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September 28th, 2000



The Republic of Guinea
No case for mistaken identity.









Monsieur Sidya Touré, Premier Ministre

Current Prime Minister of Guinea

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PRIMATURE

Manager:
Mr Sydia Touré, Prime Minister of Guinea

Contact:
M. Ibrahima CAMARA, Directeur du Cabinet

BP 5141
Conakry
République de Guinée
Tel.: (224) 41 52 74
Fax: (224) 41 52 82
Strategy

Interview de Monsieur Sidya Touré
, Premier Ministre

Q : M. Le Premier Ministre, vous avez réussi en moins de deux ans à assainir les finances publiques. Comment avez-vous fait pour mener autant de réformes en si peu de temps ?

R : Je crois que nous avons été servi par le fait que la Guinée était sur la voie de la libéralisation de son économie. Il ne faut pas oublier que le pays a connu une longue et dure période de collectivisation pendant un peu plus d’un quart de siècle. L’ouverture survenue en 1984 a engendré des réformes qui n’ont malheureusement pas pu avoir l’impact souhaité compte tenu de la fragilité du secteur privé, des infrastructures et de tout l’environnement macro-économique.

A notre arrivée en 1996, nous nous sommes fixés des objectifs macro-économiques simples et clairs. Nous avons réussi à réduire le déficit budgétaire par rapport au PIB en moins de deux ans. Nous avons également réussi à maintenir le taux d’inflation à un niveau correct en tenant la base monétaire et en réduisant les dépenses publiques afin de prévenir tout dérapage qui pourrait alimenter une inflation. L’administration a été restructurée. Cela nous a permis d’éliminer les fonctionnaires fictifs. Nous avons fait en sorte que ceux qui étaient là ne perçoivent que leur salaire réel. Il y a eu une amélioration des recettes fiscales sans augmentation de la pression fiscale, nous avons seulement élargi l’assiette fiscale. En collaboration avec la SGS, nous avons mis en place un système efficace de recouvrement des recettes douanières. Nous avons aussi procédé à une série de réformes notamment sur la vente du carburant où il y avait beaucoup de coulage. Nous avons fait en sorte que cette vente ne se fasse plus en mer au large de Conakry comme c’était le cas à l’époque.

Par ailleurs, trois mois après la mise en place de ce gouvernement et grâce à ces mesures, nous avons réussi à négocier un programme avec le FMI. Ce programme tient depuis bientôt dix-huit mois, c’est une première en Guinée depuis l’indépendance. Nous avons fait en sorte que trois priorités soient immédiatement mises en place pour polariser l’attention de la population : premièrement l’assainissement de la ville de Conakry pour permettre aux gens de vivre agréablement. Deuxièmement, l’électrification de la capitale. Nous avions en juillet 1996 une couverture électrique de 38%, aujourd’hui nous en sommes à 100%. Le troisième objectif était d’obtenir immédiatement un troisième programme avec le FMI. Ces trois objectifs à court terme ayant été atteints, nous avons pu démarrer les choses avec beaucoup plus de crédibilité et d’engouement de la part de la population.

Q : Quels sont vos secteurs prioritaires et quelles mesures avez-vous prises pour les rendre compétitifs ?

R : La stabilité macro-économique ayant été établie, nous avons donc eu un peu plus de crédibilité. C’est alors que nous nous sommes attaqués à l’économie réelle, c’est-à-dire la production. Pour ce faire, nous avons ciblé les secteurs porteurs de croissance. D’abord l’agriculture dont dépend 75 à 80% de la population guinéenne. Nous nous sommes dits qu’une augmentation de la production dans ce secteur serait bénéfique à un plus grand nombre de personnes et beaucoup plus rapidement. L’impact sur la richesse nationale sera plus grand. Au cours de ces deux dernières années, deux expériences nous ont permis de constater qu’il s’agissait d’un point de vue justifié. En augmentant un tant soit peu le prix d’achat du coton aux paysans, nous avons augmenté la production de 40% d’une année à l’autre. Nous avons libéralisé le marché du riz en ne donnant plus le dollar à taux fixe, ce qui a permis de renchérir le prix du riz importé et par conséquent de fouetter la production locale qui a gagné 30% en une année sur le total des importations. Le secteur agricole reste donc une priorité pour nous.

Nous nous sommes ensuite tournés vers le secteur minier et énergétique qui contribue pour 25% au PIB. Vu son importance, ce secteur pourrait attirer beaucoup d’investissements. Notre objectif est d’atteindre des taux de croissance de 8 à 9% pour l’an 2010 au lieu de 4% actuellement. Pour y parvenir il faudrait accroître les investissements et passer de 18% du PIB à 25% du PIB, soit 7 points de taux d’investissement ce qui représente environ 300 Millions de dollars additionnels. Le secteur minier est celui qui pourrait nous rapporter ce montant assez rapidement. L’hydroélectricité pourrait également joué un rôle déterminant.

Les secteurs de soutien tels que l’éducation et la santé ne seront bien évidemment pas en reste. Si nous voulons lutter contre la pauvreté, il faudrait que nous soyons en mesure de soigner et d’instruire un taux progressif de notre population.

Q : Quelles sont les mesures, autre que le forum des investisseurs, que vous avez prises pour attirer les investisseurs?

R : Comme je vous l’ai dit, nous avons amélioré le cadre macro-économique. Ensuite, nous nous sommes attaqués à des secteurs qui pourraient constituer un frein à l’investissement étranger. Nous avons ainsi entrepris des réformes au niveau de la justice. Nous avons changé les codes et les documents qui dataient de la Révolution pour les adapter au système d’économie libérale. Nous avons formé les juges et nous continuons à les former au traitement des affaires bancaires en collaboration avec les banques de la place. Nous avons essayé d’améliorer le cadre institutionnel de l’investissement en formant l’administration elle-même. Pour alléger les formalités administratives, nous avons créé un guichet unique. Je préside également un comité paritaire secteur public-secteur privé qui a été mis sur pieds afin de trouver des solutions rapides aux problèmes des opérateurs privés. Nous avons réaménagé le code des investissements pour le rendre plus attractif et pour donner des avantages à ceux qui veulent investir en Guinée.

Le Forum est venu par la suite. Les deux objectifs principaux de ce forum étant : premièrement d’attirer les investisseurs étrangers pour qu’ils voient les résultats macro-économiques auxquels nous sommes parvenus, pour qu’ils voient les réformes que nous avons engagées pour améliorer l’environnement de l’investissement en République de Guinée et pour qu’ils viennent découvrir les immenses potentialités minières et agricoles du pays. Il ne faut pas oublier que la Guinée possède 3/4 des réserves mondiales de bauxite ainsi que d’immenses réserves de fer à haute teneur estimées à 5 milliards de tonnes. L’or existe également en grande quantité, d’ailleurs Ashanti Goldfields vient de s’installer et a investi 50 millions de dollars. Nous venons de signer un contrat d’exploitation du diamant kimberlitique pour 150 millions de dollars avec DeBeers. Sur le plan agricole, nous cultivons tout ce que cultive la Côte d’Ivoire, à savoir le café, le cacao, le palmier à huile et l’hévéa. Avant l’indépendance, la Guinée produisait 60% de la banane de l’Afrique de l’ouest.

Le deuxième objectif de ce forum était de faire comprendre aux populations guinéennes l’intérêt qu’il y a de s’ouvrir aux investissements étrangers. N’oubliez pas que ce pays a connu 30 ans de collectivisme. Grâce au forum, les Guinéens ont compris qu’il était possible de faire des affaires avec des citoyens d’autres pays. Pour réussir ce forum, nous avons dû, avec l’aide de l’ONUDI et du PNUD, faire une campagne de sensibilisation. Au cours de cette campagne, nous avons expliquer aux opérateurs guinéens comment il fallait présenter un dossier et de quelle manière il fallait négocier avec les investisseurs étrangers pour aboutir à quelque chose de concret. Parmi les nombreux projets présentés, figuraient des projets de BOT. Ce sont notamment des projets de barrages et d’autres infrastructures. Vous savez, nous avons signé un accord d’interconnexion avec la Côte d’Ivoire. Nous sommes le château d’eau de l’Afrique et nous avons assez de ressources en eau pour exporter de l’électricité.

Q : Que diriez-vous aux investisseurs américains pour les encourager à investir en Guinée ?

R : Je commencerais par leur dire que la plus grande compagnie en Guinée, la CBG, est américaine et elle existe depuis plus de 25 ans. Elle représente 350 millions de dollars de chiffre d’affaires.

A mon arrivée en 1996 on a rétrocédé une partie du secteur pétrolier à la MOBIL OIL.

Nous avons une monnaie cotée sur le dollar américain ce qui en fait l’une des rares monnaies francophones dans cette situation.

Q : Avez-vous un dernier message pour nos lecteurs américains ?

R : La Guinée détient les plus grandes réserves minières d’Afrique de l’ouest et sa capacité hydroélectrique est des plus enviables avec un potentiel de 12000 MW. Tous les grands fleuves de la sous région prennent leur source en Guinée : le Sénégal, le Niger, le Gambie, etc.

Nous avons aussi un potentiel agricole des plus enviables, on cultive du cacao, du café, des bananes, de l’hévéa et des palmiers. En matière de pêche, la Guinée regorge également d’un énorme potentiel. De plus, Conakry est à huit heures de vol de New York.

Notre code des investissements est des plus attirants. L’investisseur peut rapatrier librement ses bénéfices sans restriction. Nous sommes un Etat démocratique avec des institutions comme l’Assemblée Nationale, le Conseil Economique et Social et la Cour Suprême qui est calquée sur celle des Etats-Unis. Nos résultats macro-économiques récents nous ont valu auprès des institutions de Breton Wood une deuxième Facilité d’Ajustement Structurel Renforcé.

D’ailleurs nous nous apprêtons à aller à une rencontre avec des groupes consultatifs pour présenter nos besoins estimés à 2 Milliards de dollars pour les trois ans à venir.

Nos portes restent donc ouvertes aux capitaux étrangers.





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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on Guinea published in Forbes and Far Eastern Economic REVIEW.
February 4th, 2002 Issue. Developed by AgenciaE.Tv