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Le Général de Brigade Aérienne

Interview de

M. ACKRAM Mohajy Andriamandaminy
Directeur Général de l'OMNIS

Pourriez vous présenter l'OMNIS à nos lecteurs ? 

C'est un office chargé par l'État de s'occuper des hydrocarbures et des ressources minières stratégiques. Il a été créé par le Président de la République, en 1976, sous le nom d'Office Militaire National pour les Industries Stratégiques. Dans son esprit, il y avait un aspect stratégie militaire puisqu'il devait s'occuper uniquement des minerais radioactifs et avait la tutelle des industries considérées comme stratégiques telles que KRAOMA qui exploite le chrome et la SECREN (Ex- DCAN française, l'unique chantier naval du pays). Par le passé nous nous occupions de toutes les grandes mines. En 1993, l'OMNIS a dû changer de statut pour se conformer aux réalités vécues par l'Office dans ses activités et s'adapter à ses nouvelles fonctions: "Promotion et valorisation des ressources minières à Madagascar". Nous avons gardé le sigle OMNIS mais pour l'Office des Mines Nationales et des Industries Stratégiques. 

Quel est aujourd'hui l'état des lieux du secteur minier et des hydrocarbures ? 

Le volet hydrocarbures reste entièrement sous la responsabilité de l'OMNIS qui centralise toutes les données scientifiques et techniques issues des recherches de ces 50 dernières années, et signe au nom de l'État les conventions avec les compagnies étrangères.

Pour les grandes mines, l'OMNIS opère sur le terrain pour les prises de données et représente l'État là où c'est nécessaire comme pour les hydrocarbures. Jusqu'en 1992, le gouvernement  avait octroyé des permis particuliers de recherche à l'OMNIS, mais nous avons dû les rendre en 1998, pour ne pas être considéré comme juge et partie dans le cadre de la libéralisation et de la privatisation.  

Quels sont les grands projets en cours ? 

Dans le secteur des hydrocarbures nous travaillons avec cinq compagnies pétrolières : TRITON Energy Inc., VANCO Energy Company, HUNT Oil Company, ANADARKO Petroleum Corporation, XPRONET Canal Profond Ltd, toutes ayant leur siège à HOUSTON ou à DALLAS (TEXAS). 

Ces entreprises en sont pour le moment à la prospection ? 

Uniquement, car pour le moment il n'y a pas encore d'exploitation pétrolière à Madagascar. 

Quelles sont les résultats des évaluations aujourd'hui ? 

Les évaluations sont optimistes. Tous les indices sont là, mais il faut trouver le pétrole. Les indicateurs sont positifs et les recherches s'effectuent en onshore et en offshore. Pour les mines, QIT Fer a trouvé des gisements très riches de TiO2 sur la côte sud-est de Madagascar et va passer bientôt à l'exploitation. 

Cela concerne le gisement d'ilménite ? 

Oui, et l'État est représenté par l'OMNIS en joint venture à hauteur de 20 % des actions. 

Quelles sont les prévisions pour l'exploitation du gisement ? 

L'exploitation est prévue pour 40 ans. Il  y a trois sites, et les  prévisions de production iront  de 700 000 tonnes à plus de 1 million de tonnes par an.  

Où en est le processus ? 

L'autorisation gouvernementale vient d'être accordée à l'issue des études d'impact socio-économique et environnemental effectuées par  QIT  Madagascar Minerals S.A (QMM S.A.). Les études environnementales ont duré 18 mois puis les documents ont été remis à l'Office National de l'Environnement (ONE) pour évaluation. 

Quand démarrera l'exploitation ? 

Vers 2004. D'après le chronogramme, la société va d'abord procéder à l'étude de faisabilité qui conditionnera la décision d'investissement par le conseil d'administration, puis la recherche de financements et enfin la mise en ouvre. Ce qui va durer deux ans. Il faut d'abord construire un port en eau profonde pour recevoir les minéraliers de gros tonnages, puis se pencher sur l'énergie, les routes ; beaucoup de choses restent encore à faire. 

Est-ce QIT Fer qui va tout gérer, des infrastructures à l'exploitation? 

Oui, QIT Madagascar Minerals S.A. ou QMM S.A. qui est une société de droit malgache.  

Quels sont les avantages fiscaux et juridiques dans l'exploitation minière à Madagascar? 

Il y a le Code Minier mais il est plus axé sur les petits investissements, le Code sur les Grands Investissements Miniers (plus de 200 millions de dollars), sortira certainement avant la fin de l'année 2001. C'est la raison pour laquelle l'OMNIS a du élaborer une convention d'établissement qui a été ratifiée par l'Assemblée Nationale pour l'ilménite, l'équivalent d'un code minier un peu particulier pour QIT Fer car il n'y avait pas encore de cadre pour les grandes mines, qui ne ressemblent guère aux petites mines de saphir ou à l'orpaillage. 

Quels sont les moyens mis en ouvre pour intégrer le secteur informel dans les mines ? Est-ce que vous êtes impliqués dans ce domaine ? 

Pas réellement, mais l'OMNIS est souvent sollicité lors des discussions autour de ce sujet. Nous ne nous y impliquons pas trop. Par exemple, pour l'or, les compagnies intéressées par les mines d'or nous contactent, ce qui est le cas d'une société nationale indienne spécialisée dans la recherche de mine d'or. Quant au nickel, OMNIS était en contact avec WESTERN Mining  d'Australie, mais c'est PHELPS DODGE, une société américaine plus connue dans le secteur du cuivre, qui a obtenu le permis de recherche. 

En ce qui concerne les hydrocarbures, existe-t-il encore des opportunités pour d'autres entrants ? 

Oui, il en existe encore que ce soit en onshore ou en offshore. 

Quels types de partenaires recherchez-vous ? 

Dans le cadre des hydrocarbures, nous avons deux types de contrat : le partage de production et la joint venture. Il pourrait y avoir d'autres combinaisons, la base reste le code pétrolier. Tout ce qui n'y est pas spécifié clairement est négociable par l'OMNIS. 

Est-ce que vous avez des contacts, des collaborations en attente ou à l'étude ? 

Partiellement, oui ! Dernièrement j'ai représenté Madagascar à l'Africa Upstream 2001 à Cape Town où j'ai pu rencontrer les nombreuses compagnies travaillant en Afrique. La Grande Ile est encore inconnue dans ce domaine surtout que l'approche a changé, même au niveau des majors. Ce sont les petites compagnies indépendantes qui assurent les travaux de recherche et l'exploration puis vendent leurs découvertes.  

Quelles sont aujourd'hui les infrastructures en place ? 

Nous nous occupons uniquement des recherches, de l'exploration et du transport jusqu'à la raffinerie. Après c'est le travail de la raffinerie et de la distribution. A Madagascar, en upstream c'est l'OMNIS qui gère, tandis que l'Office Malgache des Hydrocarbures (OMH) gère la raffinerie et la distribution. Nous disposons d'une raffinerie à Toamasina et la distribution est assurée par différentes compagnies.
Quelle est votre politique environnementale ? 

 Les obligations sont dictées par la loi et ses décrets d'application. Le suivi et l'évaluation des études sont du ressort de l'ONE ou Office National de l'Environnement. Nous nous conformons à la loi sur l'environnement. Nous assumons le rôle de représentant de l'État et de partenaire des entreprises travaillant au pays. Les intérêts sont souvent contradictoires et par moments il n'est pas toujours aisé de gérer la situation.  

Quelle est votre politique de promotion pour attirer les investisseurs ? 

Pour le pétrole, nous nous efforçons de participer  à toutes les manifestations internationales. Comme Madagascar est présente dans la géographie mondiale du pétrole, les compagnies viennent et se mettent en contact avec les ambassades qui envoient leurs dossiers au Ministère des Affaires Etrangères, qui à son tour les transmet au Ministère de l'Énergie et des Mines, pour finalement aboutir à l'OMNIS.

Mais la plupart du temps, ils nous écrivent directement après des contacts directs à des expositions. 

Est-ce qu'il y a un projet qui vous tient personnellement à cour, que vous aimeriez mettre en avant pour les investisseurs? 

Dans le secteur pétrolier, nous mettons en avant les dernières évolutions des données ; comme nous avons affaire à des spécialistes, ils savent lire les données recueillies. On tient un stand et on expose lors des forums internationaux (AAPG, SEG, Africa Upstream, etc.). 

Et dans le secteur minier ? 

Il s'agit plus de contacts directs. Il n'y a pas tellement d'exposition. En revanche, des revues s'y intéressent comme Marchés tropicaux qui dernièrement a traité des mines à Madagascar. Les données ne sont pas suffisantes pour attirer des compagnies. C'est pour cela que nous privilégions les travaux sur le terrain, mais malheureusement les moyens nous manquent. C'est pour cette raison que nous demandons aux sociétés intéressées de financer les études complémentaires avec notre participation. 

Quelles sont vos relations avec les bailleurs de fonds ? 

Il fut un temps où la Banque Mondiale finançait des projets de recherche à l'OMNIS (avant 1991). Mais maintenant, nous sommes uniquement en contact avec eux pour des informations. 

Quelle a été votre plus grande satisfaction depuis le temps que vous êtes à l'OMNIS ? 

Depuis 1997, ma plus grande satisfaction est d'avoir pu drainer des compagnies à Madagascar. Il fut un temps où il n'y avait plus de compagnie opérant dans le pays ; il en existe 5 actuellement. L'arrivée des 2 compagnies qui se sont intéressées aux recherches offshore en eau profonde est pour moi une satisfaction. Les potentialités de Madagascar sont en priori en offshore. Nous avons des gisements d'huile lourde identifiés au centre ouest, à Tsimiroro, mais il reste à l'évaluer et à trouver du gaz ou du pétrole pour pouvoir l'extraire.

Quant au grès bitumeux de Bemolanga, c'est plus difficile ; extraire de l'huile à partir du grès demande un long processus qui coûte très cher.  

Quel est votre plus grand défi dans les 5 années à venir ? 

Prouver qu'il existe réellement du pétrole et du gaz à Madagascar à travers des forages. AMOCO et AGIP  avaient trouvé du gaz, mais compte tenu de l'éloignement de Madagascar, et surtout qu'il n'était pas aisé de le vendre sur le marché international, ils ont préféré fermer les puits ; d'autant plus qu'ils étaient venus plutôt chercher du pétrole et non du gaz.

Le pétrole, on en a trouvé de très bonne qualité (41° API) mais en quantité insuffisante pour pouvoir être exploité. Nous continuons avec les explorations en on shore et en off shore pour prouver qu'il y a du pétrole. Les indices sont là. Le fait d'avoir actuellement cinq compagnies internationales est encourageant. En Afrique, on a tout au plus une compagnie par pays.

Dans les mines, en dehors de l'ilménite, on a un gisement de bauxite mais il n'y a pas encore de compagnie qui s'y intéresse. Les compagnies qui s'intéressent aux grandes mines sont encore rares à Madagascar, certainement à cause du code minier prévu pour les grands investissements. Pourtant, le potentiel existe.

Si nous prenons l'exemple de la COGEMA, (vous savez que les premières centrales nucléaires de France ont fonctionné avec l'uranium de Madagascar, ou plutôt le plutonium, à l'époque sous l'égide du CEA), elle était revenue à Madagascar après quelques années d'éclipse car elle avait trouvé des gisements intéressants au Gabon et au Niger. Elle y restera certainement jusqu'à la limite de l'épuisement des gisements. Au Gabon, c'est déjà épuisé et elle continue encore un petit peu au Niger. COGEMA a du revenir à Madagascar pour expérimenter des méthodes qu'elle a trouvées judicieuses au Niger. Personne n'avait en effet pensé à l'époque trouver de l'uranium dans les blocs sédimentaires. Avec cette expérience du Niger, les responsables se sont dits qu'il fallait revenir à Madagascar car toute la partie ouest de l'île est constituée de blocs sédimentaires. COGEMA est effectivement revenue à Madagascar, où elle est restée  trois ans. Il est dommage qu'elle soit repartie prématurément car les techniciens ont font fait du bon travail. Est-ce à cause du code minier sur les grands investissements ou à cause de la sécurisation qui reste aléatoire aux yeux des investisseurs ?

Investir pour 20 millions de dollars n'est pas pareil qu'investir pour 200 millions de dollars. QIT Madagascar Minerals S.A. représente par exemple 400, voire 450 millions de dollars d'investissement dans l'Ilménite. PHELPS DODGE prévoit la même chose: 450 à 500 millions de dollars dans le Nickel. On attend donc la sortie de la loi sur les grands investissements miniers qui vont certainement rassurer les éventuels investisseurs.

Par ailleurs, nous essayons de relancer une seconde fois le charbon, ne serait-ce que pour produire de l'énergie pour les industries locales ou pour l'usage domestique afin de lutter contre la déforestation. Une mission OMNIS est actuellement dans le Sud de Madagascar.

Pour le gaz, nous espérons que des compagnies trouveront les moyens pour l'utiliser sur place et non pas toujours chercher à l'exporter (transformation du gaz en énergie électrique par exemple, ou pour l'usage domestique, etc..).

Pour le pétrole, c'est facile car plus aisé à vendre, et le retour sur investissement est très rapide.

OMNIS reste très indépendant pour les hydrocarbures contrairement aux mines où nous sommes sous tutelle technique du Ministère des Mines et de l'Energie qui incarne la politique gouvernementale dans ce secteur.

Pour finir,  je dirais: venez vous rendre compte par vous-même.
 

Note: World Investment News Ltd cannot be held responsible for the content of unedited transcriptions.

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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on Madagascar published in Far Eastern Economic Review.  March 28 th, 2002 Issue.
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