CÔTE D´IVOIRE / IVORY COAST
Reshaping the nation















Agence des Télécommunications de Côte d'Ivoire

Interview de

Mr. Ebou Kouatchi,
Directeur Général

28 octobre 1999
Cela ne fait aucun doute que votre agence des télécommunications a joué un rôle très important dans le développement de ce secteur. Pouvez-vous brièvement dans un premier temps nous donner un aperçu historique de l'ATCI ?

L'Agence des Télécommunications de Côte d'Ivoire a été créée en 1995, par la loi qui a libéralisé le secteur des télécommunications. Le processus de libéralisation a commencé en fait depuis 91. Nous avons d'abord séparé la Poste des télécommunications et ensuite nous avons fusionné les télécommunications nationales et internationales. Finalement, la loi de 1995 à séparé les fonctions d' exploitation et de réglementation. C'est ainsi que la réglementation a été confiée à l'administration et l'exportation au secteur privé. La nouvelle loi organise l'ensemble des activités en trois régimes.

- Le premier régime est celui des droits exclusif de l'état réseau filaire c'est à dire les réseaux de télécommunications classiques (le téléphone entre deux points fixes et le télex). Les opérateurs qui souhaitent exercer des activités dans ce régime doivent signer une convention de concession de l'Etat ; cédé les réseaux. C'est ainsi que depuis Février 1997 les réseaux filaires à Côte d'Ivoire Télécom, dont 51% du capital appartiennent en France Câble et Radio et 49% à l'Etat. La convention de concession signée entre Côte d'Ivoire Télécom et l'état a une durée de vie initiale de 20 ans assortie d'une période de monopole de 7 ans qui expire en Février 2004.

- Le deuxième régime est celui des activités soumises à autorisation ; Il concerne les réseaux radioélectriques et les services supports. C'est dans ce cadre nous avons délivré 3 licences à trois opérateurs de réseau cellulaire. Ce régime a donc permis l'introduction en Côte d'Ivoire d'un nouveau service de télécommunication qui a d'ailleurs connu un succès phénoménal entraînent un fort taux de croissance qui a dépassé toutes nos prévisions.

- Le dernier régime est celui de la libre concurrence: Il concerne les services á valeur ajoutée, les équipements terminaux (Internet, téléphone, etc.)

Dans les concessions de convention de la privatisation de Côte d'Ivoire Télécoms, il y avait certains objectifs comme l'établissement d'un certain nombre de lignes après un certain nombre d'années. Mais il semblerait que Côte d'Ivoire Télécom ne suit pas le plan prévu ; Qui est-ce qui agit dans ce cas là, est-ce l'ATCI ou le Conseil pour imposer à Côte d'Ivoire Télécom de répondre à vos objectifs prévus ?

L'Agence des télécommunications est chargée de faire appliquer les textes réglementaires ; Cette attribution implique que l'Agence doit suivre l'exécution de la convention de concession pour le compte de l'Etat. Donc à la fin de chaque année nous faisons un bilan qui permet de faire des recommandations à l'Etat par rapport aux objectifs fixés, en mettant en exergue les objectifs qui ont été atteints et ceux qui ne le sont pas. A la lumière de ce rapport à ça, le Gouvernement donne l'autorisation à l'agence de faire appliquer le sanctions prévues par la convention de concession à savoir: Mise en demeure, penalties, rappel á l'ordre, retrait de licence, etc. Si Côte d'Ivoire Télécom ne se soumet pas aux décisions de L'ATCI , cela devient un litige qui est porté à la connaissance du conseil des Télécommunications qui va arbitrer en tenant compte des règles définies dans la convention

Nos lecteurs adorent les chiffres. En ce qui concerne l'Agence, comment est-ce qu'elle est financée, est-ce que nous pouvons parler d'un chiffre d'affaires ? Je veux dire est-ce qu'elle offre des services à ses usagers, est-ce qu'il y a une évolution commerciale de cette activité, comment cela s'organise ?

L'Agence ne mène que des activités à but lucratif. Cependant, du fait que l'Agence réglemente le secteur, chaque opérateur du secteur des télécommunications paye une redevance à cause de la réglementation. En autre, l'Etat lui ayant confié la gestion des fréquences, l'agence facture et recouvre les redevances dues par les opérateurs utilisateurs de fréquences. Ces redevances servent á la maintenance des équipements de gestion et de contrôle des fréquences.

Pouvez-vous nous donner un bref aperçu du paysage des télécommunications ivoiriennes c'est à dire le nombre d'abonnés au téléphone ?

En Novembre 99, les résultats cumulés des trois opérateurs de réseaux cellulaire révèlent un chiffre de 200,000 abonnés aux réseaux cellulaire que d'abonnés au réseau fixe. Cette situation au fait que, le rythme de raccordement au niveau du cellulaire est de l'ordre de 10,000 par mois et le rythme de raccordement en abonnées fixes est de l'ordre de 3 ou 4000 par mois. Dans quelque mois, nous risquons d'avoir la situation inversée, c'est a dire beaucoup plus d'abonnés Nous risquons d'avoir la situation inversée, c'est à dire beaucoup plus d'abonnés en cellulaires que de fixes.

Il y a beaucoup de critiques sur Côte d'Ivoire Télécom. L'établissement d'une ligne prend un temps inimaginable, de plus Côte d'Ivoire Télécom n'a pas amélioré son service pour permettre un développement rapide du secteur. Qu'est-ce que cela vous inspire ?

Avant la privatisation, la situation était encore pire. En effet, les statistiques indiquaient un délai d'attente moyen de 3 ans environ, alors que, maintenant, je crois que le délai d'attente tend vers quelques mois. En Côte d'Ivoire, nous sommes exigeants, En Côte d'Ivoire Télécom doit faire encore des efforts pour pouvoir faire face à cette importante demande de la population. Des progrès ont été réalisés, mais voyez-vous, il est plus facile de déployer le réseau cellulaire que le réseau fixe. Le déploiement du réseau fixe est donc beaucoup plus lent. On a alors l'impression que le délai d'attente est toujours long. La convention de concession impose des objectif précis à Côte d'Ivoire. Ainsi, à l'an 2000, après le dépôt d'une demande de raccordement, le délai d'attente ne doit pas excéder un mois à Abidjan et deux mois et demi à l'intérieur du pays.

Le Bilan que nous venons de faire, révéler que les objectif non pas été atteints, mais je pense que dans 2 ou 3 ans, Les résultats de Côte d'Ivoire Télécom s'approcheront de ces objectifs. En outre, j'ai constaté une amélioration par rapport à la situation précédente.

La numérotation passe à 8 chiffres en l'an 2000. Est-ce que cela va être fait dans les temps parce que c'est toujours un grand challenge ?

En effet, lorsque nous avons libéralisé le secteur nous n'avons pas pensé que nous allions passer de 6 à 8 chiffres si tôt.. Les 6 chiffres nous donnent une possibilité de 1 million d'abonnés mais nous n'avions pas encore 1 million d'abonnés, alors qu'en 1997, nous avions à peine 150,000 abonnés tous réseaux confondus. Nous n'avions donc pas de raisons de panser que le plan de numérotation à six chiffres pourrait être saturé avant quelques années. En effet, dans leurs plans développement qu'ils nous ont présenté en 1997, les trois réseaux cellulaire prévoyaient au maximum dix mille abonnes chacun au bout de trois ans. Quand à Côte d'Ivoire Télécom, le rythme de raccordement n'était pas assez important pour remettre en cause le plan de numérotation dont nous disposons. Par la suite, nous nous sommes rendu compte qu'avec 10 000 nouveaux abonnés par mois au niveau des réseaux cellulaires et 3 à 4000 au niveau du réseau fixe, le plan de numérotation à 6 chiffres serait très vite insuffisant pour faire face aux demandes de numéros et nous risquons d'arriver dans une position similaire à celle d'avant la privatisation. En effet, avant la privatisation on avait les numéros mais il n'y avait pas de d'équipement d'abonnés. Donc nous ne pouvions pas satisfaire les demandes de raccordement. Aujourd'hui nous sommes arrivés à une situation où nous ne pouvons pas donner de blocs de numéros aux réseaux cellulaires parce que leur rythme de raccordement est trop élevé. D'après nos calculs, si rien n'avait été fait, il n'y aurait plus de numéros disponibles à partir du mois de mai 2000. C'est pourquoi nous avons prévu de passer à 8 chiffres. Pour expliquer le nombre de chiffres retenus, c'est à dire 8, il faut savoir que l'Union Internationale des Télécommunications (UIT) recommande que les plans de numérotation aient une durée de vie minimale de 50 ans. En outre, nos prévisions établissent que dans 50 ans, nos besoins s'élèveront à 36 millions de numéros. Or, un plan de numérotation à 7 chiffres ne nous donnent que 10 millions de numéros possibles et un plan de numérotation à 8 chiffres nous en donne 100 millions. Nous avons donc opté pour 8 chiffres. Nous étions donc de toutes les façons obligés de modifier le plan de numérotation. Mais la mise en place de ce nouveau plan de numérotation est un challenge parce que dans d'autres pays, ils ont mis 2, 3 ou 4 ans pour mener à terme le processus. Pour ce qui concerne la Côte d'Ivoire, nous nous sommes donnés 6 mois. Nous avons choisi la date du 15 janvier 2000 et nous avons fait l'effort de faire en sorte que tous les opérateurs impliqués de près ou de loin dans l'application du nouveau plan de numérotation soient associés. Nous pensons que techniquement tout est prêt pour procéder au basculement de 6 à 8 chiffres. Avec les 8 chiffres tel que nous avons fait nos calculs, nous devrions être tranquilles pour 50 ans. Nous pensons avoir tout prévu dans ce plan de numérotation de sorte que les autres opérateurs qui vont arriver aient la possibilité de pouvoir mener leur activité sans qu'il y ait trop de contraintes et sans qu'il y ait trop d'interactions avec Côte d'Ivoire Télécom qui est déjà en place.
Pour revenir à la téléphonie cellulaire, nous avons rencontré, quelques opérateurs comme IVOIRIS et TELECEL ; Qui est le véritable n°1 ?

Le véritable n°1 ? Je crois qu'il y a une bataille entre principalement Loteny (Telecel) et Ivoiris. Nous avons fait l'expertise des réseaux cellulaires, ce que je peux dire c'est qu'en nombre d'abonnés Loteny est en tête mais en qualité de service et en trafic c'est à dire en chiffre d'affaires Ivoiris est le n°1. Loteny a de plus de 100 000 abonnés, Comstar a à peu près 8 000 et Ivoiris 92 000 abonnés.

Nos lecteurs sont en perpétuelle recherche de nouvelles opportunités d'investissement, selon votre opinion dans quel secteur de vos activités êtes vous intéressé à attirer des partenaires pour le développement ?

Comme j'ai le dis précédemment, le. Premier régime qui concerne le réseau filaire , reste sous monopole jusqu'en l'an 2004, et n'offre donc pas de possibilité d'investissement avant cette date. Ce monopole recouvre également l'accès à l'international c'est a dire les appels longue distance. Même les opérateurs de réseaux cellulaires doivent passer par Côte d'Ivoire Telecom pour acheminer leurs appels internationaux. Ce choix a été fait par le Gouvernement parce que c'est la plus rentable du trafic. Or la convention de concession impose à Côte d'Ivoire Telecom de nombreuses contraintes notamment en matière de développement et de modernisation du réseau, d'amélioration de la qualité de service et de compétitivité des tarifs . le Gouvernement a donc estimé qu'il serait plus juste de maintenir sous monopole la partie la plus rentable du trafic afin de permettre à Côte d'Ivoire Telecom d'obtenir un taux de rendement acceptable sur les investissements à réaliser pour respecter ses engagements. Les possibilités d'investissements dans ce régime ne seront donc possible qu'a partir 2004 qui correspond à la fin du monopole.

Dans le deuxième régime qui concerne les réseaux radioélectriques et les services supports, il y a de nombreuses possibilités d'investir notamment au niveau de la transmission de données, Internet, la radio messagerie, etc.

Le troisième régime qui concerne les terminaux et les services à valeur ajoutté présente également des possibilités d'investissement.

Vous êtes au centre du développement du secteur des télécoms quand vous prenez la mondialisation, l'accès des pays aux villages planétaires, votre rôle a été très important, quelle a été votre plus belle satisfaction ?

Ma plus belle satisfaction c'est que grâce à l'action de l'Agence nous avons pu permettre aux opérateurs qui sont venus après Côte d'Ivoire Télécoms de pouvoir se développer en toute quiétude. Je dis bravo au gouvernement parce qu'il a vu qu'il fallait créer l'agence de manière à rassurer d'abord les opérateurs économiques qui veulent investir et à créer l'environnement propice à ceux qui mènent en toute quiétude leurs activités. La réglementation a été bien conçue, elle n'est pas figée. Au fur et à mesure que la technologie évolue nous essayons d'adapter la réglementation ce qui a fait qu'il y a eu une harmonie entre les activités des opérateurs qui se mènent ici et la réglementation qui est guidée et conduite par l'Administration.

Quel est le message final que vous souhaitez adresser à nos lecteurs américains ?

Je dirais à vos lecteurs qui sont des investisseurs potentiels de s'intéresser à la Côte d'Ivoire parce qu'il y a des possibilités d'investissement. Nous sommes un pays en voie de développement et nous avons une ambition qu'en une génération, la Côte d'Ivoire ait, à l'instar des pays développés, les mêmes infrastructures. Il y a beaucoup des possibilités d'investissement. Au niveau des routes, nous avons privatisé. Il faut que ceux qui se sentent capables viennent investir dans des sociétés de construction de routes. Au niveau de l'eau il y a des possibilités parce que nous avons des villages qui n'ont pas d'eau et au niveau des télécommunications il y a beaucoup plus de possibilités parce que c'est un secteur qui est constamment en évolution et il y a des opportunités d'investissement. Ces opportunités seront plus grandes à partir de l'an 2004 parce que nous allons libéraliser les secteurs qui sont encore sous monopole. La Côte d'Ivoire a comme ambition d'être un pole de développement dans la sous région d'Afrique Occidentale. Nous croyons en la réalisation de nos ambition cars, nous avons de nombreux atouts dont entre autres: une situation politique stable, une population accueillir tous ceux qui veulent investir dans notre pays. Il faut noter que plus de 30% de la population est étrangère et la politique Ivoirienne en matière d'accueil des réfugiés est exemplaire et force l'admiration de la communauté international. Pourtant malgré cette forte présence des étrangers, nous réussissons à maintenir un climat de pays et de quiétude que beaucoup nous envient. Toutes les conditions sont donc réunies pour que les gens mènent leurs activités en toutes tranquillité. J'invite donc les hommes d'affaires américains à venir vers la Côte d'Ivoire et à investir, nous les attendons.

 Read on 

© World INvestment NEws, 2000.
This is the electronic edition of the special country report on Côte d'Ivoire published in Forbes Global Magazine.
August 21th 2000 Issue.
Developed by AgenciaE.Tv