérer dans l’informel.


Vous avez annoncé dans un de vos discours à Miami (USA) que la Guinée ambitionne d'être un carrefour des investissements en Afrique à l’horizon 2025, en soulignant « Guinea is waiting for you". Quels sont les efforts faits par votre ministère et vos entités pour attirer directement ces investisseurs ?

Nous sommes à la base de tous le processus de dépenses publiques. Nous travaillons pour améliorer la qualité des dépenses publiques. Nous voudrions bien que le secteur privé puisse travailler correctement, mais l’État aussi doit jouer sa partition. Les dépenses publiques doivent être sélectives et orienter sur les priorités ; et nous devons faire en sorte que, lorsque l’État dépense, cela puisse avoir un effet d’impact porteur à la fois de croissance et d’amélioration du bien-être de nos populations. Nous continuons donc à améliorer la qualité de nos dépenses et à stabiliser le cadre macroéconomique et financier, pour donner une meilleure visibilité sur les perspectives de notre économie aux investisseurs.

L’autre chose aussi, c’est surtout aller investir là où le secteur privé ne peut pas (ou n’est pas prêt) à investir.  Autrement dit, nous avons des priorités, qui cadrent avec la vision du Président de la République, sur lesquelles orienter nos dépenses (éducation, santé, sécurité, agriculture, énergie, infrastructures et mines). Compte tenu de leur taille, vous comprendrez l’importance de la transparence aussi bien dans les conditions de dépenses que de mobilisation des ressources.

La question de la rationalisation se pose à ce niveau. C’est à dire que le faible niveau de nos ressources doit guider dans leur affection pour mieux adresser les sollicitations importantes qui nous sont adressées.

Comme vous le notez, nous attendons des investisseurs, tout simplement parce que, nous investissons dans les secteurs où ils peuvent trouver des appuis pour développer leurs activités. Nous veillons aussi à leur proposer une fiscalité attractive, qui soit incitative à l’investissement. Nous entreprenons des réformes importantes dans ce domaine pour mieux attirer les investissements.

A terme, notre objectif est de rendre l’impôt supportable tant socialement pour la population et qu’économiquement pour les investisseurs. Nous travaillons aussi sur la transparence budgétaire qui est absolument importante car le budget est un bien du peuple, par conséquent il doit être à son service. Il faut que tout me monde puisse voir comment il est utilisé, c’est de cette façon que nous lutterons plus efficacement contre la pauvreté et l’inégalité sociale.


Maintenant, grâce à de très bonnes relations bilatérales entre la Chine et la Guinée, l'intérêt des investisseurs chinois sur les ressources et le développement de la Guinée est de plus en plus visible.  Quel genre de résultat vous espérez de cette coopération entre les deux pays ?  Qu’est-ce qu’elle peut apporter à l'économie ?

Nos relations avec la Chine ont deux dimensions : Il y a une dimension politique qui date de plus de cinq décennie et une dimension économique qui, agréablement, prend du volume et de l’intensité. La Chine est comme une industrie et la Guinée est comme une matière première. Tant qu’on a besoin des matières premières, on aura besoin de nous, donc nous attendons de nos partenaires chinois qu’ils continuent de venir en Guinée et y investir. Aujourd’hui la plupart des exportations de nos bauxites est destinée aux consommateurs chinois et je sais qu’il y a d’autres produits que nous pouvons aussi y exporter. Nous avons besoin aujourd’hui de réaliser nos infrastructures, notamment à travers des projets qui s’adosseraient par exemple sur ces ressources. Nous avons aussi besoin de développer notre agriculture, en la mécanisant, afin qu’elle gagne en compétitivité pour non seulement nous permettre d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, mais aussi de pouvoir exporter vers d’autres pays.

Vous voyez c’est cette relation que nous voulons développer avec nos partenaires chinois et je suis sûr les deux chefs d’État vont parvenir à des résultats mutuellement satisfaisants, qui conforteront davantage les deux économies.
 

Avant d’avoir été en charge du Ministère de Budget vous avez travaillé en tant que Conseiller Spécial du Premier ministre, en charge des questions monétaires et bancaires. Quelle sont vos principales fiertés que vous son permis de réussir en tant que leader aujourd’hui ?

Je suis fier de servir la Guinée, je suis fier de ce que je fais parce que c’est ce que j’ai appris, et je suis honoré de pouvoir mettre cela au service du peuple de Guinée, aux côtés du Pr Alpha Condé.

Avant ces postes, j’enseignais dans les universités, aujourd’hui, je suis dans l’administration.

Je veux continuer à produire des résultats parce que c’est ce qui est bon pour la Guinée et pour lesquels tout le Gouvernement s’exerce. J’applique une vision qui est celle du Président de la République qui consiste à conduire les réformes au niveau de l’administration, notamment au niveau de la gouvernance économique et financière nationale. Cela implique de prendre des décisions qui permettent au secteur privé, notamment aux investisseurs chinois de pouvoir venir de façon rassurante, s’installer en Guinée, y développer des affaires et renforcer la connexion entre nos deux pays. En quelque sorte, mon rôle ici, c’est de contribuer à développer l’économie de façon intégrée, promouvoir la création de richesses, créer davantage d’emplois et améliorer le bien-être de nos populations.

Et nous sommes en phase de signer un autre programme avec le FMI, ce qui peut constituer une caution pour les partenaires, dans la mesure où l’économie continue d’être bien gérée et nous appliquons des règles standards en matière de gestions économiques et financières. Si nous parvenons à faire cela, j’aurais réussi ma mission. Je suis sûr que sur cette base-là, nous sommes en mesure de prendre les grandes décisions dans un environnement macroéconomique stable pour lutter contre la pauvreté. Donc, c’est cela l’objectif que nous nous fixons.


Durant votre travaille dans l'administration sous la direction de Son Excellence le Professeur Alpha Condé, quelle est la plus grande réussite pour laquelle voulez-vous qu’on se souvienne de vous ?

Que j’ai travaillé dur et que j’ai produit des résultats concourant à la matérialisation de sa vision, c’est le plus important


Enfin, les lecteurs de South China Morning Post incluent majorité d’hommes d’affaire et politiciens les plus influents de la Chine et du monde entier (via la plateforme digitale). Avez-vous un message final à leur adresser sur la Guinée qui les inciterait à venir faire des affaires et investir ici ?

Je voudrais leur dire que la Guinée les attend, la Guinée est ouverte et la Guinée à travers son gouvernement fait des réformes courageuses pour permettre d’attirer les investisseurs et les investissements. Je voudrais aussi leur dire que nous avons un positionnement naturel, avec six frontières terrestres et une frontière maritime, qui nous permet aujourd’hui de servir non seulement la Guinée et mais aussi les autres pays de la région. En plus, nous avons des ressources naturelles qui n’engendrent pas forcément des coûts importants en termes d’exploitation. Par exemple, notre bauxite ne demande pas beaucoup d’efforts pour être extraite, contrairement à la concurrence. Nous avons bien d’autres ressources importantes, notamment l’or, le fer de Simandou, ceux-ci sont des atouts auxquels s’ajoute la volonté politique venant du Président de la République.

Donc, si j’ai à m’adresser à eux, c’est pour leur dire que nous sommes prêts pour les accueillir dans la mesure où l’environnement des affaires est assaini et continue de s’améliorer conformément aux standards internationaux.