GuineaGUINEA,
from Rags to Riches
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September 28th, 2000



The Republic of Guinea
No case for mistaken identity.

Introduction - Democracy - Free market - Social issues - Multinational companies - Finance - Infrastructure - Telecommunications - Transportations - Mineral resources - Bauxite - Metallurgy - Environment - Energy - Agriculture - Fishing - Tourism


M. JEAN PAUL SARR, MINISTRE DE L’AGRICULTURE DES EAUX ET DES FORETS

INTERVIEW AVEC

M. JEAN PAUL SARR.
LE MINISTRE DE L’AGRICULTURE DES EAUX ET DES FORETS,

Q : La Guinée est un pays qui jouit d’un énorme potentiel agricole, cependant ce potentiel est très peu développé à l’heure actuelle. Comment pensez-vous favoriser le développement de ce secteur ?

R : Je vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez de parler d’un secteur vital de notre économie : l’agriculture, un secteur auquel le Président de la République est très attaché, il a d’ailleurs été élu Président de la Chambre d’Agriculture. Pour développer ce secteur, mon département a élaboré un programme en 3 axes :

- Premièrement, assurer la sécurité alimentaire de 80% de la population guinéenne qui vit de l’agriculture.

- Deuxièmement, relancer l’exportation agricole pour conforter la monnaie afin d’améliorer notre balance et entamer un développement économique durable.

- Troisièmement, procéder à une gestion durable de la production en ménageant l’environnement et les ressources naturelles pour une exploitation rationnelle.

Ce vaste programme est soutenu par 2 documents fondamentaux : le document Guinée Vision 2010 qui harmonise l’ensemble des opérations de développement de tous les secteurs et nous permet d’avoir une certaine cohérence dans l’ensemble des politiques que nous développons. Nous avons également réalisé une étude sur la pauvreté qui a révélé que 52% des pauvres sont du milieu rural, d’où la nécessité de développer le secteur agricole si nous voulons juguler ce problème de pauvreté.

De cette nécessité nous avons élaboré une lettre de politique agricole qui a eu des résultats très encourageants de 1991 à 1995. Entre autres nous avons enregistré une production de 650.000 tonnes de riz. Cela couvre 60% des besoins de la population. Pour les tubercules, le maïs et le fonio, la production est de 100.000 à 200.000 T.

En matière d’infrastructure rurale, nous avons pu réaliser jusqu’à 5600 km de pistes rurales qui permettent de désenclaver les grandes zones de production. Nous avons également aménagé des plaines et des bas-fonds pour la maîtrise de l’eau et pour une production en toutes saisons. Je dois rappeler que nous avons en Guinée près de 6M d’hectares cultivables, dont 1/3 seulement est mis en valeur. Notre lettre de politique agricole, dans sa phase 2, mentionne l’ouverture de l’agriculture aux investissements privés marquant ainsi notre volonté de passer rapidement d’une agriculture de subsistance à une agriculture de marché. Nous réitérons donc notre appel aux partenaires au développement pour qu’ils suivent l’exemple des Chinois et des Malais qui ont investi dans la production de riz. 1000H à Koba pour les premiers soit une production de 30000 a 50000 T de riz en toutes saisons et pour les seconds 1200H de terre. Ils ont à leur actif des rizeries, des usines de sac et bien d’autres infrastructures. L’état n’ayant donné que les terres. Nous espérons qu’avec l’installation de ces grands fermiers, de grandes surfaces seront cultivées et nous espérons également que les petits exploitants bénéficieront d’un transfert de technologie.

Nous comptons atteindre le taux de suffisance alimentaire dans les 5 ans à venir par une production qualitative grâce à la recherche et le développement. Nous voulons améliorer le site végétatif des spéculations telles que le riz dont le temps de production a été ramené de 7 à 3 mois, ce qui permet d’avoir 2 à 3 récoltes par an. Si par ailleurs la productivité était de 500/800 Kg par Ha, aujourd’hui nous avons 3 à 4 T par Ha. Ces résultats augurent des perspectives heureuses pour 80% de la population dont le revenu pourrait connaître une amélioration.

Q : Quelles ont été les différents projets d’investissement dans votre secteur et tout particulièrement concernant les investisseurs américains lors du forum des investisseurs qui vient de se tenir à Conakry ?

R. En marge du forum, j’ai reçu un groupe américain du nom de Dayton, ils sont venus prendre contact avec les producteurs guinéens.
Nous avons été encouragés à renouveler ce genre de rencontres. En effet, au cours de ce forum, de nombreuses lettres d’intention ont été signées, nous espérons que le suivi sera assuré. Pour notre part, nous ne ménagerons aucun effort pour que d’autres investisseurs emboîtent le pas aux Malais et aux Chinois dans un secteur vital comme l’agriculture.

Q : Le bilan commerciale est déficitaire en Guinée, comment pensez-vous y remédier ?

R : Comme je l’ai dit plus haut, l’une des missions assignées à mon département est la relance de l’exploitation agricole. Pour cela nous avons des cultures spéculatives cibles, de très bonne qualité et à bon prix, qui pourraient pénétrer le très difficile marché US. Je pense à l’ananas principalement, au Quint qui est un fruit très succulent, pas très gros et qui mûrit au soleil. Il faut aussi relancer la production de bananes qui jadis se vendait bien. Les melons et les courges qui sont déjà exportés aux USA par un privé basé à Forecariah. De même que les papayes solo.

Le citron, le poivre (africain) et l’huile de palme pourraient bien se vendre sur le marché US et européen.

Q : Projetez-vous de développer l’agro-industrie en Guinée ?

R : Je suis ravi que vous ayez posé cette question. J’allais en parler car il est essentiel que nous passions de la production de produits primaires à la production de produits finis et semi-finis, ce qui créera de la valeur ajoutée et par conséquent des emplois. D’ailleurs, nous avons beaucoup parlé d’agro-industrie au Forum. Il faut faire en sorte que des agro-industries soient créées car aujourd’hui une grande partie de la production agricole pourrit faute de moyens de transformation. Nous perdons 300.000T de mangues chaque année et c’est inadmissible. Il est donc important que les partenaires au développement investissent dans l’agro-industrie. Aussi bien pour la transformation des produits de crus que pour les bois d’œuvre.

Q : Quels sont les plans du Gouvernement pour financer les projets agricoles ?

R : Ce problème assez sérieux préoccupe notre gouvernement. Comment arriver à financer l’agriculture ?

Pour le moment nous ne disposons pas des moyens qu’il faut pour financer l’agriculture par l’octroi de crédits car, comme vous avez pu le constater, nous n’avons que des banques commerciales, pas de banques de développement. Pour parer à ces lacunes nous avons tenté de nouvelles approches : le crédit rural et le crédit mutuel. Le premier a eu de bons résultats alors que le second a eu des difficultés car inadapté aux réalités locales.

Vous savez, le crédit tel qu’il se pratique en occident accroche difficilement chez nous pour une question de mœurs et de tradition. Il faut donc des crédits adaptés à nos conditions. C’est pourquoi des réflexions sont en train d’être menées dans ce sens afin de permettre à la masse paysanne d’avoir accès au crédit.

En attendant, le gouvernement procède à des projets de développement agricole dans lesquels les partenaires au développement (Banque Mondiale, Agence Française de Développement, USAID ) interviennent pour nous aider. Nous essayons ainsi d’apporter aux paysans ce qui leur manque en aménageant leurs terres, en leur apportant des semences améliorées.

Q: Quelle est votre message pour attirer les investisseurs américains ?

R : Que les américains viennent tenter l’expérience chez nous ! En Guinée, les conditions climatiques et la nature du sol sont favorables à l’agriculture. Avec peu d’efforts et peu de fertilisants, vous pourriez rentabiliser votre plantation. En termes économiques, pour chaque dollar investi vous pourriez avoir 10 a 15 Us dollar. Je dirais donc aux investisseurs de venir d’abord en Guinée, de voir ensuite ce qu’il y a lieu de faire et de comparer enfin. Nous avons entrepris de nombreux efforts pour rendre l’environnement économique très incitatif. Entre autres, nous avons pris suffisamment de réglementation. Nous sommes aussi en train de régler le problème crucial de l’énergie à bon marche… Garafiri (fameux barrage) est prévu pour Sept 99. Petit à petit, nous nous dotons de voies de communication performantes et notre pays reste lié au reste du monde par de puissants moyens de télécommunication à la pointe du progrès. A cela s’ajoutent la stabilité politique et la paix sociale qui règnent malgré les soubresauts dans les pays voisins.

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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on Guinea published in Forbes and Far Eastern Economic REVIEW.
February 4th, 2002 Issue. Developed by AgenciaE.Tv