CÔTE D´IVOIRE / IVORY COAST
Reshaping the nation














Germain Aké Yapo, Directeur Général


Interview de

Mr. Germain Aké Yapo,
Directeur Général

11 novembre 1999
Pouvez-vous nous donner un aperçu historique de l'AGEPE ?

L'AGEPE est l'Agence d'Etudes et de Promotion de l'Emploi. C'est un établissement public à caractère industriel et commercial qui a été crée en février 1993. Il est venu en remplacement de l'OMOCI qui était l'Office de la Main d'ouvre de Côte d'Ivoire. Les missions qui lui sont assignées sont les suivantes: l'observation du marché de l'emploi qui s'effectue par des études sur le marché de l'emploi afin de produire des informations, de permettre aux décideurs de fonder leurs décisions en matière de politique d'emploi et de formation. En deuxième lieu il y a l'aspect promotion de l'emploi qui consiste à mettre en ouvre les programmes nationaux d'emploi et toutes les autres formes d'actions visant à permettre aux demandeurs d'emploi d'être insérés dans la vie active.

Sur l'aspect de la promotion et de l'emploi, pouvez vous nous dire quels sont les programmes que vous mettez en place afin d'atteindre vos objectifs ?

Lorsqu'un pays met en place une politique d'emploi, celle-ci vise à atteindre le plein emploi. Mais nous ne nous faisons pas d'illusions. Nous savons que le plein emploi est difficile à atteindre mais il est important d'avoir une structure publique d'emploi. En 1995, lors du sommet mondial sur le développement social, les états avaient pris des engagements. Au nombre de ceux- ci, il y a le 3ème engagement qui stipule que chaque pays signataire doit mettre en place une politique nationale de l'emploi. La Côte d'Ivoire s'est conformée à cet engagement et a donc mis en place une politique de l'emploi. Et dans le cadre de cette politique, elle a créé des programmes nationaux de création d'emploi et des programmes de formation. S'agissant des programmes nationaux de création d'emploi, nous avons le programme de création des micro-entreprises (PCME), lequel a pour objectif d'aider les jeunes diplômés ou d'autres personnes déflatées du secteur public ou du secteur privé à pouvoir s'insérer ou se réinsérer dans la vie active. C'est un programme qui est financé par l'Etat, et que nous administrons en liaison avec la Caisse Autonome d'Amortissement (CAA) ; C'est le premier programme. Il faut dire aussi que ce programme vise également à promouvoir l'esprit entrepreneurial parce que dans un premier temps, dans notre pays les formations des ressources humaines étaient destinées soit à l'administration soit au secteur privé. De plus en plus le secteur moderne privé et le secteur administratif n'arrivent plus à absorber tous les sortants des différentes structures de formation. Donc il faut réorienter les choses. Il faut mettre en place des mesures spécifiques pour pouvoir résoudre le problème de l'emploi. C'est dans ce cadre, que ce programme a été mis en place. Il y a également le programme spécial de création d'emploi qui est un programme que nous gérons avec la CAA. Il a pour but d'aider les jeunes déscolarisés qui sont dans les communes, à se mettre en groupement, à s'organiser afin de pouvoir assurer des travaux de salubrité publique. Nous avons ensuite le programme spécial d'insertion des femmes qui est conduit par l'AGEPE. Il y a également le programme d'insertion des jeunes ruraux parce qu'il faut aider les jeunes à se sédentariser en leur permettant de développer des activités qui puissent leur permettre de gagner leur vie en restant dans leurs régions. Il y a le programme d'aide à l'embauche (PAE) destiné à aider les jeunes diplômés à acquérir une expérience en entreprise. Ce programme permet de mettre en stage d'apprentissage pendant douze mois (12) dans une entreprise, un jeune diplômé suivi par nous-mêmes et par un maître de stage. Ce qui lui permet de se familiariser avec l'environnement de l'entreprise et d'acquérir le savoir-faire. Au terme de ce stage le candidat peut avoir la chance d'être embauché par l'entreprise au sein de la quelle il a fait son apprentissage. Même si le stage n'aboutit pas à une embauche, il a au moins une expérience qu'il pourra négocier ultérieurement. Nous avons aussi des programmes de formation. Nous faisons la formation complémentaire qualifiante de personnes déjà diplômées qui n'ont peut-être pas eu la chance d'avoir un emploi pendant un certain temps. Nous observons les offres qui sont faites tout au long de l'année et à partir de cette observation, nous pouvons nous apercevoir qu'un certain nombre d'offres n'ont pas pu être satisfaites faute de qualification. Nous identifions les filières dans lesquelles il faut donner une formation qualifiante à ces personnes que nous pouvons mettre par la suite sur ces offres.

Comment vous assurer vous que la personne que vous placez reste dans l'entreprise c'est à dire qu'elle est compatible avec l'entreprise ?

Le programme d'aide à l'embauche dispose d'une cellule technique. Celle-ci s'occupe du suivi des jeunes. C'est cette cellule qui procède à la sélection des jeunes parce qu'ils sont nombreux, et qui les place dans les entreprises. Elle leur rend visite, les suit et se rend sur les lieux de travail pour discuter avec le stagiaire et également avec le maître de stage pour voir si tout se déroule dans les meilleures conditions.

Vous êtes sous la tutelle du Ministère de l'Emploi de la Fonction Publique et de la Prévoyance Sociale ; Comment vous coordonnez-vous avec le Ministère ?

Nous sommes effectivement sous la tutelle du Ministère de l'emploi de la Fonction Publique et de la Prévoyance Sociale. Mais nous sommes un établissement public que nous appelons EPN c'est-à-dire Etablissement Public National. Ces établissements Publics Nationaux bénéficient d'une autonomie de gestion. Ce qui permet à l'Etat d'exécuter à travers ces structures des tâches qui si elles étaient confiées à l'administration centrale subiraient des retards compte tenu des procédures administratives qui sont observées par l'administration centrale. Nous avons notre budget et l'exécutons à notre niveau. Nous avons une certaine autonomie, mais travaillons sous l'autorité de notre Ministre de tutelle. C'est cela, l'esprit qui a présidé à la création des Etablissements Publics Nationaux.

Quelles sont vos relations avec les autres agences de l'emploi le FDFP, l'AGEFOP ?

Le FDFP et l'AGEFOP sont nos partenaires. Le FDFP s'occupe du financement de la formation. Nous nous occupons essentiellement du placement des demandeurs d'emploi dans les entreprises ou de l'installation des personnes qui ont été formées. Généralement nous faisons des projets communs avec le FDFP. S'agissant de l'AGEFOP, nous savons qu'elle forme de nombreux jeunes appellés apprentis, mais nous ne savons pas s'il y a un suivi qui est fait par la suite. Nous essayons d'établir maintenant une collaboration avec cette structure pour que nous puissions ensemble aider éventuellement à l'installation des jeunes formés.
Combien de personnes avez-vous inséré en entreprise en moyenne par an ?

Au niveau du PAE et des placements vous avez tous les éléments dans les documents (voir document).

Diriez-vous que votre rôle au niveau national est de combattre le chômage ?

L'AGEPE a été créée pour combattre le chômage. C'est l'instrument qui sert aux demandeurs d'emploi de pourvoir s'insérer dans la vie active. C'est une structure extrêmement importante car la Côte d'Ivoire fait beaucoup d'efforts en matière de formation et elle dispose des structures de formation très performantes. Il y a d'autres structures de formation qui produisent des personnes formées mais après leur formation, il faut qu'elles aient un emploi. L'AGEPE joue un rôle extrêmement important. C'est pour cela que nous sommes en train de multiplier des actions de promotion de manière que les jeunes qui sortent des structures de formation viennent s'inscrire pour que nous puissions connaître le volume des demandeurs d'emploi. Et éventuellement faire des propositions au gouvernement au cas où on aurait des difficultés de placement. Il faut que nous sachions le nombre exact des demandeurs d'emploi. Il faut aussi qu'on ait une idée des possibilités d'emploi. C'est pour cela que l'AGEPE a une direction qu'on appelle l'Observatoire de l'Emploi, des Métiers et de la Formation. Elle entreprend des études sur le marché de l'emploi et les résultats de ces études sont destinés aux décideurs (gouvernement, employeurs, syndicat). Cela permet la réorientation en cas de nécessité des politiques de l'emploi et de la formation. L'AGEPE a été créée en 1993, mais déjà elle a fait des productions assez intéressantes, et elle s'impose de plus en plus comme une structure sérieuse.

L'AGEPE est une vraie institution sociale, comment comptez vous l'améliorer ?

Nous avons fait des propositions dans le sens de l'amélioration des rendements de l'AGEPE. Nous avons proposé une restructuration qui a été acceptée. Nous sommes en train de mettre en place des représentations à l'intérieur du pays. Jusqu'à l'année dernière nous n'avions que deux représentations, l'une à Bouaké et l'autre à San Pédro. Nous venons d'obtenir du gouvernement l'autorisation d'ouvrir quatre nouvelles représentations. Cela nous permettra de couvrir beaucoup de terrain et de déployer nos actions sur l'ensemble du territoire. Même à Abidjan, nous ne sommes pas bien connus. Voilà la raison de notre présence à l'intérieur. Il ne faudrait pas que trop d'éléments nous échappent et que les analyses que nous aurons à faire ne soient pas assez fiables. Pour cela tous les demandeurs d'emploi doivent s'inscrire dans nos délégations régionales. Nous avons un fichier central ici, et tout le travail qui est fait là-bas nous est communiqué afin que nous sachions le stock des demandeurs d'emploi. Lorsqu'une entreprise a besoin de main d'ouvre, elle s'adresse à nous en nous donnant le profil qu'il lui faut, nous regardons dans notre fichier, nous identifions les personnes à même de répondre à l'offre ; nous procédons à une sélection de ces personnes et les envoyons en entreprise. L'employeur retient celles qu'il juge le mieux à même d'occuper les emplois disponibles. L'amélioration des actions de l'AGEPE passe aussi par la mise à disposition de moyens conséquents, car la création d'emploi coûte cher.

Etes-vous à la recherche de partenaires stratégiques pour vous aider pour les années à venir ?

Le problème de l'emploi intéresse toute la communauté nationale. Nous essayons de faire comme l'OIT. Nous travaillons dans un cadre tripartite avec les employeurs et les travailleurs à travers leurs syndicats. En plus de cela nous avons d'autres partenaires comme certains ministères techniques et des O.N.G. Lorsque nous voulons faire des études sur le marché de l'emploi, nous sommes obligés d'aller prendre des données dans des institutions spécialisées comme l'INS (Institut National de la Statistique) et la BDF (Banque des Données Financières). Nous travaillons également avec l'Ecole Nationale Supérieure de la Statistique et d'Economie Appliquée, l'ORSTOM, l'ANADER etc. Pour combattre le chômage il faut que nous puissions nous entourer de partenaires volontaires, prêts à nous aider parce que seuls nous ne pouvons rien faire et nous en sommes conscients. Pour cela, quand nous devons conduire une étude sur le marché de l'emploi nous faisons appel à des cabinets, à des Ministères tels que les Ministères de l'Enseignement Technique, de l'Education, de l'Enseignement Supérieur, à des ONG pour qu'ensemble nous puissions suivre ces travaux. Pour prendre une décision nous consultons tous les partenaires pour recueillir le point de vue de tous sur ce qui doit se faire. Nous tendons vers une ère où les décisions doivent êtres prises de façon consensuelle. Le temps de la réglementation pure et dure est terminée. Nous sommes dans le cadre de la libéralisation qui suppose que tous les partenaires soient associés à la prise des décisions pour que celles-ci soient facilement applicables.

Pouvez-vous nous donner un aperçu de votre parcours professionnel ?

J'ai fait l'Université d'Abidjan. J'ai obtenu une maîtrise en droit public, et j'ai passé avec succès le concours d'entrée à l'ENA. J'ai fait une formation de deux ans à Montpellier et à Paris. J'ai d'abord travaillé au Ministère du Commerce où j'étais chargé d'études. J'ai été Sous Directeur du contentieux, puis Directeur Régional à Daloa. Je suis Directeur Général de l'AGEPE depuis le 10 juin 1996. Je suis Administrateur des Services Financiers de profession.

Quel est le message final que vous voulez adresser à nos lecteurs ?

C'est une question très intéressante. La Côte d'Ivoire est un pays ouvert à l'investissement étranger. Nous n'avons pas de capitaux mais il y a des potentialités qui sont énormes et des secteurs qui n'ont pas encore été exploités où les capitaux américains peuvent bien se faire valoir. Il y a sur place une main d'ouvre jeune, dynamique et qualifiée pour faire fructifier leurs affaires. En tant que responsable de l'emploi en Côte d'Ivoire c'est ce que je voudrais leur dire. Il serait souhaitable que des hommes d'affaires viennent visiter notre pays. Le Président Henri Konan BEDIE fait des efforts pour que les capitaux étrangers puissent venir s'investir dans les domaines les plus divers possibles pour qu'à leur manière ils puissent contribuer au développement de la Côte d'Ivoire qui est un pays cher à notre cour.

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© World INvestment NEws, 2000.
This is the electronic edition of the special country report on Côte d'Ivoire published in Forbes Global Magazine.
August 21th 2000 Issue.
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