Mauritania: Interview with M. Mohamed Ali Ould Sidi Mohamed

M. Mohamed Ali Ould Sidi Mohamed

Directeur Général (SNIM)

2008-07-09
M. Mohamed Ali Ould Sidi Mohamed

Pouvez-vous nous donner un rapide historique de la SNIM ?

La SNIM a été créée en 1972. Elle a commencé à entreprendre les recherches sous l’ancienne appellation MIFERMA, vers les années 30. Celles-ci seront interrompues durant la guerre mondiale avant de reprendre en 1952. La première tonne destinée à l’exportation remonte à 1963. En 1974, elle a été nationalisée par l’État mauritanien. A l’époque, elle était chargée de définir et de contribuer à la politique minière et industrielle de la Mauritanie. En 1974, elle a pris la succession des activités de la MIFERMA qui avait été nationalisée. La SNIM s’occupe principalement des activités de recherches géologiques, des activités d’exploitation, de traitement, de transport, de commercialisation du minerai de fer.

La SNIM exploite aujourd’hui trois gisements qui sont opérationnels ; le gisement de TO14, M’haoudat et Guelb el Ghaina.

Nous commercialisons nos exploitations sous deux types ; minerai magnétique qui doit être enrichi. C’est Geuelb el Ghaina c'est-à-dire que nous avons aujourd’hui, la particularité en Mauritanie d’être le seul pays au monde à avoir instauré le système d’enrichissement par séparation magnétique. C’est un important projet qui s’appelle le bang commercialisé, depuis 1994 est aujourd’hui 4 millions 7 tonnes de concentrés c'est-à-dire à peu prés 40 % de notre production. La deuxième partie de la production est ce que l’on appelle le minerai hématique c'est-à-dire le minerai naturellement riche dont le total de vente est estimée pour l’année 2008 à 12 millions et demi. Nous avons vendu au 31 décembre 200711 millions 820 000 tonnes qui constitue un record historique en termes de vente au niveau de la société. En dehors donc de la recherche et de l’exploitation, de la commercialisation du minerai de fer, la SNIM diversifie ses activités pour s’intéresser à des secteurs tels que le tourisme, les routes, le transit, la consignation, l’exploitation du gypse. Nous avons au total six filiales qui opèrent dans ces différents secteurs.

Au vu de toute cette évolution quelle est la stratégie de développement de la SNIM ?

La SNIM est une entreprise qui, compte tenu de sa position géographique, a des relations très étroites avec les pays membres du groupe des15.Jusqu’à une date récente, notre production a été essentiellement vendue au niveau de ces pays. Il y a certains nombres de produits que nous essayons de placer dans le marché chinois. A partir de l’année dernière, nous avons connu d’autres diversifications au niveau de la possibilité d’exploiter l’essentiel de notre production au niveau de la Chine. L’année dernière, nous avons vendu un million et quelque pour deux familles de produits phosphère et le produit sil sil.

Nous devons, compte tenu des regroupements, des stratégies, aujourd’hui, nous savons tous que le secteur minier évolue dans un environnement très concurrentiel. La Snim est obligée d’améliorer très sensiblement en se réformant d’une part et de produire le maximum au moindre coût possible pour rester compétitif. D’autre part, de vendre le maximum au meilleur prix également pour augmenter sa productivité. Ce qui est important pour nous c’est de continuer à avoir la confiance des clients. Pour cela, nous devons leur offrir les produits de qualité et de produit au meilleur prix. C’est dans cet esprit et pour répondre donc à cette exigence de qualité que nous avons élaboré un plan de développement stratégique que j’ai appelé PDS autour de six axes stratégiques. Ces six axes constituent, de mon point de vue, la réponse pour permettre à l’entreprise de garantir sa pérennité donc développer les acquis et surtout de pouvoir améliorer sa production donc défendre sa part de marché.

Ces six axes stratégiques sont : l’intensification de la recherche géologique et l’eau. Nous opérons nos gisements miniers sont situés dans une région où il n’y a pas absolument pas d’eau, la région de Tiris Zemmour. Nos réserves minières, minerais riches par rapport aux minerais magnétiques ont besoin d’être booster. Donc, nous avons absolument intérêt à mettre des ressources, une compétence technique qu’il faut pour que la fonction recherche géologique, recherche eau soient renforcées très rapidement. C’est le premier axe de notre intervention.
Le deuxième axe concerne l’augmentation de la production. Nous évoluons dans un environnement très faible à la fois en terme de demande mais également en terme des prix. Notre objectif est d’augmenter notre production à travers l’ouverture de nouveaux projets pour parler plus tard des projets que la SNIM se propose de mettre en place, au cours des cinq prochaines années. Pare que ces projets représentent quand même un investissement de l’ordre d’un million 600 en dehors du projet Guelb. Pour l’augmentation de la production, nous comptons faire un projet Guelb II qui va produire 4 millions de concentrés et également la possibilité pour nous de ré exploiter d’anciennes fosses qui ont été abandonnées par la MIFERMA d’abord et par la SNIM ensuite. Jusqu’à une date récente, il n’était pas facile de faire l’exploitation minière au de la de certaine profondeur. Nous avons aussi aujourd’hui des fosses avec en profondeur de 300 à 400. Or les technologies aujourd’hui et ces équipements disponibles et les compétences techniques permettent d’amener 800 à 700. Donc, nous avons l’idée de revenir voir des fosses fermées pour voir comment nous pouvons extraire quelque chose de 2 à 3 millions renferment des minerais de très bonne qualité. Ce qui va nous permettre, en terme d’augmentation de la production, hors Guelb d’arriver à 20 millions de tonnes. Si on ajoute le projet Guelb, on sera à 27 millions de tonnes transportés par la SNIM. Nous avons 20 millions que nous appartiennent et 7 millions que nous transportons en tant que prestataire pour le projet Guelb.

Le troisième axe concerne l’amélioration de la qualité de nos produits et le développement du partenariat. Nous devons absolument agir, pour améliorer la qualité du service et la qualité des produits c'est-à-dire avoir des produits compétitifs en terme d’offre qualitative de nos différents produits miniers. Nous exportons aujourd’hui des produits miniers. Il faut qu’absolument chacun d’eux puissent répondre à l’atteinte des clients. L’amélioration de la qualité des services passe par la satisfaction de l’attente des bateaux. Nous devons faire face à la satisfaction de nos clients. Nous devons faire tout ce qui est possible pour réduire les délais d’attente des bateaux au niveau du port minéralier. Ce qui exige de nous la disponibilité du produit en provenance de Zouerate pour que chaque fois q’un bateau accoste, qu’il y ait son chargement déjà disponible au niveau du port.

LE quatrième axe est celui du partenariat donc de la diversification géographique. Nous voulons bien garder l’Europe comme client. Parce que cela pourrait bien valoriser nos produits mais nous voulons également nous attaquer à d’autres continents surtout les continent émergeant ou la demande est supportée par une croissance importante en particulier le marché indien et chinois. L’autre axe concerne le développement des ressources humaines. Vous savez qu’aujourd’hui la compétitivité des entreprises des pays est à très forte dose de savoir. Les entreprises jadis ont construit leurs avantages comparatifs surtout sur les mauvais salaires ou sur de mauvaises fonctions de travail, sur l’abondance des matières premières sont des entreprises à, mon avis, dépassées. Aujourd’hui, par les exigences managériales font que, qu’il ne s’agit pas de raisonner en terme de grand pays, en terme de ressources, ni même en terme de populations mais il s’agit d’avoir de petites ou grandes entreprises mais de belles politiques managériales ou de mauvaises politiques managériales. C’est pourquoi la variable de développement des ressources humaines est fondamentale pour que la SNIM continue d’acquérir les meilleurs talents surtout de les garder.

Nous sommes deuxième en Afrique après l’Afrique du Sud et notre part de marché mondial est de 1.

Quels sont vos principaux avantages concurrentiels ?

Par rapport au marché de consommation, nous avons l’avantage de la proximité. Deuxièmement, nous avons l’avantage de la maîtrise de notre outil de travail depuis la partie géologique jusqu’au transport. Nous maîtrisons toute la chaîne. Nous sommes le seul pays producteur de minerai aujourd’hui qui a les compétences avérées en matière d’enrichissement du minerai pauvre. C’est quelque chose d’extraordinaire quant on sait que partout les réserves de minerais riches sont limitées. Il y a des réserves extrêmement importantes dans le minerai pauvre. La capacité de la SNIM à enrichir le minerai pauvre ; l’expérience qu’elle a capitalisée est unique au monde. L’autre avantage est la maîtrise de travail par les mauritaniens. Quand j’ai commencé à travailler dans cette société, très jeune en 1977, il y avait 3000 expatriés aujourd’hui, il n’ y a que 2 à 3 en phase d’aller à la retraite. Avec un plan de mauritanisation structuré, une stratégie de formation, c’est l’appropriation de la technologie et des techniques d’exploitation et de gestion minière qui sont un avantage comparatif très important pour la Mauritanie.

Envisagez vous d’élargir la diffusion de vos produits vers les pays voisins ?

Pour le moment, ce n’est pas quelque chose que nous excluons. Je pense qu’aujourd’hui la demande la plus valorisante est celle qui se trouve en Europe. Jusqu’à une date récente, c’était 97% et 3 % vers l’Algérie, depuis une année on est à 85 % pour l’Europe et 15% pour la Chine. Je pense qu’il n’est pas exclu que s’il y a une demande. Par rapport aux pays voisions, il faut être réaliste, il y a des mines très importantes au Libéria, au Sénégal et en Guinée.

Quels sont les débouchés ?

Dans une compétition, il faut être le meilleur. Il ne s’agit pas d’être avant ou après. Ce sont des concurrents. Nous opérons dans un marché tout a fait identique. Il est certain que notre avantage exclusif d’avoir la proximité de l’Europe sera partagé avec d’autres. Je pense que nous avons l’avantage d’avoir des produits plus compétitifs compte tenu de l’avance que nous avons prise, de la maîtrise de notre outil de travail mais également de la maîtrise de toute la technologie d’exploitation, de la parfaite connaissance du marché européen qui est habitué à nos produits. Dans ce genre de choses, il faut être meilleur et mieux produire

Quelles sont vos relations avec la France ?

La relation France Mauritanie date de très longtemps. Elle s’est distinguée par sa qualité à la fois au plan bilatéral, économique et commercial. Cela est du au fait que des deux cotés, quelque soit les gouvernements, il y une volonté réciproque de préserver ces relations. Au de la de cette volonté politique, il y a des intérêts complémentaires que la France représente un partenaire privilégié pour la Mauritanie d’une manière générale. D’une manière particulière, nous avons, depuis très longtemps comme partenaire des sidérurgistes français, depuis 1963. Nous exportons en France. Nous avons avec eux des relations de clients à fournisseurs. Nous avons des relations avec les bailleurs de fonds à travers les banques. Nous avons également des relations quant au développement des ressources humaines, de consulting. Ces relations sont assez remarquables et sont appelées à se développer.

Comment vous voyez l’avenir du secteur minier ?

Les avis sont partagés ? Beaucoup de conjoncturistes évoquent des difficultés d’ici 2013. Nous avons quelques bonnes années devant nous à la fois pour ne pas avoir de soucis au niveau de la demande. Ce que la SNIM compte faire dans le cadre, c’est de profiter de cette bonne conjecture en améliorant la capacité de production, se moderniser, diversifier à la fois son offre géographique. C’est comme sa que nous avons amorcé l’année dernière avec des résultats déjà importants à la fois en améliorant l’offre que nous avons de par sa qualité, dans son volume.

Pensez-vous que les entreprises privées doivent participer à l’effort du gouvernement dans sa politique de promotion de l’image de la Mauritanie ?

Je pense qu’il faut absolument que s’il y a une convergence, une concertation totale, c’est sur cette question. Dans cet exercice, le rôle de la puissance publique est important et stratégique. Les efforts de l’État sont à la fois éminemment au niveau de l’exécution, de l’accompagnement et du soutien des entreprises. Au bout du compte, c’est l’entreprise qui est le grand bénéficiaire de l’image de marque du pays. Elle peut être négative. Ce qui place l’entreprise au cœur du dispositif de l’amélioration de l’image de marque. Oui, l’entreprise a un rôle d’autant plus légitime à jouer aujourd’hui. Car nous évoluons dans un annuaire où il y q un glissement des responsabilités, l’État aide à faire. Certains rôles relevant de la puissance publique sont délégués à des entreprises compte tenu de la configuration de l’économie, compte tenu de la configuration d mondiale où l’une de ses grandes caractéristiques c’est la reconfiguration des rôles des acteurs. Un État qui aide à faire, les opérateurs économiques ont un rôle important à jouer dans la création et la distribution des richesses.

Les derniers événements ont terni l’image du pays. Y a-t-il eu des impacts au niveau de la SNIM ?

C’est sur ce qui s’est passé est d’autant plus regrettable et inacceptable dans un pays qui n’est pas du tout connu pour être particulièrement dangereux. Les derniers actes sont symboliques. On s’est attaqué à une famille, des enfants et des soldats. Psychologiquement, les attaques ont ciblé une institution qui présente une certaine susceptibilité. Au niveau de la SNIM, ça ne nous a pas affectés.

Mais notre filiale la SOMASERT a été touchée avec l’annulation de plusieurs arrivées. Je regrette cette campagne exagérée qui a été menée contre la Mauritanie.

Pouvez-vous nous donner quelques éléments de votre parcours et un élément particulier de satisfaction ?

Je suis spécialiste de la gestion des ressources humaines ? J’ai travaillé huit ans à la SNIM avant de quitter et de mettre en place le patronat mauritanien dont je suis resté 14 ans président. Je suis à l’origine de la mauritanisation des cadres et des agents de maîtrise. J’ai participé à la mise en place des première structures e formation qui ont servi à la mauritanisation. Je suis heureux de constater que j’ai apporté ma modeste contribution à cet édifice dont on voit les résultats aujourd’hui. J’ai aidé aussi à la restructuration au niveau du patronat de certaines fédérations, de son siège actuel. J’ai quitté en 1995 pour travailler aux nations unies. J’étais directeur régional du BIT 10 ans à Dakar.

Auriez vous un dernier message à l’endroit des investisseurs potentiels ?

Le seul message c’est que le pays renferme un potentiel. Il ne faut pas voir le marché mauritanien à partir de sa taille actuelle en terme de consommation ou en terme de pouvoir d’achat. La Mauritanie est au carrefour de deux régions importantes ; l’Afrique du Nord et celle de l’Ouest. Les pays voisins constituent un marché en pleine expansion. Au niveau de la Mauritanie, il y a une volonté, pas seulement politique, d’attirer les investisseurs par la mise en place d’un code, la refonte du système de cadre macroéconomique. Tout cela constitue un très bon créneau, un cadre pour attirer ces investissements économiques. Il faut le reconnaître. En plus de ça, il faut reconnaître que c’est un pays qui dispose d’énormes ressources (minières, gazières, pêches et pétrole). Il y a donc un potentiel énorme à développer.