CÔTE D´IVOIRE / IVORY COAST
Reshaping the nation

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Interview du Ministre de l'Energie


18 novembre 1999

Le secteur de l'énergie constitue un des principaux moteurs de la croissance économique à moyen terme de la Côte d'Ivoire et est un des axes économiques qui aidera la Côte d'Ivoire à atteindre son but de grand pays industriel. Quelles sont les enjeux de ce développement ?

Les enjeux se situe à plusieurs niveaux. En effet, l'on ne peut imaginer le développement économique sans énergie. Au niveau mondial, prés de 2 milliards de personnes (soit 30%) sur 6 milliards d'habitants que compte le globe n'ont pas accès au minimum en ce qui concerne l'énergie. Si nous revenons à la Côte d'Ivoire, nous pouvons noter qu'en 5 ans, nous avons réalisé un bond appréciable en ce qui concerne ce que nous appelons l'électrification sociale ; en effet, en 1994, la Côte d'Ivoire ne comptait qu'environ 1 110 localités électrifiées. Aujourd'hui, en 1999, ce nombre est passé à 1 600 sur un ensemble de 8 000 localités. Notre objectif est de mettre à la disposition de nos populations une électricité abondante, de qualité et bon marché. Sur ce point, nos ambitions dépassent le cadre national et se positonnent sur le plan régional. Le secteur de l'électricité étant un secteur capitalistique, les investissements à réaliser sont toujours très importants et les amortissements se font sur des périodes très longues. Quand vous construisez une centrale thermique, vous n'amortissez pas l'ouvrage sur 2 ou 3 ans, mais sur une période de 20 à 25 ans. Dans le cas des barrages hydrauliques, c'est au-delà de 40 ans. Etant donné le montant important de ces investissements, la rareté des ressources et l'étroitesse des marchés nationaux, la programmation de ces ouvrages doit ce faire en visant la sous-régions. C'est pour cela que nous parlons souvent de pool énergétique car il est nécessaire que nous mettions ensemble nos ressources afin de pouvoir nous tirer un peu plus rapidement du sous-développement. Nous devons développer des synergies en matière de conception et de réalisation. Actuellement, nous vendons de l'énergie électrique au Ghana, au Bénin et au Togo. Le projet avec le Mali est en cours d'élaboration. Nous avons des propositions sur la Guinée et le Libéria. En ce qui concerne le Burkina Faso, les travaux d'interconnexion sont très avancés et la mise en service se fera dans le courant du semestre en cours.

Quelles sont les mesures mises en place pour assurer l'autonomie énergétique du pays et alimenter la sous région en énergie (exemple: la Côte d'Ivoire, pays exportateur d'énergie à court terme) ?

Pour les stratégies du point de vue de la planification, nous avons renforcé notre capacité de production thermique. En 1983-1984, nous avons connu une crise énergétique liée à la sécheresse parce que nous dépendions essentiellement de nos barrages hydrauliques. Jusqu'en 1997, l'hydraulique représentait 60% et le thermique 40% des capacités totales de production. Avec la centrale thermique d'AZITO (300 MW installés actuellement mais 420 MW en phase finale) nous passerons aux proportions de 40 % pour l'hydraulique et de 60% pour le thermique.

La crise énergétique qui a frappé en mars 1998 la sous-région continue pour certains pays tels que le Ghana, le Bénin et le Togo où la production d'électricité a été réduite de 40%. Ces pays frères ont pu faire tourner leur économie grâce au soutien appréciable de la Côte d'Ivoire en matière d'approvisionnement d'appoint en énergie électrique.

Des études sont en cours pour la construction du barrage de Soubré dans une dizaine d'années. Nos prospections s'étendent aux énergies nouvelles et renouvelables (solaire, éoliennes), à la biomase énergie afin de contribuer à la protection de nos forêts et de l'environnement en général. L'indépendance énergétique de la Côte d'Ivoire reste assurée pour au moins une quinzaine d'années en raison des réserves prouvées de gaz naturel dans nos fonds marins, ce qui nous permet d'ambitionner l'exportation d'énergie électrique dans les pays voisins autres que le Ghana.

De 400 GWH au départ, la vente au Ghana est passée à 600 GWH en 1998. Pour 1999 la vente au Ghana, au Togo et au Bénin se situera aux environs de 1200 GWH.

La centrale d'AZITO portera la puissance installée à 1500 MW ce qui permettra d'assurer la consommation nationale et de poursuivre l'exportation aux pays voisins.

Votre politique énergétique vise à substituer les énergies moins polluantes et moins nuisibles aux énergies traditionnelles. Quelles dispositions avez vous prises pour mettre cela en place ?

Je vous dirais que l'énergie hydroélectrique qui a représenté longtemps l'essentiel de notre production n'est pas polluante. La production thermique à vapeur qui utilise comme combustible le DDO ou le HVO ne représente actuellement que 150 MW sur 800 MW installées globalement pour la production thermique.
En parlant d'énergie propre, vous vouliez certainement faire allusion aux énergies renouvelables telles que l'énergie solaire. Nous étudions en ce moment des projets avec SIEMENS et analysons des offres Espagnoles pour 1500 centres de convivialité concernant des localités très éloignées du réseau national interconnecté. Des tests sont nécessaires avant les réalisations à grande échelle en raison des coûts et des difficultés d'entretien ; car la prise en charge de ces entretiens devra être assurée par nos populations. Aussi, envisageons-nous de faire un test dans une centaine de localités avant la vulgarisation dans un plus grand nombre de villages.

Quelles sont les termes de la libéralisation du secteur afin de réduire les coûts en énergie et de manière à renforcer la compétitivité du secteur ?

Nous avons opéré une restructuration qui permettra de faire face aux enjeux du 3ème millénaire et de la mondialisation. La privatisation en elle-même est un enjeu important. Il y a eu de très gros changements dans le domaine de l'énergie non seulement au niveau de nos pays mais également au niveau mondial. Le secteur de l'énergie a toujours été un secteur monopolistique en lui-même. Nous nous sommes rendu compte que la privatisation de la gestion sans prise de risque au niveau des investissements ne pourra pas répondre aux nouveaux enjeux. J'entends par-là que le monopole privé qui remplace un monopole d'Etat n'apporte pas de satisfaction au consommateur qui réclame une énergie de qualité et bon marché. Il était nécessaire de restructurer le secteur de telle sorte que nous ayons plusieurs sociétés pour les rendre compétitives, faire jouer la concurrence, afin de faire baisser le prix du KWH. En raison de cette restructuration, il était nécessaire d'avoir un régulateur de ce secteur chargé de régler les litiges entre les opérateurs privés ou entre eux et l'Etat et à qui le consommateur peut s'adresser. Nous nous sommes rendu compte qu'il était nécessaire de séparer la gestion des travaux (maîtrise d'ouvre) de la gestion des fonds. Aussi avons nous crée une société responsable des investissements. Celui qui tient la bourse n'investit pas ; celui qui investit ne tient pas la bourse et le régulateur, complètement autonome, peut jouer véritablement son rôle d'arbitre. Nous avons aussi la partie production qui a été libéralisée: CIPREL et AZITO sont des producteurs indépendants.

Quelles sont les opportunités d'investissements dans le secteur ?

L'une des opportunités qui s'est créée dernièrement, c'est AZITO qui se fera en trois phases. Il existe également des opportunités d'interconnexion avec les pays de la sous-région comme je l'ai souligné plus haut. Nous avons tout le secteur de l'électrification sociale qui peut bénéficier de financements privés à des taux raisonnables. Dans cette perspective, la nouvelle politique c'est de réaliser des opérations clé en main. Nous avons travaillé ainsi sur le projet IVOIBER avec PUROIL, une société espagnole ; nous lui avons soumis une liste de villages avec un cahier des charges précis, pour une enveloppe définie et attendons ses offres en nombre de villages à raccorder. Il existe aussi des opportunités d'investissements dans le domaine des grosses réparations dans les centrales, dans la maintenance des lignes haute tension, moyenne tension, et basse tension. Et comme vous le savez, il s'agit d'investissements très importants, des financements de plusieurs millions de dollars américains par projet.

Quel est le message final que vous voulez adresser à nos 4,5 millions de lecteurs ?

Je pense que ce sera le même message qui vous a été donné par Monsieur le Premier Ministre. Nous sommes un pays de pointe dans la sous-région. La Côte d'Ivoire joue un rôle de premier plan au sein de l'UEMOA ; et dans cette UEMOA, nous ne parlons plus de 15 millions de clients potentiels pour nos investisseurs mais de 60 millions, et de 230 millions si nous considérons l'espace CEDAO. Nous sommes un pays où le secteur privé devient de plus en plus le moteur du développement économique. En ce qui concerne le secteur de l'énergie, trois opérateurs privés (CIE, CIPREL, AZITO) gèrent nos ouvrages de production, parmi eux la CIE gère également nos ouvrages de transport et de distribution. Beaucoup d'investissements restent à réaliser (réhabilitation et renouvellement des ouvrages, électrification sociale, extensions et renforcements.) et nous avons vraiment besoin de partenaires. Certains investisseurs avec qui nous travaillons sont très bien connus et se sentent bien en Côte d'Ivoire: c'est le cas notamment d'ABB. D'autres comme AES ou ENRON ont compéti pour certains appels d'offres. Aujourd'hui, de nouveaux chantiers existent au niveau du secteur de l'énergie ; nous invitons donc vos lecteurs à venir investir en Côte d'Ivoire.

 

© World INvestment NEws, 2000.
This is the electronic edition of the special country report on Côte d'Ivoire published in Forbes Global Magazine.
August 21th 2000 Issue.
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