Mauritania: Interview with M. Mohamed Kaber Ould Hamoudy

M. Mohamed Kaber Ould Hamoudy

Directeur General (Radio Mauritanie)

2008-07-09
M. Mohamed Kaber Ould Hamoudy

Q : Pouvez-vous nous donner un rapide historique de Radio Mauritanie?

R : Radio Mauritanie a été crée en 1957 et a commencé sa diffusion à partir de Saint Louis du Sénégal, ville dans laquelle siégeait également le gouverneur chargé d’administrer la Mauritanie. L’institution a commencé par une diffusion modeste en utilisant un émetteur de 30 kilowatts ondes courtes, qui assurait une couverture du pays malgré un signal faible surtout le jour et dont la qualité était meilleure la nuit. L’organe a évolué passant du statut d’une petite entité vers celui d’une véritable institution. Il détient aujourd’hui l’essentiel de la mémoire de la République Islamique de Mauritanie pour avoir accompagné l’évolution du pays de l’indépendance, acquise en 1960, à nos jours. Des tentes implantées à Nouakchott sous lesquelles l’indépendance du pays été proclamée jusqu'aux édifices modernes qui composent la ville de Nouakchott actuellement et abritent les institutions du pays.
Radio Mauritanie dispose actuellement d’un réseau de radios locales au nombre de quatre. Elle a deux stations nationales. Une première chaîne qui diffuse 24 heures sur 24. Une deuxième chaîne lancée récemment. Elle diffuse en ondes courtes avec un émetteur de 250 kilowatts qui couvre toute la sous région (Sénégal, Mali, Gambie, Guinée Bissau…) au sein de laquelle on trouve une forte colonie mauritanienne. La radio diffuse également sur les ondes moyennes, sur la FM et par satellite. Les quatre stations régionales sont implantées à Nouadhibou, capitale économique, Rosso, capitale de la région du Trarza (Sud- Ouest dans la vallée du fleuve), à Aleg (capitale de la région du Brakna autre ville du Sud située à une soixantaine de kilomètres du fleuve) et à Barkéol (région de l’Assaba située à l’Est dans une région agricole).

Q : Pouvez-vous nous donner quelques chiffres sur Radio Mauritanie ?

R : Le nombre d’employés permanents est de 268 individus (journalistes, techniciens, informaticiens, administratifs…). Il y a également 179 employés non permanents et collaborateurs. Quand au nombre d’auditeurs, nous n’avons pas d’indicateurs statistiques fiables et précis le concernant. Le système de collecte d’informations dans ce sens n’est pas très développé. Cependant, nous avons la certitude que malgré l’avènement de la télévision et le développement des nouvelles technologies, la radio reste le média le plus suivi, le mieux écouté, le plus accessible aux populations de toutes les catégories (agriculteurs, éleveurs). En fait, c’est le seul média en Mauritanie qui couvre toute l’étendue du territoire national. Des conditions qui ont permis d’acquérir un auditoire fidèle. La réactivité des programmes joue aussi un rôle important dans ce sens. L’essentiel de nos programmes aujourd’hui est réalisé en direct avec la participation des auditeurs de toutes les villes et agglomérations de l’intérieur et celle des mauritaniens de l’extérieur. Le niveau d’implication, de participation et de suivi de ce qui se fait à Radio Mauritanie nous autorise à dire avec certitude que la radio occupe la première place.

Q : La qualité de vos émissions est importante pour vous et l’une d’entre elle a même été primée ?

R : Effectivement la semaine passée un prix au niveau du Maghreb a été décernée à notre institution. La compétition concernait toutes les radios des 5 pays du Maghreb (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie) et l’ensemble de leurs réseaux. Nous avons remporté le premier prix du Micro d’Or. Cela s’est passé en Algérie.

Q : Entretenez-vous des liens avec les entreprises et médias français ?

R : Nous avons un partenariat avec Radio France Internationale (RFI). Cet organe et Radio Monte Carlo (RMC Moyen orient) diffusent leurs programmes sur la bande FM à Nouakchott et Nouadhibou grâce à une collaboration permanente entre nos institutions. Nous avons un contrat de programme et entretenons d’excellentes relations. Radio Mauritanie est aussi membre du CIRTEF aux côtés de RFI. Nous avons des relations de partenaires avec de nombreuses institutions spécialisées dans l’audiovisuel, avec la ferme intention de maintenir, développer et pérenniser ces rapports.

Q : Comment voyez-vous le développement du secteur de l’audiovisuel et le rôle de Radio Mauritanie au sein d’un nouveau paysage marqué par une future explosion des médias privés ?

R : La question est pertinente. Effectivement nous ressentons la nécessité de nous positionner par rapport à la nouvelle donne médiatique, notamment par rapport au nouveau climat de concurrence devant résulter de l’adoption de la loi autorisant les médias audiovisuels privés. Nous avions le monopole dans ce domaine. Cette époque sera bientôt révolue. Il faut noter déjà les radios étrangères diffusant sur les bandes FM. Dans quelques semaines, quelques mois, d’autres radios et télévisions privées mauritaniennes intégreront le paysage médiatique. On se prépare par rapport à tout ça grâce notre expérience, à nos cadres, nous n’avons pas beaucoup de craintes à ce sujet. Nous sommes convaincus d’avoir les moyens d’occuper une position respectable dans le paysage à venir. Nous avons dépassé le stade d’une radio au service exclusif des responsables et faisant leurs éloges pour évoluer vers un statut de service public agissant dans un environnement en mutation. Actuellement, la plupart de nos programmes sont diffusés en direct. Ils accordent toute la place qu’il faut à tous les acteurs politiques de la majorité et de l’opposition, à la société civile. Tous ces arguments étant de nature à nous permettre de rester sur une posture de leader.

Pour cela, nous avons également une stratégie, un ensemble de lignes d’actions à mettre en œuvre, modulables en fonction de l’évolution de cet espace.

Q : Lesquelles ?

R : D’abord une révision des grilles de notre programme pour intégrer l’ensemble des préoccupations de toutes les catégories sociales (jeunes, intellectuels, citadins, ruraux…). La nouvelle grille nous permettra d’être encore plus proche des auditeurs. Nous préparons aussi actuellement un sondage d’opinion pour mesurer le degré d’adaptation de nos programmes par rapport aux attentes des auditeurs. Le troisième volet de notre action concerne la révision des installations techniques Le quatrième volet porte sur la mise en œuvre d’un plan de formation.

Q : Pouvez-vous nous raconter rapidement votre parcours professionnel ?

R : Je suis à l’origine professeur de physique-chimie. J’ai exercé dans l’enseignement, j’ai été conseiller pédagogique et chef de la section physique-chimie, à l’Institut Pédagogique National (IPN) de 1987 à 1996. A ce titre, j’ai participé à l’élaboration de l’ensemble des ouvrages pédagogiques en la matière. Par la suite j’ai été directeur d’un établissement de formation professionnel, le lycée commercial (formation spécialisée dans le tertiaire : comptabilité, gestion, informatique, bureautique…).Parallèlement à cela, j’ai exercé des responsabilités dans le domaine de la communication, notamment au niveau de certains partis politiques. Cela a peut être contribué au fait que je me retrouve bien dans mes habits de Directeur Général de Radio Mauritanie bien que n’ayant pas suivi une formation dans une école de journalisme.