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September 28th, 2000



The Republic of Guinea
No case for mistaken identity.









Mr Ibrahima Bah, Directeur Général

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SOCIETE DES BAUXITES DE KINDIA (SBK )

Manager:
Mr Ibrahima Bah, Directeur Général

Contact:
BP 613 - Conakry - Guinea
Tel: (224) 41 38 28 / 46 23 12
Fax: (224) 41 38 28
Strategy

Interview de
M. Ibrahima Bah,

Directeur Général

Q: Pourriez-vous nous faire un bref rappel historique de votre société ?

R: La SBK est une entreprise dont l’histoire est essentiellement liée à celle du pays. Lorsque la Guinée a accédé à l’indépendance en 1958, elle était confrontée à des problèmes financiers. Pour que le jeune Etat survive, il fallait l’aide de l’extérieur. Parmi les pays qui ont volé au secours de la jeune Guinée figurait l’URSS, avec laquelle la Guinée a lié de solides relations d’amitié, notamment dans le domaine de la recherche et du développement minier. L’action a porté surtout sur les gisements de bauxite de la région de Kindia dont certains avaient été découverts bien avant l’indépendance.

Dans le cadre de la coopération naissante avec l’URSS, nous avons entrepris un plan de cartographie géologique et de prospection des gîtes minéraux. Au cours de l’exécution de ce programme, nous avons découvert dans la région de Kindia -en plus des gisements existants-un gisement méconnu jusqu’alors : il s’agit du gisement de Débélé qui, de par son importance, a servi de tremplin à la consolidation des relations commerciales entre la jeune Guinée et l’URSS.

Après avoir prospecté ce gisement en détail, le Gouvernement a décidé de passer à sa mise en valeur. C’est ainsi que fut décidée la création, en 1969, de l’Office des Bauxites de Kindia, avec toute l’infrastructure nécessaire à l’exploitation de la bauxite. En 1974, l’OBK est officiellement lancée avec pour objectif essentiel l’exploitation dans une première étape du gisement de Débélé ; un gisement qui s’est révélé digne d’intérêt et donc d’investissement.

A travers l’exploitation de ces gisements, nous visions premièrement à amortir les dettes contractées vis-à-vis de l’URSS, deuxièmement à permettre à la Guinée d’acheter des biens de consommation dans les pays d’Europe de l’Est dans le cadre d’accords de clearing, et troisièmement à vendre le reste de la production sur le marché international pour financer l’achat de biens de première nécessité que nous ne pouvions nous procurer à l’Est. Aujourd’hui nous pouvons dire - sans risque de nous tromper- que l’OBK a très bien fonctionné, il a d’ailleurs atteint l’un de ses objectifs, à savoir l’amortissement des investissements et le remboursement des dettes contractées auprès de l’union soviétique pour sa mise en place.

En 1993, à la faveur de l’orientation libérale de l’économie guinéenne, l’OBK a changé de statut pour devenir une société anonyme à participation publique : la SBK ou Société des Bauxites de Kindia est entièrement autonome. Aujourd’hui notre ambition est d’en faire une société mixte ou à 100% privée, l’objectif de l’Etat étant de se désengager entièrement ou partiellement des activités de production pour permettre l’émergence d’un secteur privé très compétitif et capable de nous hisser au niveau international.

Q: Avez-vous des clients ailleurs qu’en ex URSS ?

R: Je tiens à préciser que notre production est essentiellement destinée à la raffinerie de Nikolaev basée en Ukraine. Cette usine qui produit 1 million de tonnes d’alumine a été conçue pour traîter de la bauxite de Kindia et de Yougoslavie à hauteur de 75% et 25% respectivement.

Q: Comment la dislocation de l’URSS a-t-elle affecté votre entreprise ?

R: La dislocation du bloc soviétique a indéniablement affecté le fonctionnement de l’entreprise. Lorsque Nikolaev a changé de mains pour passer à l’Ukraine nous nous sommes vus confronté à un problème d’approvisionnement en pièces et autre matériel d’équipement. Nous avons parallèlement perdu les facilités commerciales qui nous liaient à l’URSS dans le cadre des accords de troc. Aujourd’hui, la plupart des organismes qui traitaient avec nous dans le cadre de l’accord de troc ont disparu ou ont changé de statut à la faveur des changements d’orientation politique. Malgré tout, nous continuons fort heureusement à livrer de la bauxite à l’usine de Nikolaev mais en deçà de nos potentialités à cause du vieillissement de nos installations dont nous devons envisager la rénovation dans les plus brefs délais si nous voulons continuer à exister.

Q: Ne croyez-vous pas que vous prenez des risques en vous agrippant à un seul marché ?

R: D’un coté il y a un risque et de l’autre un avantage. L’avantage, c’est que nous avons un marché garanti par un contrat nous liant à l’Ukraine pendant encore au moins une dizaine d’années. Il est vrai que l’idéal serait de diversifier la clientèle et c’est à cela que nous nous sommes attelés depuis quelques années. Dans cette optique, des études ont été menées aux frais de l’entreprise par divers groupes de consultants pour voir quelles sont les raffineries qui, à travers le monde, seraient capables de consommer la bauxite de la SBK, une bauxite faible en silice réactive et en monohydrate. A l’issue de ces études, 10 raffineries -parmi lesquelles celles de Corpus Christy au Texas, Vaudreuil au Canada, St Cyprian en Espane- ont été identifiées comme des usines capables de traiter cette bauxite avec profit.
Q: D’où provient votre matériel ?

R: Dans une entreprise minière comme la nôtre, il faut distinguer l’infrastructure de base qui est fixe et l’équipement minier. Chez nous le matériel est essentiellement d’origine russe : du concasseur au chemin de fer en passant par la cité, les centrales électriques, les locomotives et les wagons, le matériel d’entretien, les engins de chargement, de terrassement et de transport, la mécanique de précision et les installations de communication. Mais nous avons aussi du matériel d’origine japonaise installé au port : ce sont le stacker, le reclaymer, le shiploader, et l’ensemble des convoyeurs à bandes.

Depuis deux ou trois ans, nous avons expérimenté du matériel américain de chez Caterpillar sans succès parce que premièrement notre personnel n’est pas familiarisé avec ce type d’engins et deuxièmement nous manquons cruellement de pièces de rechange et aucun service après vente ne nous lie à Caterpillar. Nous rencontrons actuellement de sérieux problèmes dans la maintenance de nos installations.

Du temps de la coopération avec l’ex URSS il nous était beaucoup plus facile d’avoir des pièces de rechange.

Q: Envisagez-vous la privatisation de la SBK ?

R: Vous faites bien de poser cette question. La SBK a été créée pour être rentable et compétitive dans l’industrie de la bauxite. Pour parvenir à cet objectif, la privatisation de l’entreprise s’impose et nous avons donc entrepris depuis deux ans un programme de restructuration de la société. Ce programme a conduit à des études dont les recommandations sont claires, à savoir la réduction des coûts de production très élevés de l’entreprise ou par le biais d’une diminution de la main d’œuvre, de la consommation de matières premières et par le désengagement de la société des activités périphériques non liées directement à la production. En agissant sur ces paramètres, nous espérons pouvoir maîtriser le coût et avoir des investissements privés afin de réaliser notre objectif majeur qui est celui de devenir une entreprise industrielle au sens réel du terme. A l’heure actuelle, la Warburg Dillon Reed, banque anglo-helvétique, mène une étude de restructuration de l’entreprise dans le cadre du projet de développement du secteur minier guinéen financé par la banque mondiale. Les conclusions de cette étude nous parviendront avant la fin de l’année.

A la fin de la restructuration, nous espérons rehausser notre crédibilité et attirer des capitaux pour une exploitation plus rentable des gisements de Kindia. Nous escomptons même une implication de l’usine de Nikolaev dans le future.

Q: Pouvez-vous nous donner quelques chiffres sur votre entreprise ?

R: A la création de l’OBK en 1970, la réserve prouvée de bauxite dans la région était de 110 millions de tonnes, dont 43 millions à Débélé où furent créées les installations minières. Débélé étant aujourd’hui en voie d’épuisement, nous allons nous tourner vers les gisements environnants qui ont des réserves pouvant faire tourner la société pendant encore un quart de siècle au moins.

La capacité installée de l’entreprise est de 3 millions de tonnes par an mais la production réelle oscille entre 2 et 2,5 millions de tonnes par an, avec un effectif de 1400 travailleurs. Cela représente à peu près 25 millions de dollars US de chiffre d’affaire.

Notre mine est reliée sur 100 km au port de Conakry par un chemin de fer qui est la propriété de la SBK et reste le plus performant du pays.

Q: Avez-vous un message pour les investisseurs américains ?

R: Aux investisseurs américains je dirais ceci ; la SBK est une société mal connue sur le plan international mais elle mérite d’être visitée, d’être connue parce qu’elle a le potentiel qu’il faut pour devenir une véritable société minière comparable à celles qu’on connaît ailleurs dans le monde. Elle en a les atouts : l’infrastructure, les hommes, les gisements de bauxite à moins de 100 km de la côte. Le minerai qu’on y exploite a une faible teneur en silice et en monohydrate ; ce qui en fait un produit particulièrement adapté aux usines travaillant à basse température, un avantage certain à l’heure actuelle dans l’industrie de l’alumine.

La société des bauxites de Kindia s’est également engagée dans une vaste restructuration pour attirer l’investissement privé étranger qui en fera une société rentable, performante.

Nous attendons donc les investisseurs américains qui sont parmi les plus gros producteurs et les plus gros consommateurs d’aluminium au monde.






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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on Guinea published in Forbes and Far Eastern Economic REVIEW.
February 4th, 2002 Issue. Developed by AgenciaE.Tv