CÔTE D´IVOIRE / IVORY COAST
Reshaping the nation

Introduction - Agriculture - Economy - Transport - Industrial sector -
Economic infrastructures - Mines and energy - Growth - Tourism


Mr. S.E. Affi N'Guessan, Ministre de l'Industrie et du Tourisme
Interview de

Mr. S.E. Affi N'Guessan,
Ministre de l'Industrie et du Tourisme

2 février 2000
Le secteur industriel joue un rôle essentiel dans l'économie de la Côte d'Ivoire. L'ambition est de faire entrer le pays dans le groupe des nouveaux pays industrialisés en l'espace d'une génération. Quels sont les moyens mis en ouvre par votre ministère pour atteindre ces objectifs ?

Pour atteindre ces objectifs il faut d'abord définir une stratégie de comment nous pensons faire passer la Côte d'Ivoire d'un pays essentiellement agricole à un pays industrialisé. Comme vous l'avez dit, l'industrialisation est incontournable. Elle est incontournable par-ce que tous les pays développés sont des pays industrialisés. Il faut donc que la Côte d'Ivoire passe d'une économie qui traite les produits primaires pour aller vers l'industrialisation si elle envisage effectivement d'être une nation développée. C'est pour cela que l'industrialisation est incontournable. C'est donc un défi pour le développement économique et nous avons un environment qui s'y prête par-ce qu'il y a des infrastructures, des ressources humaines qui sont disponibles et qui ont le niveau nécessaire. Nous avons un contexte politique que nous essayons de rationaliser au maximum de manière à offrir aux investisseurs un maximum de garanties. Donc sur la base de cet argument et de cette nécessité nous avons défini une stratégie en 8 points. Il faut d'abord que l'industrialisation s'appuie sur la valorisation des ressources nationales c'est à dire agricoles et minières. C'est dans ce domaine que nous avons des avantages comparatifs et que nous pouvons nous insérer efficacement sur le marché international. Il faut aussi que ces atouts puissent être compétitifs, donc renforcer la compétitivité du secteur. Il faut aussi promouvoir l'investissement parce que pour créer les entreprises il faut des moyens d'investissement et pour attirer les investisseurs il faut que les éléments aient un cadre approprié. Aussi bien pour les nationaux qui veulent investir que pour les étrangers qui souhaitent investir. La promotion des investissements privés est un acte majeur de notre stratégie de développement. Il faut aussi que ceux qui investissent puissent exporter. Aujourd'hui, nous sommes au sein de l'UEMOA une force importante, c'est un marché de 60 millions de consommateurs, nous ambitionnons d'aller vers la CEDEAO. Nous aurons autour de 250 à 300 millions de consommateurs. A l'intérieur de ce marché, il faut d'abord pouvoir exporter, à l'extérieur de ce marché il faut être compétitif, la promotion des exportations constitue un acte majeur de notre politique d'industrialisation. Tout cela nécessite que nous puissions réhabiliter l'appareil productif existant, le mettre à niveau et en introduisant des technologies nouvelles, l'innovation technologique. La modernisation de l'outil de production est un axe majeur de la politique de développement. Vous savez aujourd'hui à travers le monde, les PME/PMI constituent un maillon essentiel d'une politique d'industrialisation, donc la promotion des PME/PMI est aussi une condition pour faire passer le pays à vocation agricole à un pays industrialisé. Ensuite en ce qui concerne les ressources humaines, il faut promouvoir l'esprit d'entreprise. Si nous attendons des investisseurs étrangers il est important qu'au plan interne, si nous voulons arriver à une ivoirisation importante du capital, nous fassions la promotion de l'esprit d'entreprise, aussi bien à l'école qu'au niveau des promoteurs privés. Le dernier axe c'est la mise en place d'un système financier et d'un dispositif institutionnel favorable. Aujourd'hui il faut que ceux qui sont dans les affaires puissent disposer de ressources financières dans des conditions souples pour leur permettre de faire tourner leurs affaires. Voilà un certain nombre d'éléments qui guident l'action du gouvernement en matière d'industrialisation.

Vous avez parlé de la stratégie, mais quels sont les efforts concrets qui ont été appliqués jusqu'ici, par exemple la transformation des produits agricoles ?

L'idéal est un grand groupe au niveau de la transformation du café et du cacao. Notre objectif en ce qui concerne le cacao, c'est de transformer la poudre intrant, vous savez que nous sommes premier producteurs mondiaux, mais nous ne sommes pas premier transformateur au niveau mondial, nous transformons une très faible partie de notre cacao, ce qui nous emmène à exporter les produits. Nous pensons qu'il faut augmenter cette part de transformation et même arriver peut-être au moins à court terme à transformer 50 % de notre production pour y apporter une valeur ajoutée. Il y a le domaine des produits qu'il faudrait valoriser, que ce soit l'hévéa, il y a des industries du plastique qui commencent à s'installer. Il y a un certain nombre d'éléments en ce qui concerne la valorisation de nos ressources naturelles, il y a ces industries pour les encourager.

Vous nous parliez de la compétition entre différents pays dans l'UEMOA. Avec la privatisation qui est en cours en ce moment, il y a beaucoup d'entreprises étrangères qui commencent à s'installer en Côte d'Ivoire. Quelles sont les stratégies du ministère pour améliorer la compétitivité surtout face à cette concurrence étrangère ?

Pour que nos entreprises soient compétitives, il faut qu'elles bénéficient d'un environnement favorable, d'abord au moment de l'investissement, c'est pour cela qu'il y a un certain nombre de mécanismes, d'instruments juridiques qui sont mis en place. Il y a d'abord le code des investissements qui offre un certain nombre de facilités à l'investisseur pour son installation, il y a d'autres instruments juridiques comme le code minier dans d'autres secteurs, le code du travail pour offrir une flexibilité à l'intérieur de l'entreprise, le code des télécommunications, etc. Tous ces instruments juridiques sont orientés vers la libéralisation et la flexibilité pour offrir un cadre pas trop rigide, pas trop contraignant à l'investisseur. Au niveau juridique, nous avons mis en place une batterie de moyens pour rendre l'environnement de l'entreprise plus flexible, plus souple et plus libre, de manière à donner le maximum de liberté d'action à l'investisseur, nous avons aussi pour rendre notre industrie plus compétitive mis en place ce que nous avons appelé le Centre de Promotion des Investissements, le CEPICI, qui est d'abord initié par un guichet unique pour faciliter toutes les démarches administratives qui doivent aboutir au démarrage des activités avec un organisme privé de promotion des exportations (APEXCI) aussi bien pour l'investissement que pour en amont l'activité de production et en aval de l'activité de production. Deux instruments pour aider l'investisseur à investir dans des conditions favorables et à exporter dans des conditions d'efficacité. Le cadre réglementaire et judiciaire lui-même, aujourd'hui l'environnement ce n'est pas seulement les instruments juridiques. Il faut que tous ceux qui interviennent au niveau de la vie économique et sociale soient préparés à favoriser l'activité industrielle, c'est pour cela qu'il y a au niveau du recouvrement un certain nombre de lois, de contentieux des affaires, un certain nombre de textes qui permettent d'accélérer des procédures de recouvrement des créances, d'arbitrage des contentieux commerciaux et de traitement de toutes les affaires qui concernent le commerce et l'industrie. Au niveau de la justice, nous avons constaté qu'il y a beaucoup de lenteur, certaines des actions ont été prises de manière à éviter ces lenteurs qui sont reliées aux navettes des dossiers entre plusieurs niveaux de juridiction, ces navettes ont été supprimées. Nous avons renforcé les référés, de manière à ce que ces affaires se traitent rapidement. La publication des décisions judiciaires est un mouvement de transparence, nous avons un centre de documentation juridique où tous les dossiers qui concernent les affaires peuvent être consultées et l'information est mise à la disposition des opérateurs économiques. Voilà des éléments qui vont permettre de nous rendre compétitifs sur le marché. Le dernier élément qui est aussi important, c'est la promotion de la qualité des produits. La qualité est un élément de compétitivité et nous avons en interne un certain nombre d'organisme, comme le Laboratoire Nationale du talonnage et métrologique qui permet de faire des études sur la qualité des produits, nous avons un instrument de normalisation (CODINOM) qui va fixer pour certains produits des normes et qui va donc permettre d'effectuer des contrôles de qualité, nous avons une commission nationale de la qualité à l'intérieur de laquelle siège l'administration et les opérateurs économiques et qui permet de prendre des mesures de manière à rendre les produits ivoiriens compétitifs sur le marché extérieur.

Vous êtes à votre poste depuis peu, cependant je voudrais vous demander quelle est votre vision du secteur industriel pour la Côte d'Ivoire, et également où se trouvent les opportunités pour les investisseurs américains ?

Il y a des opportunités pour les investisseurs dans tous les domaines. Aujourd'hui notre appareil de développement n'est pas trop développé, nous devons l'élargir. J'ai indiqué plus haut que notre priorité c'est la valorisation des ressources agricoles et minières. Je pense que sur ce créneau, les Américains peuvent trouver beaucoup d'opportunités d'investissement, parce qu'aujourd'hui, tout notre portefeuille de produits à transformer est large. Il y a beaucoup de centres de recherche qui ont des références, des prototypes de choses à faire pour lesquelles nous cherchons des investisseurs. Au niveau du ministère, nous avons un institut de technologie tropicale qui a fait des recherches sur plusieurs produits et qui ne demande qu'à être valorisé à travers l'industrialisation. Il y a le domaine minier, il y a le domaine du pétrole, dans tous ces domaines, la Côte d'Ivoire n'a pas encore mis en valeur suffisamment ses ressources minières et pétrolières. Aujourd'hui les Américains sont engagés dans certaines coopérations d'exploitations pétrolières, notre souhait c'est que leur intervention soit plus active, plus dynamique et plus forte. Au-delà, il y a aussi l'industrie de substitution à un certain nombre de produit que nous importons, dans ce secteur, je pense qu'il y a beaucoup de choses à faire. Il y a le domaine des autres services non agricoles comme le domaine de l'électricité, de l'électronique, de l'informatique, de l'électroménager, dans tous ces domaines, la Côte d'Ivoire est encore dépendante du marché extérieur. Il y a donc beaucoup à faire parce que nous sommes quand même au niveau national 15 millions de consommateurs et avec l'intégration de l'UEMOA toutes les entreprises qui seront installées en Côte d'Ivoire pourront bénéficier des infrastructures de l'environnement pour conquérir le marché ouest africain. Les Américains ont ici des opportunités d'affaires, nous les attendons, nous faisons des efforts dans ce sens pour qu'ils viennent, mais qu'ils sachent que la Côte d'Ivoire est ouverte sur l'extérieur pour l'investissement privé et bénéficie de suffisamment de garantie.
Un autre secteur où il y a beaucoup de potentiel est celui du tourisme, quelle importance y impose ce ministère ?

Le ministère accorde une grande importance au secteur du tourisme, parce que c'est l'un des quatre secteurs économiques de base, et vous savez bien que certains pays bâtissent leur croissance sur le tourisme.

Nous pensons que nous n'avons pas encore suffisamment valorisé nos potentialités touristiques, nous souhaitons que dans les années à venir le tourisme constitue une part très appréciable de notre produit intérieur brut.

Quelles dispositions avez vous pris pour accueillir le touriste d'affaire américain, et d'autres hommes d'affaires ici en Côte d'Ivoire ?

Tout d'abord nous n'avons pas suffisamment valorisé ce que nous avons aujourd'hui et le déficit se situe surtout au niveau de la promotion de la destination. Il faut que nous fassions connaître le pays au plan touristique. Nous pensons que le développement du tourisme n'est pas au niveau de la notoriété, il faut faire la promotion du pays. Nous participons à un certain nombre de foire à l'extérieur, nous avons des représentations du tourisme à l'étranger notamment aux Etats Unis, nous souhaitons re dynamiser ces représentations de manière à ce que la destination soit mieux connue. Au-delà de la promotion il faut que le touriste qui arrive trouve un contexte favorable et qu'il trouve des produits attrayants, donc il y a l'environnement les infrastructures et les produits sur lesquels il faut travailler. Nous avons un certain nombre de produits que nous allons réhabiliter et mettre à la disposition des touristes. Au niveau de l'infrastructure parlant de l'aéroport, nous savons que les Américains sont très attentifs à ces choses, il faut mettre aux normes l'aéroport pour qu'il puisse accueillir certains types d'avions et que les conditions d'accueil à l'aéroport soient rationalisées, améliorées et conformes aux souhaits des touristes. Il faut sensibiliser tous les professionnels, tous ceux qui concourent à l'accueil des visiteurs de la Côte d'Ivoire et aussi de la population. L'accueil aussi à l'intérieur du pays dans les zones prisées des touristes est un élément important. Si un touriste qui arrive ne trouve pas une population hospitalière, accueillante, il est certain que quels que soient les efforts ou les potentialités les touristes ne pourront pas continuer à venir. Il y a aussi au niveau de la restauration et de l'hébergement un travail de mise aux normes de ce qui existe. Mise aux normes signifie qu'il faut faire en sorte que les conditions d'hygiène et de confort soient améliorées et soient à des niveaux internationaux et que notre réceptif hôtelier puisse être amplifié. Nous n'avons pas suffisamment de chambres pour accueillir un million de touristes, il faut faire engager des investissements, faire la promotion de certaines réalisations de manière à ce que notre capacité d'accueil soit améliorée.

Vous avez dit que le but de la Côte d'Ivoire est de faire venir 1 million de touristes avant l'année 2005, pouvez vous nous indiquer exactement les opportunités d'investissement au niveau de l'infrastructure où l'on pourrait venir investir, dans le but que ce million de touristes soit effectif ?

Si je prends la ville d'Abidjan, il y a beaucoup d'opportunités. Une des opportunités serait par exemple la valorisation du plan d'eau lagunaire. Nous avons un plan d'eau lagunaire très étendu qui part d'Abidjan, qui fait toute la côte et qui offre des paysages très attrayants. Sur ce point, il y a des îles, des presqu'îles, il y a de réelles possibilités d'investissements. On valorise que ce soit au niveau des îles, des restaurants, du transport lagunaire. Déjà des opérateurs économiques y sont intéressés et nous ont approché. Nous pensons qu'il faut vraiment intégrer ce projet dans un plan global. A ce niveau si des américains sont intéressés ils peuvent nous approcher et discuter pour voir un peu ce qui peut se faire. Nous pensons même que s'il y a un projet global qui prenne en compte l'ensemble, nous pouvons négocier avec des investisseurs pour voir comment installer tout au long de la lagune des hôtels, des bateaux mouche pour permettre aux touristes qui arrivent de pouvoir en parcourant la lagune découvrir Abidjan et l'intérieur de la Côte d'Ivoire. Il y aussi des hôtels à construire à l'intérieur. Il y a beaucoup de zones touristiques: l'Ouest, le Nord, le Centre. A tous ces niveaux il faut qu'il y ait des réceptifs d'accueil. Sur ce plan, les investisseurs peuvent trouver des opportunités, surtout aujourd'hui au niveau du tourisme balnéaire, depuis Abidjan jusqu à la frontière du Libéria.

Vous parliez avant de la promotion aux Etats-Unis, quel genre de promotion êtes-vous en train de faire, comment voulez vous vous promouvoir ?

Pour faire la promotion, nous pensons que nos représentations sur place doivent engager des actions de promotion. Ils doivent participer à toutes les foires, à tous les forums qui vont s'organiser aux Etats-Unis. Il faut que depuis les Etats-Unis les gens puissent accéder à un certain nombre d'informations c'est pour cela que nous avons en projet de créer un site Internet qui pourrait permettre du monde entier de connaître toutes les possibilités touristiques de la Côte d'Ivoire. Un travail a été déjà fait, en collaboration avec le centre national de télédétection, aujourd'hui cela a été la différence de créer cette base de données et d'images sur un site web de manière à ce que chacun puisse depuis son pays consulter toutes les informations avant de se déplacer.

Sachant que Forbes Magazine est lu par 4,5 millions d'hommes d'affaire, quel est le message final que vous souhaitez leur adresser ?

Le message que je vais adresser aux lecteurs de votre magazine, c'est que la Côte d'Ivoire a opté depuis toujours pour le libéralisme économique, et cette option quels que soient les aménagements qui vont y être apportées constitue une option fondamentale. C'est dire que la Côte d'Ivoire est un pays ouvert sur l'extérieur, ouvert aux investisseurs, ouvert aux touristes. Nous souhaitons que tous ceux qui souhaitent venir en Afrique puissent venir en Côte d'Ivoire. Nous avons un cadre juridique et réglementaire qui favorise notre volonté d'ouverture. Ce cadre juridique offre toutes les garanties pour sécuriser les investissements qui sont faits en Côte d'Ivoire et pour favoriser leur rentabilité. En plus de cela un minimum d'infrastructures a été mis en place pour permettre à ceux qui s'installent de pouvoir écouler leur production. L'existence du marché ouest africain est une opportunité qui devrait permettre à la Côte d'Ivoire avec ses partenaires extérieurs qui investissent ici de pouvoir devenir une nation industrialisée et nous comptons sur tous les investisseurs américains pour qu'ils viennent aider le pays à se développer.

 

© World INvestment NEws, 2000.
This is the electronic edition of the special country report on Côte d'Ivoire published in Forbes Global Magazine.
August 21th 2000 Issue.
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