GuineaGUINEA,
from Rags to Riches
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September 28th, 2000



The Republic of Guinea
No case for mistaken identity.

Introduction - Democracy - Free market - Social issues - Multinational companies - Finance - Infrastructure - Telecommunications - Transportations - Mineral resources - Bauxite - Metallurgy - Environment - Energy - Agriculture - Fishing - Tourism


M. Ayite A. Kodjo, Directeur Délégué de MOBIL

Interview

du M. Ayite A. Kodjo
Directeur Délégué de MOBIL,
Q : Comment se sont passées les 2 premières années de MOBIL en Guinée et Pourquoi la Guinée ?

R : La question est bonne. Il est faux de croire que MOBIL vient d’arriver en Guinée. Elle est présente depuis 1958, date de l’indépendance de la Guinée, et elle est restée présente jusqu’à 1972, date à laquelle MOBIL a quitté le pays à cause de la politique de nationalisation initiée par le défunt Régime.

En 1990, à la faveur de la politique libérale prônée par le régime du Général Lansana Conté, il y a eu une privatisation. L’ONAH a cédé le pas aux entreprises françaises telles que Elf et Total, Shell et MOBIL ont alors suivi.

Au moment de la nationalisation en 1972, les pétroliers s’étaient regroupés en 2 pôles : il y avait des sociétés de droit français qui avaient subi des préjudices au moment de la Nationalisation et qui ont demandé d’être indemnisées lors de la privatisation pour les dommages causés par le contentieux franco-guinéen. Cela leur a permis de rattraper le manque à gagner à travers ce dédommagement. L’autre pôle, constitué de MOBIL (société américaine) a du s’adresser directement au Gouvernement guinéen afin d’être indemnisé pour le préjudice financier subi par la Nationalisation en 1972. L’Etat avait donc des dettes vis-à-vis de MOBIL. En 1992, une partie de la somme avait été payée, mais l’Etat devait toujours un solde de 341000$ à MOBIL. Lorsque la privatisation a commencé, MOBIL ne disposait pas encore de toutes les informations nécessaires à sa réimplantation. Ce n’est qu’en décembre 1996 qu’il y a eu un protocole d’accord entre MOBIL et le Gouvernement, en application du décret présidentiel de juillet 1996 autorisant le retour de MOBIL sur le sol guinéen.

Q : En 2 ans d’activité, pourriez-vous nous résumer ce qu’il s’est passé ?

R : Ma première visite en Guinée date de novembre 1996. Je suis ensuite revenu plusieurs fois pour essayer de connaître le terrain et essayer de voir comment nous pourrions travailler. Dans le protocole d’accord, l’Etat nous avait accordé 5 terrains sous bail. Vous devez savoir que nous n’avions pas de vieilles stations, nous avons donc du tout reprendre à zéro. Il s’agissait d’une nouvelle expérience pour moi.

Le climat socio-politique est favorable puisque le gouvernement veut aider les investisseurs. Néanmoins, quelques petits problèmes subsistent encore. Je veux parler de l’inefficacité de la justice qui devrait être équitable. Les Guinéens devraient également faire des efforts pour respecter les lois. Sur ce point, la Guinée a pris du retard par rapport aux autres pays de la sous-région. Nous essayons de communiquer aux autorités les différents problèmes que nous rencontrons sur le terrain. A leur tour, les autorités essayent de nous aider tant qu’elles peuvent afin que le contenu du protocole d’accord de 1996 soit respecté.

Q : Pourriez-vous nous donner quelques chiffres sur vos investissements en Guinée ?

R : Nous avons commencé à travailler effectivement après avoir identifié les sites de construction, en janvier 1997. Nous avons vendu notre premier litre d’essence le 5 janvier précisément, à la station de Dabondy. Nous avons investi 1 300 000 $ pour la première station (chose rare en Guinée et même en Afrique) qui est un complexe bâti sur 11 000 m2 sur un terrain constitué de boue, à 4 mètres de profondeur. Pour éviter que nos voisins ne soient inondés, nous avons déboursé 480 000 $ pour l’assainissement. Grâce à cet investissement, nous avons pu engager une vingtaine de personnes au bureau et 49 employés dans l’unique station, ce qui nous donne un total de 69 employés (touts africains). Je suis moi-même togolais, et j’ai travaillé pour MOBIL au Togo, en Côte d’Ivoire, au Niger et au Sénégal, avant d’arriver en Guinée. A part moi, il y a des Guinéens et des assistants en short term assignment venus de la Côte d’Ivoire pour m’aider. Voilà donc pour ce qui est des premiers résultats.

Nous avons ouvert la deuxième station ce matin (le 12 juin 1998) à Yimbaya, dans la commune de Matoto pour un investissement de 618 000$ et un effectif de 30 employés.

La troisième station est en construction depuis le 26 mai 1998, elle sera terminée le 20 août, coût de l’investissement : 710 000 $.

Notre objectif est d’investir 5 millions de dollars en 3 ans pour une part modeste du marché : 20%.

Q : Quelle est votre stratégie pour obtenir ces 20% du marché ?

R : Je reconnais qu’en annonçant comme ça avec beaucoup de sérénité l’interlocuteur peut se demander sur quoi je me base. Nous sommes une société de réputation internationale. Personnellement je connais le marché guinéen qui est d’ailleurs déjà occupé par shell, Elf et Total qui sont des sociétés importantes et qui se partageaient le marché à raison de 30% de part chacune. Mais en terme de réseaux ce que j’ai vu comme lay-out de stations ne m’inquiète pas parce que ces sont de petites stations comparées aux nôtres qui sont modernes avec des pompes immergées, des pompes électroniques, des ordinateurs, des surfaces bétonnées de l’ordre de 3.500 mètres carrés. La station de Dabondy, par exemple, est unique en son genre en Afrique de l’ouest. MOBIL fera donc de grandes stations en Guinée.

Et croyez-moi, d’ici 3 ou 4 ans les petites stations qui font 1.000 litres/jour ou 2.000 litres/jour vont devoir mettre la clé sous le paillasson. MOBIL ne fera pas de multitudes stations, mais 5 ou 6 stations de grand standing dont le rendement fera la différence. Rien qu’avec la station de Dabondy nous avons 6% de part du marché. Si les autres totalisent chacune 4% de part du marché (vu leur taille inférieure à celle de Dabondy), imaginez ce que cela peut faire.

Le marché de Conakry reste donc prioritaire avec 80% du volume pétrolier de la Guinée. Mais on va aussi aller sur le marché de l’intérieur. Tout ceci me fait dire que d’ici 3 ans nous aurons atteint nos 20% de part du marché –sur le secteur réseau. Au niveau du secteur consommateur, la technique d’entrée de MOBIL est tout à fait sereine vu l’expérience africaine de MOBIL en la matière, notamment au Ghana avec Ashanti Goldfields qui est fourni par MOBIL. 95% des compagnies minières sont livrées par MOBIL. Non seulement en produits pétroliers, mais aussi en assistance technique pour pouvoir réduire les coûts de production, les assister (du manpower) en permanence sur le site. C’est une technique inégalée de MOBIL ou seul Shell peut prétendre nous affronter. En Guinée, Shell a eu Ashanti Gold Fields parce que nous sommes arrivés alors que SAG s’installait à Siguiri. Nous n’avions donc pas encore de réseaux. Mais je fais partie d’un team qui avait fait une proposition à Ashanti à Accra concernant la Guinée. Ils croyaient pouvoir démarrer le premier lingot beaucoup plus tôt que prévu. Ce n’est pas une grosse perte pour un volume de 13.500 tonnes par an.
Q : Qu’est –ce que vous offrez aux consommateurs que les autres compagnies ne peuvent leur offrir ?

R : Ce qui nous différencie, c’est la qualité au niveau des carburants, mais au niveau des lubrifiants. Il est mondialement reconnu que MOBIL produit des huiles de pointe que nous pouvons vendre quels qu’en soit les prix. En plus, nous offrons une assistance technique aux clients et chaque année il y a un rapport mentionnant que nous contribuons à la réduction du coût de production du client en product line, en durée de vidange et en fourniture de pièces. C’est un manpower permanent sur les mines avec du personnel formé et payé par MOBIL pour aider le client au jour le jour.

Q : Comment faites-vous pour former le personnel aux techniques de pointe que vous utilisez ? ?

R : Nous sommes, il est vrai, arrivés en Guinée avec une technique que les autres n’avaient pas. Au niveau du réseau, par exemple, nous avons des pompes immergées qui logent carrément dans la cuve et d’autres pompes qui alimentent tout avec des ordinateurs. Il est vrai que nous sommes venus avec des techniciens de Dakar où la technologie est déjà bien présente depuis 3 ou 4 ans, pour installer les pompes de Dabondy. Il y a donc eu un transfert de technologie de Dakar à Conakry en collaboration avec Friedlander basée à Conakry.

La deuxième station ouverte ce matin a été entièrement installée par une société guinéenne à laquelle on a tout simplement transféré la technologie et dont les électriciens ont été formés par MOBIL aux techniques de l’ordinateur et de sa programmation. Nous transférons donc tous les jours les connaissances, l’expérience et la technologie de MOBIL. Moi, par exemple j’ai 15 ans d’expérience chez MOBIL.

Q : Pourquoi a-t-on fait appel à vous plutôt qu’à un guinéen ?

R : C’est une bonne question. En Guinée il y a bien sûr des gens compétents, mais le problème se pose au niveau de l’expérience au sein de MOBIL. Il faut d’abord avoir le profil de marketing requis, car comme vous le savez, il n'est pas aisé de pénétrer un marché déjà conquis par d'autres entreprises multinationales. Cela demande de l’expérience, de la maîtrise de soi, une connaissance du terrain africain. J’ai donc été choisi parmi le potentiel humain de MOBIL pour venir en Guinée et démarrer à zéro. J’ai donc pour mission de former le personnel local pour qu’à terme les Guinéens puissent assurer la relève des expatriés.

Q : Quels ont été les problèmes que vous avez rencontré sur le terrain et quels sont les aspects positifs de l’investissement en Guinée ?

R : En ce qui concerne l’aspect positif je peux dire que MOBIL a été accepté par le peuple de Guinée. Je peux dire que la communauté américaine a le vent en poupe en Guinée. Elle est bien intégrée. MOBIL est très bien vu et apprécié pour ce qu’elle fait sur le terrain en alliant sérieux, honnêteté, rapidité, et volonté d'investir. Nous avons sorti notre station de Yimbayah de terre en 80 jours, après avoir travaillé sans relâche nuit et jour.

Donc, nous pouvons nous estimer investi de la confiance et du soutien du peuple et du gouvernement guinéen en tant que première société américaine qui investit dans le secteur pétrolier en Guinée.

Q : Envisagez-vous de développer une politique environnementale ?

R : Chez MOBIL, la politique d’environnement ne change pas de pays en pays. C’est-à-dire que MOBIL applique sa politique environnementale même dans les pays où la loi n'est pas pointilleuse sur la protection de l’environnement. Si bien que les procédures de protection de l'environnement en terme de construction de stations sont les mêmes, que ce soit aux USA, en France, à Dakar, à Abidjan ou à Conakry. A Dabondy, par exemple, on a dépensé plus de 8.000 dollars en protection de l’environnement parce que la cuve devait reposer dans la nappe phréatique. Les politiques de MOBIL recommandent que les cuves enterrées soient sous pression tous les dix ans. On les remplace alors s’il le faut. Nous donnons également des conseils au grand dépôt de la S.G.P. pour sauvegarder l’environnement. Vous voyez donc que MOBIL a une ligne de conduite en la matière.

Q : Un petit message pour nos lecteurs américains

R : Pour moi la Guinée est un pays vierge, doté d’énormes potentiels naturels parmi lesquels les ¾ de la bauxite du monde, de l’or, du diamant… La Guinée est un pays où tout est à faire. Il y a donc un placement a faire. Beaucoup de réformes au niveau de la justice et au niveau de l’administration ont été faites par rapport aux 10 dernières années. Je pense donc que l’avenir de la Guinée s’annonce serein et si moi-même en tant qu’africain j’avais une occasion d’investir, je n’hésiterais pas un instant. Surtout si ,d’ici peu, la justice peut me garantir que je ne perdrai pas mes sous arbitrairement et que tous les différends pourront être réglés dans le cadre de la loi. Que les gens viennent, il y a beaucoup d’argent à gagner.

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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on Guinea published in Forbes and Far Eastern Economic REVIEW.
February 4th, 2002 Issue. Developed by AgenciaE.Tv