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September 28th, 2000



The Republic of Guinea
No case for mistaken identity.









Mr. Gérard Coker, Directeur Général Adjoint

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COMPAGNIE DES BAUXITES DE GUINEE (CBG )

Manager:
Gérard Coker,
Directeur Général Adjoint

Contact:

GUINEA

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Republic of Guinea
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20 Stanwix St., 10th floor
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Strategy

Interview de
Monsieur Gérard Coker

Directeur Général Adjoint de la CBG Compagnie des Bauxites de Guinée pour Forbes Magazine

Q: Pouvez-vous nous donner un bref historique de votre compagnie ?

R: La Compagnie des Bauxites de Guinée est née d’une convention établie en 1963 entre l’Etat guinéen et des investisseurs intéressés par les gisements de bauxite de la région de Boké et opérant dans le secteur de l’aluminium. Dix ans après la signature de cette convention de base, soit en 1973, la compagnie a démarré ses opérations. Les plus grandes sociétés du secteur de l’aluminium comme ALCOA, ALCAN et PECHINEY, etc se sont regroupés en un consortium en vue d’exploiter ce qui était à l’époque considéré comme le meilleur gisement au monde. Il s’agit en l’occurrence de la mine de Sangaredi.
L’exploitation de la mine fut précédée d’un important investissement des partenaires étrangers dans le développement de la mine et la construction de l’usine tandis que l’Etat Guinéen a réalisé le chemin de fer, le port en eau profonde et la cité. L’Etat a été aidé par la Banque Mondiale qui lui a consenti un prêt garanti par les contrats de bauxite pour la réalisation du projet.

Initialement, les capacités de la compagnie étaient de 6.000.000 tonnes. Aujourd’hui, nous sommes en mesure de réaliser, grâce à une amélioration de l’outil de production, un peu plus de 12 millions de tonnes. Pour l’année 1998, la production projetée est de 12,8 millions de tonnes. Nous envisageons même dans un futur proche de porter cette production à 13,5 millions voire même 15 millions de tonnes à condition de réaliser suffisamment de profits pour réinvestir dans les expansions. Notre bauxite est vendue à l’Etat Guinéen, et aux actionnaires privés. C’est le principe d’une mine captive qui veut que les actionnaires soient les acheteurs du produit parce que la mine a été réalisée pour les besoins de leurs alumineries, de leur industrie. La Guinée, en tant qu’actionnaire, a sa part de bauxite qu’elle revend soit à l’un des actionnaires (le plus souvent) soit sur le marché libre.

Processing bauxite at CBG´s plant in Kamsar

Q : Pouvez-vous nous donner quelques chiffres sur votre compagnie ?

R : Je peux vous dire, en ce qui concerne les cités, que nous disposons 1400 logements sans compter les bâtiments administratifs. La société emploie à date 2700 travailleurs dont 80 expatriés en qualité de travailleurs permanents ou de consultants. Nous avons également un peu plus de 300 coopérés c’est-à-dire des personnes qui représentent des sociétés prestataires de services auprès de la CBG. Cela nous donne au total entre 3000 et 3100 travailleurs toutes catégories confondues. La CBG est, après l’Etat Guinéen, le plus gros employeur en Guinée. Elle a représenté jusqu’à 80% des recettes en devises de l’Etat guinéen.

Q : N’y a-t-il pas de gros risques pour l’Etat de dépendre uniquement des revenus de la bauxite ?

R : Il est en effet très risqué pour un Etat de dépendre d’un produit comme la bauxite. Surtout un produit dont le prix est fortement lié à celui de l’alumine et de l’aluminium qui sont fixés sur le marché international. Cette dépendance est d’autant plus préoccupante que nous ne contrôlons pas les prix et que les nouveaux gisements en exploitation sont de qualité inférieure à Sangaredi. Il est vrai qu’au départ nous avions le gisement le plus riche mais nous l’avons exploité pendant près de 25 ans. Ce gisement a donc tendance à s’épuiser et il nous faut trouver, au plus vite, de nouveaux gisements. C’est ce à quoi nous nous employons actuellement. Nous avons trouvé de nouvelles mines dans la région. Malheureusement, ces mines n’ont pas la même teneur en alumine que celle de «Sangaredi ». Nous faisons donc une sorte d’homogénéisation des bauxites de provenance diverse pour obtenir une teneur qui tourne autour de 54% d’alumine au lieu des 60% de «Sangaredi ». Il y a donc eu une véritable dégradation de la qualité du minerai par rapport à l’exploitation de départ. Etant donné que les revenus de l’Etat tout comme ceux des autres actionnaires privés dépendent de la teneur en alumine de la bauxite exploitée, ces revenus ont tendance à diminuer. D’où la nécessité de diversifier les sources de revenus pour l’Etat. En clair, d’autres secteurs tels que l’agriculture, le tourisme, la pêche… devraient prendre le relais.

Je disais donc que nous menions des prospections dans la région en vue de trouver un gisement de la qualité de «Sangaredi », ou s’y rapprochant. Des ressources, nous en disposons encore (1milliards de tonnes à peu près) mais nous cherchons toujours des gisements de la qualité de «Sangaredi ». Grâce à ces prospections, nous serons en mesure également de mieux préciser notre potentiel.

Q : Quel avantage avez-vous par rapport à vos concurrents ?

R : Dès le départ, nous avions un avantage compétitif certain. Nous avions, à l’époque, le meilleur gisement avec une teneur en alumine de 60-62% et facile d’exploitation. Cet avantage se perd progressivement par rapport à des pays concurrents tels que le Brésil, la Jamaïque, l’Australie etc. Notre objectif aujourd’hui est de maintenir un revenu à peu près constant à nos actionnaires. Pour ce faire, nous nous devons, à défaut de pouvoir contrôler les fluctuations du marché de l’aluminium, d’agir sur les coûts de production. C’est à cela que nous nous employons depuis deux ans. L’objectif qui nous a été assigné par le conseil d’administration est de baisser les coûts de 3 $ par tonne en 3 ans. Il s’agit d’un programme drastique qui a nécessité une révision de tous les compartiments budgétaires avec des plans d’action bien précis : diminution significative des effectifs, meilleure gestion de l’entretien, meilleure contrôle des fournitures, lutte contre le gaspillage, …. Nous sommes sur la bonne lancée et nous pouvons espérer atteindre les mois prochains les 2 dollars de réduction par tonne produite, ce qui constituerait déjà une bonne performance pour une compagnie de ce genre. A ce niveau, la compagnie peut continuer à assurer sur fonds propres les investissements d’expansion.

Q : Comment se fait la répartition de la bauxite entre les actionnaires ?

R : Comme je vous l’ai déjà dit, c’est le principe de la mine captive. Les actionnaires se sont appropriés la mine pour les besoins de leurs alumineries. Au cours des réunions de shipping, la CBG annonce ses capacités de production pour l’année à venir. En fonction de ces estimations de production de la compagnie, la bauxite est répartie entre les actionnaires proportionnellement à leur participation au capital de la compagnie.

Une programmation conséquente des bateaux sur l’année s’établit. Chacun des acheteurs affrète un bateau pour venir chercher la bauxite à une date bien déterminée. Suivant des mécanismes relevant des lois de chargements qui sont des règles mondialement connues et que nous essayons, au fil du temps, d’adapter à nos réalités propres.

Q : Envisagez-vous, un jour, la privatisation totale de la CBG ?

Bauxite is transported to extract humidity

R : C’est une question à laquelle je ne tiens pas trop à répondre. Je suis un gestionnaire de la CBG et, en tant que tel, je me soumets aux décisions du conseil d’administration et des propriétaires qui sont les seuls habilités à décider de l’avenir de la compagnie. Ce que je peux vous dire, c’est que nous, managers, nous mettons en œuvre une gestion plus rigoureuse de CBG.

Si maintenant vous voulez un sentiment personnel sur la question, je suis pour le retrait de l’Etat de tous les secteurs productifs. L’Etat doit se désengager d’un certain nombre d’activités afin de mieux jouer son rôle de puissance publique et de concepteur de politique sectorielle. Encore une fois, ce qui nous intéresse présentement à l’interne, c’est d’assurer déjà une meilleure rationalisation de la gestion. A cet égard, lorsque la CBG a démarré ses activités en 1973, nous avons développé, à coté des infrastructures de production telles que le port, le chemin de fer et l’usine, d’autres infrastructures telles que des night-clubs, des terrains de tennis, des restaurants, des boulangeries, des épiceries etc. Toute chose utile à l’époque et encore aujourd’hui pour la communauté. A cette époque, nous étions dans un système collectiviste du «tout Etat ». Il n’y avait aucune initiative privée développée autour des sites miniers. Depuis l’avènement de la seconde République et avec la nouvelle option libérale prônée par l’Etat Guinéen, on se demande si la CBG va encore continuer à gérer des boulangeries, des restaurants, etc. Il y a peut-être des gens qui peuvent le faire mieux que la CBG. Cela ne veut pas dire qu’on en a plus besoin. Bien au contraire. Dans le cadre de notre programme de réduction des coûts de production, nous envisageons la privatisation progressive de toutes les activités périphériques à la compagnie. Les secteurs concernés seront revendus aux travailleurs qui pourront, s’ils le sentent nécessaire, s’associer à des opérateurs économiques à l’extérieur de la compagnie pour opérer ces activités. Pour ce faire, nous avons un mécanisme assez pointilleux de suivi de ces privatisations pour parer à un éventuel échec. D’ailleurs, dans deux ou trois semaines, nous allons remettre le garage des véhicules légers aux travailleurs du secteur. Un professionnel étranger a accepté de s’associer à eux pour faire tourner le garage sous forme de prestations pour la CBG avec un avantage certain d’un marché captif, celui de CBG.

Q : Parlez-nous un peu du port minier de Kamsar ?

R : Le port minier de Kamsar est unique dans la sous-région. Il est assez bien équipé. Le taux d’occupation du quai est parmi les plus élevés, soit 92 à 93%. Cela demande évidemment une très grande dextérité et une bonne programmation et un entretien adéquat des équipements qui chargent les bateaux. Ceux-ci venaient suivant un programme préétabli, il faut éviter de les faire attendre et payer conséquemment des surestaris.

Q : Quelles mesures avez-vous prises pour la protection de l’environnement ?

R : Vous touchez là un point qui est d’actualité chez nous. La protection de l’environnement est une des missions prioritaires de la CBG. En effet, nous faisons le maximum pour ne pas léguer aux générations futures des paysages lunaires au niveau de la mine par exemple. C’est une démarche que nous faisons partager à nos employés.

Depuis quelques années, nous avons initié un programme de restauration des sites exploités pour remettre la nature dans son état initial. Nous procédons à un reboisement de ces différents sites après exploitation. Nous avons également un projet de traitement des eaux usées à Sangaredi qui est une agglomération de 20.000 habitants. Ce projet va coûter 5 millions de dollars et est entièrement financé par la compagnie. Le système devrait être fonctionnel d’ici à la fin de l’année. Nous projetons de faire la même chose à kamsar où la population est estimée à 80.000 personnes. A côté de cela, nous avons un système de récupération des huiles usées pour éviter qu’elles se déversent dans la mer. Nous avons également d’ambitieux programmes de dépoussiérage et de destruction de vieux pneus dont les études sont en cours.

Toutes ces actions combinées montrent à quel point la CBG a pris les questions d’environnement à cœur. Nous avons d’ailleurs un comité consultatif avec la Direction Nationale de l’Environnement de Guinée qui se réunit deux fois par an pour discuter des problèmes d’environnement posés au niveau de l’industrie et y apporter des correctifs.

Q : Quel est votre message final pour nos lecteurs américains ?

R : Nous avons envie de leur dire que nous existons. Nous sommes une société qui a la double nationalité, Guinéenne et Américaine (Etat de Delaware). Les normes de gestion américaines sont employées ici. Nous nous efforçons de rationaliser la gestion de notre entreprise pour lui permettre de rester compétitive. Nous voulons donner de notre société, l’image d’un athlète de haut niveau qui doit se donner à fond pour rester dans la cour des grands.

Je souhaite, en tant que Guinéen, qu’un jour nous puissions être en mesure de transformer nous-mêmes notre bauxite. Pour y parvenir nous avons besoin des investissements américains certainement. Nous devons par conséquent créer des conditions maximales afin de favoriser l’investissement étranger. Je fais allusion là, à la bonne gestion, aux moyens de télécommunications, à l’énergie et au bon accueil des investisseurs.

L’Etat Guinéen met tout en œuvre pour créer les meilleures conditions favorables à l’investissement privé en Guinée. En témoigne le forum récemment tenu à Conakry qui, aux dires de plusieurs observateurs, a été un succès.

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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on Guinea published in Forbes and Far Eastern Economic REVIEW.
February 4th, 2002 Issue. Developed by AgenciaE.Tv