CONGO ( DRC)
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M. Tumba, Administrateur Directeur Général de Sait-Telecom


SAIT-TELECOM

Interview avec

M. Tumba,
Administrateur Directeur Général

9 Juillet 2001
La présence de SAIT-TELECOM est relativement récente en RDC. Pouvez-vous nous donner un rappel historique de son implantation, et quels en sont les premiers résultats ?

SAIT-TELECOM a démarré ses activités le 14 décembre 2000 ; nous avons donc six mois de fonctionnement et, au niveau de nos premiers résultats, nous avons dépassé les prévisions du promoteur. En effet, les prévisions de départ tablaient sur un parc de 26.000 abonnés avant la fin de l'année 2001, mais après six mois d'activité, nous sommes déjà à 40.000, et nous avons même saturé momentanément les capacités de l'outil.

Et la création s'est faite à partir de Siemens ?

Siemens est notre équipementier, mais SAIT-TELECOM est une société d'origine belge qui a fait son extension ici.

Quel est aujourd'hui votre chiffre d'affaires ?

Nous tendons vers le million de dollars par mois.

Quels sont les principaux axes de votre stratégie ?

En fait, la stratégie est de convaincre le promoteur à modifier ses plans financiers et à nous permettre une extension pour des équipements dès maintenant - ce qui n'était bien evidemment pas prévu dans le budget. Mais c'est une opportunité qu'il faut saisir pour avoir plus d'abonnés et pour augmenter le chiffre d'affaires. Il y a des possibilités, nous sommes sollicités mais nous sommes victimes de notre propre succès, nous avons tout vendu.

Quand devriez-vous étendre votre réseau ?

D'ici six à sept semaines nous devrions augmenter de 50% notre capacité actuelle.

Vous avez brisé le mythe de l'interconnexion, vous êtes le premier réseau à l'avoir fait mais un autre problème se pose, celui de la gestion des fréquences. Comment réagissez-vous par rapport à ce problème d'infrastructures ?

Nous avions promis, à l'inauguration, que nous allions banaliser l'interconnexion et tout le monde nous a ri au nez ,mais après cinq mois, c'est aujourd'hui chose faite ; nous sommes le réseau le plus interconnecté parce que communiquer c'est s'ouvrir même s'il y en a qui veulent communiquer en vase clos… je ne sais pas comment ils vont le faire !
Pour ce qui est de la gestion des fréquences, le facteur important c'est l'Etat ; c'est lui qui gère les fréquences, ce ne sont pas les opérateurs. Nous subissons en fait la loi et la gestion du gouvernement. Cependant, comme nous sommes les premiers intéressés, nous sommes aux premières loges, nous tenons le devant, nous allons vers l'Etat avec des conseils parce que les fréquences c'est notre matière première et quand elles sont mal gérées, c'est nos communications qui en pâtissent.

Donc, vous travaillez en étroite collaboration avec l'Etat pour l'amélioration de la gestion de ces fréquences.

Tout a fait, et ce pour la simple raison que, en dehors du marché local, il y a les pays limitrophes et si on ne se met pas d'accord avec eux, il y aura des interférences. Après avoir baissé le prix de l'interconnexion, ce qui est notre priorité actuellement, nous allons aider les Etats de la région à mieux gérer la répartition des fréquences.

Comment vous positionnez-vous devant vos concurents ?

Nous sommes leaders avec Celtel. A deux, nous approchons les 100.000 abonnés sur six mois de travail. Les autres, réunis, pourront arriver à 50.000 abonnés.

Et au niveau de l'interconnexion, les autres concurrents vont-ils vous suivre dans votre politique?

Vous conviendrez que ça été pour nous un atout commercial, ceux qui ne nous suivent pas vont perdre leurs abonnés. Mais nous avons remarqué qu'ils suivent, ce qui est une bonne chose par ailleurs.

Comment entrevoyez-vous le développement des télécommunications à terme en RDC ?

Il y a aura une extension et une démocratisation de la communication et cela sera un facteur important de développement pour la République Démocratique du Congo. Aujourd'hui la communication reste un élément d'élite, ce qui n'est pas normal ; il faudrait que communiquer devienne pour le commun des mortels une activité banale, nous allons banaliser la communication.

Qu'attendez-vous des autorités locales en matière de télécommunication ?

Qu'elles balisent la voie avec une législation mise à jour parce que les textes qui régissent ce secteur remontent à 1940. Depuis lors il y a eu une avancée technologique, une percée de l'Internet, des télécommunications, des portables, etc… mais le législateur n'a pas adapté ces textes à cette évolution. Il faudrait que la législation accompagne notre développement.
Quels ont été les progès dans ce domaine là ?

Il y a deux jours, les autorités ont réalisé une cérémonie de clôture des premiers pourparlers sur la nouvelle réglementation, mais nous n'en sommes qu'au tout début du processus.

Participez-vous à l'élaboration de cette nouvelle réglementation ?

Oui. Nous sommes aux premières loges, car nous sommes les premiers intéressés, nous participons et nous avons même été conviés à le faire.

Une baisse du prix des télécommunications a-t-elle été envisagé ?

Celle-ci est indispensable au développement parce qu'elle accompagne l'économie d'échelle, mais la baisse de prix ne découlera pas d'une législation, ce sont les forces du marché qui vont fixer le niveau des prix. En revanche, là où l'Etat devrait nous aider, c'est dans le problème de coordination de l'interconnexion qui doit passer par un centre de transit national, privé ou mixte parce qu'actuellement les interconnexions sont maillées - elles se font d'opérateur à opérateur ; l'Etat n'intervient pas, il est spectateur.

Beaucoup affirment que les sociétés de télécommunication sont éphémères en RDC, c'est à dire qu'elles connaissent un engouement très rapide, puis il y a une stagnation, voire même une baisse qui est provoquée par le manque de pouvoir d'achat de la population, il s'agit donc d'un marché qui reste limité. Que leur répondez-vous ?

Bien sur tout marché est tributaire du pouvoir d'achat de sa population, c'est une chose, mais ceux qui disent cela font une extrapolation à partir de l'opérateur historique, le premier. De là ils tirent très vite des conclusions parce que sans vouloir analyser ou critiquer un opérateur, ceux qui sont à la base, ceux qui ont été les promoteurs des premiers réseaux de télécommunication, n'ont pas eu la présence d'esprit d'adapter leurs outils, de se moderniser et donc de se maintenir. Il ne faut pas lier leur chute à la qualité du marché mais plutôt aux stratégies internes.

Si l'on se référe au produit SAIT-TELECOM, qu'offrez-vous de plus que la communication ?

Nous sommes un réseau GSM, il n'y en a pas beaucoup et nous sommes le seul réseau GSM qui opère en fréquences 1800. C'est un atout, un choix de qualité et un choix lourd financièrement, mais avec comme corollaire une qualité de son qui est unique.

Vous développez essentiellement le système prépayé, qu'en est-il du système par abonnement?

Nous développons aussi un grand marché pour les contrats avec abonnement et nous avons déjà une clientèle.

Envisagez-vous de développer cette clientèle là ou plutôt de rester sur le prépayé?

Non, on va développer le système de facturation. Le prépaye c'est un package qui est adapté à un type de clientèle, mais la facturation a aussi son créneau.

Au niveau marketing, quel est votre stratégie de Communication ?

Nous conservons une approche classique, c'est-à-dire être au front, être mordant, être à l'écoute des besoins du futur client et l'orienter quand il le faut sinon le suivre la plupart du temps.

Quels sont vos projets de developpement au niveau régional ?

Il y a d'abord une volonté d'élargissement au niveau du pays ; nous avons commencé il y a six mois et nous ne sommes qu'à Kinshasa. Nous irons à l'intérieur dans les provinces et puis, par la suite, nous avons des ambitions extraterritoriales.

Pourquoi s'être établi en RDC et non pas dans un autre pays qui aurait pu être jugé plus stable?

Ce choix est le flair du promoteur et je ne pense pas qu'il se soit trompé.

Lorsque l'on parle aux hommes d'affaires , en décembre 2000 et en janvier 2001, la plupart auraient fermé boutique, puis avec les évènements récents, l'espoir est revenu. Est-ce également votre cas ?

Tout à fait.


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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special Democratic Republic of Congo report on published in Forbes Global Magazine. April 1st, 2002 Issue.
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