The Republic of Guinea
from Rags to Riches












Dr. Soriba Cisse, Directeur Général de la Société des Bauxites de Kinda



Interview du

Dr. Soriba Cisse,
Directeur Général

Contact:
B.P. 613, Conakry, Guinea
Tel: (224) 41 38 28
Fax: (224) 41 38 28

27 Avril 2000

Pouvez nous donner un bref aperçu de la SBK, les axes majeurs de son historique et ses objectifs à venir ?

L'office des bauxites de Kindia OBK a été créée grâce à un financement soviétique. Les produits obtenus étaient destinés à rembourser la dette publique de la Guinée envers l'URSS et à financer les importations des biens et des services en provenance de l'Union Soviétique. Le statut de l'OBK, conformément au décret signé en juin 1960, était celui d'un établissement public à vocation non lucrative. De ce fait, vous comprenez que l'OBK était privé d'autonomie puisque sa gestion était décidée au niveau du gouvernement. À l'époque plusieurs ministères se partageaient les responsabilités : le ministère des mines et géologie, le ministère du plan, le ministère des finances et la Banque Centrale. La direction générale n'était donc nullement responsable de la gestion. La politique de la première République était d'employer les jeunes diplômés de l'université et des écoles professionnelles, à cela il faut ajouter les ouvriers employés lors de la construction de l'OBK et qui sont restés dans la société malgré la fin des travaux. Tout ceci a fait que l'OBK employait près de 1800 travailleurs ; donc vous voyez que la rentabilité était difficile. L'exploitation a commencé en 1974 avec des réserves de 44 millions de tonnes de bauxites titrant 48,66% d'alumines et 1,6% de silice grâce à un financement soviétique de 86 millions de roubles. La capacité de production était de 2,5 millions de tonnes en 1976 et 1977, elle a été portée à 3 millions en 1984. Entre 1986 et 1989, un nouveau financement soviétique de 33 millions de roubles a permis la rénovation des installations de production de bauxites. De 1974 à 1992, durée de vie de l'OBK, les résultats sont les suivants : La production est évaluée à 46.668.603 tonnes métriques, les exportation représentent 46.441.171 tonnes, les recettes se chiffrent à 957.704.761,1 $. Comme je vous l'ai annoncé le remboursement de la dette soviétique constituait 56% de la recette et le reste était destiné au financement des services. Avec un prix de vente moyen sur la période de 21$ et un coût de production de 7 $, l'entreprise était théoriquement fortement bénéficiaire. Cependant, le système de troc qui prévalait, c'est-à-dire le paiement de la bauxite par des livraisons de marchandises surfacturées, réduisait considérablement ce bénéfice théorique.

Le passage de l'OBK à la SBK a été fait en novembre 1992, cette création répondait à la volonté du gouvernement de la 2ème République de rentabiliser la société. Elle a commencé à fonctionner le 1er janvier 1993. C'est une société anonyme à participation publique dont le capital est ouvert à la participation privée appartenant à 100% à l'Etat guinéen. La société jouit donc maintenant d'une autonomie financière, il y a une direction générale composée d'un directeur général assisté par un conseiller juridique, un conseiller en gestion et un conseiller militaire. Les services rattachés à la direction générale sont le service informatique, le bureau des projets et enfin le service chargé des relations extérieures et des voyages. Après une étude les directions qui fonctionnent sont : la direction de l'exploitation, la direction des auxiliaires, la direction de la logistique, et la direction administrative et financière. Au 31 décembre 1999 , nous avons un effectif de 1328 personnes dont 36 expatriés, 1248 permanents, et 32 temporaires. Nous avons un conseil d'administration composé de deux membres du ministère de tutelle, le ministère des finances, la banque centrale, le port autonome donc se sont eux qui nous contrôlent. De 1993 à 1999 nous avons produit 11.589.847 tonnes métriques et nous avons exporté 11.622.219 tonnes de bauxites. Nous étions dans un système où on nous a fait comprendre que notre bauxite ne pouvait être traitée à l'usine d'alumine, nous nous sommes fixé un objectif, faire connaître la bauxite de la SBK, c'est ce qui fait que cette année nous avons eux trois clients, nous avons fait une livraison de 2.500.000 tonnes de bauxites. Nous avons envoyé nos échantillons dans différents laboratoires et nous avons eu de bons résultats c'est pourquoi en ce moment les clients se bousculent. Notre situation financière était difficile parce que nous n'avions qu'un seul client, le prix de la bauxite était de 10$ alors que le coût de la production était de 14$ donc plus on produisait plus on subventionnait l'économie. Le contrat a été signé début 1997, ce qui a entraîné des problèmes majeurs dans le secteur de la production car le client ne s'est occupé que de sa bauxite alors que dans le contrat il devait faire des investissements.

A votre avis en combien de temps au maximum la SBK pourra trouver ce financement, quel est votre objectif ?

L'objectif que nous nous sommes fixé à court terme pour cette année 2000 est qu'il nous faut rapidement acquérir deux sondeuses pour pouvoir arrêter la sous-traitance au niveau de la formation parce que cela fait des pertes de revenus. Il nous faut 2 à 4 camions bélaz, ensuite au niveau des concasseurs il faut remplacer au moins une ligne, chercher à acquérir 50 wagons et 2 locomotives. Avec ce matériel nous pourrons exécuter les contrats que nous avons. Nous sommes en train d'introduire une nouvelle technologie de surface mining c'est à dire des installations mobiles, cette fois-ci nous n'aurons pas besoin de forations, ni de concassages, c'est la machine qui fera tout seul et cela va nous faire une production supplémentaire de 50 milles tonnes. Cette production supplémentaire va nous permettre d'honorer dans les meilleures conditions nos contrats actuels. Parce que ce qui est fondamentale, au niveau de la mine de Débélen les réserves sont entrain de s'épuiser, nous avons environ 28 millions, ça c'est la zone de Kindia 1, nous avons aussi la zone de Kindia 2 qui est prospectée qui fait plus de 100 millions de tonnes de bauxites, ça c'est la zone de Balada, Kobéléta, Mendi, Sankeren, c'est pour cela qu'on a besoin de financement, mais à moyen terme il faut nécessairement un financement pour ouvrir le gisement de Balandougou à Débelen. Cela va nous permettre de prolonger la vie de la SBK ne serait-ce que 10 ans parce que là bas nous avons une réserve de 12 millions de tonnes de bauxites à 48%, les études montrent qu'il faut 25 millions $ et là il faut le faire tout de suite parce que l'ouverture de l'accès va nous prendre deux ans. Or notre programme s'étale jusqu'à l'an 2003-2004. Il faut nécessairement que Balandougou entre en jeu c'est pourquoi c'est maintenant qu'il faut trouver ce montant pour pouvoir commencer le travail, après essayer de prospecter les autres gisements pour savoir ce que cela peut représenter pour les bailleurs de fonds.
J'ai remarqué que tous les contrats que vous avez ont été signés avec la Russie, est ce que vous comptez seulement sur elle pour les appels d'offre ?

Vous savez sur le marché de l'aluminium, les grandes sociétés comme ALCAN, ALCOA, chacunes a sa mine qui l'approvisionne donc c'est difficile de trouver des nouvelles sociétés. Nous travaillons sur cette question depuis 1997, nous sommes entrain de forcer la situation, nous avons eu un contrat d'achat avec GLINCOR. Nous cherchons à diversifier mais nous avons un handicap. Nous avons certes beaucoup de clients mais malheureusement quand nous passons un contrat, le client va directement donner ce contrat à NICOLAEV, alors que nous avons nous-même un contrat avec NICOLAEV. La plupart du temps, NICOLAEV se retourne contre nous pour dire que nous avons un contrat avec elle que nous n'exécutons pas et que nous sommes entrain de vendre la bauxite ailleurs. C'est pourquoi je demande à tout client qui se présente devant moi le nom de l'usine qui va traiter notre bauxite. Pour le moment, on ne peut que se contenter de l'usine de NICOLAEV conçue pour traiter notre bauxite et à côté nous avons l'usine de GANJA qui prend environ 400 mille tonnes et l'usine de ZAPARO DJIE qui prend environ 400 à 500 milles tonnes, pour le moment aucune autre usine ne s'est présentée, mais on poursuit l'offensive de notre plan marketing.

S'agissant des investisseurs qui se sont annoncés pendant le symposium minier, il y a eu des personnes qui se sont prononcées pour la SBK, est ce qu'il y a eu des suites ?

Je n'ai pas encore reçu de candidat. Au cours du symposium, j'avais suivi une dame qui s'est présenté, je l'ai contactée. Je lui ai donné ma carte de visite et je lui ai dit que j'étais à sa disposition. Actuellement, je recherche des gens surtout pour financer les réparations de l'usine, cela nous procurerait une bouffée d'oxygène. Il y a la société d'alumine SIBIRSKIS qui déclare avoir le contrôle de 66% de NIKOLAEV, et qui voudrait bien investir à la SBK, elle a amené des spécialistes qui ont passé deux semaines ici. On a fait ensemble un audit technique, géologique et financier, ils sont partis avec les données, et probablement qu'elles ont été traités car ils sont de retour.Ce sont les représentants de SIB-ALUMINE, ce sont eux qui ont gagné aussi le contrat de livraison des équipements en compensation de bauxite. Avec les équipements attendus nous relèverons le niveau de la production.

Quels sont les espoirs, comment voyez-vous l'avenir de la SBK , pensez-vous que si la Guinée avait une usine de transformation, cela pourrait faciliter les choses ?

Imaginez les contrats que nous signons, le client exige les teneurs de base, tantôt 45% d'alumine ou 46%. Si nous avions notre propre fonderie d'aluminium, la transformation se ferait sur place. C'est extrêmement important car cela résoudrait le problème. Les Russes connaissent l'alumine de Kindia, 45% à 46%, silice réactive à 1,02 et la teneur en monohydrate 0,7.

Quel est votre message pour nos lecteurs ?

Je demande aux investisseurs de venir en Guinée, on est en train de sensibiliser le Ministère de la justice sur l'importance de sécuriser davantage les investisseurs parce que c'est extrêmement important Il faut qu'on laisse les gens investir et jouir de leur revenu. J'invite les investisseurs à venir investir surtout à la SBK, car ils trouveront des gens compétents et disposés à collaborer.

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© World INvestment NEws, 2000.
This is the electronic edition of the special country report on Guinea published in Far Eastern Economic Review (Dow Jones Group)
September 28th 2000 Issue.

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