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from Rags to Riches
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September 28th, 2000



The Republic of Guinea
No case for mistaken identity.









Monsieur Aribot Ousmane, Directeur Général

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SONEG -
Société Nationale des Eaux de Guinée


Manager:
Dr Ousmane ARIBOT, Directeur Général

Contact:
BP 150 - Conakry - Guinée
Tel.: (224) 45.43.70
Fax: (224) 41 18 22

E-mail: oaribot@leland-gn.org

Strategy

Interview de
Monsieur Ousmane Aribot,

Directeur Général

Q: Pouvez-vous nous faire un bref rappel historique de votre société ?

R: Notre société a été créée en 1989. En fait, c’est au moment où le gouvernement s’est lancé dans la restructuration de son économie que l’idée a germé. L’idée était de voir quelle structure donner au secteur de l’eau. A la faveur de la politique de libéralisation, des sociétés d’Etat ont été soit fermées soit privatisées ou transformées en sociétés mixtes.

Le secteur de l’eau n’a pas échappé à cette vague de changement. Ainsi les bailleurs de fonds et particulièrement la Banque Mondiale se sont intéressés de près à ce secteur primordial. La lutte contre la pauvreté passe par l’accès des populations à l’eau potable.

Après avoir fait le diagnostic de la société existante, ils ont constaté qu’elle n’était pas performante. La société n’était pas autonome. Elle n’avait pas d’argent et il était donc difficile de remplacer les équipements ou d’acheter des produits chimiques pour le traitement des eaux. Il était même difficile de payer les travailleurs.

L’eau, au même titre que l’électricité et le téléphone, est un domaine sensible du gouvernement parce qu’il touche directement les populations. Par conséquent, le gouvernement ne voulait pas privatiser ce secteur tout de suite. Il a fallu trois ans de négociations avec la Banque Mondiale pour en arriver au schéma que nous avons aujourd’hui. Ce schéma comprend une société de patrimoine, la SONEG (Société Nationale des Eaux de Guinée) et une société d’exploitation, la SEEG (Société d’Exploitation des Eaux de Guinée). Dans ce schéma, l’Etat guinéen a concédé à la SONEG toutes les installations. Celle-ci est chargée de la recherche des financements, de la préparation et de l’exécution des projets, et du remboursement de la dette qui nous incombe effectivement. La SONEG, à son tour, a passé un contrat d’exploitation avec la SEEG. Il faut noter au passage que la SEEG est une société mixte ou le partenaire étranger détient 51% du capital ce qui impose une gestion rigoureuse du secteur. La SEEG est chargée de tout ce qui touche à l’exploitation de l’eau. Il s’agit du traitement, du transport, de la distribution et de la commercialisation de l’eau. Depuis dix ans qu’il existe, le schéma fonctionne bien. Les résultats obtenus sont plus qu’élogieux. Nous avons même été cité en exemple par la Banque Mondiale. Depuis, beaucoup de pays sont venus voir et s’inspirer du schéma guinéen. Les gens sont venus du Mozambique, du Ghana, du Cameroun, du Sénégal et de plusieurs autres pays africains.

Ce schéma fonctionne depuis 1989. Aujourd’hui nous sommes pratiquement au terme du contrat qui nous liait pour dix ans à la société d’exploitation, la SEEG. Nous nous sommes lancés dans la préparation d’un nouveau contrat. Le gouvernement a donné son aval pour la reconduction du même schéma. Il faut voir cette reconduction comme l’expression de la satisfaction du Gouvernement, des bailleurs de fonds et des populations. Nous avons d’ailleurs rencontré l’association des consommateurs de Guinée qui nous a exprimé sa satisfaction en ce qui concerne le schéma mis en place. Entre 1989 et 1998 des changements remarquables ont eu lieu dans la distribution de l’eau tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays.

Q: Le contrat d’exploitation va-t-il être reconduit sur le même modèle ?

R: Nous voulons conserver le même schéma avec deux alternatives. Soit nous passons en négociations directes avec le partenaire actuel qui est la SEEG, soit nous lançons un avis d’appel d’offre pour de nouveaux partenaires. La Banque Mondiale nous a recommandé de commencer par les négociations. Au cas où celles-ci n’aboutissent pas, nous allons procéder par appel d’offre.

Le contrat expire le 31 juillet 1999. C’est pour cela que nous voulons commencer les négociations très tôt, c’est-à-dire dans un mois. Comme cela nous aurons le temps de savoir quel sera le futur partenaire ?

Q: Qu’avez-vous fait exactement pour être cité comme exemple ?

R: Il faut dire que le schéma mis en place était nouveau en Afrique et même dans le monde. C’est la raison pour laquelle la Banque Mondiale a incité plusieurs pays à s’inspirer de l’exemple de la Guinée. Il est très rare que la Banque Mondiale apprécie une société mais dans son rapport de 1994, elle a écrit que le schéma guinéen méritait d’être vu. Cette allusion à notre pays fut pour nous un signe d’encouragement. L’impact a été la visite de nombreux pays, dont Haïti, pour voir le schéma guinéen.

Q: Quel est le fonctionnement de ce schéma ?

R: C’est très simple. D’un côté, il y a l’Etat qui s’est réellement désengagé du secteur de l’eau ; de l’autre il y a la SONEG qui est chargée du remboursement de la dette. Quant à la SEEG, elle a fourni de gros efforts dans la distribution de l’eau. Nous savons que beaucoup reste à faire, mais nous sommes confiants. Par rapport aux années précédentes, le service est bien meilleur aujourd’hui. Il y a moins de dix ans, les gens erraient dans les rues de Conakry à la recherche de l’eau. Nous étions, à l’époque, obligés de sevrer un quartier pour fournir un autre. Heureusement, aujourd’hui presque tout le monde a de l’eau à Conakry. 80% de la population a accès à l’eau soit à domicile soit à une borne fontaine. Je voudrais rappeler que l’eau qui est servie aux consommateurs est potable, c’est-à-dire qu’elle est sans éléments pathogènes.

L’association des consommateurs n’a pas manqué de nous exprimer toute sa satisfaction.

Q: Quand vous dites que l’eau est potable, cela veut-il dire qu’on peut la boire ?

R: Dans le passé, Il y a eu des crises de choléra qui nous obligeaient à prendre certaines précautions. Aujourd’hui, ces crises se sont atténuées suite à la potabilité de l’eau du robinet.

Notre challenge actuel est de fournir de l’eau à tout le monde à Conakry comme à l’intérieur du pays. La croissance exponentielle de la population de Conakry demeure un défi dans la réalisation de cet objectif. En 1985, la population était de 700.000 habitants. En 1993, elle était de 1.300.000. En 1998, cette population a atteint 1.500.000 habitants. A cela s’ajoute le retour de nombreux guinéens de l’extérieur. Nous ne nous décourageons pas pour autant. L’ensemble de la société est motivée par la réalisation de ces objectifs.
En 1989 il n’y avait que sept villes qui avaient l’adduction d’eau en Guinée. Aujourd’hui, on en compte vingt-quatre. Nous espérons atteindre le nombre de trente villes, sur les trente trois préfectures que compte le pays, d’ici à l’an 2000.

Q: J’imagine que cela n’a pas été facile ?

R: Cela n’a pas été facile du tout. Chaque ville voulait être la première à bénéficier de l’adduction d’eau. Heureusement que nous avons su gérer la situation. Nous avons atteint ainsi le nombre de 24 villes équipées en adduction d’eau.

Aujourd’hui l’eau semble disponible en grande quantité mais en réalité elle se raréfie. La bataille sera de préserver cette denrée rare qu’est l’eau pour l’avenir.

Q: Quels sont les problèmes que vous avez rencontré dans votre tâche ?

R: Le premier problème auquel nous avons été confrontés était la vétusté du réseau existant. En effet, ce réseau qui datait de l’époque coloniale ne satisfaisait plus aux besoins. Il a donc fallu le changer. Le travail consistait à installer des stations de traitement, à faire des forages et à installer des panneaux solaires et des groupes électrogènes.

Malgré le coût élevé des investissements à faire, nous avons toujours eu l’appui des bailleurs de fonds parce que le schéma était fiable. Ainsi nous avons pu bénéficier des financements de la Banque Mondiale, de la Banque Africaine de Développement, l’Agence Française de Développement, la Banque Européenne d’Investissement, et l’ensemble des pays arabes et de la KFW (Kredit Anstalt fur Wieder Aufbau). Partout où nous avons sollicité, nous avons obtenu des financements. Avec tout cet argent, nous avons fait des investissements. Notre premier gros investissement date de 1989 lors de la mise en place du schéma. Nous avons alors obtenu cent millions de dollars US. Grâce à ce financement, nous avons pu doubler la conduite d’exploitation. Il faut rappeler que l’eau que nous buvons à Conakry traverse près de 120km. Elle est traitée à 60 km de Conakry. Pour en revenir aux investissements, nous avons construit une nouvelle station de traitement et nous avons installé de nouveaux groupes. Nous avons remplacé les 3/4 du réseau. La capacité de stockage a été augmentée grâce à de nouveaux réservoirs.

Le diamètre du réseau est de 1000 pour l’eau brute et de 1100 pour l’eau traitée. Nous sommes passés de 50.000 mètres cubes par jour à 100.000 mètres cubes par jour.

Maintenant qu’il y a suffisamment d’eau, nous procédons aux branchements. Nous voulons étendre le réseau afin que le plus grand nombre de personnes ait accès à cette denrée. C’est ce que nous faisons avec le troisième Projet-Eau-Assainissement commencé il y a un an. Ce projet a été négocié à Washington à raison de dix-huit millions de DTS soit vingt-cinq millions de dollars US. Par ce financement, nous allons accroître le nombre de branchements sur la presqu’île.

Q: Quand commence le troisième projet ?

R: Il a déjà commencé en ce sens que les négociations sont terminées. Les premiers lots du projet sont actuellement sur la table de négociations. Dans trois mois, nous allons lancer les premiers projets. Nous allons installer de nouveaux réservoirs et densifier le réseau. Grâce à ce projet, une bonne partie de Conakry va bénéficier de l’eau potable grâce aux branchements qui seront faits.

Q: La Guinée est considérée comme le château d’eau de l’Afrique, envisagez-vous un jour d’exporter de l’eau ?

R: Quand vous me dites que nous sommes le château d’eau de l’Afrique, cela me ramène à mon enfance. Aujourd’hui, l’eau est de plus en plus rare. Pas seulement chez nous mais partout dans le monde. Dans mon village par exemple je me souviens qu’il y avait un grand fleuve. Aujourd’hui ce fleuve est à sec. Cet exemple pour vous dire que je suis pour le fait que les Guinéens se réveillent et voient la réalité en face. Nous ne sommes plus ce château de l’Afrique tant vanté. Même si nous avons encore des avantages dans ce domaine par rapport à des pays comme le Burkina Faso, le Mali ou le Sénégal.

Il y a quelques mois, nous sommes partis à Siguiri pour l’inauguration de l’adduction d’eau de cette ville. Là bas, j’ai saisi l’occasion d’un discours pour lancer un appel pressant aux populations pour la préservation de l’environnement sans lequel il n’y a pas de vie. J’ai dit la même chose à Bamako, où on accusait les Guinéens d’empêcher l’eau du Niger d’arriver. Nous sommes de ceux qui font tarir les lits des rivières en nuisant à la nature par les feux de brousse et la déforestation.

Je pense qu’aujourd’hui, il est important de préserver cette nature qui est source de toute vie. Il faut au plus vite prendre les mesures qui s’imposent pour empêcher la destruction de l’environnement.

Mon département s’occupe de la répartition de l’eau. Il y a, à cet effet, une direction nationale de la gestion des ressources en eau chargée de répartir l’eau. Dans certains pays comme le Burkina Faso, il existe même un ministère chargé spécialement de l’eau. Il est grand temps de mettre en place un code de l’eau. Ce code facilitera les décisions à prendre sur la répartition de l’eau. Ainsi, selon les besoins, on donnera de l’eau à un secteur ou à un autre. L’eau disponible pourra alors être répartie entre l’agriculture, la production d’électricité et la boisson.

Q: quel est votre message final pour nos lecteurs ?

R: Je leur dirai qu’avec la structure actuelle, nous avons un moyen sûr de venir en aide aux populations de la Guinée. Le combat contre la pauvreté passe inéluctablement par la distribution d’eau aux populations. Je parle de l’eau sous toutes ses formes : l’eau de boisson, l’eau pour l’agriculture, l’eau pour la production d’électricité.

Nous avons donc un grand défi à relever. Nous sommes prêts à collaborer avec le peuple américain pour l’éradication de la pauvreté à travers la distribution d’eau.






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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on Guinea published in Forbes and Far Eastern Economic REVIEW.
February 4th, 2002 Issue. Developed by AgenciaE.Tv