The Republic of Guinea
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Mr. Patrice Chanton, Directeur Général de Ciments

Interview de


Mr. Patrice Chanton,
Directeur Général

9 Mai 2000

Est-ce que vous pouvez nous donner un bref aperçu historique de la société ?

La société Ciments de Guinée est née en février 1988 avec la reprise d'une ancienne cimenterie appelée Soprociment qui était une société étatique. L'Etat a voulu se désengager partiellement de ce secteur et il a confié la majorité du capital au groupe Holderbank qui est le premier groupe cimentier mondial.

Est-ce que vous pouvez nous parler du chiffre d'affaires, du nombre de personnes employées et de vos objectifs ?

Notre société emploie 190 personnes, le chiffre d'affaires est d'environ 50 milliards FG et nous couvrons environ 90% des besoins du marché guinéen. Nous pourrions couvrir 100%, mais le secteur étant libéralisé, il existe chaque année quelques importations soit par un groupe industriel pour ses propres besoins, soit par des commerçants pour une opération spot. Il est très difficile pour un importateur dont ce n'est pas le métier d'avoir à un juste prix du ciment de bonne qualité. Notre société a plusieurs avantages par rapport aux autres. Les deux premiers sont liés au savoir-faire et à la puissance financière de notre groupe qui a permis à la société d'investir plus de 18 milliards FG au niveau de notre usine (nous continuons sur un rythme moyen de 1,5 milliards chaque année). Un autre atout très important c'est la possibilité grâce à Ciments de Guinée d'avoir une industrie locale de production de ciment au lieu de l'importer d'Asie ou d'Europe. Nous importons la matière première et nous la transformons, cela nous permet en ajoutant des matières locales telles que le sable et le granite de baisser le prix de revient de ce ciment par rapport aux ciments importés d'un autre pays et de disposer d'un ciment plus frais et donc plus facilement utilisable par le consommateur. En même temps, nous créons de la valeur en Guinée et favorisons l'emploi dans ce pays.

Vous êtes une puissance stratégique par rapport au autre secteur, est ce que vous pouvez nous parler, des perspectives d'évolution de votre chiffre d'affaire sur le marché en Guinée et les perspective d'augmentation du chiffre d'affaire ?

Le chiffre d'affaires a augmenté en 1999 de 35%. Cette année nous avons une ambition plus modeste parce que nous avons dû procéder à un réajustement au niveau des prix du fait de la hausse de nos coûts en dollars et nous pensons que cela aura un impact au niveau de la demande. Néanmoins nous avons des perspectives très ambitieuses à moyen terme. Depuis trois ou quatre ans, il y a de très beaux chantiers en Guinée et nous sommes très bien positionnés. Nous travaillons par exemple actuellement sur le projet de deux barrages et d'une société d'aluminium. Le consortium qui doit financer le projet souhaite travailler avec un opérateur connu et réputé et nous sommes en discussion très avancée. C'est un projet qui doit voir le jour entre 2002 et 2005 et nous allons chaque année pendant ces deux années et demi de projet, fournir au barrage l'équivalent de notre production annuelle. Pour faire face à ce projet il est nécessaire qu'on procède à des investissements importants pour que nous puissions en 2002 fournir la bonne qualité et la bonne quantité de produits. L'enjeu de ce projet est principalement lié à la logistique de l'opération. Dans la pratique, nous sommes les seuls à pouvoir réaliser une telle opération.

Comment avez-vous obtenu ce marché ?

En fait nous sommes incontournables pour une telle opération. Nous avons deux avantages : tout d'abord, nous sommes la filiale du premier groupe cimentier mondial ce qui permet de rassurer nos clients potentiels sur notre savoir-faire et notre solidité financière ; de plus, nous avons également l'expérience puisque nous avons fourni le ciment nécessaire à la construction du barrage de Garafiri.

Grâce à ces projets importants pour le développement de la Guinée, nous sommes en train de changer de dimension et d'état d'esprit. A notre savoir-faire technique traditionnel, nous ajoutons désormais une meilleure prise en compte de l'attente de nos clients et nous les associons aux choix techniques.

Quand vous parlez de changement de dimension, est ce que vous changez dans une dimension régionale ou sous régionale ?

Pas particulièrement. Le marché guinéen est un marché avec un potentiel suffisant pour satisfaire nos ambitions. De plus, le facteur transport est déterminant. Néanmoins, le Mali pourrait être un débouché important car ce pays ne dispose pas d'une cimenterie. Mais dans l'immédiat nous avons un handicap structurel qui est la route Conakry-Bamako. Nous travaillons sur le sujet.
Comment expliquez-vous que, jusqu'à présent, vous soyez la seule société de ciment en Guinée, est ce que vous avez un savoir-faire particulier qui empêche les autres de s'implanter ?

Le facteur important est le savoir-faire : nous garantissons aux consommateurs un produit de qualité, répondant aux normes guinéennes et européennes et nous avons également l'avantage de disposer d'un réseau de distribution qui couvre tout le territoire avec des commerçants indépendants.

Est-ce qu'on peut savoir quels sont vos principaux clients ?

80 % de nos ventes sont assurées par le réseau de nos distributeurs et revendeurs. 20% de notre marché est constitué par des clients directs, parmi ces clients directs les deux les plus importants sont les deux sociétés minières (SAG et SMD). Ce sont des industries très consommatrices de ciment, ils l'utilisent dans le processus de production de l'or. Parmi les autres clients directs nous avons toutes les entreprises de travaux publics.

Comment envisagez-vous votre production d'ici un an ou deux ?

Cette année nous prévoyons au moins 450.000 tonnes et nous pourrons d'ici un an ou deux être à 500.000 ou 550.000 tonnes. Nous étudions également des projets de diversification. Le premier consiste à se lancer dans le commerce de sable. Nous utilisons le sable dans la fabrication du ciment et en même temps les consommateurs achètent directement le sable pour leurs constructions. Nous avons l'intention d'exploiter un gisement de sable en direct pour satisfaire non seulement nos besoins mais aussi les besoins de nos clients. C'est un projet qui devrait voir le jour dans deux mois, nous allons simplement nous associer avec des partenaires qui ont un savoir-faire en dragage et nous nous allons mettre en place le personnel pour nettoyer le sable et pour le commercialiser. C'est donc un investissement réduit mais très important en terme de diversification. Le deuxième projet que nous étudions, qui est plus petit, est la fabrication du ciment-colle qui est utilisé dans la finition d'immeubles pour coller des carrelages et autres. Nous allons utiliser un brevet et nous servir de nos installations existantes pour commencer à commercialiser ce ciment qui est aujourd'hui totalement importé. C'est un marché nouveau. L'infrastructure existe et il s'agit donc d'une activité marginale qui apportera un complément de revenu. C'est également un moyen d'habituer le consommateur guinéen à des produits plus sophistiqués.

Est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours ?

En fait je ne suis pas du monde du ciment, je viens du monde du pétrole (groupe Shell) où j'ai travaillé pendant 23 ans dans différents pays principalement d'Afrique. Je suis en Guinée depuis 6 mois comme directeur général de Ciments de Guinée. C'est mon premier poste dans l'industrie du ciment.

Quels sont les opportunités d'investissement en Guinée ?

Il y a énormément d'opportunités, il faut que le gouvernement favorise les industriels, parce que ce sont les industries qui créent les emplois et contribuent à lutter contre le chômage et la pauvreté. En effet, le pouvoir d'achat de la population est relativement faible. Cependant, on trouve des gens très motivés et bien formés. J'ai fait plusieurs pays africains, la Guinée avec ses potentialités est à l'aube d'un développement important.

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© World INvestment NEws, 2000.
This is the electronic edition of the special country report on Guinea published in Far Eastern Economic Review (Dow Jones Group)
September 28th 2000 Issue.

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