CÔTE D´IVOIRE / IVORY COAST
Reshaping the nation

Introduction - Agriculture - Economy - Transport - Industrial sector -
Economic infrastructures - Mines and energy - Growth - Tourism


Mr. N'Golo Coulibaly, Ministre des Finances


Interview de

Mr. N'Golo Coulibaly,
Ministre des Finances

31 janvier 2000
Aujourd'hui l'inflation en Côte d'Ivoire est sous contrôle, 1999 a été la 5ème année consécutive de croissance économique, plus globalement pouvez-vous nous dire quel est le bilan exact de l'économie ivoirienne ?

Tout d'abord, je voudrais dire que la Côte d'Ivoire comme tous les pays de l'Afrique de l'Ouest, a connu des difficultés sur le plan économique. Ces difficultés l'ont emmené à entreprendre un programme avec le Fonds Monétaire International pour pouvoir s'attaquer aux problèmes de structure qui sont en travers l'évolution de son économie. Ces programmes se sont déroulés d'une bonne manière, et l'un des jalons importants qui a été posé dans le cadre de la restructuration de cette économie a été la dévaluation de sa monnaie. Pour résoudre fondamentalement ce problème de surévaluation de la monnaie de l'ensemble de la zone qui avait fini par manger totalement la compétitivité de ces économies. Une grande dévaluation qui a restauré notre compétitivité. Aujourd'hui, nous sommes avec une économie qui a libéralisé totalement l'ensemble de ses secteurs principaux. A savoir le secteur café-cacao. Sur le plan de la production nous parlons d'un million de tonnes de cacao et de près de 300000 tonnes de café. Jusque là les choses ont fonctionné à travers le sceau de la Caisse de Stabilisation qui manageait l'ensemble de ces secteurs en intervenant dans le cadre de la logique de la stabilisation, à savoir quand les prix baissent sur le marché international, la Caisse doit intervenir pour corriger cela au profit des producteurs, ou inversement quand les prix allaient au-delà d'un certain seuil, elle procédait à des prélèvements qui devaient constituer sa capacité d'intervention de manière à pouvoir tenir en période de vaches maigres. C'est la libéralisation des principaux secteurs, la libéralisation du secteur café-cacao: le prix qui était fixé était un prix qui était administré, aujourd'hui le prix est fixé en fonction du marché international, mais par précaution par une entente entre le secteur usinier, le secteur des producteurs et une représentation de l'Etat. Nous avons également en ce qui concerne cette libéralisation, une liberté dans la formation des prix pour la plupart. Jusque-là nous avons vécu avec des subventions dans beaucoup de domaines. Ces subventions pesaient sur le budget de l'Etat. Très souvent nous nous sommes retrouvés avec un budget qui était totalement déséquilibré en faveur de ces interventions qui n'étaient pas incitatrices à l'effort.

Mais avec la libéralisation dans le secteur, nous voyons de plus en plus des opérateurs économiques qui arrivent à se positionner sur les différents marchés, à savoir les marchés de la sous-région, les marchés en Europe ou en Amérique. Dans le cadre d'une mondialisation des économies, nous pensons que ce sont des évolutions saines. Toutes ces choses ont permis par exemple la réduction de la masse salariale, qui aujourd'hui avoisine à peine les 31 % de notre budget, alors que nous entrions en programme d'ajustement, nous avions une masse salariale qui représentait sensiblement 70 à 75 %. Nous pensons que ces signes ont une évolution extrêmement positive et extrêmement saine pour notre économie étant entendu que cela dégage des marges qui peuvent être réservées à des dépenses productives. Donc une économie qui s'est libéralisée, une économie qui a maîtrisé son inflation exactement après la dévaluation, aujourd'hui nous sommes à moins de 5 %. Par rapport aux taux d'intérêts qui sont pratiqués, aux taux effectifs qui doivent pouvoir être relativement intéressants, voilà où nous en sommes avec notre économie.

Cette économie qui a ses fondamentaux qui sont bons a quand même connu des problèmes qui sont passagers, liés à la situation politique qui a connu son paroxysme avec les évènements du 24 décembre. Si par rapport aux évènements du 24 décembre certains de vos partenaires regrettent, nous ici en Côte d'Ivoire, nous les considérons comme salutaires. Parce que je pense que vous êtes présents, vous avez pu côtoyer la population et que vous avez pu voir le degré d'adhésion des populations à ce qui s'est passé le 24 décembre. Je pense que vous avez pu mesurer au niveau des opérateurs économiques que beaucoup considèrent que ces évènements ouvrent une nouvelle perspective et qu'en définitive avec un programme qui est centré sur l'effort de démocratisation, avec un programme qui est ciblé sur la participation effective et qui se propose de lutter contre l'exclusion. Je pense que ceci devrait permettre au contraire d'être plein d'espoir, de ne pas être négatif dans son appréciation. Je pense qu'aujourd'hui il est question que notre système judiciaire puisse être revu, et que de plus en plus ce soit un système qui soit indépendant dans son fonctionnement et donc qui puisse assurer à l'investisseur étranger que quand il aura des problèmes dans le cadre de l'investissement qu'il aura réalisé les litiges seront tranchés conformément à la position de chacune des actions sans ingérences extérieures pour essayer d'influencer les choses dans tel sens, ou dans tel autre. Nous pensons que seules ces choses là sont les atouts d'une nation modèle, les atouts d'une économie modèle et que nous essayerons de cultiver de manière à pouvoir nous insérer dans le mouvement général de la mondialisation de l'économie parce que qui dit mondialisation, dit compétitivité. Compétitivité cela veut dire quoi ? Cela veut dire qualité des produits, cela veut dire une offre qui est ouverte, où chacun peut emmener ce qu'il sait faire et c'est le marché qui décide. Cela suppose que vous avez maîtrisé vos facteurs de production, et que vous apportez un plus par rapport à ceux qui cherchent à pénétrer ces différents marchés et aujourd'hui tous les pays sont des potentiels concurrents qui cherchent à pénétrer ces marchés. Cela veut dire qu'il faut soigner la qualité de ses produits, il faut soigner la marge de sa productivité. Nous pensons que tous ces éléments sont des éléments dont se préoccupe aujourd'hui le gouvernement ivoirien, par conséquent se sont des éléments qui sont porteurs d'espoir. Dans le passé comme aujourd'hui et un peu partout dans le monde, les gens ont posé ce problème de la corruption, de la fraude. En Côte d'Ivoire c'est une des préoccupations essentielles du gouvernement de transition. La transparence dans la conduite des affaires et la responsabilité, nous voulons dorénavant que l'ensemble des personnes qui sont engagées dans la manipulation des deniers publics, qui sont engagées sur le front de l'action publique, soient des personnes ouvertes à la critique, qui opèrent au vu et au su de tout le monde en dehors de quelque rare domaine où on peut parler de secret d'état. Dans le passé, on a jeté un voile sur tout, on a fait croire que dès lors qu'on révèle telle chose, la nation va tomber et on s'est rendu compte que rien de tout cela ne gène l'état. Aux Etats-Unis quand vous allez sur les places publiques, vous avez le montant de la dette publique qui défile, tout le monde le voit, cela ne fait pas tomber l'Amérique. Dans nos pays ce sont des choses qui sont tabous. Nous sommes dans un siècle de l'ouverture et le pays est prêt à aller à cette ouverture, si c'est cette ouverture qui doit nous rendre compétitif, disons au même niveau que l'ensemble de nos partenaires, nous sommes engagés pour cela. Je note que la conjoncture est un peu mauvaise pour le prix de nos principales productions café-cacao, nous espérons une inversion de tendance. Nous notons que même les produits pétroliers sont à un record en matière de prix. Donc ces prix nous gênent, les prix de notre production nous gênent parce qu'ils sont trop bas. Le prix d'une des principales matières que nous importons nous gênent parce qu'il est exorbitant aujourd'hui et nous souhaitons voir une évolution intéressante dans le vrai sens inverse de ces différentes données de manière à diminuer un peu le coût et à améliorer le revenu de nos paysans.

L'une des caractéristiques essentielles, c'est que dans certains pays quand on parle de la production de café et du cacao et même dans d'autres domaines, il s'agit de grands producteurs qui ont des grandes superficies qu'ils exploitent. En Côte d'Ivoire il s'agit de milliers de petits producteurs et cela est à la fois la force et la faiblesse de notre économie, c'est la force quand les prix sont bons, ces gains sont diffusés à travers une grande proportion de nos populations, mais quand c'est mauvais cela touche une grande proportion de la population. Et comme le café et le cacao représentent malgré tout aujourd'hui un pourcentage de 60% de nos exportations, cela veut dire que quand les prix sont mauvais sur ce front, l'économie ivoirienne s'en ressent. Nous restons convaincus qu'avec les transformations qualitatives, cette économie avec de plus en plus de valeur ajoutée, de transformations de certains des produits que nous avons exportés jusque là sous forme brute mais que nous allons transformer de plus en plus, nous allons pouvoir progressivement être à l'abri de ces grandes fluctuations.

Un des grands axes de la politique économique du gouvernement précédent était notamment la privatisation des plus grandes sociétés publiques, est ce que cette politique va changer ?

Je vous ai parlé des programmes que nous avons vu avec le Fonds Monétaire International, les programmes d'ajustement, du volet important de libéralisation de libéralisation de nos produits. La politique de privatisation qui a été engagée participe justement à cet effort de libéralisation. Il s'est agit pour nous de libéraliser certaines entreprises, aujourd'hui nous sommes à mi-chemin ou même au 2/3 de la privatisation, les plus grandes unités ont été privatisées dont essentiellement la CITELCOM. Je viens de parachever la privatisation de la troisième banque de notre système bancaire à travers la privatisation de la BIAO. Il reste une vingtaine d'entreprises à privatiser, dont une grande unité: la SIR. Cette politique du point de vue philosophie va être touchée, mais en ce qui concerne l'application du programme tel qu'il est conçu, je suis partisan que nous nous arrêtions un peu, que nous apprécions et que nous repartions. Tout juste le temps de voir comment la privatisation passée a été conduite, ce qu'elle nous a apporté, l'impact qu'elle a sur l'économie et pour le futur nous assurer que la finalisation de ce programme va effectivement nous positionner sur le plan de l'efficacité économique. Parce que une unité comme la SIR, il s'agit pour nous de pouvoir la pérenniser, et surtout de pouvoir la pérenniser dans son existence sur le plan d'une activité économique ouverte qui n'est plus protégée. Pour que cela soit réussi, nous avons besoin que les acteurs qui reprennent cette unité soient des acteurs avertis du secteur. Quand je dis que nous allons arrêter cela ne veut pas dire que ça va nous prendre beaucoup de temps, je ne le pense pas mais nous avons besoin dans cette politique de privatisation d'une partie de post évaluation pour voir ce qui a été fait, comment cela influence l'économie et une analyse prospective en ce qui concerne la réussite et l'impact éventuel de ces autres privatisations. Mais il faut savoir que les entreprises qui restent à privatiser en dehors de la SIR ne sont pas des unités importantes, des unités de taille moyenne. On peut considérer que l'état cherche à maximiser le gain monétaire qu'il peut en tirer immédiatement dans l'opération elle-même de privatisation. Au-delà de ce gain monétaire immédiat, qu'est-ce que l'économie va pouvoir tirer du fonctionnement nouveau qui va naître justement de cette privatisation, avec l'input du savoir-faire du secteur privé ? Sur la philosophie nous n'avons pas de problème, c'est cette analyse que nous voulons faire, j'espère que nous serons en phase avec les partenaires.

Le gouvernement du CNSP a remboursé 28 millions d'euros à la communauté européenne, nous voulons savoir quel genre de relation vous voulez établir avec les institutions internationales ?

C'est la continuité. Nous avons trouvé une situation dans laquelle le gouvernement antérieur s'était engagé à rembourser à l'Union Européenne les 18 milliards qui ont fait l'objet d'une mauvaise utilisation. La trésorerie de l'état est momentanément serrée, cela a posé quelques problèmes au niveau du précédent gouvernement comme à notre propre niveau pour rembourser la fin de ces échéances. Il y a eu quelque retard, mais comme je l'ai indiqué récemment à des journalistes qui m'interrogeaient sur la question, la philosophie de la Côte d'Ivoire demeure son attachement à respecter ses engagements. C'est un engagement qui a été pris au nom de la Côte d'Ivoire, c'est un engagement que nous devons respecter. Si les moyens nous le permettaient nous aurions honoré l'ensemble de nos engagements. En ce qui concerne le point particulier des 18 milliards, considérant la manière dont cette dette est née, la Côte d'Ivoire se devait de faire un effort particulier, c'est cet effort particulier que nous avons fait pour rembourser cette dette et montrer à la communauté internationale qui est regroupée au sein de l'Union européenne, que nous entendons poursuivre des relations saines, des relations de confiance mutuelle, que nous puissions reprendre des rapports normaux. L'existence de cette dette était devenue un élément qui empoisonnait nos relations. Nous voulons regarder l'avenir, ce qui veut dire aussi se préoccuper du retour de notre pays à une situation constitutionnelle normale et très rapidement. Notre pays va se trouver en discussion avec l'Union européenne dans le cadre des consultations qui sont menées dans ce genre de situation. Nous espérons que les actes de bonnes volontés que nous avons posées vont pouvoir convaincre définitivement les partenaires que la Côte d'Ivoire a connu certes quelques difficultés, mais qu'elle reste la Côte d'Ivoire de la paix, du progrès économique surtout, qui est l'élément moteur de la sous-région de l'Afrique de l'Ouest où elle se trouve. Elle a les atouts pour jouer ce rôle et les ambitions.
Une délégation du FMI arrive demain à Abidjan, quels sont les enjeux de cette visite ?

Les enjeux sont très importants. Le FMI est une institution très importante aujourd'hui sur le plan mondial, pour les pays développés comme pour les pays sous développés et avec la mondialisation de l'économie le FMI va de plus en plus occuper une position semblable. Ces dernières années, les relations que nous avons eues avec cette institution ont été des relations qui se sont assombries, qui se sont alourdies, qui ont fini par se solder par une incompréhension. Cela a affecté le programme que nous avons avec cette institution. Vous savez que dans le contexte de l'organisation du système financier international tel qu'il existe aujourd'hui, si vous n'avez pas un programme avec le FMI, vous ne pouvez pas bénéficier des décaissements des autres bailleurs de fonds. Malheureusement notre programme est tombé en panne, à cause de ces difficultés de relations et nous osons croire que cette mission qui arrive demain va être le point de départ d'une relation qui va très rapidement se normaliser de telle manière à aboutir à un horizon qui n'est pas trop reculé à d'autres missions, et éventuellement la conclusion d'un programme à travers des éléments objectifs que nous aurons discutés, arrêtés ensemble de telle manière à voir en clair les éléments de base d'un programme fiable.

Comme vous savez, les lecteurs de FORBES sont pour la plupart des investisseurs, des hommes d'affaire américains, ils sont à la recherche de nouvelles opportunités d'investissement dans différents pays. Quelles sont selon vous les opportunités ici en Côte d'Ivoire pour eux ?

Les opportunités sont multiples. Mais si je veux citer quelques unes, c'est le secteur agro-indudriel. Si on veut synthétiser la Côte d'Ivoire, c'est 1 million de tonnes de cacao, c'est 300 000 tonnes de café par an, c'est 260 000 tonnes de coton par an. Tout ce qui peut aller dans le sens d'une transformation de tout ou partie de ces productions sous une forme brute sur le marché est à notre avis une opportunité importante, parce que la matière première se trouve sur place et nous pensons qu'avec un investissement qui n'est pas excessif, il est possible d'implanter des unités qui vont pouvoir rayonner et servir les marchés de la sous région. Prenez uniquement l'UEMOA, ces huit pays ensemble aujourd'hui regroupent un marché de 67 millions d'habitants. Biensur avec le revenu par capital, ce n'est pas un marché extrêmement puissant, mais c'est un marché. Il faut noter également au niveau de la CEDEAO une volonté qui se manifeste de plus en plus clairement pour également une intégration de ces différents pays vers un marché d'abord au niveau d'une zone de libre échange, ensuite au niveau d'une zone monétaire et enfin qui évoluerait vers une fusion avec notre propre zone de l'UEMOA. Si cette intégration arrive à se faire à ce niveau, c'est un marché de près de 200 millions d'habitants dont on parle. Je pense qu'au moment où ces choses se dessinent ce sont des opportunités pour les hommes d'affaires américains qui raisonnent toujours à l'échelle de leur nation, qui est une grande nation, en ayant à l'arrière plan la possibilité de l'évolution vers ces marchés. Je reviens de Bamako où la CEDEAO était en réunion et où ces problèmes étaient le centre des préoccupations, et je suis persuadé que la volonté politique et la pression des peuples aidant, que ces marchés vont devenir une réalité très prochaine. Le secteur minier constitue aussi un autre secteur dans lequel je crois qu'il y a des opportunités. Nous nous sommes dotés d'un code minier il y a quelque temps, mais ce code minier intéressait beaucoup plus le pétrole. Mais je dois dire qu'au-delà du pétrole il existe des gisements intéressants de fer, de manganèse et qui ont fait l'objet d'études et qui seraient prêts à pouvoir faire l'objet d'exploitation. Tous ces secteurs sont des secteurs intéressants de regarder pour des professionnels.

Selon vous quels seront les plus grands défis économiques auxquels devra faire face la Côte d'Ivoire entre aujourd'hui et octobre 2000 ?

Entre maintenant et octobre 2000, c'est le court terme. Je crois que le problème fondamental auquel le pays est confronté c'est un problème d'assainissement de ses finances publiques essentiellement et un problème d'adoption et d'affirmation de règles de gestion de ses finances, de telle manière que comme je l'ai dit antérieurement, l'homme public devienne une personne qui est responsable et qui ne se considère plus comme au-dessus des lois, mais qui est soumis aux lois en d'autre terme qui est responsable. Les finances publiques doivent être gérées d'une manière telle que les différents budgets soient affectés effectivement aux objets pour lesquels ils sont destinés. Nous allons rentrer dans une société où les règles d'incitations à bien agir soient bien posées, mais les règles de sanctions soient bien posées aussi. Nous pensons que nous avons donné des signes négatifs à nos concitoyens que trop de choses pouvaient se faire impunément, aujourd'hui il faut que nous donnions la leçon, que personne n'est au-dessus de la loi. Le Général Robert GUEI a eu une formule heureuse en la matière ; il a dit " fini l'heure de l'impunité ". Si nous arrivons à assainir nos finances publiques, si nous arrivons à maîtriser la masse salariale, si nous arrivons à promouvoir l'investissement, je pense que nous aurons fait l'essentiel. Le reste c'est à long terme. Il faut que les règles de gestion soient clairement définies, que les hommes pour les mettre en ouvre soient des hommes de qualité. Et que ces hommes de qualités qui les mettent en ouvre mais qui ne sont pas des saints sachent que s'il leur arrivait de se tromper que bien sûr la sanction ne sera pas inhumaine, mais qu'il y aura une sanction.

Je pense que toute société moderne doit pouvoir vivre conformément à cette règle de la Côte d'Ivoire qui se veut ambitieuse de devenir une nation moderne. C'est ce que le gouvernement de transition voudrait pouvoir léguer au gouvernement qui va arriver. Autrement dit positionner le pays sur les rails de telle manière que tous ceux qui viendront dorénavant lors de l'installation officielle de la Commission Consultative Constitutionnelle et Electorale, que les lois soient faites pour le pays, que les hommes qui viennent s'adaptent aux lois pour le pays et qu'ils ne s'imaginent plus qu'ils doivent adapter les lois à eux-mêmes. Si ces règles sont posées cela veut dire que la Côte d'Ivoire aura fait un choix de société et que ceux qui viendront, serviront la Côte d'Ivoire dans le cadre de ce choix de société.

Etant donné que FORBES MAGAZINE est un magazine qui est lu par 4,5 millions de lecteurs, quel est le message final que vous souhaitez leur adresser et surtout si vous les invitez à venir investir en Côte d'Ivoire, pourquoi selon vous devraient-ils venir ici plutôt qu'ailleurs ?

C'est vrai, je vous en sais gré de me donner l'opportunité de m'adresser à l'ensemble de vos lecteurs qui sont des lecteurs de qualité, des hommes de poids. Je sais que dans un continent on parle du networth et le networth des gens qui lisent FORBES est assez conséquent. Je vais leur dire que la Côte d'Ivoire est sans doute un petit pays, mais un petit pays dans l'ouest africain qui compte. Comme je l'ai dit déjà, en matière de production de cacao, la Côte d'Ivoire est quand même le premier producteur. Je crois que c'est quelque chose que les hommes d'affaire doivent savoir. Partout on parle de cacao, de beaucoup de choses mais parfois on ne sait même pas très bien d'où viennent ces choses là. Que la Côte d'Ivoire compte sur ce plan. Que la Côte d'Ivoire est un pays qui cherche à se moderniser et qui est en train de poser les règles pour cette modernisation. L'économie ivoirienne dans l'ouest africain compte et est doté de codes d'investissements qui sont intéressants et qui offrent la garantie pour l'investissement et la garantie des transferts des bénéfices. Ce sont des choses qui sont importantes à savoir pour les lecteurs de FORBES qu'au-delà de toute chose l'économie ivoirienne est une économie qui est en train de mener une politique d'ajustement structurelle qui va assainir complètement l'ensemble du tissu économique et qui est résolument engagé dans la voie de libéralisation et de privatisation. Nous voulons faire appel à leur capital quand le contexte d'une ouverture de notre économie sur le reste du monde, car nous pensons que si les capitaux étrangers peuvent venir en Côte d'Ivoire, les retours sur investissement sont comparables aux retours d'investissement dans la plupart des pays européens. D'une manière générale en ce qui concerne la période d'amortissement, nous pensons que nous pouvons nous accommoder de périodes d'amortissement plus court. Cela est beaucoup plus intéressant pour les investisseurs. Libéralisation, système judiciaire également revu et rendu indépendant, opportunité dans les secteurs agro-industriel et dans les secteurs miniers, aujourd'hui avec l'insertion de la Côte d'Ivoire dans le secteur moderne des communications, nous pensions que même sur le plan des services, il peut y avoir des opportunités et nous avons à offrir surtout la qualité de nos hommes. Nous pensons en Afrique de l'Ouest ici que la Côte d'Ivoire a toujours été appréciée pour le niveau de formation qu'elle a su donner à ses populations. Le taux de scolarisation en Côte d'Ivoire est le plus élevé en Afrique de l'Ouest. Nous avons l'impression qu'en dehors de quelques difficultés que notre système d'enseignement ait connu ces dernières années, nous avons les plus grandes écoles d'ingénieurs, nous avons la première université en Afrique de l'Ouest où la plupart des cadres que se soit au Burkina, au Bénin, ont été formés ici. Avec la diversification et la décentralisation que nous sommes en train de créer, la qualité de nos hommes fait la différence avec les autres pays de l'Afrique de l'Ouest. Pour toutes ces raisons, nous considérons que la Côte d'Ivoire a des atouts.

Elle peut constituer un attrait pour des investisseurs qui en investissant pensent pouvoir bénéficier de fruits et de leur capital s'ils en ont besoin et toutes ces garanties, la Côte d'Ivoire les possède.

 

© World INvestment NEws, 2000.
This is the electronic edition of the special country report on Côte d'Ivoire published in Forbes Global Magazine.
August 21th 2000 Issue.
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