Pouvez-vous nous présenter l'historique de votre entreprise, votre évolution et vos principales activités?
L’EGSA-Oran est une entreprise à caractère industriel et commercial qui gère 10 aéroports et dont la compétence s’étend dans l’Ouest et le Sud-ouest algérien. C’est une entreprise issue de la restructuration de l’ancienne entreprise que s’occupait de l’exploitation de la navigation aérienne et de la météorologie ainsi que de la direction centrale des aérogares. Elle a été créée en 1988 pour gérer les aéroports de l’Ouest et du Sud-ouest algérien. Il existe à travers le pays trois grands établissements de gestion de services aéroportuaires (EGSA Oran, EGSA Alger et EGSA Constantine) qui sont tous les trois sous tutelle du Ministère des Transports.
C’est la deuxième entreprise du point de vue d’importance au niveau national et son aéroport principal, l’aéroport international d’Oran Es-Senia, est la deuxième plate-forme d’Algérie. Il vient d’entrer cette année dans le club des aéroports qui dépassent le millionième passager. Avec nos 10 aéroports, nous comptons 1'800'000 passagers/an.
La gestion de ces aéroports va de l’exploitation proprement dite des services aéroportuaires jusqu’à la coordination des services, pour ne pas dire l’autorité aéroportuaire, exercée par l’EGSA-Oran. Ses missions, en plus des facilitations au niveau des aéroports, sont de concilier la facilitation avec la sûreté et d’apporter tous les jours le confort à nos passagers. Nous assurons aussi la gestion du domaine public aéroportuaire en matière de gestion et d’exploitation, tel que l’entretien des installations destinées non seulement au grand public, mais aussi à la partie fret. En matière de d’aménagement, c’est aussi l’élaboration des schémas directeurs de l’ensemble de nos aéroports ou de la zone de découpage qui relève de notre compétence, la conception et la faisabilité des plates-formes aéroportuaires, des zones terminales. Nous réalisons également des ouvrages, tels que des extensions d’aéroports, des installations et des équipements...
Nous estimons que l’EGSA Oran est une entreprise en pleine expansion qui fait de très bonnes réalisations en matière d’autofinancement. Il faut savoir que les grandes réalisations, comme les pistes, les aéroports dans leur ensemble sont financées sur budget de l’Etat, mais dans quelques années, les entreprises devront compter sur elles-mêmes. Nous sommes rentrés dans le club très restreint des entreprises capables de s’assumer et d’assurer les extensions et les réalisations de ses propres aéroports. Les grandes infrastructures telles que les pistes qui sont financées par l’Etat.
Il y a 2 ans, nous avons réalisé une nouvelle extension au niveau de l’aéroport d’Adrar qui nous a permis de doubler les capacités d’accueil de cet aéroport. L’année passée, nous avons réalisé une extension de l’aéroport de Béchar. Cette modeste réalisation, faite avec nos propres moyens, nous a permis de doubler la capacité de traitement de passagers des aérogares. En termes de réalisations actuelles, nous avons entamé le 1 avril l’extension de la deuxième plate-forme de l’ouest, à savoir Tlemcen, et dont l’inauguration sera effectuée le 1er novembre de cette année. En terme de délais, nous essayons d’être performants. Nous maîtrisons maintenant les coûts et l’outil lui-même et nous avons la technicité et l’expérience nécessaire pour faire ce genre d’extension. Ce sont des travaux faits par l’entreprise sous la conduite de techniciens et d’ingénieurs de l’entreprise.
Vous avez parlé de plus d’un million de passagers à Oran. Pouvez-vous nous donner d’autres chiffres clés concernant votre entreprise, comme le nombre d’employés, etc.?
Au 31 décembre, nous comptions 1'200'000 passagers à Oran. De plus, nous comptons aujourd’hui 723 agents, toutes catégories confondues, sur l’ensemble de nos aéroports. Le taux de masse salariale / chiffre d’affaires est de 34%.
La réalisation de notre siège en dehors des installations aéroportuaires, en autofinancement et sur un délai de 9 mois, nous a permis de nous organiser en entreprise direction générale avec des directions d’aéroports distinctes. Nous avons pu ainsi libérer des espaces au niveau de l’aéroport international d’Oran, qui vont générer des ressources, nous permettant de nous autofinancer et de réaliser d’autres projets sur les différentes plates-formes à plus faible revenu.
Aujourd’hui, sur nos 10 aéroports, nous avons 7 aéroports rentables et le reste est à rééquilibrer. Ce sont des petites plates-formes dont l’une verra très bientôt la réalisation d’une zone terminale, celle de Borj Baji Mokhtar, à 12 km. de la frontière malienne. Nous avons lancé un avis d’appel d’offre pour la réalisation de la zone terminale dans son ensemble, aussi bien l’aérogare, que la tour de contrôle et les autres structures pour les différents opérateurs comme la navigation aérienne, la météo, la police, la douane… Nous avons également lancé un avis d’appel d’offres pour l’aéroport de Mascara avec d’autres transporteurs aériens.
Nous nous félicitons de l’avènement du code de l’aviation civile qui a permis l’émergence de nouvelles compagnies privées. Ce code a libéré les initiatives. Il y a des compagnies aériennes qui se créent et nous leurs souhaitons la bienvenue, car plus il y a de compagnies, plus il y a de passagers et mieux nous nous portons. A charge pour nous d’être au niveau de ce que désire le passager et le transporteur aérien en termes de confort, de facilitation, d’équipements et de moyens. Nous sommes le trait d’union entre les différentes compagnies aériennes et le passager. Nous nous devons de conforter et fidéliser le client-passager. Et nous n’avons pas à faire uniquement aux passagers, mais aussi aux usagers, car les aéroports sont des lieux qui peuvent être visités, où nous nous rendons pour accompagner, des amis, des parents… Nous nous adressons donc aussi aux usagers de l’aéroport.
Dans le cadre de l’ouverture économique en Algérie, il y aura plus d’activité. Quels sont les projets de développement que vous avez pour vous préparer à cette ouverture ?
L’ouverture est une bonne chose qui nous permet d’apporter l’expertise nécessaire. Nous essayons de nous y adapter. Nous avons un potentiel qui existe, mais nous pouvons nous améliorer, car nous avons beaucoup à apprendre.
Nous sommes une jeune entreprise qui veut aller très loin, qui a la possibilité de bénéficier de cette ouverture, d’apprendre et de capitaliser les expériences qui se font autour de nous. Nous essayons souvent de prendre les meilleurs aspects de ce qui existe ailleurs. Nous essayons de voir dans les aéroports les plus huppés, les mieux organisés, ce qui nous apporte un plus. Nous essayons donc d’envoyer nos cadres apprendre au niveau de ces aéroports.
| Nous sommes disponibles. Il y a ce que nous savons faire et ce que nous voulons apprendre à faire, souvent avec d’autres opérateurs. Nous avons fait notre première expérience de partenariat avec des sociétés dans le domaine du catering, du management et de la gestion proprement dite. Modestement, la première concrétisation s’est réalisée dans le domaine des free shops, très convoités par les passagers. Nous avons concrétisé avec une société suisse, Weitnauer, pour les aéroports internationaux d’Oran et de Tlemcen. A partir de cette expérience, nous voulons développer d’autres points par exemple dans le domaine du catering, du management. Nous voulons apprendre.
En ce qui concerne les grandes réalisations, nous sommes en pleine réflexion pour la réalisation d’une autre aérogare et la construction d’une deuxième piste pour l’aéroport d’Oran. Actuellement, nous enregistrons 17'000 mouvements avion/an et nous considérons qu’il faut dès à présent réaliser soit un autre aéroport, soit une autre aérogare, qui bénéficierait de l’infrastructure de base existante. Avec 2 pistes et 17'000 mouvements, 30'000 dans 5 ans, nous serons dans les délais et les normes. Donc, dès cette année, nous avons entamé la réflexion sur la réalisation, à court terme, d’une autre aérogare de type international aux normes actuelles et allons faire probablement appel à des opérateurs à même de nous apporter le savoir-faire et l’expertise nécessaires pour ne pas être dépassés en termes d’espaces et de structures d’accueil.
L’objectif est de faire de Oran un hub, à 45 minutes seulement de la capitale. Une grande métropole comme Oran mérite un grand aéroport. Nous travaillons pour nous mettre à niveau.
Pour réaliser tous ces projets, envisagez-vous des partenariats avec des entreprises étrangères?
Absolument, mais nous sommes très exigeants et nous travaillons avec les meilleurs. Cela nous permet d’apprendre à leur contact et de maîtriser le facteur temps et le facteur coût dans notre gestion. Nous sommes en train d’apprendre, mais nous apprenons très vite.
Aujourd’hui, nous parlons d’ouverture sur le monde, des accords passés. Dans le concret que ce passe-t-il? Quelle est l’évolution du nombre de passagers, sur les trois dernières années ? Quelle est l’évolution commerciale ?
Pour l’année 2001, nous avons enregistré au niveau des aéroports internationaux 27% d’augmentation du trafic national et international. C’est une augmentation considérable (la norme est autour des 8/10%), due à la libération du marché qui permet aux Algériens ou aux étrangers d’avoir recours aux compagnies aériennes. De plus, le retour progressif de la sécurité dans notre pays a favorisé cette croissance. Nos aéroports sont aussi sécurisés que les aéroports européens et les usagers nous font confiance. Nos vols à Oran sont essentiellement sur la France et ce facteur confiance a permis d’avoir une augmentation de 22% sur le réseau international.
L’année passée, si nous avons atteint, pour la première fois depuis la création de l’aéroport, le million de passagers, ce n’est pas par hasard. Nous avons amélioré la qualité et le nombre de passagers a augmenté de mois en mois et d’année en année. De plus, les structures d’accueil d’Oran sont en plein développement, ce qui met les gens en confiance.
Au niveau de l’ EGSA-Oran, nous mettons également en place des structures d’accueil qui encouragent les passagers. Vous trouverez le même confort à l’aéroport principal, celui d’Oran, qu’à celui de Tlemcen. Vous trouverez les mêmes prestations de services au niveau de l’ensemble des nos aéroports.
Nos lecteurs sont des Directeurs Généraux comme vous-même et veulent connaître la personne derrière l’entreprise. Pouvez-vous donc nous parler de votre parcours professionnel?
Je suis un enfant de l’entreprise. J’ai débuté en 1974 comme chef de département, puis directeur, directeur central, directeur général à l’EGSA-Oran. Je connais mon entreprise et je me considère plus comme un manager que comme directeur général. J’ai autour de moi des cadres compétents.
L’EGSA est issue de différentes restructurations, donc la plupart de ces cadres ont une formation en navigation aérienne, en exploitation, en météo. Les différentes restructurations ont fait que ces cadres ont un cursus complet et ont touché différents domaines de l’aviation civile. Le plus jeune des cadres à 10 ans d’expérience. Il y a donc une stabilité des cadres, une continuité dans l’effort et une remise en cause continuelle. Nous mettons à niveau, réalisons des formations complémentaires. Nous visitons les grandes écoles spécialisées, souvent françaises. Nous avons également des relations avec les grands aéroports dans le monde. Nous avons même eu la chance de visiter certains aéroports aux Etats-Unis, comme celui de Houston.
Je suis fier de dire que chaque année nous apportons un plus au niveau de cette entreprise. A travers moi, c’est la capitalisation d’une certaine expérience, d’une certaine expertise acquise sur les différentes plates-formes de l’Algérie. Nous connaissons nos aéroports et les hommes qui nous entourent. Avec ces éléments et avec l’apport en technicité et en management de l’extérieur, nous prenons des décisions et jusqu’à présent, nous n’avons fait qu’améliorer les prestations de notre entreprise. Nous étions au début une petite entreprise et qui s’équilibrait juste. Depuis trois ans, sans subvention de l’Etat, nous avons enregistré un bénéfice important qui nous permet de réinvestir pour le développement de nos aéroports. Nous avons été bénéficiaires les trois dernières années. Nous avons épongé le déficit des exercices écoulés et réalisé des bénéfices qui nous permettent de réinvestir.
Nous sommes ici pour donner une autre image de l’Algérie, pour sécuriser les investisseurs. Quel est le message que vous leurs adressez en tant qu’entrepreneur algérien?
Le seul message que je peux lancer est que l’Algérie est en chantier. Cet un pays qui se développe très vite. Nos aéroports sont aussi sécurisés que les aéroports que nous avons pu visiter. Je peux rassurer et dire que chaque opérateur, chaque investisseur serait le bienvenu et je dirais aussi que nous sommes là pour apprendre et nous n’avons aucune réticence de dire que nous apprenons au contact de ceux qui ont uf savoir-faire et qui peuvent nous apporter un plus. Nous apprenons très vite et nous voulons réaliser de bonnes choses.
Nous prenons ce qu’il y a de meilleur ailleurs et nous sommes des aéroports performants, avec des cadres compétents. Nous avons l’ouverture et nous pouvons apporter notre dynamisme, notre vision. L’Algérie se développe et nous souhaitons la bienvenue à tous ce qui veulent travailler avec nous, qui veulent apporter un plus à l’Algérie et notamment au niveau des aéroports de l’Ouest algérien. |