CÔTE D´IVOIRE / IVORY COAST
Reshaping the nation














Marcel Mensah Kodjo, Directeur Général

Interview de

Mr. Marcel Mensah Kodjo,
Directeur Général

25 novembre 1999
Pouvez-vous nous donner un aperçu historique de la BIAO depuis sa création ?

La BIAO a une histoire tout à fait passionnante. Son histoire se confond en réalité avec l'histoire Monétaire et Bancaire de la région Ouest - Africaine. En effet, La BIAO est la première banque de Côte d'Ivoire mais également de l'Union Monétaire Ouest - Africaine. L'UEMOA est l'ensemble des 8 pays émettant le franc CFA. Cette lancée de la BIAO a été la première création bancaire de l'Afrique de l'Ouest. D'abord au Sénégal, banque du Sénégal puis rapidement devenue banque de l'Afrique Occidentale. Auparavant la BIAO était l'institution d'émission donc qui émettait le billet CFA. Et progressivement, quand le privilège de l'émission a été confié à un service public, la BIAO a retrouvé sa vocation naturelle de banque commerciale. Pour la Côte d'Ivoire, elle est installée depuis 1906 à Grand - Bassam. Donc du point de vue historique, c'est la première banque de Côte d'Ivoire. Elle couvrait l'ensemble des pays de la zone UEMOA. Après les indépendances, la BIAO a pu tenir ce rôle jusqu'à ce que, dans les années 85-86. Au plan régional elle a connu quelques difficultés. Sa maison mère, la BIAO Paris a due être liquidée. Le réseau BIAO a été repris dans la zone ouest - africaine par le groupe Méridien. Mais à l'époque, en 90 ni le Sénégal, ni la Côte d'Ivoire n'ont entendu faire partie du groupe de reprise Méridien. Donc le Sénégal a repris la BIAO Sénégal et la Côte d'Ivoire a repris la branche BIAO Côte d'Ivoire pour leur compte. Depuis 1990, c'est devenu une banque de l'Etat de Côte d'Ivoire au capital entièrement détenu par l'Etat. Et c'est depuis 1993, dans le cadre des négociations avec le Fond Monétaire International et la Banque Mondiale que le Gouvernement avait reconnu la nécessité de privatiser la banque. Ceci a pris un peu de temps en ce qui concerne la BIAO. Mais toujours est-il que depuis 1 an, les choses se sont accélérées et je dois vous dire que le 2 décembre 99, le Gouvernement a décidé d'attribuer la justification définitive de la banque au groupe de la Banque Belgolaise, groupe belge. Dans un premier temps, l'Etat détiendra 20% et le groupe Belgolaise 80% parce que l'idée au finish serait de faire en sorte que 20% des actions soient détenues par le public par l'intermédiaire de la Bourse. Ça signifie en clair que la partie Etat va devoir céder 10% de même que la partie Belgolaise. Il restera à l'Etat 10% et la Belgolaise passerait de 80 à 70%, peut être même un peu moins parce que 3% doivent être réservés au personnel. La Belgolaise aura 67%, elle fera son affaire de redistribuer ses 67% soit pour elle-même soit avec d'autres acteurs nationaux ou internationaux. Mais la Belgolaise doit à tout moment avoir la majorité. La privatisation est en fin de parcours. Nous attendons la décision de la commission d'enquête parce qu'au titre de la voie bancaire, toute cession d'action de banque doit être autorisée par la commission bancaire. Une fois que les autorités de Côte d'Ivoire, notamment le Comité de Privatisation aura retenu la Belgolaise, il nous appartiendra maintenant d'introduire auprès de la commission bancaire via BCEAO, une demande pour obtenir l'avis pour céder. Nous espérons que vers le 15 décembre 99, la commission bancaire puisse examiner ces dossiers et donner son avis favorable. Ce qui permettra au Ministre des Finances de signer avec le groupe la Belgolaise l'accord définitif de cession. Nous pensons que la banque connaîtra un nouvel actionnariat au plan juridique certainement pour janvier 2000.

Quelle est votre position sur le marché ?

Sur le marché, je peux vous dire que nous sommes la 3ème ou la 4ème banque parce qu'elle varie pratiquement tous les mois avec la SIB (groupe Crédit Lyonnais). Nous avons entre 17 et 18% de part de marché. Mais nous sommes très forts sur le secteur ressource parce que nous sommes une Banque de Réseau installée à l'intérieur de la Côte d'Ivoire. Nous avons 33 agences installées dans les principales villes et même plus loin, dans les principaux points de production de Côte d'Ivoire. Nous sommes une banque qui collecte beaucoup de ressources, ce qui est pour nous un grand potentiel qui produit aussi bien des particuliers que des sociétés. Celui-ci est réparti comme suit: 40% entreprises et 60% particuliers. Nous avons ces ressources dans le temps pour financer les campagnes agricoles. Depuis 3 ans, nous sommes beaucoup diversifiés pour financer aussi l'agro-industrie donc la transformation et les grandes entreprises. Nous avons fait aussi un effort important sur les PME. Et depuis 2 ou 3 ans, nous sommes très fort sur le crédit à moyen terme. Nous faisons assez de transformation en ce sens que la plus part de nos ressources sont imprévues. Mais nous prenons quelques audaces à faire un peu de transformation. Nous avons un portefeuille de moyen terme qui est assez important comparé en toute proportion gardée aux autres banques commerciales de la place. Bien sûr que ceci est risqué mais dans un pays émergent, en voie de croissance, il faut oser le plus possible en étant attentif.
Quelles sont les stratégies mises en place pour recevoir les investisseurs américains ?

La porte d'accès des investisseurs américains passe d'abord par les institutions pour des raisons de commodité. Elles se connaissent mieux. Pour ce qui nous concerne, nous avons un réseau de correspondance bancaire aux Etats Unis. Mais je considère que les flux d'affaires ne sont pas encore importants. C'est un point sur lequel il faut mettre l'accent c'est à dire comment amener le plus d'investisseurs américains en Côte d'Ivoire. Je pense que ce n'est pas le secteur financier qui fait obstacle. C'est plutôt le fait de trouver de bonnes occasions d'investissement. Et lorsqu'elles sont trouvées, la finance suit largement. De ce point de vue, la nouvelle loi américaine, d'organiser des investissements en direction des pays africains notamment en Côte d'Ivoire est la bien venue. Ce qui explique toute l'action des autorités en matière de politique publique d'assainissement. Pour pouvoir inciter, il faut avoir un cadre macro-économique sain, un environnement judiciaire et juridique tout à fait rassurant. Je ne crois pas, dans un pays comme la Côte d'Ivoire, que l'obstacle langue soit un obstacle majeur. Peut être dans beaucoup d'autres pays mais en Côte d'Ivoire, je noterai que la plus part des responsables parlent l'Anglais. La Côte d'Ivoire fait un gros effort pour envoyer ses cadres dans les grandes universités américaines ou canadiennes. Si bien que partout où vous allez, vous rencontrez des ivoiriens bilingues. Pour inciter les investisseurs américains à venir, notre banque est disposée à apporter sa coopération.

Avec la privatisation de la BIAO, quelle sera la vraie stratégie de la banque ?

C'est une question à laquelle les prochains partenaires de la BIAO pourront mieux répondre que moi. Je dirige la BIAO banque de l'Etat. Nous avons mis une stratégie en place mais maintenant, où elle est en voie d'achèvement en ce qui concerne la privatisation, votre question est tout à fait intéressante de savoir quelle serait la nouvelle stratégie. C'est certainement le groupe Belgolaise qui est en même de répondre à cette question. Mais le groupe Belgolaise est la filiale d'une grande banque internationale Fortisbank qui est la première banque en Belgique. Sa venue renforcera l'image, la crédibilité du secteur bancaire ivoirien. Nous l'exécutons pour en faire une banque de l'excellence, comme banque privée (en ce qui concerne la clientèle nous leur offrons de nouveaux produits) mais aussi comme banque d'investissement. Les autorités croient volontiers en la Belgolaise. C'est pourquoi, elles ont décidé de leur vendre la banque et elles y attendent également un souffle nouveau. La Belgolaise sera un nouvel acteur en Côte d'Ivoire comme partenaire essentiel parce que la Belgolaise avait déjà 10% du capital d'une autre banque et est présente dans 3 pays de la région: au Togo, Burkina et au Nigeria. La BIAO Belgolaise en Côte d'Ivoire ferait de la Côte d'Ivoire la porte, le pivot du développement régional de la Belgolaise.

Quelle a été votre plus grand succès depuis que vous êtes à la tête de la BIAO ?

Pour être plus honnête, cette question aurait pu être posée à mes prédécesseurs parce que je suis arrivé à la tête de cette banque juste au mois de juillet 98. Il y a seulement un an et demi. En réalité, j'ai fait toute ma carrière à la Banque Centrale et je vais d'ailleurs terminer à la commission bancaire comme le principal responsable. Au terme de cette carrière, au moment où il y avait des problèmes de restructuration, de privatisation à la BIAO, les autorités ivoiriennes sur proposition de la Banque Centrale, ont accepté que je vienne ici en mission pour assurer le succès de la privatisation et de la restructuration de la banque. De ce point de vue, par rapport à cette mission, puisque nous sommes à la fin, je pourrais dire que les choses ont correctement évolué. Nous saurons si ça été un succès quand la Belgolaise reprendra la banque.

Quel est le message final que vous souhaitez adresser à nos 4,5 millions de lecteurs ?

Les Américains sont très peu habitués à la zone Afrique de l'Ouest Francophone et je souhaiterais surtout qu'ils sachent que cette zone est une zone digne de confiance. C'est une zone qui est prête à recevoir leurs investissements parce qu'elle est une zone où le retour sur investissement est très important et très élevé. Elle est rattachée au franc Français qui est une monnaie forte puisqu'elle est aujourd'hui rattachée à l'EURO. Ceci nous impose une politique vertueuse, un assainissement du secteur macro-économique, l'exécution de bons critères et d'avoir de bons indicateurs de gestion. Les clignotants sont aujourd'hui au vert et donc nous pouvons dire aux investisseurs de rouler.

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© World INvestment NEws, 2000.
This is the electronic edition of the special country report on Côte d'Ivoire published in Forbes Global Magazine.
August 21th 2000 Issue.
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