CÔTE D´IVOIRE / IVORY COAST
Reshaping the nation














Adou Nioupin, Directeur Général

Compagnie des Produits Agricoles

Interview de

Mr. Adou Nioupin,
Directeur Général

8 septembre 1999
Pouvez-vous nous donner un historique de votre compagnie la COPAGRI ?

La COPAGRI est une société ivoirienne créée en 1994 par anticipation au projet de libéralisation des produits agricoles qui se profilait à l'horizon. C'est l'objet d'une longue expérience dans le secteur agro-industriel. Nous travaillons essentiellement dans le secteur du négoce international, surtout au niveau du café - cacao et des produits oléagineux. Notre structure intervient dans les domaines de la production, de la collecte, du traitement et de la transformation des produits agricoles.
La capacité avérée de notre compagnie est de 20 mille tonnes minimum de café et cacao par an, avec des résultats satisfaisants. Au vu de nos performances et au bénéfice du programme de privatisation qui s'était mis en place, la COPAGRI est propriétaire du bloc industriel de cocoteraies de Fresco de l'ex-palmindustrie privatisée. Cette acquisition a quelque peu consolidé nos actifs.
Notre compagnie est assez étendue sur le territoire ; surtout en zone forestière et nous ambitionnons d'élargir nos activités à toute la sous région ouest africaine.

Elle regroupe des jeunes ivoiriens essentiellement car nous avons voulu expérimenter une entreprise constituée de jeunes et montrer que l'entreprenariat ivoirien peut se mettre en place ; mais en réalité, notre participation à ces différents stades de l'économie est motivée par notre formation en économie du développement.

En effet, le projet de l'économie de la Côte d'Ivoire telle que nous l'avons étudiée à l'école, prévoyait la constitution d'une force de base devant relayer l'état de ses fonctions productrices. Les dirigeants projetaient, à terme, l'émergence d'une élite ivoirienne formée dans l'esprit de l'entreprenariat privé.

Nous avons senti, au moment des privatisations, que nous faisons partie de cette jeune élite prête à prendre ce relais.
Après nos études, nous nous sommes lancés dans le secteur privé dominé par "l'extérieur", en monnayant notre savoir-faire auprès des grandes entreprises de négoce.
La libéralisation et la privatisation offrant cette opportunité de prendre une place en tant que privé, c'est ce qu'a motivé la création de notre entreprise.

Vous venez de dire que vous avez repris, grâce à la privatisation, une partie de palmindustrie. Etes vous satisfaits de cette reprise ?

Oui, ce n'est pas sans handicape ; Mais c'est un challenge important que nous tenons à relever. Cette plantation, la plus petite des six blocs privatisés, convient parfaitement à notre dimension.

Nous avons, dans un premier temps, réhabilité le bloc ; et maintenant nous négocions une phase où il faut effectuer des investissements lourds, notamment replanter une superficie d'au moins 3 000 hectares de cocotiers. Nous n'avons pas encore une production venant de la reprise, mais nous gérons les actifs hérités de l'ex-palmindustrie.

En outres, les nombreuses potentialités de notre domaine nous permettent la politique de diversification mise en place.

Vous avez mentionné un chiffre de 20 mille tonnes, s'agit-il de production, d'exportation ? Pouvez vous nous donner l'évolution de la production et de l'exportation ?

L'objectif initial de la COPAGRI était de faire de la collecte de produits et de l'assistance auprès des producteurs agricoles, dans le cadre de la commercialisation des produits de bases en raison de notre expertise dans ce domaine. Nous travaillons avec des entités regroupées en milieu rural, et nous essayons de les aider dans leur organisation, essentiellement dans les secteurs du café, du cacao et du coco. Ainsi, nous mobilisons des stocks auprès d'eux, des ressources financières auprès des clients ou autres bailleurs de fonds, pour jouer ce rôle d'intermédiation indispensable à la fluidité qui assure un meilleur revenu aux producteurs.

Pouvez-vous nous donner un aperçu de votre chiffre d'affaire ?

Notre chiffre d'affaire évolue entre 1 et 10 milliards F CFA selon la conjoncture. Nos marges se traduisent de 5 à 10 % de notre chiffre d'affaire. Aujourd'hui, l'expertise de nos immobilisations donne une valeur qui garantit largement tout concours financier extérieur. Nous envisageons de terminer la construction de nos usines de traitement et de conditionnement pour l'an 2000.

Dans le rôle de développement, est-ce que vous jouez un rôle d'accompagnateur dans les producteurs locaux pour améliorer leurs outils de gestion et leur faire acquérir un outil de gestion moderne, comment cela se passe t-il ?

Nous sommes l'une des rares structures à avoir anticipé la libéralisation des filières agricoles dans notre pays. Du point de vue de nos réalisations sur l'étendue du territoire, dans les zones de production, nous disposons de 20 magasins de stockage équipés des matériels requis pour le traitement, la transformation et le conditionnement des produits. Les paysans s'y rendent pour commercialiser leurs produits. Nos centres de collectes constituent des bases d'information et de formation pour la diffusion du progrès en milieu rural. Notre but est de rassembler des moyens logistiques et financiers à mettre à la disposition des paysans à travers ces magasins et leur permettre, dans le cadre de notre politique de proximité, d'avoir un interlocuteur fiable.

D'une manière globale, nous faisons une gestion aussi bien centralisée que décentralisée dans la mesure où les données de base sont traitées par les éléments que nous avons formés sur nos sites. Cette superstructure nous permet de réaliser des économies qui sont reversées par la suite aux planteurs sous diverses formes. Nous disposons de logiciels de comptabilité et de gestion commerciale qui nous permettent de savoir en tant réel quels sont les problèmes et l'état de l'évolution de la société. Nos équipements de communication (radio, téléphone et véhicules de liaison) nous permettent de diffuser les informations du marché et de répercuter les prix instantanément aux planteurs.
Nous envisageons faire de nos magasins, des centres de diffusion où les planteurs viennent régulièrement saisir les meilleures opportunités de valorisation de leurs revenus.

Est-ce qu'aujourd'hui vous exportez une partie de votre production ?

Non. Nous avons fait une demande d'agrément en qualité d'exportateur de café et cacao depuis 98. Pour des raisons financières nous n'avons pas encore obtenu cet agrément mais nous poursuivons toujours.
Initialement nous avons essayé de faire un partenariat avec les exportateurs pour maîtriser l'aspect local de la commercialisation.
Ici la commercialisation est une activité qui s'exerçait dans un cadre quasi informel. Avec l'apprentissage sur le terrain et notre étude du milieu, nous conçu un cadre formel d'une entreprise privée capable d'assurer, en partenariat avec des producteurs, la commercialisation de leurs produits.

Nous sommes en compétition avec des hommes du terrain, mais notre structure s'impose car elle est fiable et crédible ; et les planteurs sont satisfaits de nos prestations.

Par la grâce de Dieu nous obtiendrons l'agrément nous permettant de faire valoir notre capacité à assurer tous les maillons de la chaîne en vue de proposer à nos planteurs de meilleures conditions de rémunération de leurs efforts.

Toutes fois nous attendons d'avoir des précisions sur la libéralisation elle-même. Car une chose est d'avoir l'agrément, mais une autre est d'obtenir les supports financiers nécessaires pour garantir nos performances ; ce qui n'est pas évident aujourd'hui. Pour ces raisons, nous cherchons des partenaires étrangers faisant partie de groupes fiables pour nous permettre de jouer le rôle que nous savons jouer localement et de pouvoir être un fournisseur assez sérieux sur le marché international.

La libéralisation est un fait, mais cela représente une donne nouvelle qui s'impose à tous les acteurs des filières agricoles. Pour être performant il faut un temps d'adaptation. Compte tenu de la jeunesse de notre structure et de la prudence que nous observons, ce n'est pas une priorité aujourd'hui pour nous d'aller à l'exportation quoique nous ayons les aptitudes et l'obligation à le faire, d'autant que cela nous permettrait de mieux planifier notre activité locale pour marquer des gains substanciels.

Aujourd'hui, avec la suppression de la Caisse de Stabilisation, le négoce aura besoin de structures locales fiables pour garantir l'origine Côte d'Ivoire. Nous travaillons discrètement, mais efficacement, pour prendre, au moment venu, une place de choix.

Nos lecteurs sont en perpétuelle recherche de nouvelles opportunités d'investissements, dans quels secteurs de vos activités seriez vous intéressé à attirer des partenaires ?

Sur le plan de l'agriculture pure, nous avons hérité d'un domaine d'au moins 3 000 hectares de superficie qui sont entièrement à replanter. Par ailleurs notre domaine avait abrité un essaie d'élevage ayant atteint dix mille têtes de bovin que nous sommes en train de réhabiliter.

Ce site extraordinaire dispose d'atouts touristiques uniques dans la mesure où cela s'étend sur un domaine privé en bordure de plages naturelles, propres et sécurisantes, et entourés de plusieurs plantations villageoises qui donnent un panoramique de l'agriculture et du tourisme ivoiriens. D'accès facile, la piste d'atterrissage en plein coeur des plantations est un atout unique pour recevoir directement des avions venant d'ailleurs. De plus, une mer calme et poissonneuse permet des loisirs allant jusqu'à la pêche sportive et autres.
Le plus grand point d'intérêt est aujourd'hui le Sanctuaire marial qui se met en place et offre déjà des occasions de recueillement spirituel et de repos familial ou individuel. Dans ce cadre privé très simple et tout naturel, il sera initier chaque année, à partir de l'an 2000, sur la période du 15 juillet au 15 août, un rencontre intitulée " 2 000 JEUNES " qui regroupera sur un mois 2 000 jeunes venant du monde entier pour des vacances studieuses et récréatives, avec des activités de jeunesse. Cette institution serait une occasion d'avoir des forums libres sur la jeunesse dans sa globalité.

Quel a été votre plus grande satisfaction depuis que vous êtes à la tête de cette société ?

je suis satisfait d'avoir mis en place une entreprise qui tient la route. Notre handicape majeur vient de l'accès difficile au crédit bancaire. Ceci est un frein pour le développement de nos activités. Cependant nous faisons avec les moyens de bord ; car nous n'ignorons pas qu'il faut du temps pour se faire. Nous ambitionnons de réaliser des investissements qui assurent des actifs solides à la société, et des profits interressants, de sorte qu'à partir de l'an 2 000, nous soyons parmi les meilleures entreprises d'Afrique de l'Ouest. Etant parti de rien pratiquement, nous sommes cités parmi les jeunes entreprises qui progressent, et nous espérons être un modèle pour les jeunes générations qui montent

Quel est le message final que vous souhaitiez adresser à nos lecteurs ?

La Côte d'Ivoire est un pays qui recèle d'atouts, de potentialités et d'opportunités insoupçonnés, réunis pour un développement économique, social et humain basé sur des acquis importants et uniques. C'est un pays qui est au travaille, et qui utilise intelligemment ses ressources pour assurer son développement ; au point que, même dans les situations de crise inhérente à tout développement, elle trouve l'alternative qui permet au secteur privé de prendre la relève et d'assumer les performances économiques léguées.

C'est pour moi l'atout majeur pour tout investisseur de savoir qu'en investissant en Côte d'Ivoire, on a, non seulement un retour intéressant, mais en plus que les Ivoiriens sont ouverts à tout ce qui est développement et sont attachés à la paix, au respect de la vie et des biens. En vérité les valeurs fondamentales que sont l'hospitalité, la paix, la vie et le bien sont une culture pour l'ivoirien. Toutes les situations difficiles finissent par un règlement dans le bon sens, et cela garanti la sécurité dans les affaires.

La Côte d'Ivoire a entrepris depuis des décennies une politique de formation audacieuse qui lui donne aujourd'hui les femmes et les hommes aptes à assumer toutes les fonctions de son développement économique et social. Mieux, son rayonnement rejaillit au moins sur toute l'Afrique de l'Ouest. C'est un des pays d'Afrique à avoir un réseau de télécommunication et de communication performants. Avec ses importantes ressources agricoles et minières, elle assure le bien-être de ses populations dans un cadre de développement harmonieux. Depuis toujours la Côte d'Ivoire est le COUR de l'Afrique. Elle est en passe d'en devenir le poumon et le grenier. De plus il y fait bon vivre pour tout le monde.

Pour paraphraser une illustre personnalité qui disait " qui aura l'Afrique dominera le monde ", je dirai que qui investit en Côte d'Ivoire contribue au développement de l'Afrique tout entière.

Enfin, les investisseurs qui veulent une place de choix en Afrique, doivent compter avec la Côte d'Ivoire, sinon passer par le pays de l'hospitalité, de la paix et du progrès.

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© World INvestment NEws, 2000.
This is the electronic edition of the special country report on Côte d'Ivoire published in Forbes Global Magazine.
August 21th 2000 Issue.
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