CONGO ( DRC)
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M. Christian Kamanzi Munkindo, Vice-President of BCD



Banque Congolaise de Développement (BCD)

Interview de

M. Christian Kamanzi Munhindo,
Vice-Président de la BCD

Le 30 Juillet 2001
Votre banque est l'une des principales institutions financières de Kinshasa, pouvez-vous nous en faire une brève présentation?

La banque a été créée en octobre 1997. Son promoteur a été l'un des investisseurs et l'idée de la banque était de réhabiliter le système bancaire parce qu'avec l'avènement de l'AFDL ou plutôt du nouveau régime après le régime Mobutu, le système bancaire était en déconfiture et n'inspirait plus confiance.

Pourriez-vous nous en dire davantage ?

Une vague politique s'est fondue dans le mouvement de libération, c'est ainsi que la banque a été d'abord créée à l'Est à Goma, là où il y a eu la première agence avant d'arriver à Kinshasa. L'actionnariat est assez représentatif du nouveau régime parce qu'il y a dans notre actionnariat des participations rwandaise, ougandaise, angolaise, sud africaine et aussi congolaise ; la partie congolaise représente tout de même 40% de l'actionnariat c'est donc le vent d'une nouvelle vague politique qui a amenée la création de la BCD.

La diversité de l'actionnariat de la banque n'a-t-il pas constitué / ne constitute-t-il pas un obstacle à la création/ développement de la banque ?

L'actionnariat n'a pas évolué et la partie congolaise gère toute seule la banque pour le moment en attendant, je suppose, que des jours meilleurs reviennent. L'ambition première qui était l'idée de faire de la BCD une banque à vocation régionale avec implantation en Angola et surtout en Afrique Australe, à l'instar de l'Ecobank en Afrique de l'Ouest, a été donc stoppée. Jusqu'à présent nous ne sommes qu'une banque congolaise et nous nous limitons à ce marché. Nous avons refreiné nos ambitions, y compris au niveau national de par la guerre qui n'a pas pris fin. Aujourd'hui, nous n'avons que Lubumbashi comme branche fiable qui fonctionne ; de Goma nous n'avons pas de nouvelles parce que c'est la partie occupée et les agences que nous allions ouvrir à Mbuji Mayi et à Matadi ont été mises en attente.

Pouvez-vous nous donner un bref aperçu de la situation financière de la BCD ?

Au niveau des dépôts, et d'après le bilan 2000, ils représentent aux alentours de 10.000.000$US entre Kinshasa et Lubumbashi.

Quelles sont vos perspectives pour 2001 ?

Avec les changements actuels, le rétablissement avec les institutions internationales, les nouvelles modalités de change, le changement dans la gestion du pays, certaines lois sont tombées comme celle qui empêchaient les gens d'aller vers la banque ; nous espérons donc un afflux et entrevoyons la possibilité d'augmenter nos dépôts. Cela nous donne également l'occasion d'aller chercher des clients dans le secteur informel parce que l'économie congolaise repose à 90% dans l'informel. Si tout va bien, nous espérons d'ici un an doubler nos dépôts surtout si nous parvenons à résoudre nos divergences sur le plan de notre politique intérieure.

Dans ce contexte - marqué par une certaine insatbilité - comment gérez-vous vos affaires ?

Nous vivons au jour le jour ; à chaque jour suffit sa peine, en réduisant au maximum les coûts et les charges et en essayant de s'adapter. Nous essayons d'être proactifs par rapport a nos clients ;nous faisons donc des produits qui ont une durée de vie de trois mois car l'environnement change; de petites choses, comme la livraison à domicile cela veut dire on va livrer l'argent aux sociétés ou même aussi par téléphone… un client qui a besoin d'argent sur son compte peux nous appeler, nous allons le déposer et le chercher, etc. Nous essayons donc de rester imaginatif et de s'adapter aux circonstances. L'environnement bascule à tout moment, nous devons être attentifs a nos clients afin de répondre aux besoins qui se présentent et anticiper tout le temps.

Quelles sont parmi vos activités les plus lucratives ?

C'est le découvert que nous accordons a nos clients, qui sont pour la plupart des sociétés étatiques ou encore des particuliers. Les sociétés congolaises aujourd'hui ont grand besoin de fonds de roulement, nous essayons de subvenir à leurs besoins à ce niveau-là et c'est là que nous retirons 60 % de nos revenus actuels.

Ne craignez-vous pas un non paiment de certains de vos clients, notamment publics…?

Non, c'est le risque mains nous ne percevons pas notre intervention comme un investissement mais plutôt comme une aide à l'ensemble du fonctionnement des entreprises. Rassurez-vous, il y a tout de même un choix qui est fait sur les clients avec qui nous prenons ce risque.

La BCD a été créée pour réhabiliter le système financier ; dans cet esprit là, quels sont les projets mis en oeuvre ? Est-ce uniquement une initiative de la BCD ? Travaillez-vous en concertation permanente avec le Ministère des Finance et le Gouverneur?

Au niveau de nos clients, nous avons essayé de changer les habitudes cela veut dire que quelqu'un qui dépose son argent à la banque peut le retirer à tout moment ; de ce fait, nous avons tout d'abord adapté les heures d'ouverture à partir du 1er juillet 2001 de 08h30 à 16h00 ; le guichet est ouvert le samedi afin que nos clients s'habituent, car ils disent c'est mon argent ce n'est pas l'argent de la banque, je le dépose à la banque mais je peux aller le retirer à tout moment. Nous avons également, dans un second temps, essayé de réduire les conditions d'ouverture des comptes ; c'est banal, mais ici les banques fonctionnent avec le système de parrainage cela veut dire que n'importe qui ne peut pas aller ouvrir un compte à partir du moment où il n'y a pas d'autres associés qui le parrainent. Ici, à la BCD, quelqu'un aujourd'hui peut ouvrir un compte avec seulement sa carte d'identité et un dépôt minimal de 200 $US pendant que la concurrence en demande 2000$ à 3000$ et avec l'intervention de parrains. Si vous n'avez pas quelqu'un qui vous parraine, vous n'avez pas accès au système bancaire. Nous proposons aussi des services et tarifs adaptés au profile de nos clients.
Pour le moment nous connaissons un problème c'est celui des caisses de dollars, car nous ne savons pas les exporter ; on a libéralisé le fonctionnement des banques cependant il y a des transferts de flux qui viennent de l'extérieur ; nos clients préfèrent travailler en dollar considérant l'inflation à laquelle nous sommes confronté, raison pour laquelle nous importons des caisses de dollars afin que les clients qui en ont besoin puissent les avoir à disposition. Malheureusement depuis le mois d'avril ou mai, il y a eu un problème avec les convoyeurs de fonds de la Sabena qui ont décrété un embargo; comme c'est la seule compagnie qui rapatrie l'argent à Kinshasa nous sommes actuellement dans une situation délicate pour l'obtention de devises.

Quelles en sont les conséquences et quelles solutions préconisez-vous ?

Lorsque vous importez des devises il y a aussi un prix de revient et un certain niveau à ne pas dépasser. Maintenant que la Sabena n'assure plus ce service il faut que nous le fassions faire par un porteur - c'est à dire que la banque paye un billet pour le risque qui jusqu'ici était de 1% et qui est désromais de 2% ; ceci a bien evidemment une incidence sur nos charges. Puis il y a également le recèle, maintenant tous les comptoir de diamants ont commencé à travailler ils amènent pas mal de devises sur toutes les lignes car ils sont obligés puisque nous ne sommes plus en mesure de répondre a leur demande. Il y a certaines banques qui ont essayé de faire de même jusqu'à ce que la Sabena mette fin à tout cela. En ce moment là quand on nous amène l'affaire, celui qui est venu déposer 20 000 $US on ne lui fait pas le fret, celui qui n'a pas dépose on lui livre le fret, une sélection assez primaire, rudimentaire mais cependant nous y sommes obligés.

Quelle est la position de la BCD au regrad de ses concurrents ?

Si nous nous basons sur le chiffre que nous avons réalisé jusqu'au mois de mars de l'année passée, en terme de dépôt, aujourd'hui nous sommes devenus pratiquement la troisième banque du pays après la BCBC et l'UBC qui ont les plus gros dépôts. Nous sommes actuellement en forte concurence avec l'UBC et nous espérons prendre la deuxième place dans un avenir proche.

Quels sont vos avantages comparatifs ?

Nous essayons d'avoir un service sur mesure et de proximité tout en établissant des relations spéciales avec nos clients. Le marché de Kinshasa n'est pas très grand ; il y a six compagnies de pétrole, trois brasseries nous avons donc tous les mêmes clients et chacun doit avoir, à part les produits communs, une relation particulière avec ses clients. J'essaye d'être l'ami du directeur financier de telle société, s'il veut faire quelque chose, il pense d'abord à moi avant de penser à mon concurrent. Nous nous bagarrons par téléphone pour l'information. Voilà l'amitié de se retrouver quelques fois pour jouer au tennis, vous êtes ensemble, vous communiquez, et le fait de savoir qu'il a besoin de ceci, nous pouvons imaginer un produit adapté, lui-même, opportuniste, fera jouer la concurrence afin d'obtenir la meilleure offre.

Une question peut être reprise sur l'économie, le changement qui se fait en RDC, au niveau de la BCD, est-ce que vous observez à travers cette période de 6 mois du fils Kabila une amélioration des affaires en ce qui vous concerne ?

concrètement, ce n'est pas encore le cas aujourd'hui, nous voyons des éléments sensibles cependant il y a tout de même un problème de chiffres ; je ne vois pas mes dépôts augmenter et je ne vois pas mes revenus augmenter non plus. Cependant l'environnement dans lequel nous évoluons a beaucoup changé, nous sommes plus à l'aise, la réglementation est aujourd'hui moins contraignante qu'elle ne l'était auparavant. Le pouvoir devient un partenaire alors qu'avant nous nous sentions réellement qu'il était derrière nous en train de chercher à nous coincer pour, chaque fois, nous faire payer ceci ou cela. Maintenant nous sentons qu'il y a une attitude qui tient compte de nous, qui nous demande notre avis, qui nous propose, voilà un sensible changement.

Avez vous participé aux négociations du gouverneur, ministre des finances ou avez-vous eut des rencontres avec les institutions internationales ?

Oui, la Banque Centrale a amené un système de concertation mensuelle, nous avons une réunion où nous nous retrouvons pour parler de nos problèmes et là nous pausons des divers sujets importants, nos problèmes de restauration de banques, nos problèmes de tous les jours et ça se passe en grande convivialité avec les institutions internationales. C'est la banque centrale qui amène les institutions internationales vers nous, il y aussi des contacts avec ces institutions là pour essayer de discuter de la situation du pays donc il faut donc parler concertation en fait.

Auriez-vous un message final en ce qui concerne les opportunités d'investissements en RDC?

Je crois qu'il faut prendre des risques avec les congolais qui sont là, le potentiel est là ; quarante millions d'habitants ça mange, ça dépense donc il y a de l'argent à faire, il faut donc prendre des risques, prendre le temps de mettre son argent qu'il produise… mais non pas venir uniquement pour prendre. C'est cela le message ; le potentiel est là en terme financier, en capital humain, il est bien présent, tentez votre chance et risquez-vous au Congo.

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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special Democratic Republic of Congo report on published in Forbes Global Magazine. April 1st, 2002 Issue.
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