Strategy Interview
Mamadou Malik Dem,
Directeur Général Adjoint
Q : Racontez-nous un peu lhistoire du SNAPE ?
R : Le SNAPE a été créé en 1980, il a réalisé une étude selon laquelle il fallait réaliser 2600 points deau dans les zones les plus touchées par la sécheresse. Létude conjointe Banque Mondiale/OMS a permis dinclure toutes les conditions de la décennie mondiale de leau potable et de lassainissement qui prévoyaient 10 litres deau/personne/jour. Ces données ont amené les besoins à la réalisation de 6.100 points deau en 15 ans. Il a donc fallu mettre un mécanisme en route afin de réaliser ces 6.100 points deau, et nous y sommes parvenus en 13 ans.
Q : Comment avez-vous réussi cela ?
R : Nous avons fait un savant mariage entre le service de létat, dont la mission est de réaliser et de programmer, et les entreprises privées. Grâce à ces entreprises, nous avons donc pu réaliser 880 points deau dune capacité résidente de 250 points deau/an. Cette sous-traitance nous a permis daccélérer les choses.
Sur la figure de réalisation des points deau, lorsque lon observe la courbe, on se rend compte que la production a dabord augmenté et elle a ensuite fléchi. Cependant, elle est toujours restée au-dessus des prévisions mais elle avait tendance à baisser dannée en année. Cette baisse montre bien les problèmes que nous avons rencontré à ce moment là.
Vous savez, il nest pas du tout aisé de faire de la planification à long terme, cest-à-dire sur 15 ans au moins. Malgré cela, nous avons tenu le pari et nous avons réalisé es 6.100 points deau en 13 ans. On sest dit quà la suite de ce succès il fallait souffler avant denclencher la phase 2 qui devrait nous emmener vers lan 2005. Nous avons donc fait une programmation par étages : en 1995, la réalisation de 6100 points deau, pour lan 2000 la réalisation de 12.000 points deau et pour 2005, on voudrait atteindre les 15.000 points deau.
Nous poursuivons sur notre lancée, malgré le fait que nous ayons perdu un peu délan. Restructuration oblige. Le schéma juridique qui a été choisi pour le SNAPE en fait un établissement public administratif (EPA). Il sagit donc dune entité autonome à laquelle létat délègue une mission de programmation, de planification, détude et de réalisation des projets hydrauliques en République de Guinée.
Q : Qui gère le secteur de leau ?
R : La gestion du secteur est basée sur une répartition des tâches entre le SNAPE et la SONEG. Ces deux services sont deux entités autonomes dépendant du MAEF et MRNE (Ministère des Ressources Naturelles et de lEnergie). La première entité gère lhydraulique villageoise tandis que la seconde lhydraulique urbaine.
Q : Malgré les pluies abondantes que connaît la Guinée, comment expliquez-vous ce manque deau ?
R : Vous mettez le doigt sur lune des difficultés que nous avons rencontré et que nous voudrions résoudre grâce à notre projet. Lorsque vous allez en zone rurale et que vous expliquez aux paysans quil faut payer pour boire leau des forages ils vous disent quils préfèrent aller boire leau des cours deaux comme lont toujours fait leurs antécédents (et ils ont survécu). Pour eux, il nest donc pas question daller au forage si on doit payer. Cest à partir de ce moment là que létat sest dit quil ne fallait pas brusquer les gens mais plutôt aller vers eux pour leur expliquer et leur faire comprendre que les eaux quont bu leurs ancêtres sont polluées par des excréments et des déchets de toutes sortes. La notion deau potable est difficile à cerner.
Q : Comment vous y prenez-vous pour assainir cette eau ?
R : Nous le faisons grâce aux forages, aux puits et aux sources que nous aménageons. Leau souterraine est en générale potable à 90%, même si cest le résultat dun lessivage. Cela ne nous empêche pas de lanalyser et de nous assurer quelle est propre et bonne à la consommation. Bien souvent leau risque dêtre contaminée lors du transport de la source au consommateur (lors du transport, stockage,..).
Q : Comment êtes vous entrés en contact avec les entreprises qui vous ont aidé ?
R : Par des appels doffre internationaux.
Q : Travaillez-vous avec des entreprises américaines ou européennes ?
R : Malheureusement, le SNAPE na jamais rencontré dentreprises américaines. La technologie américaine en hydraulique est totalement absente de la Guinée. Au gré des financements nous traitons avec les entreprises des bailleurs de fonds ou sur appel doffres internationaux ouverts à tous les pays quand il sagit de financement multilatéral. Lorsquil sagit dune aide bilatérale nous traitons avec le pays donateur. Dans le cas des aides multilatérales nous lançons des appels doffre internationaux.
Q : Comment faites-vous pour contrôler la désertification dans le nord du pays ?
R : Lorsque nous avons lancé le programme de réalisation des 6.100 points deau, nous avions un programme durgence pour les zones réellement désertiques, cest-à-dire, toute la zone au nord du 11eme parallèle vers le Mali, le Sénégal et la Côte dIvoire. La mobilisation des financements en fonction des requêtes a créé la disparité quant à la réalisation. Pour la discrétisation des points deau nous avons tenu compte de la taille des villages. Nous avons commencé par de gros villages et tendons vers les petits.
Q : Quelle est la contribution de létat dans les différents programmes dhydraulique villageoise ?
R : Pour donner plus de chance de réussite à son programme, le SNAPE a conçu un partage de responsabilités entre lEtat et les bénéficiaires des équipements. Ainsi lEtat prend en charge le premier équipement et les bénéficiaires toutes les charges récurantes. Le village est tenu de mettre en place un comité de point deau (CPE) qui aura pour mission de gérer le point deau créé. Ce comité soccupe des recouvrements des coûts liés aux charges de maintenance. Ainsi une caution et une caisse villageoise sont constituées et cette participation équivaut à 30% du prix de la pompe.
Q : Quelles sont vos priorités actuelles ?
R : Nos priorités sont dachever le programme de lan 2000 à temps, de mobiliser dans les meilleurs délais les financements pour lancer des projets de grandes envergures, de faire en sorte que les populations bénéficiaires puissent se prendre en charge et , enfin, daméliorer la qualité du service par linstallation de robinets individuels grâce a lénergie solaire.