Togo: Interview with Martin Tiléna Kougnima

Martin Tiléna Kougnima

Directeur Général (TdE)

2014-11-11
Martin Tiléna Kougnima

Il se dit un peu partout que c’est la décennie.  Pensez-vous que l’Afrique a tout ce qu’il faut pour prendre son destin en main ?

Je dirai oui, parce que voilà plus de cinquante ans que la plupart des pats africains ont obtenu leur indépendance. Nous avons acquis pas mal d’expériences. Nous avons vu évoluer le monde. Et aujourd’hui, je pense que l’Afrique a les moyens de faire sa politique et son développement. Elle peut projeter, elle est capable de gérer son économie, et de décoller.

 

Et comment évaluez-vous le rôle du Togo dans la sous-région ?

Le Togo joue un rôle important dans la sous-région ouest-africaine. Le pays est un carrefour économique, parce qu’il y a des pays sahéliens qui viennent s’approvisionner à notre port. Nous avons aussi un axe routier très dynamique. C’est un carrefour économique qui est appelé à jouer un rôle très important, et qui le joue si bien déjà.

En outre, le Togo est un pays accueillant, et hospitalier.

 

Votre société opère dans un secteur très indispensable. Pouvez-vous nous en faire un bilan des dernières années, avec ses forces et faiblesses ?

Je vais commencer par l’importance de l’eau. La TdE est présente dans toutes les agglomérations du Togo. L’eau est un élément vital pour l’homme. C’est un domaine très sensible. Nous faisons tout pour que la majorité de personnes puissent avoir accès à l’eau potable, une eau de qualité. Nous nous efforçons à faire face à tous les défis.

En termes de potentiel, nous couvrons l’ensemble du pays. Nous ne faisons pas l’hydraulique villageoise. Nous couvrons une grande partie de la population togolaise.

Mobiliser l’eau et la distribuer, demande des investissements très lourds. Quel que soit le pouvoir d’achat du citoyen, il faut qu’il ait de l’eau potable à disposition. C’est pourquoi nous avons des tranches de vente appelées tranches sociales. Je dois dire qu’à l’heure actuelle, compte tenu de son importance, nous vendons l’eau à bas prix. Le prix de revient du m3 d’eau revient à 650F CFA, mais nous vendons en moyenne le m3 à 350 F CFA. La tranche la plus élevée est autour de 450 FCFA. Même quand vous consommez beaucoup, la tranche la plus élevée ne couvre pas le prix de revient de l’eau. C’est pour dire que nous avons un souci social. Le volet social nous est très important.

Comment faire pour que le taux de desserte puisse être plus élevé, de façon à ce que tout citoyen puisse avoir de l’eau à disposition ? C’est l’une des faiblesses, et pour y arriver, cela nécessite beaucoup d’investissements. Ces faiblesses ne sont pas négligées. Elles sont prises en compte par le gouvernement. Aujourd’hui, il y a des projets en cours pour mobiliser une plus grande quantité d’eau potable pour que le taux de desserte puisse être le plus élevé que possible.

Il y a deux ans que l’Etat a fait une grande réforme, pour séparer le patrimoine de l’exploitation. La TdE est la société d’exploitation. Le patrimoine est appelé à chercher des fonds. Le gouvernement ne baisse pas les bras.

 

Est-ce vrai qu’un nouveau cadre juridique est en train d’être finalisé ?

Oui, nous sommes en train de finaliser les dernières étapes.

 

Un accord de financement a été signé récemment entre le ministère de l’Economie et des Finances et la BIDC dans le cadre de l’hydraulique villageoise. Quel impact cela pourra-t-il avoir sur la couverture en eau potable ?

La TdE n’est pas concernée par l’hydraulique villageoise. C’est un domaine couvert par une direction au ministère de l’Equipement rural. Ce n’est pas notre domaine d’intervention.

Toutefois, ça nous concerne indirectement.

 

Quelques chiffres clés de la TdE ?

Nous avons environ 700 employés. La prévision en eau tourne autour de 21.000.000 m3 par an, et notre chiffre d’affaires tourne autour de 5 milliards FCFA. Une consommation d’environ 7.000.000 m3 par an. Le rendement au-delà du réseau tourne autour de 116.000 par an. Le nombre d’abonnés par an est estimé à 2000 en moyenne par an.

 

Quelle est votre plus grande satisfaction depuis que vous êtes à la tête de la TdE ?

C’est d’abord le personnel, parce que nous avons eu à traverser beaucoup de difficultés. On sent que les choses commencent à bouger.

Ma deuxième satisfaction, c’est surtout la clientèle. C’est grâce à eux que nous vivons. Nous sommes là pour les servir.

Le défi est toujours lié au personnel, parce que je veux améliorer les conditions de vie du personnel. C’est le grand défi que je veux relever.

Je voudrais que tout le monde ait de l’eau en quantité et en qualité suffisantes.

 

Un message aux investisseurs internationaux  qui souhaitent s’installer au Togo ?

Nous leur demandons de venir dans notre pays, et d’investir dans l’eau, de se rapprocher de la TdE, de ce secteur riche et rentable. C’est un vibrant appel à eux pour qu’il s’intéresse à notre société, parce qu’il nous faut beaucoup de moyens financiers. Nous sommes là pour les accueillir.