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Mr. ARSLAN CHIKHAOUI Executive Director Transactions Nord-Sud

Interview Realisee avec
Monsieur ARSLAN CHIKHAOUI


Executive Director Transactions Nord-Sud

Nominé en 1999 parmi les 100 Global Leaders for Tomorrow au sommet de Davos, Arslan Chikhaoui a ainsi intégré le cercle restreint des hommes d'influence à l'échelle mondiale. Conférencier à l'Institut Français des Relations Internationales, à l'Institut Japonais d'Etudes du Moyen Orient et à l'université de MYONG JI de Séoul, il a réalisé de nombreux travaux et essais portant notamment sur la politique euro-meditéranéenne, sur la doctrine du lobbying, sur la privatisation en Algérie et sur les répercussions politiques, économiques et sociales du conflit du Sahara occidental.

Monsieur Chikhaoui, nous venons d'assister à des élections législatives très contestées en Algérie, pouvez-vous nous en commenter les premiers résultats ?

Il est vrai que les élections se sont tenu sur un fond de crise dans la région de Kabyle et avec un taux d'absentéisme qui avoisine les 60%, ce qui denote un désintérêt de la population à la " chose " politique, dût à leur propres précocupation économique et sociales. Toutefois mes premières appréciations, à chaud, des résultats m'amène à un constat positif. Le retour du FLN, au sein de l'assemblée, dénote tout simplement la reconquête, sur le plan politique, de l'espace qu'il avait perdu sur l'échiquier en 1991, avec à l'époque une prépondérance de la nébuleuse islamiste.

Même si le FLN symbolise aux yeux de la jeune génération, représentant environ 80% de la population, un système autocratique longtemps en vigueur en Algérie, il est incontestable, aujourd'hui, que le fait qu'il obtienne une majorité écrasante, ce qui dénote un recul de la mouvance islamiste et un rejet de l'idéologie theocratique, n'aura aucun effet négatif sur le processus de transformation économique. C'est sur le plan politique que nous assisterons probablement à des confrontations, mais c'est cela le jeu démocratique. Il reste cependant aux démocrates à adopter une nouvelle démarche.

L'Algérie s'est définitivement engagée sur la voie du changement, comment évaluez-vous les dernières années avec la libéralisation et l'ouverture économique?

Depuis 1989, l'Algérie a engagé un processus de transformation politique et économique, qui était incontournable et qui est devenu aujourd'hui irréversible. Sur le plan macro-économique les reformes ont été positives. En comparaison avec les 5 dernières années, le taux d'inflation a diminué et le taux de croissance a augmenté, même si le taux de chômage a également augmenté.

C'est sur le plan micro-économique que la question reste posée. Les résultats aujourd'hui sont insatisfaisants dans le cadre du processus de privatisation, le cadre de la refonte du corpus législatif et réglementaire, la modernisation de l'environnement économique et dans les reformes que doit entreprendre le système judiciaire algérien. Cela ne veut pas dire que l'Algérie n'a pas engagé ce type de reformes. Le seul problème est qu'il persiste certaines résistances au changement, soit au niveau des centres de décision, ou même au niveau de la société algérienne. Elles sont volontaires et involontaires. Il reste la manière de conduire ces reformes qui est à traiter.

Le processus de privatisation a été engagé il y déjà deux ans, cependant les accords tardent à se concrétiser. Selon vous, quelle est la raison de ce retard dans la privatisation de certaines grandes entreprises?

La volonté y est mais pas le courage politique. L'Algérie ne s'est pas encore remise du choc de ces 10 dernières années. Comment donc concilier la demande sociale liée à ce processus de privatisation. Les entreprises viables ne peuvent être privatisées sans des compressions de personnel. Nous devons tourner autour de 900 000 personnes qui ont été compressées durant ces 10 dernières années par rapport à des entreprises qui ont été complètement liquidées. Toutefois, je reste optimiste quant au lancement très proche d'une première vague d'entreprises à privatiser. Depuis quelque temps, nous avons annoncé que toutes les entreprises sont ouvertes à la privatisation à l'exception des hydrocarbures. Je suis pour la privatisation ou l'ouverture du capital des hydrocarbures, mais en denier ressort.

Je propose aux autorités et pouvoirs publiques algériens d'être plus clair dans la conduite du processus de privatisation. Je suis sur qu'il y a beaucoup de preneurs potentiels intéressés par le marché algérien et par la future intégration de l'Algérie au processus de globalisation.

Vous nous mentionnez le processus de globalisation de l'économie. Dans ce cadre, quelle est la politique de l'Algérie aujourd'hui?


Il est inconcevable que l'Algérie vive en marge de tout cela et en autarcie. Elle a démontré, notamment par la signature de l'accord d'association avec l'Union Européenne, qu'elle adhère à un processus d'intégration à l'échelle mondiale. Dans quelques jours, va se tenir le sommet des chefs d'Etats de l'Union du Maghreb Arabe, ce qui va montrer que l'Algérie a une volonté de créer un espace de libre échange en Afrique du Nord d'abord, en Méditerranée ensuite, et en troisième lieu la zone d'échange avec l'Europe.

Cela n'implique pas seulement le politique mais également l'économique, car l'intégration va permettre à l'Algérie de développer un environnement compétitif, de stimuler ses entrepreneurs privés qui se trouvent aujourd'hui en train d'évoluer dans un système, voire un marché, encore protégé. Il s'agit de changer les comportements non seulement du gouvernant mais également du gouverné. C'est à travers ce processus d'intégration que nous irons inévitablement vers un nouveau modèle de gouvernance.

A travers les commentaires que nous avons pu recueillir, le terme de " changement des mentalités " est une constante, pouvez-vous nous commenter ce phénomène?

Un changement de mentalité, à l'échelle d'un pays, demande du temps, beaucoup d'efforts et surtout de la conviction. Je peux vous assurer qu'entre 1992 et 2002 il y a eu un grand changement dans les mentalités, qui n'est pas suffisant certes, mais qui se fait doucement et sûrement. Je suis optimiste. La population est jeune, donc cela est faisable mais il faut du temps. Il faut une participation de la nouvelle génération dans la conception et la prise de décision tant sur le plan politique, qu'économique, c'est-à-dire impliquer de manière plus concrète cette nouvelle génération.

On parle souvent de l'Algérie comme d'un carrefour entre l'Europe, l'Afrique, et le monde Arabe. Quelles sont vos visions quant à la position géostratégique qu'occupe l'Algérie?

La position géostratégique de l'Algérie seule ne suffit pas, si elle n'est pas intégrée dans une sous-région et s'il n'y a pas la mise en place d'une zone de libre échange sans contraintes et sans barrières. Cependant, il est indéniable que l'axe Afrique du Sud- Nigeria- Algérie est un axe stratégique et privilégié dans le cadre de la recomposition géopolitique du monde qui est en cours de formation.

Vous êtes également un entrepreneur, pouvez-vous nous parler de l'historique de votre entreprise " Transactions Nord - Sud " et de sa mission ?

L'appellation du cabinet Nord-Sud est liée à la relation du nord avec le sud dans un sens vertical. Je me suis dit un jour en 1993 que ce dont avait besoin ce pays était de conseils, mais pas donnés par des entreprises étrangères avec lesquelles nous avons dépensé des millions de dollars. J'ai donc décidé de vendre des idées à des acteurs aussi bien économiques, que politiques qui en avaient besoin.

Ses missions sont de prodiguer des conseils dans le domaine économique et politique. Nous proposons une gamme de services, notamment en Market Services, des études stratégiques par pays, des investigations commerciales, du marketing politique, ainsi que des conseils sur le plan politique et social. Nous avons commencé par des interventions purement domestiques et depuis 2 ans, nous fournissons de la consultation à l'échelle internationale, c'est-à-dire à l'étranger. Nous avons crée un centre de lobbying, dont le siège social est à Bruxelles, pour permettre à nos décideurs d'avoir un instrument de lobbying au niveau de l'Europe.

Pouvez-vous également partager avec nous votre parcours professionnel ainsi que votre plus grande satisfaction?

Je suis diplômé en sciences politiques et relations internationales et en économie et je suis également formé dans les questions stratégiques au FSI - FOREIGN SERVICE INSTITUTE. J'ai une carrière d'environ 20 années, depuis 1982. Au début, j'ai été administrateur et coordinateur de projets d'aide au développement, notamment initiés conjointement ou individuellement par la Banque Mondiale, le Fond Monétaire International, l'USAID et JOHN HOPKINS UNIVERSITY. En 1990-1991, je suis devenu analyste-conseiller à l'Institut des Etudes Stratégiques Globales sur les questions de politiques étrangères. Depuis 1993, je dirige un cabinet conseil spécialisé dans les questions stratégiques qui englobent l'économique, le politique et le marketing.

Pour ce qui est de la satisfaction, je considère qu'en me lançant dans le secteur privé, notamment dans l'expertise et le conseil stratégiques, pendant que mon pays traversait une phase très difficile, j'ai contribué à la construction d'une nouvelle société civile qui répondra au nouveau comportement international.

Quel serait le message final que vous aimeriez adresser aux investisseurs intéressés par le marché algérien?

L'environnement économique n'est pas totalement modernisé, mais il y a de très grandes opportunités. Il faut faire avec ces contraintes, car le pays est vierge. L'investisseur a tout à gagner à condition qu'il n'attende pas que cet environnement se transforme avant de s'investir. Cela pourra se faire grâce à lui. Certains sont déjà là, car ils l'o

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