CÔTE D´IVOIRE / IVORY COAST
Reshaping the nation














Ernest Koffi Koffi, Directeur Général

PETROCI INDUSTRIES SERVICES

Interview de

Mr. Ernest Koffi Koffi,
Directeur Général

13 octobre 1999
Pouvez-vous nous donner un aperçu historique de votre société et quelles ont été les principales raisons de la restructuration du groupe Petroci ?

Tout ceci prend naissance essentiellement à partir de 1975 quand le gouvernement ivoirien a trouvé nécessaire de mettre en place une société d'Etat devant permettre de faire la promotion de l'industrie pétrolière en Côte d'Ivoire, parce qu'auparavant les activités pétrolières étaient essentiellement aux mains du privé ; mais il s'agissait surtout de l'aval, c'est à dire la raffinerie et la distribution. Donc, à un moment donné le gouvernement ivoirien a pensé qu'il fallait aller vers l'amont, essayer de promouvoir notre bassin sédimentaire, de savoir ce que recèle ce bassin sédimentaire du point de vue des hydrocarbures. Ceci ne pouvant pas se faire de façon efficiente dans le cadre d'un service administratif, il a été nécessaire de créer une société d'Etat, la Société Nationale d'Opération Pétrolière de Côte d'Ivoire, la Pétroci pour être l'instrument privilégié de l'Etat pour la promotion de l'industrie pétrolière en Côte d'Ivoire. Donc, les missions de Pétroci découlant de ceci couvraient toute la chaîne de l'industrie pétrolière, depuis l'amont c'est à dire la recherche, la production jusqu'à l'aval, c'est à dire la distribution en passant par le raffinage. Dans le domaine de la distribution Pétroci était actionnaire à 50% dans Shell Côte d'Ivoire et 50% dans BP Côte d'Ivoire qui est devenue par la suite Elf Côte d'Ivoire. Dans le domaine de la formulation des lubrifiants, Pétroci est actionnaire à plus de 30% dans la société Sifal (société ivoirienne de fabrication de lubrifiant) et dans le domaine des stockages, Pétroci a eu la mission de constituer des stocks de sécurité en créant 3 dépôts (Abidjan - Bouaké - Yamoussoukro) pour pouvoir assurer la sécurité du pays en matière d'approvisionnement pétrolier. En amont Pétroci était partenaire avec des groupes privés. Avec l'aide de Pétroci, l'Etat ivoirien a mis en place le code pétrolier pour pouvoir aider à la promotion de ce secteur. Le domaine de l'exploration et de la production demandait beaucoup de capitaux. A un moment donné, pour pouvoir jouer pleinement son rôle, Pétroci devait faire une mutation profonde parce que souvent les partenaires se posaient la question sur la dualité du rôle de Pétroci. Par la force des choses, Pétroci était conseiller du gouvernement, mais en même temps partenaire. Donc au cours des négociations, nous ne savions pas clairement quel était le rôle de la Pétroci. La deuxième raison, c'est que pour mobiliser des ressources financières, lorsqu'on est société d'Etat il y a des marchés auxquels on ne peut pas accéder, ce sont les marchés privés de capitaux. Il y a aussi une nouvelle loi au niveau de la politique économique du gouvernement: le gouvernement a jugé qu'après avoir joué le rôle de promoteur de l'économie et de l'industrie ivoirienne, il était bon que l'Etat progressivement se retire pour se consacrer à son rôle traditionnel et laisser la place au secteur privé. L'Etat est arrivé à la conclusion qu'il fallait restructurer la Pétroci qui embrassait toute l'industrie pétrolière en spécialisant les entités selon certains créneaux en vue de préparer l'arrivée du secteur privé, pour aider au développement de l'industrie pétrolière en Côte d'Ivoire. Donc, en 96 le gouvernement a pris la décision de restructurer la Pétroci en la transformant en groupe avec une société holding coiffant trois filiales opérationnelle. Une première filiale est dénommée Pétroci Exploration Production dont le rôle essentiel est d'intervenir dans le domaine de la recherche et de la production des hydrocarbures ; une autre filiale est dédiée à la promotion de l'utilisation du gaz naturel et de ses dérivés. Pétroci Industries Services, la troisième, a deux volets principaux d'activité. Le premier volet est la promotion industrielle dans le domaine des hydrocarbures et des domaines connexes. Ceci veut dire la création d'unités industrielles, toujours dans le souci de valoriser les matières premières. Voilà pourquoi on l'appelle Pétroci Industries. L'autre volet est celui des services qui comprend une rubrique commerciale sous le terme générique de trading ; c'est à dire la vente de produits pétroliers, qu'il s'agisse de pétrole brut, de produits raffinés ou de produits pétrochimiques. L'autre rubrique est celui des prestations de services à des tiers dont le but principal est le soutien à l'activité de recherche et de production.

Quels sont désormais vos nouveaux grands projets ?

Pour jouer son rôle de promoteur industriel, Pétroci Industries Services s'attelle à construire une usine de régénération des huiles usagées. Ce projet a deux objectifs: le premier est l'aspect industriel et le deuxième est l'aspect environnemental. Quant aux mesures pour respecter l'environnement, il va sans dire que le fait de revaloriser les déchets que sont les huiles usagées constitue une première étape pour lutter contre la pollution, que ce soit la pollution des eaux ou de l'air, mais ceci va se faire selon les normes en vigueur. Notre usine obéira aux standards les plus draconiens en matière de protection de l'environnement. Nous travaillons de concert avec le ministère de l'environnement et de la forêt ; plus particulièrement le Directeur de l'Environnement. Nous avons aussi le projet de l'usine des engrais azotés (ammoniac et urée), dans le souci de valoriser toujours nos ressources pétrolières et gazières. Depuis les années 80, l'exploration a permis de mettre en évidence des champs de gaz en Côte d'Ivoire. A l'époque, nous avons mené des réflexions quant aux différentes possibilités d'utilisation de ce gaz naturel. Etant un pays agricole, nous avons pensé immédiatement à la fabrication des engrais à partir de gaz naturel. Mais chemin faisant, en 83 - 84, il y a eu des problèmes de sécheresse. Jusque là, notre électricité était à dominante hydraulique ; donc la sécheresse a fait qu'on a eu des problèmes de délestage. Ceci a conduit le gouvernement à changer de priorité: assurer la sécurité de l'approvisionnement électrique. C'est ce qui a justifié que le gouvernement ait mis l'accent sur la production de l'électricité à partir du gaz naturel. Dans le projet de l'usine des engrais, nous avons comme partenaire des Chinois qui ont déjà fait l'étude de faisabilité qui a été remise au gouvernement et que nous évaluons actuellement. La prochaine étape sera la mise en place effective de la société devant promouvoir, construire et exploiter cette usine.

Quelles sont les grandes lignes de votre stratégie adaptée à Pétroci Industries Services pour son développement ?

La stratégie retenue par Pétroci Industries Services pour remplir la mission qui lui est confiée, c'est le partenariat dans tous les secteurs d'activités. Cette stratégie permet de préparer la privatisation. Le partenariat peut nous permettre d'apprendre le métier en vue de jouer pleinement le rôle qu'on attend de nous. Le partenariat n'est pas seulement dans le domaine industriel, mais aussi dans tous les domaines.
Le grand enjeu du secteur pétrolier pour le moment c'est la privatisation de la SIR. Est-ce que vous compter jouer un rôle dans ce processus ?

Depuis la restructuration, c'est Pétroci Holding qui détient les parts dans cette société ;; mais du point de vue opérationnelle, nous comptons jouer un rôle c'est à dire que nous avons des contacts avec certains partenaires. Même si ce n'est pas formalisé, il y a des partenaires qui soumissionnent tels que la société sud-africaine Engen. Si jamais cela marche, nous avons déjà un partenariat sur les rails. Donc, par le biais de ces partenaires, nous pouvons jouer un rôle, mais nos responsables sont en train de regarder de plus près le futur rôle du Groupe Pétroci dans la SIR ; en dehors de la gestion du portefeuille. Il faut pouvoir avoir des produits raffinés. Notre trading repose pour le moment sur la livraison du pétrole brut à la SIR et sur la reprise de certains produits raffinés pour nos clients. Donc, il est essentiel que nous jouions un rôle stratégique. Nous avons les Appontements, nos quais par lesquels la SIR fait ses opérations. Donc, pour un certain nombre de raisons, nous sommes obligés de jouer un rôle stratégique dans la SIR . Quand je parle de la SIR maintenant, je parle de la SIR et de la SMB parce que suite à la privatisation de la SMB, la SIR y est majoritaire.

Pouvez-vous nous donner le chiffre d'affaires de Pétroci Industries & Services ?

Nous étions l'an dernier autour de 6,5 milliards. Cette année, nous serons entre 13 et 13,5 milliards.

Pouvez-vous nous mentionner brièvement les grandes compagnies américaines qui sont vos partenaires et quelles sont les relations privilégiées que vous avez avec elles ?

Le Groupe Pétroci a des partenaires américains. Je veux dire dans l'exploration-production. La plupart des blocs sont entre les mains de sociétés américaines, mais en tant que Pétroci Industries Services, nous n'avons pas encore de partenaires américains alors que nous en recherchons activement. Dans notre projet d'huiles régénérées, nous avons bénéficié d'un don de l'USTDA, l'agence américaine pour le développement du commerce. Nous avons fait un appel d'offres et avons sollicité entre autres des sociétés américaines mais pour le moment nous n'avons pas encore eu satisfaction. Dans le domaine du trading, nous étions en relation avec la société internationale Koch qui possède des raffineries, mais nous n'avons pas encore pu concrétiser ce partenariat.

Nos partenaires sont à la recherche perpétuelle de nouvelles opportunités d'affaires, d'investissements. Dans quel secteur de vos activités seriez vous intéressé à attirer des partenaires ?

Au niveau de l'industrie nous avons un projet que nous voulons ressusciter. Le projet de fabrication de PVC à partir du gaz naturel. C'est un projet qui était assez avancé à l'époque, mais il y a eu la crise des années 80, ce qui a fait que nous avons mis cela en instance mais aujourd'hui nous cherchons des partenaires pour cette usine de PVC. Dans un autre domaine, nous voulons faire un plan pétrochimique. Nous avons besoin de partenaires américains parce que jusqu'à présent nous développons notre industrie pétrochimique au coup par coup mais désormais nous voulons des partenaires pour faire l'inventaire des possibilités de la Côte d'Ivoire et dégager des secteurs rentables et y investir. En principe, les investissements de l'usine PVC doivent être supérieurs à 200 millions de dollars. C'est une grande usine comparable à l'usine d'engrais qui est évaluée à peu près à 200 millions de dollars. Le développement pétrochimique pourrait faire le tour de la Côte d'Ivoire. Nous savons que les sociétés américaines ont beaucoup d'expérience dans ce domaine, donc nous recherchons les gens qui sont intéressés par la Côte d'Ivoire, afin de faire avec eux les investigations nécessaires et découvrir des domaines à développer ensemble, en dehors des domaines que nous avons déjà ciblés tels que les lubrifiants, les engrais et les PVC. Dans le domaine du trading (pétrole brut, produits finis) aussi, nous recherchons des partenaires américains.

Pouvez-vous nous donner un aperçu de votre parcours professionnel ?

Je suis ingénieur diplômé d'une grande école française, l'Institut National des Sciences Appliquées (INSA) de Lyon avec comme option Génie Civil et Urbanisme. Je suis diplômé aussi de l'Institut d'Administration des Entreprises (IAE) de l'Université des Sciences Sociales de Grenoble. J'ai eu mon diplôme d'ingénieur en 74 à Lyon en France, mon diplôme de l'IAE en 75 à Grenoble en France. J'ai commencé ma carrière à l'ex EECI (Energie Electrique de Côte d'Ivoire). Ensuite, j'ai travaillé au BNEDT, puis à la SIR et depuis 82, je suis à Pétroci.

Quelle serait votre plus belle satisfaction personnelle à la tête de cette nouvelle entité de la Pétroci ?

Ma satisfaction est de faire de cette entité une grande société, puissante et prospère. Notre plus grande ambition est de développer cette société pour qu'elle rapporte de l'argent, qu'elle crée des emplois et qu'elle contribue à augmenter le produit intérieur brut de la Côte d'Ivoire, par une meilleure revalorisation de ses matières premières en luttant contre la pauvreté et en faisant du social.

Quel est le message final que vous souhaitez adresser à nos lecteurs américains ?

La Côte d'Ivoire est le meilleur des nouveaux marchés, la Côte d'Ivoire a des hommes qui sont bien formés et compétents ; elle a une position stratégique dans la sous région, nous sommes un pays avec plus de 600 Km de façade maritime. Nous avons beaucoup d'espoir dans le domaine pétrolier notamment en offshore profond comme tous les experts le prédisent. Le Golf de Guinée sera sans doute pour le prochain siècle le Moyen Orient de l'Afrique dans le domaine pétrolier. Nous sommes aussi le débouché naturel de beaucoup de pays africains du point de vue commercial. Au niveau politique et social, nous sommes un pays à tradition de stabilité et le souci principal de nos responsables est d'attirer des investisseurs étrangers en améliorant le code des investissements d'une manière générale mais plus particulièrement le domaine pétrolier en améliorant chaque jour le code pétrolier. Au fil des lois de finances aussi, en allégeant les taxes, les impôts. Les lecteurs américains doivent avoir confiance en la Côte d'Ivoire et suivre leurs collègues qui ont déjà investi dans l'exploration-production. Ils doivent rejoindre les sociétés comme Pétroci Industries Services.

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© World INvestment NEws, 2000.
This is the electronic edition of the special country report on Côte d'Ivoire published in Forbes Global Magazine.
August 21th 2000 Issue.
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