MADAGASCAR
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V.I.P. INTERVIEWS


Interview de:

M. Mamy Ratovomalala
 Ministre de l'Industrialisation et de l'Artisanat

Pourriez vous nous dire où en est le secteur industriel malgache aujourd'hui? 

On peut parler d'une nette reprise de l'industrie surtout si l'on compare à la période d'avant 1997 caractérisée par une dégradation du secteur industriel.  Particulièrement en ce qui concerne l'industrie textile ou les entreprises en zone franche. Il y a dix ans, l'économie était focalisée sur les produits traditionnels, aujourd'hui, la tendance est à la diversification avec l'apparition de nouvelles activités telles que l'exploitation des ressources halieutiques et les entreprises franches.

Actuellement, on peut dire qu'il y a une explosion des entreprises franches à Madagascar. D'ailleurs une Revue parue à Maurice a qualifié Madagascar de nouvel eldorado du textile car on a multiplié par 2,5 les activités des zones franches.  

Est-ce uniquement dû à l'AGOA ? 

Non c'était bien avant l'AGOA. Celui-ci n'a fait qu'amplifier cette venue d'investisseurs. Si en 2000, on a créé 14 000 emplois, cette année avec l'AGOA on est à 21 000 emplois.

Généralement, le secteur industriel génère 3 000 à 5 000 emplois. Toujours est-il que l'activité industrielle n'est pas encore suffisante car elle ne contribue qu'à hauteur de 11,2 % au PIB. Nous pensons que l'agro-alimentaire de manière générale et les ressources halieutiques en particulier et puis l'activité dans le domaine de la confection des entreprises franches vont dorénavant tirer l'économie. 

Donc apparemment, le développement des entreprises textiles est antérieur à l'AGOA, mais est-ce que vous pensez que l'AGOA va avoir un effet à long terme ? 

L'activité en zone franche est aujourd'hui le moteur de l'industrie, donc permet de développer d'autres types d'industries. D'ailleurs, l'histoire du développement industriel de tout pays surtout en Asie du Sud Est n'a-t-elle pas démarré par le textile ? L'AGOA est donc une impulsion qui multipliera, entre autres, les activités du textile et de l'habillement. En effet, l'AGOA prévoit une liste de 2000 produits allant du textile aux produits artisanaux en passant par l'agro-alimentaire. Tous ces secteurs vont se développer ensemble, encore faut-il concentrer les efforts et son savoir faire sur un secteur particulier. Je parle du textile et de l'habillement parce qu'on est compétitif dans ce domaine. On a la main d'ouvre, le savoir faire. Actuellement, on est en train de voir comment étendre ces activités de confection dans le domaine de tout ce qui touche le textile. C'est à dire faire le mariage entre la plantation de coton, la fabrication de tissu, de fil et la confection. C'est l'objectif de la phase II de notre développement industriel. 

Quels autres types de produits avez-vous à l'esprit pour un développement prochain ? 

Tout ce qui touche l'industrie du bâtiment, les matériaux de construction car quand le bâtiment va, tout va. Avec tous les projets en travaux publics, on concentre nos efforts sur les matériaux de construction sans oublier évidemment l'agro-alimentaire, car avant tout Madagascar est un pays à vocation agricole. On a une diversité de climats, on peut cultiver n'importe quel type de produits à Madagascar. Le passage de l'agriculture à l'agro-industrie peut se faire aisément en valorisant les matières premières au lieu de les exporter comme on le fait depuis des années. Le moment est aujourd'hui à l'exportation de produits semi-finis. Comme le prévoit la politique générale du gouvernement, il nous faut renforcer l'éducation et la formation afin qu'on puisse soutenir l'industrie. De plus notre position géo-économico-politique nous permet d'accéder à certains types de marché. Il n'y a donc aucune raison pour qu'on ne puisse pas développer l'industrie agro-alimentaire à Madagascar.

Mais encore faut-il passer le premier stade c'est à dire atteindre l'autosuffisance alimentaire pour pouvoir exporter le surplus. 

Comment définiriez-vous l'équilibre entre l'activité des entreprises franches et le tissu local? 

Les activités des entreprises agréées en zone franche sont à 95 % tournées vers l'exportation et à 5 % vers le marché local.

Il y a un certain équilibre entre les activités des entreprises de droit commun et celles agréées en zone franche. Leurs niveaux commencent à se rapprocher. Il ne faut pas oublier qu'on a débuté l'application du régime en zone franche en 1989, donc bientôt dix ans. 80 000 emplois pour 15 millions d'habitants c'est encore insuffisant, mais il y a une nette amélioration des activités en zone franche.

L'activité en droit commun pour le marché local est en train de croître du fait que c'est le revenu généré par les entreprises franches qui alimentent directement ou indirectement leur production. Leurs niveaux de production se rapprochent mais ne pourront pas s'équilibrer, car elles progressent en même temps sauf si on continue à cette allure de croissance exponentielle des activités en zone franche. Je pense qu'à terme cela va se contrebalancer. 

Vous mentionner les problèmes d'infrastructures qui sont en phase de développement; quels projets sont actuellement en cours ?  

Vous avez certainement remarqué les constructions de bâtiments industriels dans les quartiers résidentiels. Ce qui traduit une forte demande. Mais il faut éviter de reproduire certaines  erreurs vécues par des pays asiatiques c'est à dire se lancer dans le développement industriel sans se soucier de l'aspect environnemental. Une démarche qui pourrait coûter très cher.

D'où la politique de mise en place de vraies zones industrielles pour accueillir les investisseurs nationaux et étrangers. C'est une des priorités de mon département, afin que l'on puisse traiter, gérer en même temps la pollution puis tout ce qui est aspect syndical, tout ce qui est logistique commune aux entreprises. Avec les textes de lois sur la pollution industrielle, on commence à imposer des normes. Parallèlement, il faut avoir les infrastructures de base.

Les entreprises sont concentrées dans la capitale alors qu'à peine 25 km en périphérie, on a de vastes terrains constructibles.
Il faut en même temps améliorer l'approvisionnement en eau et électricité, s'atteler à l'extension des routes dans le cadre du projet de création de villes nouvelles pour désengorger la capitale.

Ce n'est pas une vision uniquement du ministère de l'Industrie mais une vision globale de développement avec une synergie interministérielle. 

Comment qualifieriez vous votre degré de coopération avec le secteur privé ? 

Comme dans tout pays, les relations entre l'administration et le privé ne sont pas toujours évidentes. Il y a cinq ans de cela ce dialogue était inexistant. Depuis 4 ans, avec le retour du Président Didier Ratsiraka au pouvoir, on a privilégié le dialogue entre le privé et l'administration. Notre vision du développement industriel est claire. Le secteur privé qui est sur le terrain, est au courant des problèmes qu'il vit de manière permanente. Il faut dialoguer pour savoir quelle est la vraie demande. On aurait pu élaborer la loi sur la pollution industrielle avec le ministère de l'environnement mais on a consulté le secteur privé car si on met la norme trop élevée, toutes les entreprises vont fermer. C'est ce dialogue qui a permis d'améliorer l'environnement industriel à Madagascar, pour rassurer les investisseurs. Et, si les investisseurs étrangers viennent c'est parce qu'ils le ressentent. Ce n'est pas encore la parfaite harmonie, mais nous sommes en bonne voie. 

Quel type d'investisseurs comptez-vous attirer à Madagascar ?

Pour nous l'objectif est la création d'emplois, la valorisation des matières premières. Le champ est large. Qu'ils viennent d'Europe, d'Asie, d'Afrique l'important est qu'ils respectent les lois et les conditions environnementales, qu'ils créent de la richesse. Nous les encourageons à venir. 

Quel a été le montant des investissements directs et privés à Madagascar ? 

En ce qui concerne les investissements dans les entreprises franches, nous avons triplé l'investissement de l'année dernière dans les six premiers mois de cette année. Cette année, on avait donc 210 milliards Fmg d'investissements dans les entreprises franches soit environ 210 millions FF. Ce n'est pas suffisant en comparaison des années précédentes mais les résultats sont encourageants. C'est grâce à la stabilité politique et macro-économique. Car Madagascar n'est pas le seul pays au monde pour investir. Nous avons de nombreux concurrents à deux heures de vols d'avion. 

Quels sont les obstacles à franchir pour pérenniser la croissance ? 

Tout problème a une solution. C'est plutôt une question de temps. Si je prends l'exemple de l'AGOA c'est une loi qui dure 8 ans, il faut qu'en 4 ans on arrive à créer une autre filature et une usine de tissage à Madagascar.

Il faut développer la production de coton, améliorer l'infrastructure routière, la télécommunication, l'aspect formation et éducation. C'est primordial pour avoir une croissance durable autrement celle-ci ne sera qu'éphémère.

A un moment donné, il va y avoir une saturation, une pénurie de main d'ouvre qualifiée, une concentration des usines dans la capitale, un déséquilibre de développement entre les régions, les six provinces autonomes. C'est toujours dans cette vision globale qu'on mène notre politique. Comment équilibrer le développement des provinces sans freiner le développement industriel ? Quel type d'infrastructure est le plus urgent ?

On a tout le temps évoqué les incitations. On a fait l'expérience, on n'a pas changé les incitations mais uniquement la façon de faire, on travaille avec la même loi en 1992, en 1995, en 1996 mais c'est l'approche avec les investisseurs qui a changé. Cette volonté et cette détermination à faire bouger les choses à Madagascar a attiré les investisseurs. En 1991-1996, l'Afrique a par exemple profité du contexte international favorable à une croissance industrielle. Ce qui ne fut pas le cas du pays qui a connu une croissance négative. Si la tendance, à partir de 1996, a été au ralentissement dans la région, Madagascar, elle a réalisé un parcours positif et est aujourd'hui parmi les quatre pays qui en 2001, ont eut un taux de croissance favorable, surtout en Afrique. Quant à l'AGOA, Madagascar figure parmi les 6 pays sur 30 qui exportent effectivement vers les États Unis. C'est cette volonté qui fait la différence. 

Quelle vision avez-vous de Madagascar au sein de la région ?

Madagascar d'ici quelques années pourrait être un des leaders dans la région de l'Océan Indien, et se situer parmi les pays les mieux placés dans le continent.

Nous avons un énorme avantage, la guerre nous est inconnue. On assiste à une prise de conscience réelle de la population qui rejette la politique politicienne. C'est le moment de faire convergence de tous ces points de vue et de raffermir les relations entre secteur privé, administration et bailleurs de fonds. 

Quelle a été pour vous l'expérience la plus marquante dans ce ministère ? 

Au cours de ces 3 ans à la tête de ce département je citerai la qualification de Madagascar à l'AGOA, l'élection de Madagascar comme porte parole de la conférence des ministres de l'Industrie d'Afrique, l'explosion des activités en zone franche.

Comme je suis aussi ministre de l'Artisanat, je ne peux passer sous silence la mise en place des chambres de métiers en collaboration avec la France, plus précisément en partenariat avec les chambres de métier françaises. En effet, les artisans ont le savoir faire, mais n'ont pas les moyens d'approcher les marchés.  

Avez vous un message pour la communauté des investisseurs ? 

Madagascar est en train de négocier son développement économique et la venue d'investisseurs privés ne pourrait que nous être bénéfique.  Nous sommes prêts à accueillir les investisseurs sérieux.


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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on Madagascar published in Far Eastern Economic Review.  March 28 th, 2002 Issue.
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