Le recul du tourisme durant la dernière décennie a eu des retombées négatives sur les opérateurs, comment a été ressentie cette phase par votre organisation l’O.N.A.T
L’O.N.A.T en tant qu’entité économique fut obligée d’adapter sa structure, ses moyens et son organisation qui tendaient tous à l’origine vers l’accueil des touristes étrangers.
La persistance de la crise fait que l’O.N.A.T, pour des considérations de survie fut contrainte à la prise de certaines mesures.
Etablissement d’un plan de restructuration avec redéfinition d’une nouvelle stratégie pour l’entreprise.
Adaptation des moyens à cette nouvelle situation.
Plan social, avec réduction draconienne des effectifs qui passent de 1200 à 350 travailleurs.
Fermeture des points de vente non performants.
Cession de certains actifs de l’entreprise.
En somme, l’entreprise a opéré un repli sur elle même pour mieux se redéployer sur un créneau encore porteur: le tourisme à l’émission et particulièrement l’organisation de pélérinnage aux Lieux Saints.
Premier Opérateur touristique , à quel potentiel estimez-vous le marché intérieur algérien dans les années à venir ?
Comparativement à nos voisins, l’Algérien est par nature quelqu’un qui se déplace beaucoup à l’étranger. Il n’y a eu de bonnes et mauvaises années mais 2 à 3,5 millions d’Algériens se déplacent annuellement sur l’étranger notamment vers l’Europe: France, Italie, Espagne, Belgique et l’Angleterre également depuis quelques temps.
Si les Algériens se déplacent beaucoup sur l’Europe, nous estimons en tant que professionnel qu’ils ne se déplacent pas suffisamment à l’intérieur du pays, du moins, pas suffisamment, à notre avis sur les zones que nous considérons à très fort potentiel touristique, tel que l’extrême Sud.
Il est vrai qu’une forte activité concerne la période estivale, notamment au mois d’Août, où les Algériens vont sur les plages.
Cependant, l’insuffisance d’infrastructures d’accueil fait que les vacanciers organisent leur vacances dans des formes qui limitent fortement l’intervention et l’encadrement par des professionnels
En ce qui concerne les attractions touristiques principales ici en Algérie, pourriez-vous citer les infrastructures existantes et y- a-t-il de nouveaux sites que vous voulez développer ou promouvoir ?
Je crois qu’on peut rapidement situer l’Algérie. C’est pratiquement un continent avec ses 2400.000 km², un pays immense, caractérisé par une diversité aussi bien au plan géographique, culturel, que psychologique ou historique.
En Algérie, on passe, en quelques heures de voiture, de la mer ensoleillée aux cimes enneigées durant 3 ou 4 mois dans l’année.
Des zones semi arides , du sahara fascinant à l’extrême sud que caractérise une richesse inégalable avec le hoggar et le Tassili qui sont en terme commercial des produits unique et des richesses inégalables
Pourriez-vous nous présenter quelques uns de ces produits, quels sont les sites ?
Par la conjoncture et par la force des choses, une stratégie s’est imposée à nous. Nous avons mis sur le marché les produits du hoggar et du Tassili, parce que comme je vous l’ai déjà dis, ils ont une valeur et une richesse touristique incomparables. C’est le seul produit qui dans l’état actuel des choses est susceptible de drainer une clientèle sur l’Algérie.
En plus de l’aspect nature et site il y’a d’autres éléments qui font que vendre ce produit est relativement aisé. Le type de clientèle concerné n’est pas exigeant , en terme de standing. Aussi l’absence des infrastructures n’est pas une contrainte.
Il est seulement exigé des participants une forme physiques et des qualités naturelles à s’accommoder de peu.
Les infrastructures touristiques auraient certainement amélioré la qualité du produit et touché d’autres segment de clientèle pour qui le confort reste synonyme de tourisme.
En l’état, il y a une jonction entre les intérêts des uns et les besoins des autres.
En plus, l’aspect sécuritaire est un élément clé. Il n’y a jamais eu d’actes terroristes dans ces régions. Ce sont les trois quarts sinon plus de la superficie de l’Algérie.
C’est avec ce produit, qui est un gisement extraordinaire qui nous voulons créer « un effet pompe » et remonter progressivement vers le Nord pour tenter, par la suite de reprendre les destinations phare de l’Algérie comme à l’époque où elle était ouverte au tourisme: les oasis ; partie centre, est du sahara et la Saoura au centre ouest du sahara qui attiraient le plus gros des touristes en Algérie.
Les circuits sur les sites archéologiques et historiques sont très prisés aussi.
Mais la, nous attendons une normalisation totale de la situation du Nord du pays pour relancer ces circuits.
La côte Algérienne, quasi vierge est en mesure d’accueillir de nombreuses réalisations pour le développement d’un tourisme balnéaire.
Vous parliez du développement des infrastructures qui est l’un des problèmes majeur ici en Algérie pour les opérateurs et la qualité des structures d’accueil où ils amènent leurs voyageurs. Pensez-vous que la privatisation d’hôtels, de stations thermales etc… permettra de relever le niveau des prestations des zones touristiques ?.
Incontestablement. L’activité hôtelière ou l’activité touristique et la prestation de service quelles qu’elles soientt sont généralement l’œuvre de l’homme et, par conséquent l’homme n’est performant que s’il est personnellement intéressé. Vous savez, dans un système étatique où l’on est fonctionnarisé, on devient un pion de ce système. La prestation de service n’a jamais réussi, surtout dans l’hôtellerie. Vous parliez d’investissement. Il est vrai que l’Etat Algérien à investi durant les plans de développement, notamment pendant la décennie 70-80. Puis pour des considérations politiques et autres, il a mis fin à cette démarche . Cet arrêt à quelque peu correspondu à un début d’ouverture de l’investissement vers le privé, avec des lois relativement incitatives privilégiant et encourageant l’investissement.
L’effet recherché n’a jamais été atteint. Aussi, nous sommes restés avec un parc hôtelier dérisoire, mis à part quelques grands ensemble au niveau d’Alger qui traitent du tourisme d’affaires.
Sinon, à l’intérieur du pays, l’état s’est totalement désengagé et n’a pas su mettre en place des mesures suffisamment attractives pour attirer des investisseurs, et mettre en valeur ce potentiel de sites touristiques.
« A quelque chose malheur et bon » comme dit l’adage., l’isolement imposé permettra à l’Algérie de réfléchir autrement et éviter les erreurs commises par nos voisins et autres pays méditerranéens.
Il faut trouver d’autres formalités et qui sauront en outre préserver l’environnement et le mode de vie des populations | La manne pétrolière la fin des années 70 a conduit l’Algérie à se retirer du marché mondial touristique et opter pour le développement d’un tourisme en faveur des Algériens… malheureusement avec des infrastructures insuffisantes conçues pour des mentalités européennes.
Aujourd’hui, plus que jamais, nous constatons l’étendue des dégats d’une telle politique.
On parle aussi aujourd’hui d’une stratégie nationale sur dix ans pour multiplier le nombre de touristes vers l’Algérie. Pourriez vous nous donner plus de détails.
La réflexion a été entreprise par les services du Ministère, moi je pourrais simplement vous dire que je souscris entièrement à cette initiative.
Le secteur du tourisme à toujours souffert de l’absence d’une politique touristique et d’objectifs précis identifiés dans le temps et l’espace.
Le paysage touristique professionnel de l’Algérie s’est caractérisé ces dernières années d’un secteur public en lente dégradation et d’un secteur privé manquant de compétences et de moyens.
Le privé algérien n’a jamais été attiré par l’investissement lourd qui requiert le tourisme, en dehors de quelques exceptions.
La lenteur dans le rendement des capitaux investi a toujours dissuadé d’autant plus que les banques n’ont jamais su jouer un rôle qui est le leur.
Cette stratégie sur 10 ans arrêtée par les pouvoirs publics est d’abord un état des lieux et une définitive sans équivoque d’une politique touristique claire qui doit se concrétiser à la fin de la décennie. 2010 par la réalisation de certains objectifs exprimés en terme de capacités hôtelières de flux touristiques et de recettes en devises.
Le rôle de l’état n’étant plus direct, il sera mis en place un ensemble d’instruments, de mécanisme et de lois en mesure d’orienter, encourager et réguler le développement des infrastructures indispensables à une relance touristique
Pour revenir à votre organisme, est-il aujourd’hui question de privatisation ou pensez-vous que la recherche d’un partenaire suffirait à la relance de l’O.N.A.T ?
La recherche d’un partenaire est une forme de privatisation . La privatisation peut être appréhendée de mille et une façons et l’objectif étant le changement de statut.
L’état a d’autres missions que celles qui consistent à assurer des fonctions commerciales.
Partant de là, l’état a fait savoir qu’il appartient aux opérateurs et entrepreneurs, chacun à son niveau, d’assurer ses risques, pendant que lui met en place l’organisation et la réglementation qui aideront l’entrepreneur à mieux réusssir dans ses affaires en créant des richesses et en participant au développement des pays.
Les formules de privatisation sont nombreuses . Le retrait de l’état permettra à toute personne physique ou morale intéressée par un secteur d’activité de faire des propositions pour une acquisition totale ou partielle.
Le principe de privatisation est irréversible. En ce qui concerne l’O.N.A.T, nous sommes moralement prêts et avons entrepris des études de faisabilité sur la meilleure manière pour libérer toutes les énergies existantes.
Le changement de statut permettra en tous les cas à tous les professionnels actuels ou à venir nationaux ou étrangers de se concerter et se liguer si nécessaire pour asseoir les bases d’un développement touristiques durable.
Nos lecteurs sont des hommes d’affaires, des gens qui ont des postes de directeurs et qui sont toujours intéressés par le profils d’autres leaders, d’autres directeurs d’autres pays, pourriez-vous nous parler de vous même, de votre background et de votre satisfaction professionnelle la plus importante ?
En fait, ma vie professionnelle a été totalement consacrée au tourisme. j’ai été formé dans le domaine en France, en partie en Suisse aussi.
Si vous parlez d’œuvre la plus valorisante, c’était à la fin de ma formation où j’ai participé à l’élaboration des programmes et à l’ouverture des Institutions de formation hôtelière et touristique en Algérie. J’ai été longtemps formateur, directeur d’études, le plus gros de ma carrière et je crois qu’elle a été la plus valorisante. Par la suite, je me suis occupé des établissements touristiques et thermaux, j’ai été longtemps directeur de complexes touristiques et thermaux avant d’être au niveau de cet organisme l’ONAT.
Il y a aussi une œuvre assez intéressante parce qu’elle a été assez difficile, traumatisante peut-être, c’est celle qui a consisté un certain moment à s’adapter et à avoir une entreprise avec des difficultés extrêmes, entreprendre sa réhabilitation, économiquement viable, je parle notamment de l’ONAT. C’était une époque où il fallait réagir, je crois que quelque part, nous avons eut le bonheur et la chance d’avoir pris les bonnes décisions afin d’assurer la pérennité d’une entreprise qui était totalement morte. Pendant longtemps, l’ONAT était un démembrement de l’Etat, elle était seule sur le terrain dans le monde du tourisme. Par conséquent, il y a eu des comportements liés à cette situation de monopole et il a fallut, difficilement, réadapter l’esprit des gens, faire d’eux, je ne dirais pas des commerçants, mais tout comme. Nous avions un défi extrêmement difficile, et je crois que nous l’avons relevé avec plus ou moins de succès. Nous sommes une entreprise, qui, malgré dix années de disette, se trouve toujours au peloton des entreprises de tourisme.
En ce qui concerne les opportunités existantes dans le secteur touristique algérien, pourriez vous donner un message final à nos lecteurs?
En m’adressant aux touristes, je dirai que l’Algérie est un pays totalement méconnu. Tous les produits que nous tentons de placer en ce moment, sont des produits de très haut niveau, de haute gamme, c’est une clientèle relativement aisée, ne craignant pas l’effort et n’étant pas non plus très exigeante. Si j’ai une proposition à leur faire, c’est de leur faire découvrir les Oasis, la Saoura et, surtout le Hoggar et le Tassili.
Un autre aspect en tant que manager, je crois que l’Algérie est un pays totalement neutre, il est vrai qu’il a vécu une crise assez difficile, mais cette crise a fait qu’il s’est mis en marge de développement pendant dix ans ; il reste tout à faire. Il existe énormément d’opportunités.
Je dirai tout simplement de vouloir, de croire et surtout de se dire que nous sommes quelque part une émanation de l’Europe, de l’Afrique, du Monde arabe. Il y a tellement de richesses quoique par moment cette complexité rend la tâche difficile.
Qu’aimeriez-vous dire à nos lecteurs sur les Algériens ? Nous sommes étrangers et nous avons une image complètement différente des Algériens, nous sommes très positivement surpris de la mentalité des Algériens ?
Je crois que c’est une très forte caractéristique des Algériens, nous n’avons pas su le dire ou l’exprimer par ailleurs, mais nous sommes un peuple extrêmement hospitalier. Vous irez voir un Algérien, il partagera avec vous, cela va de soi.
Il est vrai que ces dernières années notre image a été totalement déformée et nous ne pouvons que nous en faire le reproche de par notre manque de communication. Il y avait des urgences à assumer par ailleurs, d’autres aspects à régler. Il y avait des gens qui voulaient régler leurs comptes avec le temps, et je dirai aussi qu’ils ne nous ont pas fait de cadeaux. |