Togo: Interview with Sylvain Atoute A. Outchantcha

Sylvain Atoute A. Outchantcha

Directeur Général (SAFER)

2015-03-04
Sylvain Atoute A. Outchantcha

Nous écoutons beaucoup sur la scène internationale que c’est la décennie de l’Afrique. En effet, nous assistons à une grande croissance économique sur le continent africain comparé aux crises économiques qui secouent les pays européens et le manque de stabilité au Moyen Orient. Pensez-vous que l’Afrique a tout ce qu’il faut pour prendre son destin en main ? Comment évaluez-vous le rôle actuel du Togo en Afrique de l’ouest?

 

Nous pensons que l’Afrique regorge des ressources nécessaires pour pouvoir se développer. Mais, encore faudrait t’il que l’Afrique et les décideurs Africains se serrent les coudes pour pouvoir réellement harmoniser les politiques de développement.

 

Le Togo vient de loin et nous avons la chance d’avoir un jeune président qui connait le secteur des affaires et qui est déterminé à conduire le Togo vers un développement certain et durable. Le Togo dispose d’une vision qui est devenue progressivement complète depuis qu’elle a été mise en œuvre. Il s’agit de créer les bases endogènes du développement au Togo.

 

La première, et qui est fondamentale aujourd’hui, concerne les infrastructures routières car il s’agit de quelque chose de tangible. En ce sens, le Togo a fait un réel bond en avant.  Le Togo s’est engagé pour le développement des infrastructures et le développement social. Nous avons un problème d’emploi et plusieurs programmes et actions sont engagés pour offrir du travail aux jeunes sans emploi, notamment le programme de volontariat (PROVONAT) qui a recruté déjà plus de 10 000 jeunes.

 

L’autre atout fondamental, c’est la stabilité politique que le pays s’est engagé à préserver à jamais. Parce que sans la stabilité politique, on ne peut pas espérer un développement quelconque. Il y a une paix visible sur l’ensemble du territoire et vous constaterez que le président a libéralisé totalement l’expression individuelle et collective à travers tout le pays. Ce qui fait qu’aujourd’hui il ya un nombre important de radios privées et aussi de chaines de télévision où l’expression est libre et contradictoire. Le gouvernement s’implique au quotidien pour faire en sorte que le Togo soit bâtit par l’ensemble des Togolais. De manière générale c’est ce qu’on peut dire aujourd’hui sur le Togo.

 

La SAFER (Société Autonome de Financement de l’Entretien Routier) a été chargée en  mars 2012 de mobiliser les fonds de remplacement comme le faisait à l’époque le FER (Fond d’Entretien Routier). De quelle façon, ce remplacement a-t-il amélioré le développement et l’entretien des infrastructures routières ?

 

La SAFER a été créée en 2012, en 2013 nous avons connu une année d’opérationnalisation de la  nouvelle société et c’est fondamentalement en 2014 que nous avons commencé à opérer. La SAFER s’est appuyée sur les acquis de CAPER, la Compagnie Autonome de Péage et de l’Entretien Routier qui avait remplacé le premier Fond d’Entretien Routier, le FER. Les acquis et donc le patrimoine étaient conservés, ce qui fait qu’aujourd’hui la SAFER n’est pas totalement  une société naissante.

 

La mission de la SAFER porte sur :

 

-    La mobilisation des ressources nécessaires à l’entretien routier ;

-    Le financement des travaux d’entretiens routiers.

 

Les travaux d’entretiens routiers s’appliquent à l’ensemble du réseau routier, c'est-à-dire les routes revêtues et non revêtues ainsi que les pistes rurales.

 

Notre société est la seule agence chargée de mobiliser les ressources et de financer l’entretien de l’ensemble du réseau routier togolais.

 

Comment faites-vous pour mobiliser les fonds ?

 

Nous avons deux sources de revenus. La première source et la plus importante provient des droits d’accises sur les produits pétroliers. Ce sont des taxes que l’Etat dispose sur les produits pétroliers, une partie est destinée à l’entretien routier et est reversée directement sur le compte de la SAFER. La deuxième source qui n’est pas des moindres concerne l’exploitation des péages. Nous comptons actuellement à travers le pays quatre postes de péages.

 

Quel est l’investissement annuel dévolu à la maintenance des routes ?

 

Un peu plus de douze milliards, ce qui doit faire 18 millions d’euros.

 

Est-ce que ce budget évolue tous les ans ou est-il fixe ?

 

Il évolue un peu plus chaque année.

A la sortie de la crise avec la dissolution du FER,  le réseau routier était profondément dégradé. Avec la création de la CAPER puis ensuite de la SAFER, nous connaissons aujourd’hui un niveau acceptable de l’état de nos routes. Maintenant, il y a un grand réseau qui s’ajoute, celui des routes construites et nous devons faire en sorte que nous puissions maitriser le financement de l’entretien pour permettre à ces routes de connaître une durabilité certaine.

 

Quelles sont vos perspectives pour le futur ?

 

Pour  la mobilisation des ressources, le Gouvernement nous autorise à explorer d’autres sources de mobilisation en interne. De cette manière, nous aurons une enveloppe consistante pour couvrir l’ensemble des besoins de l’entretien routier.

 Parallèlement, nous sommes en train de préparer la relance du cantonnage au Togo. Le cantonnage est un entretien manuel surtout des pistes rurales réalisé par les communautés. Lorsqu’une piste rurale ou une route non revêtue traverse une communauté, et que la communauté s’organise, nous pouvons les aider financièrement  afin d’entretenir cette route de manière permanente. Car ce sont les routes qui permettent d’accéder à des zones de production et également à l’évacuation des produits agricoles.  

 

Une petite question concernant notre guide qui s’adresse aux investisseurs potentiels dans la région de l’Afrique de l’ouest et principalement au Togo. Avez-vous une stratégie de communications pour expliquer aux investisseurs que tout est mis en place pour développer les infrastructures routières ?

 

Comme avec vous aujourd’hui, nous accueillons des visites des agences de communication, nous prévoyons un budget pour s’assurer une présence dans des documents de communication. Dans la culture togolaise, le préalable est de bien accomplir sa mission et de s’assurer que les résultats satisfont le peuple avant de s’attarder à les rendre visibles.

 Avant, l’état du réseau était tellement mauvais qu’il fallait se consacrer uniquement au travail, aux actions concrètes dans la mise en bon état d’utilisation de ce réseau avant d’y communiquer avec foi.

 Aujourd’hui, et après tout ce que la SAFER a accompli, nous sommes en mesure de pouvoir communiquer au niveau local et international sur nos actions et nos projets.

 

Quel message enverrez-vous aux investisseurs internationaux qui souhaiteraient investir au Togo?

 

Le Togo d’aujourd’hui est un jeune Etat flamboyant et serein.

Beaucoup de réformes et de programmes de développement socio-économique sont réalisés ou en cours de réalisation et devraient transformer le Togo en un pays émergent dans les années à venir. Tous les secteurs sont viables et même vierges, c’est- à dire qu’il y a encore beaucoup à faire dans l’ensemble des secteurs.

Le guichet unique et les programmes de réforme de la justice pour ne citer que deux exemples, facilitent et devraient rassurer les investisseurs à venir investir au Togo.