CÔTE D´IVOIRE / IVORY COAST
Reshaping the nation














Jacques Chevalier, General Director

Interview de

Mr. Jacques Chevalier,
Directeur Général

22 novembre 1999
Pouvez-vous dans un premier temps nous donner un aperçu historique de l'ANARE ?

L'ANARE a été crée par décret présidentiel le 16 décembre 1998 dans le cadre de la poursuite de la réforme du secteur électrique. De 1952 à 1990 toute la politique de développement du secteur électrique était assurée par l'EECI (Energie Electrique de Côte d'Ivoire) en liaison avec le Ministère de l'Energie. En 1990, le secteur a connu un premier changement. L'Etat de Côte d'Ivoire à décider de concéder l'exploitation (conduite et maintenance) des ouvrages de production de transport et de distribution, l'importation et l'exportation d'énergie électrique et la commercialisation de l'électricité à un opérateur privé, la Compagnie Ivoirienne d'Electricité, l'EECI n'ayant plus comme missions que la gestion du patrimoine, les travaux de renouvellement et réhabilitation, l'électrification rurale et le contrôle des activités de la CIE.

En 1994, un 2ème opérateur privé est apparu a niveau de la production électrique, la CIPREL, pour la construction et l'exploitation d'une centrale thermique de 210 MW dans le cadre d'un projet de type BOOT.

En 1999, un troisième opérateur privé a pu s'installer dans le cadre d'un autre projet de type BOOT, pour la construction d'une centrale thermique (une unité de 150 MW en 1999, puis une deuxième unité de 150 MW en 2000).

J'ai travaillé à l'EECI de 1980 à 1990, ensuite à la CIE de 1990 à 1999 et j'ai donc vécu ces différentes phases de privatisation.

Ainsi, le 16 décembre 1998, l'Etat a décidé d'aller plus loin dans la réforme du secteur de l'énergie électrique. L'EECI a été liquidé et trois nouvelles structures créées: l'ANARE (Autorité Nationale de Régulation du Secteur Electrique), la SOGEPE (Société de Gestion du Patrimoine du Secteur Electricité) et la SOPIE (Société d'Opération Ivoirienne d'Electricité). Les charges sont reparties entre les trois sociétés comme suit: la SOGEPE a en charge la sauvegarde du patrimoine, le contrôle des flux financier afin d'équilibrer recette et dépense du secteur. La SOPIE est le maître d'ouvre au niveau du Ministère de l'Energie, donc réalise les travaux d'électrification sociale, les travaux de renouvellement et de réhabilitation. Elle doit assurer la planification de l'offre et de la demande en énergie électrique et suivre également les mouvements d'énergie. L'ANARE a trois missions fondamentales: le conseil de l'Etat pour les décisions relevant du secteur de l'électricité, l'arbitrage des conflits qui peuvent apparaître entre les opérateurs. Ces opérateurs sont la CIE, le concessionnaire ; deux producteurs privés, CIPREL et CYNERGIE ; deux fournisseurs de gaz, APACHE et OEI.

La troisième mission de l'ANARE consiste à veiller à la sauvegarde des intérêts du consommateur. C'est un rôle nouveau. Le consommateur n'avait pas de recours jusque là. Son seul interlocuteur était la CIE. L'ANARE joue un rôle central entre l'Etat, les investisseurs privés et le consommateur. Elle doit veiller à ce que les intérêts des uns et des autres soient sauvegardés: protéger les investisseurs privés pour que vis à vis de l'Etat les choses se passent conformément aux contrats signés par les parties, protéger les intérêts du consommateur généralement trop faibles en face des sociétés privées.

Actuellement nous sommes en phase de recrutement du personnel que nous allons former au métier de régulateur qui est un métier nouveau. Ce personnel visitera d'autres pays pour s'inspirer de leurs expériences et bâtir ainsi la voie propre à la Côte d'Ivoire ?

Est-que vous donner des licences à des privés qui viennent en Côte d'Ivoire ?

L'ANARE doit veiller à ce que la concurrence soit loyale. Il y a de la place pour de nouveaux partenaires dans le secteur. La porte d'entrée demeure le Ministère de l'énergie.

Quels sont les critères que doit avoir une société pour être acceptée dans le secteur ?

Il faut que la société ait des assises dans son pays d'origine et soit connue sur le plan international.

Vous parler de recruter du personnel, vous avez combien d'employés ?

L'organigramme prévoit quarante personnes. Nous avons démarré avec vingt personnes pour pouvoir bien appréhender notre mission . Notre structure est composée d'une Direction Technique, d'une Direction Economique et Finances et d'une Direction Juridique.

Comment êtes-vous financé ?

Nous sommes financés sur les fonds du secteur de l'électricité. A partir des recettes tirées de la vente du kilowatt-heure, l'Etat paye le concessionnaire, assure le service de la dette et le fonctionnement de l'ANARE et de deux autres sociétés à savoir la SOPIE et la SOGEPE.
Quel est le taux d'intérêt pour une société américaine dans le secteur énergétique en Côte d'Ivoire ?

On retrouve les sociétés américaines essentiellement au niveau de la recherche pétrolière. Ce sont des compagnies venant de Houston qui apportent l'essentiel des capitaux. La Côte d'ivoire étant une ancienne colonie française, le développement du secteur s'est longtemps fait avec des partenaires français. En 1990, c'était le groupe BOUYGUES et EDF de France qui avaient obtenu le contrat d'affermage. Avec CYNERGY, sont apparus d'autres groupes internationaux comme ABB et IPS. Les américains sont toujours intervenus, eux, dans la recherche et l'extraction du pétrole.

Que compter vous faire pour encourager les sociétés américaines à venir s'installer ici dans le secteur de l'électricité ?

Notre Premier Ministre, Son Excellence Daniel Kablan DUNCAN a fait beaucoup de voyages à l'étranger pour faire la publicité de toutes les opportunités qu'offre la Côte d'Ivoire. Récemment il y a eu le salon ICI (Investir en Côte d'Ivoire) qui devrait permettre d'attirer tous les investisseurs étrangers qui ont un intérêt quelconque en Côte d'Ivoire. Les Américains devraient s'intéresser à ce qui se passe en Côte d'Ivoire.

Comment pensez-vous que le secteur de l'électricité va se développer au niveau de la privatisation ?

Nous avons aujourd'hui un seul concessionnaire qui est la CIE. Son contrat arrive à terme à l'an 2005. Je pense qu'après 2005 il peut y avoir de nouvelles opportunités.

Avez vous quelque chose d'autre à ajouter ?

L'ANARE est structurellement rattachée au Ministère de l'Energie. On peut penser que l'indépendance du régulateur est illusoire. Mais dans quel pays au monde cette indépendance est réelle et totale ? L'ANARE jouera son rôle dans l'impartialité, dans la transparence et dans le respect de tous les opérateurs.

Vous envisager que dans le futur elle deviendra indépendante ?

C'est notre souhait à tous. Il faut cependant avancer prudemment, en posant des actes positifs, fondés sur les contrats, la loi.

En tant que Directeur Général de l'ANARE quel est votre plus grand défi ?

C'est d'apporter la sérénité dans l'esprit de tous les acteurs au niveau du secteur de l'électricité. L'Etat doit faire confiance aux opérateurs. Ceux-ci doivent avoir confiance en l'Etat par le biais de l'ANARE qui jouera son rôle à temps plein de manière impartiale. En plus nous devons mettre le consommateur en confiance, lui qui n'avait aucun recours auparavant. Le défi de notre organisation, c'est d'être des leaders de la régulation dans la sous-région et d'entraîner les autres pays vers la privatisation.

Dans quel secteur de votre activité cherchez-vous à attirer des partenaires ou des investisseurs étrangers ?

Les pays frontaliers connaissent quelques difficultés en matière de production. Nous vendons de l'énergie au Ghana. Sans cette ligne d'interconnexion, nos frères ghanéens auraient connu une récession économique certaine l'année dernière et peut-être cette année aussi. En effet, en 1999, près de 1200 GWh ont été vendus au Ghana. Actuellement nous sommes en train de réaliser l'interconnexion avec le Burkina Faso et le Mali. En raison des potentialités gazières dans nos fonds marin, nous avons la possibilité de produire et de vendre l'électricité dans la sous-région à travers les interconnexions. Il existe donc des opportunités énormes pour les investisseurs étrangers. Ils pourraient nous aider à bâtir rapidement cette Afrique électrique que nous appelons de tous nos voux.

Quel est le message final que vous souhaitez adresser à nos quatre millions et demi de lecteurs ?

Les Ivoiriens sont motivés pour le développement de leur pays et les ressources humaines pour réaliser cet objectif existent. Nous invitons donc les Américains et les partenaires des autres pays à s'intéresser dès à présent à la Côte d'Ivoire et à venir y investir. Ils trouveront sur place les hommes qu'il faut pour les aider à faire marcher leur " business ".

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© World INvestment NEws, 2000.
This is the electronic edition of the special country report on Côte d'Ivoire published in Forbes Global Magazine.
August 21th 2000 Issue.
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