CAMEROON
The new locomotive of Western Africa








Report



Interview with:

Mr. Jeremiah Andoseh,
General Manager

13/11/2000
Question 1: Voudriez-vous nous donner un aperçu des principales activités de MATGENIE ainsi qu'un bref historique de la société ?

Réponse1: MATGENIE est une société parapublique créée en décembre 1967, ayant pour mission principale l'acquisition, la maintenance, l'entretien et la location de matériel de génie civil. A l'indépendance, le Cameroun était dépourvu de matériel de génie civil. Pour y remédier, il a paru logique à l'Etat de créer une société publique en vue d' une meilleure rationalisation de l'entretien routier. A l'époque, l'entretien routier était régit par le ministère des Travaux publics. Puis, la politique en la matière a changé: il y a quatre ou cinq ans est survenue la privatisation de l'entretien routier. Aujourd'hui, MATGENIE reste un acteur principal dans ce domaine par la mise à disposition aux petites et moyennes entreprises, du matériel nécessaire à l'exécution de travaux de génie civil.

De 1967 à 1983 le MATGENIE a vécu les moments forts de son existence: ces années correspondent à une période de grande croissance économique. Le MATGENIE à pu croître considérablement dans ce contexte de prospérité. L'Etat était alors le seul client et régissait lui-même les travaux commandés. Ainsi, le MATGENIE n'a pas rencontré de problèmes financiers. Cependant, en ce qui concerne la gestion de l'entreprise, le MATGENIE était plus administré que géré. La crise est survenue entre 1985 et 1994-95. L'unique client -l'Etat- a connu d'importants problèmes de trésorerie qui ont ébranlé la santé économique de la compagnie. A tel point que le chiffre d'affaires réalisé durant cette période était inférieur aux frais de personnel. En réaction, des mesures de redressement et de restructuration assez sévères ont été appliquées. Nous sortons juste de ces mesures: les effectifs ont été drastiquement diminués et nous avons adopté une politique commerciale et technique qui garantissent une meilleure performance de l'entreprise. Le MATGENIE est à l'heure actuelle prêt à honorer la mission pour laquelle il a été créé. Le moment d'intéresser les acteurs du secteur privé est d'autant plus opportun que l'Etat a choisi de privatiser entièrement le domaine de l'entretien routier, le MATGENIE y compris.

Q. 2: A la tête de MATGENIE depuis 7 ans, vous avez contribué au redressement et la restructuration de l'entreprise. Comment envisagez-vous aujourd'hui son avenir et quels sont vos objectifs ?

R. 2: Nous résumons le défi de MATGENIE en un seul mot: performance. Performance, car les effectifs permanents ont été réduits à moins de 300 personnes sur les 1000 employés trouvés à ma prise de service. Performance parce que le matériel d'entretien routier est vieillissant et pose de ce fait bien des problèmes à nos services techniques. C'est un véritable défi que de maintenir en état de bon fonctionnement un matériel vieillissant. Et dans le contexte de la privatisation de l'entretien routier et de MATGENIE, aucun des investisseurs n'est prêt à injecter les fonds nécessaires au renouvellement des machines. Nous devons donc faire preuve d'imagination pour tendre vers l'adéquation entre l'offre du matériel du génie civil et la demande sans cesse grandissante.

Q. 3: Voudriez-vous nous donner un aperçu du chiffre d'affaire des trois derniers exercices ? Etes-vous prêts pour la privatisation ?

R. 3: Le chiffre d'affaire de MATGENIE durant les trois dernières années s'est situé aux alentours de 2,5 milliards de FCFA. Le budget pour l'exercice 2000-2001 s'élèvera à 2,9 milliards de FCFA. Nous pensons que notre chiffre d'affaire va croître, d'autant plus que nous allons quitter notre cible traditionnelle qui est l'entretien routier, pour participer au projet pipeline. Ce projet pipeline ouvre énormément de possibilités. Ainsi le MATGENIE qui est présent dans toutes les provinces de notre pays pourrait être impliqué dans la construction des stations disposées sur le trajet du pipeline depuis le Tchad et à travers tout le Cameroun, ainsi que dans celle des ateliers de service. Le matériel de MATGENIE sera également nécessaire aux travaux d'infrastructures. Le chiffre d'affaire devrait bientôt avoisiner les 4 milliards de FCFA. Cela ne fera que renforcer la privatisation de cette société d'Etat. Les indices sont en quelque sorte de nature à nous apprêter pour les noces. Le ou les bailleurs de fonds prêts à investir auront obtenu des indications qui démontrent la grande rentabilité de la société.
Q 4: Vous êtes entrain d'amener MATGENIE à un mode de gestion de type privé, quels sont vos partenaires potentiels et vos ambitions en terme de contrats dans la sous-région?

R. 4: Actuellement, MATGENIE est encore une société d'Etat. Ses missions sont donc en priorité dirigées vers l'intérieur du pays. Mais MATGENIE a cependant un potentiel certain au niveau sous-régional. Nous avons déjà participé à des chantiers en Guinée Equatoriale. En effet, nous voulons juguler le handicap naturel que nous impose la saison des pluies. Le but est de déployer nos énergies dans les pays de la sous-région où il ne pleut pas au même moment qu'au Cameroun et de travailler hors de nos frontières pendant les mois où l'activité est moindre dans notre pays du fait des intempéries. Pour se faire, la seule condition est que nous nous libérions de la contrainte d'être une entreprise d'Etat, de peur que l'on considère que MATGENIE dissipe ses énergies hors des frontières. Toutefois, la politique d'ouverture à la sous-région menée par le gouvernement qui privilégie la régionalisation plutôt que l'assujettissement aux limites territoriales de notre pays, se montre très positive quand il s'agit de privatisation.

Q 5: D'ici combien de temps envisagez-vous la privatisation du MATGENIE ?

R. 5: C'est difficile à dire. Je sais cependant qu'avant le mois de décembre 2000, nous devons nous mettre en conformité avec une loi sur les entreprises publiques et parapubliques. Nous sommes appelés à être une entreprise à capital public, ce qui veut dire qu'à l'échéance de cette loi, l'Etat détiendra 100% des actions du MATGENIE et la gestion de son capital. La privatisation s'effectuera probablement sur le modèle de la cession d'actions. L'Etat pourra donc céder une partie de ces actions au secteur privé. Je crois que ce serait la meilleure façon de procéder. La question reste de savoir quel pourcentage sera cédé au secteur privé ? Je n'engage que moi-même et pas l'Etat en disant que la solution la plus appropriée serait de céder 49% des actions au secteur privé, tout en conservant les 51% restants pour assurer le contrôle, et la gestion de MATGENIE, qui est un instrument de la politique de l'Etat. Le fait d'assurer l'entretien des routes est un enjeu pour l'Etat, MATGENIE est l'instrument de réalisation de cette politique.

Q. 6: Quelles sont les opportunités qui s'offrent aux investisseurs potentiels dans le domaine des travaux publics?

R. 6: Nous pouvons dire que MATGENIE est encore vêtu de ses habits d'enfant. Les statuts qui ont servi à sa création en ont fait une entreprise de location de matériel de génie civil. L'investisseur potentiel, l'acquéreur d'un tel outil débarrassera MATGENIE de ses habits d'enfant et saisira les opportunités qui s'offrent à lui. C'est à dire les travaux et tous les domaines associés aux engins dont MATGENIE a la charge. Pourquoi ne pas devenir assembleur de matériel de génie civil ou encore, une société de travaux de génie civil ? Dans l'un ou l'autre cas, les activités de l'actuel MATGENIE seront appelées à se diversifier pour le plus grand bien de l'entreprise.


 Read on 

You can find the version published in Forbes Global or Far Eastern Economic Review

© World INvestment NEws, 2001. This is the electronic edition of the special country report on Cameroon published in Forbes Global Magazine, October 1st, 2001. Developed by Agencia E.