ALGERIA
la Nouvelle Generation














Madame Najjat Belbachir

Interview avec

MADAME BELBACHIR
General Manager de SIMAP
Pouvez-vous nous présenter l'historique et les missions de votre Entreprise?

La Société SIMAP a été créée en 1969 et, comme nombre de Sociétés Algériennes de cette période, s’était spécialisée dans l’article de ménage et l’emballage agro-alimentaire. Les besoins étaient importants à cette époque. Au décès de mon mari, j’ai pris moi-même en 1978 la Direction de l’Entreprise.

En 1984, changement d’orientation. C’est ainsi que le projet de fabriquer les articles scolaires a pris forme et de l’ampleur par la suite. C’est à ce moment que j’ai réalisé de timides exportations vers l’Espagne d’un de mes produits qui était par la suite distribué en Hollande et en France.

En 1990, le projet d’articles scolaires a été particulièrement développé, suivi en cela du projet de fabrication de colorants de base pour les matières plastiques. Ce dernier n’est pas entré malheureusement en exploitation pour cause de crise économique.

En fait de mission, c’est un bien grand mot. Il faut retenir que les besoins en articles scolaires tels que stylos à bille, à encre, articles de traçage, gommes, taille-crayons, crayons de couleurs etc… étaient très importants compte tenu du nombre croissant d’enfants scolarisés en Algérie. Par ailleurs, c’était un domaine relativement vierge et les quelques produits qui existaient sur le marché étaient de médiocre qualité.

Pouvez-vous nos donner les chiffres clés de la SIMAP?

Le Chiffre d'Affaires de l'Entreprise était de 40 Millions de DA jusqu'en 1994, soit environ 500 000 USD. En 1995, il est passé à 150 millions de DA, soit 1 850 000 USD pour se stabiliser à ce chiffre ces deux dernières années, exportations comprises. Nous couvrions tout le marché pour la distribution de nos produits.

Celles-ci représentent en moyenne près de 40% de notre chiffre d’affaire. C’est dire l’importance de l’impact de l’exportation sur notre chiffre d’affaire et les conséquences sur l’emploi – alors que nous sommes en crise – qui est passé de 80 employés à 236.

Quelle est votre part de marché actuellement?

Ma part de marché national est d'environ 50%, mais pas pour tous les produits. Sur certains produits, nous réalisons jusqu'à 70% de notre chiffre d'affaires à l'export. Pour l'année 2002, nous sommes en train de réaliser des exportations pour 13 Millions d'Euros.

Votre stratégie de développement s'oriente-t-elle vers l'extérieur?

Non, pas exactement. Le marché extérieur est fragile, pour ne pas dire volatil. L’important demeure le marché national. Pour concilier le développement de mon entreprise sur le plan national et conquérir des parts de marchés à l’extérieur, il me faut renouveler et moderniser totalement mes équipements, parallèlement à une mise à niveau du personnel et particulièrement de l’encadrement pour réunir toutes les conditions – prix et qualités – pour être hautement compétitive à l’intérieur comme à l’extérieur.

Quels sont vos projets justement pour arriver à cette mise à niveau?

Actuellement, nous allons vers une certification ISO, que nous espérons obtenir en 2003. Je vous l’ai déjà dit, le vaste projet de modernisation de mon Entreprise va de paire avec l’élévation de la qualité de l’encadrement. Sans cela, j’en resterais aux souhaits. Il faudra espérer que cela entre également dans les préoccupations de notre gouvernement, qui au même titre que nous, doit en faire son action principale en direction des PME.
Quelle est votre expérience dans l'évolution de l'économie algérienne?

Je pense que nous sommes très en retard. La bureaucratie, bancaire ou autre, ne permet pas à notre action de se développer au rythme souhaité. Nous restons fondamentalement frustrés. Le basculement ne s’est pas opéré.

Est-ce que vous êtes à la recherche d'un partenaire et si oui, qu'attendez vous de lui?

Je souhaiterais trouver un partenaire pour son savoir-faire et une maîtrise totale de la gestion et de l'outil de production. Les résultats ayant été obtenus après 2 ou 3 ans, nous pourrons parler d’une ambition de partenariat. Là, la conquête du marché extérieur aura un sens et une durée, et celle du marché national une assise très forte.

Quel est votre parcours professionnel et votre plus grande satisfaction durant ce parcours?

Je suis venue à l’Entreprise de façon tout à fait accidentelle, à la suite du décès de mon mari comme je vous l’ai dit. Cela n’a pas été sans mal car il me fallait personnaliser, autonomiser et développer mon Entreprise dans un créneau tout nouveau.

Ma satisfaction est d'avoir pu me maintenir, d'avoir pu investir et créer autre chose. C'est d’avoir réussi dans un monde d'hommes, puisque dans notre pays, il est difficile pour une femme d'être Chef d'Entreprise. Ceci allant naturellement avec mes obligations familiales et mes responsabilités.

C'est au fil du temps que j'ai acquis de l'expérience. Je suis également satisfaite d'avoir pu obtenir les autorisations pour investir sur des projets nouveaux dans le sens de la modernisation et de construire ma propre usine, comme je le souhaitais. Peut être que dans un autre pays j'aurais mieux réussi. Mais j'estime que j'ai bien réussi en plaçant mes produits ailleurs qu'en Algérie, malgré le manque de moyens et l'absence totale d'écoute de la part de l’environnement administratif, bancaire et aussi politique.

Quel est le message final que vous adressez aux investisseurs intéressés par le marché algérien?

Il est vrai que l'Algérie est un pays magnifique où il y a beaucoup de choses à faire, beaucoup d'emplois à créer, mais il faut être clair et honnête, car l'environnement est difficile. Donc, il faut que ces investisseurs commencent par s'adapter au mode de vie algérien. S'ils veulent le faire, nous en serons très contents. Nous les y aiderons comme ils nous aideront. C’est cela aussi le partenariat dans l’effort.

Nous avons des textes qui n'ont pas été revus, des lois qui ne sont malheureusement pas suivies. L’environnement n'est donc pas très favorable, compte tenu des pesanteurs, mais si les investisseurs décident de venir, peut-être que les choses changeront.

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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on algeria published in Far Eastern Economic REVIEW.
November 28th, 2002 Issue. Developed by AgenciaE.Tv