Ma première question serait de vous demander de nous présenter Pepsi Algérie et aussi, plus largement, le groupe familial auquel vous appartenez en nous présentant son historique, ses métiers et ses activités.
Pour ce qui est d'abord du groupe Mehri, celui-ci est constitué de plus de 30 entreprises touchant plusieurs domaines tels que l'industrie agroalimentaire, l'agriculture, l'hôtellerie, les services de téléphonie l'informatique, etc
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En ce qui concerne ABC Pepsi Cola Algérie, le démarrage de cette société a eu lieu le 6 juin 1998. Depuis cette date, cette entreprise a marque de son empreinte le marché de la boisson gazeuse de qualité en Algérie où elle est présente sur l'ensemble du territoire algérien.
ABC Pepsi dispose de deux usines, la première à Rouiba située à 20km de la capitale, la seconde à Setif dans l'Est du pays, auxquelles il faut ajouter 6 centres de distribution répartis à travers tout le territoire national: Alger, Oran, Annaba, Setif, Ouargla et El Oued.
Donc, vous êtes à la fois producteur et distributeur de la marque Pepsi Cola en Algérie ?
Tout à fait, nous sommes l'embouteilleur de Pepsi Cola en Algérie, notre présence se fait d'une part par ABC à travers la distribution directe dans les grands centres grâce à des moyens matériels et humains importants ; plus de 220 camions et plus de 600 personnes sont chargés de mettre à la disposition des clients le produit Pepsi Cola, dans les meilleures conditions de vente.
D'autre part, ABC Pepsi est également présente à travers le réseau de dépositaires exclusifs dont le nombre avoisine la trentaine est dont le champs d'activité s'étend sur l'ensemble du territoire. Le troisième réseau s'appuie quant à lui sur les grossistes dont les principaux produits qui sont mis à leur disposition par ABC pour la vente sont le PET, les canettes et l'emballage non retournable.
Quels sont les produits que vous distribuez ?
Les produits distribués par ABC sont le Pepsi, le Seven UP, la gamme Mirinda avec les principaux parfums, tels que le Mirinda Orange, le Mirinda lemon, le Mirinda pomme.
En projet à très court terme ABC mettra sur le marché le Pepsi Light et le Mirinda Exotic.
Juste une précision sur votre statut. Vous êtes franchisés de Pepsi, mais êtes une filiale d'un groupe familial ?
C'est vrai, tout en étant une entreprise du groupe Mehri, ABC est une SARL avec un capital de 1 500 000 000 DA entièrement familial.
Concernant la franchise, ABC est une société de droit Algérien qui produit la marque mondialement connue Pepsi Cola.
Sur la bière, il y'a également la bière " Tango " ?
Il y a moins d'une année a été construite une unité de production de bière mitoyenne d'ABC. Celle-ci produit: - La bière rouge " Tango " - La bière bleue " Tango " Et la toute dernière appelée " Tango Samba "
La société Tango fabrique également une bière sous licence Stella Artois. Ces bières sont fabriquées en bouteilles retournables, jetables en fûts pression et en canettes.
En ce qui concerne ces trois axes: agroalimentaire, bière, huiles, y a t-il un quatrième ?
Oui, il y a beaucoup de projets en cours de gestation, et en particulier deux projets sont déjà à un stade très avancé. Il s'agit de l'usine d'huile avec le groupe Saoudien SAVOLA et une usine de lait et dérivés qui doit être construite dans les environs d'Alger.
Et vous-même, vous avez des responsabilités opérationnelles au sein du groupe où vous vous occupez exclusivement de Pepsi ?
En plus de la présidence de ABC Pepsi, je gère trois autres affaires liées au développement du business.
Pour que nos lecteurs aient une idée en termes d'ordre de grandeur, pouvez-vous nous donner un chiffre significatif ?
Le chiffre le plus révélateur est le nombre de personnes employées directement par le groupe et qui tourne autour de 7000 travailleurs.
Pour revenir sur Pepsi Cola, vous avez un concurrent qui est Coca Cola, implanté depuis 1995 en Algérie. En termes de capacités de production, j'ai des chiffres pour Coca Cola: 240 000 litres / jour. Produisez-vous la même quantité. En termes de parts de marché comment se passe la bataille ?
Les parts de marché sont sensiblement identiques entre Pepsi et Coca. Pour notre part, nous considérons qu'avec cette compagnie nous avons apporté un plus en terme de qualité du produit. Ce qui n'est pas le cas d'un nombre important de bibrints qui sont au fait des limonadiers locaux très limitée en moyens et qui offrent des boissons à très bas prix.
Pourriez-vous nous donner une ou deux marques ?
Tout dépend, si l'on considère que l'Algérie est un grand continent, il y a un marché du Centre, de l'Est et de l'Ouest. Si on doit prendre en considération ces bibrints, chaque ville a ses limonadiers locaux à l'Est par exemple, il y a Mami et son groupe, au Centre, il y a Hamoud et à l'Est, il y a toute une panoplie. Aujourd'hui, nous essayons de voir comment lutter contre ces bibrints.
En ce qui concerne Pepsi ou Coca , nous avons la même philosophie et la même politique. D'une part, nous sommes botteler de grandes firmes américaines, où le concentré est payé très cher et nous sommes tenus d'avoir une qualité. D'autre part, nous avons aussi un programme de marketing très agressif.
A titre d'exemple, nous avons mis en place un réseau de distribution assez important et lourd ; pour ABC Pepsi uniquement, il y a 30 000 frigos placés auprès de nos différents points de vente et une flotte de plus de 220 camions. Ceci pour vous dire que nous avons une entreprise assez lourde, aussi bien par la qualité du produit que par la distribution.
Aujourd'hui, le pouvoir d'achat est très faible. Le consommateur est très sensible au prix et devient de plus en plus exigeant. Le coût est déterminant, ce qui nous amène à essayer de trouver un moyen de satisfaire le consommateur. Ce que nous étudions plus sérieusement et d'une manière plus approfondie est comment arriver à faire une limonade de qualité et à la portée du consommateur.
| Vous avez une campagne de communication importante. Par exemple, vous avez Bilal que l'on voit partout ?
Tout à fait. Mis à part le programme de distribution de produits de qualité, nous avons un programme de promotion assez agressif, basé sur une politique de communication par un rapprochement de Pepsi et de ses consommateurs conjuguée à une meilleure adaptation des besoins par des touches d'authentification purement algériennes.
L' opération BILAL n'est qu'une des nombreuses promotions que nous réalisons tout au long de l'année et c'est également une première en matière d'adaptation de nos opérations de publicité au marché Algérien par des événements locaux.
Le coût de nos opérations de Marketing se chiffre à plusieurs millions de $ l'an.
Quel est le cahier de charges de qualité imposé par Pepsi ?
C'est un ensemble ; il y a les Royalties que nous versons à nos partenaires, il y a la qualité du produit qui prime sur tout le reste, il y a les promotions que nous mettons en place, les audits à la vente. Tout cela coûte de l'argent et il faut récupérer des bénéfices quelque part.
Actuellement, nous négocions avec nos partenaires pour trouver un terrain d'entente sur la question " comment avoir un boisson avec un coût de concentré moindre ? " , afin que le consommateur qui a un très faible pouvoir d'achat puisse acheter notre produit.
Lorsque vous parlez de partenaire, je rebondis un peu sur des logiques, exportation, partenariat, vous parliez de vision tout à l'heure. Quelle est la vision que vous avez pour votre groupe, pour Pepsi ? Quelle est la stratégie et quelles sont vos ambitions en Algérie ou au-delà, pour les prochaines années, afin de donner les directions que vous imprimez à l'entreprise et au groupe ?
Le travail que nous avons effectué pendant 4 ans et demi est un travail exceptionnel, arriver à dépasser le cap de 20 millions de caisses en trois ans. C'est quelque chose d'important qui a d'ailleurs valu à notre entreprise le premier prix du meilleur embouteilleur Pepsi au monde , ce qui est une distinction exceptionnelle qu'i va falloir maintenir et renforcer l'avenir.
Comptez-vous rester sur le marché algérien ou avez-vous d'autres ambitions en dehors de l'Algérie ?
Tout d'abord, il faut maîtriser le marché algérien. Pepsi ne distribue plus en Afrique du Nord, mis à part en Egypte. Elle a perdu les marchés de la Tunisie et du Maroc. Aujourd'hui, nous voulons maintenir nos parts de marché et les renforcer, ainsi que renforcer notre position.
A l'époque, en 1996, il y avait des centaines d'emboutisseurs. Ils ont été éliminés et, actuellement, il ne reste plus que Coca et Hamoud Boualem au centre et 3 ou 4 à l'Est. Si nous arrivons à nous maintenir et renforcer nos positions, ce serait déjà un grand travail.
Notre ambition est d'augmenter nos parts du marché en offrant un meilleur service et un meilleur produit.
Au niveau du groupe lui-même, vous nous parliez de cette place de marché moyen à laquelle vous allez participer avec les Canadiens. Est-ce votre groupe serait intéressé pour se faire connaître et vendre ses produits à l'étranger ?
Nous nous sommes un peu diversifiés. En ce qui concerne la politique du groupe, ce serait d'avoir pour partenaires des sociétés multinationales. C'est pour cela que notre groupe a investi dans différents domaines, l'agroalimentaire, l'agriculture et l'hôtellerie, ainsi qu'une série de petits services. - Dans le domaine de l'agroalimentaire, nous sommes liés avec " Pepsi " dans les boissons gazeuses, avec " Stella Artois " dans les bières et avec " Savola " dans les huiles. Nous sommes en discussion avec certains partenaires en ce qui concerne les produits laitiers.
- Dans le domaine de l'agriculture, nous avons un domaine très important de 16 000 hectares à El Hajira, entre Tougourt et Ouargla où nous produisons principalement des céréales (blé dur, blé tendre, orge, maïs ). Nous travaillons en collaboration avec une société canadienne pour la recherche, le développement et la commercialisation des semences.
Nous avons également à El Oued , une plantation de 25 000 palmiers, où nous avons installé sur place une unité de conditionnement de dattes.
- Dans le domaine de l'hôtellerie, nous avons un complexe à El Oued et actuellement, nous construisons un complexe hôtelier à Oran et nous sommes en négociation avec le groupe " Accor "
- Quant au troisième axe qui est une multitude de petits services, je vous citerais les entreprises de communications. Nous sommes les représentants d' " Ericson " en Algérie. Nous possédons des grandes surfaces, des sociétés d'importation et véhicules, etc.
L'Algérie se trouve à une heure d'avion de la France donc de l'Europe. C'est un pays émergent pour tout investisseur. Nous nous préparons à la privatisation. L'Algérie est un grand pays, un continent, un des pays les plus riches d'Afrique. C'est l'un des pays les plus industrialisés après l'Afrique du Sud. Elle traverse, aujourd'hui, une autre phase de mutation qui passera du public au privé et c'est pour cela que notre groupe se positionne pour cette grande mutation: il faut être prêt.
Une question plus personnelle. Nos lecteurs aiment connaître le parcours des interviewés. Quel a été le votre ?
Après des études secondaires à Rosay en Suisse, j'ai étudié à l'université de Richmond, en Angleterre, le droit international des affaires. Pendant mes études, j'ai travaillé au Crédit du nord, j'ai fait des stages à la bourse et à l'école Schmidt, ainsi que quelques stages chez Mercedes de Stuttgart. Puis je suis rentré.
Mais encore une fois, l'Algérie est une grande école. Cela fait dix ans que je suis ici et j'y ai beaucoup appris.
Un message final aux investisseurs qui voudraient s'installer en Algérie ?
J'ai vu la pléiade de personnalités que vous avez rencontrées. Ils vous ont donné toute l'orientation et les programmes. La plus difficile est derrière nous.
Aujourd'hui, l'Algérie est prête à se lancer dans ce vaste programme de privatisation. C'est un grand marché de 32 millions d'habitants et, si nous considérons le Maghreb, c'est 100 millions d'habitants. C'est l'un des chantiers les plus importants dans le domaine pétrolier. Si l'on doit reconsidérer l'Algérie, c'est l'Egypte des année 80 et c'est le lien de la Méditerranée, où tout est à faire. |