CÔTE D´IVOIRE / IVORY COAST
Reshaping the nation














Adama Bakayoko, Directeur Général

PETROCI HOLDING

Interview de

Mr. Adama Bakayoko,
Directeur Général

4 novembre 1999

Cela ne fait aucun doute que personne n'ignore le rôle que la Pétroci d'abord dans un premier temps a joué dans le développement pétrolier énergétique de la Côte d'Ivoire. Depuis 3 ans le Gouvernement a décidé de scinder le groupe en plusieurs entités. Pouvez-vous nous donner un bref rappel historique de la Pétroci Holding et quelles sont les principales raisons de cette restructuration de la Pétroci ?

Je voudrais d'abord dire que la Pétroci en tant société nationale d'opération pétrolière a été créée en 1975. L'Etat et le Gouvernement ivoirien ont trouvé la nécessité d'avoir une structure de recherche pétrolière. Dans les années 50 la France avait trouvé que la Côte d'Ivoire n'avait pas d'avenir pétrolier or les indices apparaissaient grâce aux travaux de recherche de nos ingénieurs formés aux Etats Unis que la Côte d'Ivoire pouvait receler des ressources pétrolières assez importantes. C'est ainsi que sur l'initiative de nos cadres de l'époque dont le directeur des hydrocarbures et le ministre de l'économie et des finances de l'époque qui est actuellement notre Président de la République, il a été crée la Pétroci. Elle a développé des relations de partenariat avec d'autres sociétés américaines pour étudier le bassin sédimentaire ivoirien. Puis elle s'est attachée le service de certains expatriés pour mener des activités de trading, de recherche et d'exploration production. Jusqu'au jour c'est à dire en 96 où Pétroci ayant grandi, a connu des problèmes de déséconomies d'échelle. La société avait beaucoup d'activités, des problèmes de communication et la célérité dans la gestion dans les prises de décisions sont apparus. C'est alors qu'est apparue la nécessité en août 96 de restructurer la Pétroci et faire de ces principales filières des filiales. C'est ainsi que l'accotement de tous les services de passage des produits hydrocarbures gazeux et liquide a servi de noyau pour la création de Pétroci Industries Services. Le gaz compte tenu des préoccupations de l'Etat d'ivoirien de lutter contre la déforestation, la filière gaz qui a été mise en place avec le Directeur Général ou le Directeur de 93, est devenue une filiale. Et la filière exploration production est devenue une filiale. Pétroci Holding a été appelé à poursuivre les tâches de l'ancienne Pétroci à savoir la gestion et le suivi du portefeuille de l'Etat. C'est ainsi que les titres que l'Etat détient dans les sociétés pétrolières comme la SIR, la SMB, ELF, SHELL et GESTOCI sont gérés par Pétroci Holding. Bien sur lorsque l'Etat décide de vendre ses titres, les ressources lui reviennent.

Gérez-vous légalement les parts de la SIR, hors le rôle de Pétroci Industries Services et Pétroci Exploration Production ?

En fait nous sommes détenteurs des titres des actions pour le compte de l'Etat. Nous avons à la création de la SIR, mis des fonds pour développer les activités de la SIR. Au jour d'aujourd'hui nous détenons 45% des actions de la SIR mais la SIR va bientôt être privatisée. L'Etat a décidé de vendre 35%. En fait, au total cela fait 37% puisque de façon indirecte nous détenions 20% de SHELL et 20% d'ELF qui détenaient à leur tour 5% et 20% de la SIR. Si nous ajoutons les 2,5% aux 45% que nous détenions ça ferait un total de 47,5%. Nous détenons cela pour le compte de l'Etat. Lorsque l'Etat a décidé de privatiser, le produit de la vente reviendra à l'Etat mais en attendant nous n'engrangeons que les dividendes puisque nous sommes une société d'Etat à 100% et nos filiales que je viens d'énumérer, sommes à 100% pour le moment propriétaires. Il est entendu lors de la restructuration, que le capital des filiales sera ouvert aux privés à concurrence de 49%. Nous resterions détenir 51% de ces filiales.

Est-ce que Pétroci Holding n'est pas une entité qui a été crée momentanément avant la privatisation du secteur pétrolier ?

Non, étant donné que l'Etat sera toujours présent. A la SIR nous ne serons plus qu'à 10% ce qui est important. Le Burkina est à la SIR pour 5%. Certaines grandes sociétés telles que Mobil et d'autres n'ont que 5% de la SIR. Nous allons procéder à l'accueil d'un pétrolier de renom ou d'expérience qui va venir nous aider à développer la SIR. L'Etat à la différence de ce qui se passait par le passé n'a plus les moyens pour développer la SIR. L'Etat a joué un rôle très instrumental dans le développement de la SIR. L'investissement dans l'hydrocraqueur a été une décision de l'Etat mais au jour d'aujourd'hui l'Etat n'a plus les moyens de faire l'investissement à la place du privé. C'est pour cette raison que nous avons demandée qu'un privé vienne pour accroître la capacité de la SIR. Nous avons dû accroître le capital de la SIR par le passé par des incorporations de réserve en abandonnant des dividendes en disant, augmentons le capital de notre société et nous allons accroître sa capacité. Ce qui a fait de la SIR aujourd'hui une raffinerie de premier plan dans la sous région. Il n'y a pas quelque chose de similaire en Afrique de l'Ouest sauf en Afrique du Sud. Nous n'avons plus les moyens d'investir beaucoup de milliards dans cette société c'est pourquoi nous ouvrons le capital. Mais nous serons toujours présents tout comme nous avons réduit nos parts à SHELL et à ELF à la demande de l'Etat. Nous étions à 20%, désormais nous serions à 5%. Nous sommes à la suite de travaux de recherche de partenariat et de financement. L'Etat nous autorise à entrer dans le capital d'autres sociétés connexes au secteur pétrolier.

Pour la SIR qui est l'enjeu de la privatisation en Côte d'Ivoire. Quels vont être les principaux groupes repreneurs de la SIR ?

Le Comité de Privatisation se charge de cela mais je sais que certaines sociétés ont soumissionné. Il y a TOTAL qui est déjà là, Indian le groupe sud-africain qui a soumissionné qui est détenu maintenant presque à 100% par les malaisiens. Au dépouillement nous saurons qui véritablement peut remplir les conditions de notre cahier de charge. Je pense que l'Etat doit toujours être présent parce qu'il a des responsabilités régaliennes, ce qui est très important.

Une des leitmotivs du Président et de son Gouvernement en particulier le Ministre Fadika, est de faire de la Côte d'Ivoire le Rotterdam d'Afrique donc la station de service. Dans quelle mesure est-ce réalisable ?

Nous pensons que c'est un programme ambitieux et comme le dit souvent M. le Ministre c'est un rêve que nous avons et que nous voulons partager avec tous et que cela devienne une réalité. Nous avons confiance en ce projet. D'ailleurs pour revenir sur ce que je viens de dire, nous jouons un rôle important dans ce projet. En tant qu'instrument de l'Etat nous devons jouer le rôle prépondérant de, non seulement de rechercher le financement pour les études mais pour que nous soyons à mesure d'avoir un document que nous pourrions présenter aux bailleurs de fonds en disant venez faire de la Côte d'Ivoire ou d'Abidjan la Rotterdam d'Afrique avec nous. Il y a des possibilités, des potentialités. Il y a la zone portuaire de l'autre côté du canal, les espaces sont là. Il y a la possibilité de faire des usines pétrochimiques, il y a aussi la possibilité de bâtir une autre SIR, une autre société de raffinage. Dans notre budget nous avons prévu 400 millions pour cela tout comme nous avons fait pour la SIR. Le développement de la SIR est parti de Pétroci, il en est de même pour la Gestoci. L'Etat a mis les fonds à la disposition de Pétroci pour construire des stocks de sécurité. Au jour d'aujourd'hui nous avons des dépôts de stocks de sécurité à nos livres pour le compte de l'Etat. Pétroci à travers l'expertise dans ses filiales peut toujours mener à bien cette tâche qui lui est confiée par l'Etat.

En ce qui concerne les filiales dénommées Pétroci Industries Services, Pétroci Exploration Production et Pétroci Gaz. Quelles sont au sein de ces structures les projets les plus importants pour le développement futur de ce secteur ?

Nous pensons que la filiale qui doit jouer un rôle moteur et qui a besoin de beaucoup de financement c'est la filiale exploration production parce qu'il faut avoir le pétrole, le gaz. Il faut les chercher, les produire pour que les autres puissent véritablement vivre. Avec la présence de sociétés de services, des sociétés de raffinage communautaire, la Rotterdam a pu être ce qu'elle est aujourd'hui. Il y a de l'avitaillement, du soutage etc. Nous avons ensuite le gaz. Selon l'objectif de l'Etat, il faut lutter contre la déforestation. La Côte d'Ivoire était un pays avec plus de 75% forestier. Mais aujourd'hui avec l'utilisation du bois de chauffe pour faire du charbon, nous sommes menacés par la désertification et c'est grâce à la vulgarisation de l'utilisation du gaz butane que nous pouvons arrêter cela. Nous avons une usine lion GPL qui produit du butane et qui va bientôt s'agrandir pour produire du propane. Nous utilisons ce gaz pour entrer dans les foyers pour leur faire comprendre qu'il est dans leur intérêt de préparer avec le gaz qui pollue moins l'atmosphère. C'est ainsi que vous avez les investissements de Pipe pour non seulement ravitailler plus tard les ménages mais aussi les usines dans la zone. Aujourd'hui les bacs font actuellement objet d'étude pour le compte de Pétroci Industries Services pour pouvoir faire des opérations de soutage, de trading.
Les pipes vers le Ghana s'inscrivent dans une politique régionale. Ce que nous avons appelé le Open Access. Le Nigeria brûle son gaz. Nous, nous n'avons pas décidé de brûler le nôtre. Nous en vendons à la CIE et nous utilisons une partie après l'exploration du butane pour consommation de ménage. Lorsque le pipe entre le Ghana et nous sera mis en place, nous approvisionnerons le Ghana. Il est aussi question que le Nigeria fasse un pipe avec Chevron, Shell pour venir vers le Ghana. A long terme ce pipe devra pouvoir continuer jusque vers le Sénégal pour qu'il y ait le Open Access du gaz. Nous ambitionnons faire un autre projet vers nos voisins du Nord c'est à dire le Burkina et le Mali. Un pipe devrait partir d'Abidjan vers le Burkina Faso avec une première étape qui devrait aller à Bouaké.

On dit souvent que le Golf de Guinée va dans le nouveau Moyen-Orient du pétrole dans le troisième millénaire. Comme vous êtes en recherche de moyens pour le développement de ceci, cela nécessite des financements. Etant donné qu'un des rôles principal de la Pétroci Holding est la recherche de financement, comment est-ce que cela s'organise avec dans un premier temps les institutions financières internationales comme la Banque Mondiale et deuxièmement avec les compagnies américaines etc.?

Je commencerais surtout avec les compagnies américaines qui sont nos partenaires de premier choix. Nous avons énormément travaillé avec les compagnies américaines. La société Holding créée ne donne généralement lorsqu'il s'agit d'accès aux fonds privés sa garantie. Les sociétés financières privées demandent la garantie de la société Holding mais nous laissons le soins à nos filiales de rencontrer les banques et lorsqu'elles ont besoin de notre soutient nous intervenons pour donner notre garantie. Lorsqu'il s'agit de rechercher des fonds publics, généralement auprès de la BEI qui nous fait des commissions relativement favorables avec des taux d'intérêts assez bas et bien nous prenons le devant avec notre filiale. Nous avons filialisé pour diversifier nos possibilités d'accès aux sources de financement. Avec la Pétroci uniquement nationale nous avons accès essentiellement aux financements publics or en filialisant, en privatisant nous donnons l'opportunité d'avoir accès aussi bien aux financements publics qu'aux financements privés. C'est un des objectifs de la filialisation.

Comme vous le disiez l'exploration production est peut être la plus urgente de demande de financement ? Mais également dans ce secteur de l'exploration et production en Côte d'Ivoire, ce sont des compagnies américaines qui sont présentes dans le financement et dans le développement de ce secteur. Comment expliquez-vous cela ?

Dans ce domaine, les américains ont l'expertise et les portes ne sont vraiment pas fermées. Vous avez dit tout à l'heure que le Golf de Guinée a de forte chance d'être le Moyen-Orient du troisième millénaire. Nos perspectives les plus probantes se trouvent d'une façon générale en eau profonde. Jusque là nous opérons dans les eaux peu profondes mais au-delà des 2000 ou 3000m nous rentrons en eau profonde et c'est là que selon les experts, nous avons beaucoup de possibilités. Nous souhaitons que cela se réalise. Nous avons un potentiel gazier important. Au jour d'aujourd'hui nous n'arrivons pas à consommer tout le gaz que nous pouvons produire. Le secteur électrique n'arrive pas à absorber c'est pourquoi il faut trouver d'autres utilisations alternatives. Mais le pétrole, c'est ce que nous recherchons parce qu'aujourd'hui nous avons plus de gaz que de pétrole et l'objectif est d'avoir autant ou même plus de pétrole que le gaz.

Nos lecteurs sont en perpétuelle recherche de nouvelles opportunités d'investissements ; Dans quel secteur de vos activités pétrolière seriez vous intéressez à attirer des financements urgents ?

Nous serions intéressés à attirer des financements urgents dans l'exploration production. Nous avons des blocs qui ne sont pas encore cédés. Nous souhaiterions que d'autres partenaires avec les technologies du 3ème millénaire arrivent. Qu'ils nous aident à trouver des ressources et que nous puissions travailler ensemble. Et qu'ils nous aident aussi à développer, à mettre en ouvre notre stratégie de vulgarisation de l'utilisation du gaz butane à travers l'investissement dans les pipes qui vont ravitailler les grandes agglomérations mais aussi la mise sur pied dans les villes de l'intérieur, de centre remplisseur. En outre, nous avons un accotement, notre bac et nous souhaiterions que des partenaires dans le trading viennent aider notre filiale Pétroci Industries Services. Et comme il y a de richesse que d'homme, il y a des possibilités puisque nous sommes une structure d'échange avec certaines de ces filiales qui ont une expérience en la matière pendant des décennies afin que nos ingénieurs, nos financiers, nos juristes puissent aller dans leurs bureaux juridiques s'imprégner des réalités des nouveaux contrats de pipes de production, des accords pour les travaux en commun etc. Nous pensons que tout ceci est important et nous sommes très disposés à recevoir ce partenariat qui serai pour nous très fécond.

Pouvez-vous nous donner un aperçu de votre parcours professionnel ? Quelle a été votre plus belle satisfaction depuis que vous êtes à la Pétroci ?

Je suis d'abord enseignant de l'université. Après mes études en économie à l'université de Floride où j'ai eu un PHD. Je suis rentré à l'université où j'ai enseigné l'économie, l'économétrie, la macroéconomie où j'ai été doyen de la faculté de sciences économiques de l'université d'Abidjan de 1987 en 1993. En 93 Monsieur le Ministre des mines et de l'énergie m'a fait l'honneur de faire de moi son collaborateur, son conseiller en compte en économie et des finances. A ce titre nous avons restructuré le secteur électrique. Nous avons crée le fond national de l'énergie électrique. Nous avons pu trouver du financement pour Ciprel 1 et Ciprel 2 qui sont des centrales thermiques qui consommaient et utilisaient le gaz naturel puisque nous avions le secteur électrique et le secteur pétrolier sous notre coupe. En 96, lorsque le ministère de l'énergie a été crée séparément, nous nous sommes focalisés sur le secteur pétrolier. Nous avons procédé à la restructuration de la Pétroci et au sein du Comité ad-hoc. J'étais le vice-président à la suite de quoi, il m'ont fait l'honneur de me nommer Directeur Général de Pétroci Holding.

Ma plus belle satisfaction est d'avoir des collaborateurs assez compréhensibles et très ouverts. Nous sommes une famille et il n'y a pas meilleure condition de travailler. Nous prions le Tout Puissant pour qu'il nous accorde longue vie afin que nous puissions travailler dans la mesure du possible. Que nous puissions apporter notre part à la construction de Pétroci qui devrait vivre après nous et que nous apportions une très belle pierre angulaire afin que les générations à venir puisse dire qu'il y avait avant nous une équipe qui a posé des actes. Ce qui nous fera beaucoup plaisir.

Quel est le message final que vous souhaiteriez adresser à nos 4.5 millions de lecteurs ?

Je voudrais leur dire que la Côte d'Ivoire est un pays pacifique. Un pays très hospitalier. Depuis l'indépendance nous n'avons jamais eu de problème. Les investisseurs ont considéré que la Côte d'Ivoire était la vitrine d'Afrique de l'Ouest. Nous voudrions que vos lecteurs gardent cette image et qu'ils viennent eux-mêmes s'en rendre compte. Nous voulions travailler avec tout le monde, les portes ne sont pas fermées. Si vous constatez que nous travaillons avec les anglo-saxons beaucoup plus, ce n'est pas dû au fait que nous avons été formés là bas. C'est peut être parce qu'ils comprennent mieux notre façon de faire. Mais aurions souhaité partager cette façon de faire avec d'autres partenaires. Nous avons besoin d'eux et nous sommes là pour les accueillir à bras ouvert.

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© World INvestment NEws, 2000.
This is the electronic edition of the special country report on Côte d'Ivoire published in Forbes Global Magazine.
August 21th 2000 Issue.
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