CONGO ( DRC)
paving the reconstruction












M. Joël CADIER, Directeur Général de Starcel

Interview de

M. Joël CADIER
Directeur Général

30 Juillet 2001

Website: www.starcel.com/DRC/index.html
Pourriez-vous nous expliquer les liens qui unissent TELECEL à STARCEL ?

En ce qui concerne Telecel il y a eu deux associés fondateurs: Mr. Miko et Mr. Gatt. Le premier est un congolais d'origine rwandaise et le second est un américain ; ils ont développé le groupe Telecel au Zaïre à l'époque des années 1987-1988 jusqu'à 1992-1993. C'est à partir de 1993 qu'ils ont développé l'international en créant le groupe Telecel International. En 1998, pour des raisons que j'ignore, les deux associés ont décidé de se séparer et ils ont donc négocié ce qu'on appelle un " Demerger Agreement " qui a été signé le 23 décembre 1998 et qui constate la scission du groupe en deux parties. M. Gatt reprenant de Telecel International la partie comprenant Madagascar, la RDC, la Guinée Conakry et la Belgique où est située Afrilink devenue maintenant Afrisat qui est un " Router " et un " Carrier " de communication internationale entre le continent africain et le reste du monde. Mr. Miko reprenant les autres sociétés du groupe et conservant la dénomination sociale ''Telecel''. C'est ainsi que M. Gatt avait l'obligation, en deux ans, de changer la dénomination de toutes les filiales de son propre groupe. En ce qui concerne la RDC, nous sommes devenus en décembre 2000 " Starcel ". Nous avons simplement changés de dénomination sociale.

Etes-vous aujourd'hui en pleine restructuration ?

La restructuration actuelle a pour but d'adapter nos ressources, nos moyens à la nouvelle donne économique et concurrentielle. Lorsque je suis arrivé ici, il y a deux ans, nous avions des coûts, notamment salariaux, extrêmement élevés par rapport à une chute du revenu constatée ou amorcée en 1998 à cause de la guerre et qui n'a fait que s'aggraver en 1999 et 2000. Parallèlement à cette chute d'activité, la signature d'une convention collective salariale en avril 1999 qui octroyait au personnel des avantages très substantiels a multiplié par deux et demi le coût de la masse salariale d'un mois sur l'autre. Nous nous sommes donc retrouvés fin 1999 avec des coûts salariaux représentant 38% des revenus alors qu'ils ne représentaient que 8% des revenus en 1997. Cette convention collective a malheureusement été négociée et signée pendant une vacance de la direction générale alors que M. Gatt qui venait de constater la scission du groupe deux mois auparavant restructurait le siège du groupe aux Etats Unis.

Il a donc fallu trouver des solutions pour ramener cette masse salariale à un niveau supportable c'est pourquoi j'ai négocié pendant de longs mois pour réduire le coût direct des salaires individuels qui étaientt, jusqu'à l'aboutissement de ces négociations le 22 mai 2001, six à huit fois supérieurs à nos concurrents, et dix à quinze fois plus élevés que les autres sociétés de la place. Dans un premier temps, nous avons ainsi réussi à renégocier les salaires et les avantages sociaux. Par ailleurs, l'amélioration de notre organisation et le transfert de certaines activités vers la sous-traitance notamment ce qui ne relève pas directement du métier des télécoms tels que la gestion des transports et de la sécurité nous conduisent à licencier du personnel. Nous avons adressé une demande de licenciement au Ministère du Travail qui porte sur à peu près un tiers du personnel.
Globalement, l'incidence financière provenant de la combinaison de ce licenciement et de la renégociation des salaires individuels devrait réduire nos coûts salariaux de 60% retrouvant ainsi les coûts salariaux de l'époque 1997/1998.

Comment mesure-vous votre activité ?

Nous mesurons notre activité par la production réelle de minutes de télécommunication facturées et par le chiffre d'affaires réalisé en dollars .En 1999 et 2000 l'activité n'a pas subi de fortes modifications en terme de facturation de minutes, cependant le chiffre d'affaires a été divisé par deux d'une part à cause de la baisse de nos tarifs, se conformant à la tendance sur le plan mondial, principalement des communications internationales, et d'autre part surtout par une perte de change extrêmement élevée du fait de l'application de ce fameux décret 177. En 2000 notre chiffre d'affaires ne représente que 45% de celui de1997.

Quelles sont vos attentes pour fin 2001 ?

Pour la fin 2001, nous espérons que le renversement de situation sur le marché de change que nous observons ce mois-ci et qui a une forte incidence positive sur notre facturation de juin se poursuivra tout le second semestre. Malheureusement je pense que la baisse actuelle du taux de change n'est qu'un phénomène passager ; en revanche la libéralisation du marché de change pourrait stabiliser le taux de change USD/FC ce qui contribuerait fortement à redresser notre chiffre d'affaires 2001.

A propos de la concurrence que vous avez évoquée précédemment, un des vos concurrents SAIT Télécoms bénéficié déjà de l'interconnexion. Quelle est votre position sur cette question et quelles mesures avez-vous prises pour faire face à la concurrence ?

Vous abordez deux aspects bien distincts ; d'abord l'interconnexion ensuite les moyens que nous mettons en œuvre pour combattre la concurrence. Concernant l'interconnexion, un opérateur ne peut être interconnecté qu'à un autre opérateur au moins. Sait est interconnecté avec plusieurs opérateurs dont nous ; par réciprocité nous sommes donc nous aussi interconnectés avec Sait. Aujourd'hui, nous sommes interconnectés directement avec tous les opérateurs significatifs c'est-à-dire Celtel, Oasis de Sait et Cellnet de CWN. Nous le sommes depuis longtemps avec Comcell via un transit OCPT mais nous négocions actuellement un accord direct, de même qu'avec Sogetel, bien que les discussions soient au point mort. Nous sommes aussi interconnectés avec l'OCPT avec lequel nous négocions aussi un contrat en bonne et due forme.

Vous citez l'opérateur GSM, à tort car il s'agit en fait de la société CWN GSM dont le réseau est Cellnet. Nous avons un contrat d'interconnexion avec eux signé depuis le 13 juin mais ils ont pris pas mal de retard dans la mise en place technique de la capacité d'interconnexion. Par ailleurs on a procédé à une période de test de réconciliation des statistiques la semaine dernière, et aujourd'hui la, liaison est ouverte. Voilà donc le problème de l'interconnexion quasi résolu au bénéfice, bien sûr, des abonnés de tous les réseaux et aussi au bénéfice de tous les opérateurs parce que le trafic global a augmenté. A ce propos, il est intéressant de noter que notre petit réseau en terme d'abonnés par rapport à Celtel ou Sait génère un trafic dix fois plus élevé à destination de leurs réseaux que le trafic inverse. C'est ainsi que les abonnés Celtel ont été surnommés " benga ngai " en lingala, ce qui veut dire " rappelle-moi " en français parce qu'ils appellent un abonné Starcel pour lui dire " rappelle-moi ! ". En effet, ils sont en " pre-paid ", leurs cartes sont débitées immédiatement alors que l'abonné Starcel qui va les rappeler est en " post-paid " sans limite de consommation.

En ce qui concerne la concurrence, les trois réseaux GSM: CWN, Sait et Celtel, c'est, par définition, de la télécommunication de masse, c'est du pré-paiement, ce sont des services uniformisés pour 100, 200, 300 voire 500 milles abonnés alors que nous, ce que nous essayons de faire, c'est conserver nos clients historiques, grands consommateurs de télécommunications, qui sont principalement des professionnels (entreprises grandes et petites), le Gouvernement, les expatriés, les professions libérales. Nous leur offrons des services qui sur le plan technique sont presque identiques à ceux qu'offrent les réseaux GSM mais avec une approche commerciale personnalisée afin que ces abonnés qui sont chez nous depuis dix ans n'aient pas vraiment envie de nous quitter. Ils ont effectivement acheté un Celtel ou un Sait mais ils l'utilisent peu, pour l'instant ils restent encore fidèles à Starcel et nous devons continuer à les satisfaire par le lancement imminent d'une nouvelle politique tarifaire et commerciale bien plus agressive dont je cacherai les détails.

Sur le plan des communications internationales nous avons lancé le produit " Allô mikili ", carte pré-paid économique, qui n'est pas destinée à concurrencer les autres opérateurs, mais les cartes de communication internationale prepaid comme Lam Télécom, USAN, AMC etc... C'est un véritable succès car nous avons récupéré presque 70% du trafic des communications internationales en carte prepaid.

Nous allons aussi lancer le service prepaid pour concurrencer directement les réseaux GSM, il sera opérationnel à partir du mois de septembre 2001. Il faut savoir que le prepaid est intéressant car il permet de collecter le revenu immédiatement, ce qui est moins évident en postpaid, mais la contre-partie du prepaid c'est une diminution dramatique des consommations pour l'abonné. Alors effectivement nous avons des abonnés qui voudraient bien avoir du prepaid pour leurs collaborateurs. Ce que nous allons offrir pour ces abonnés-là qui ont de nombreux numéros est une combinaison de postpaid, de prepaid ou du postpaid limité en fonction des utilisateurs.

En fait ce que recherche un abonné aujourd'hui, c'est un outil de gestion de son budget télécoms. Ceci peut être réalisé à travers une plate-forme " prepaid ", avec laquelle nous continuerons à faire du postpaid bien entendu mais qui permettra surtout d'allouer un crédit limité à la demande du client, et une fois atteint ce crédit, l'utilisateur pourra recharger à ses frais son compte par l'achat d'une carte prépayée.

Combien d'abonnés comptez-vous attirer ?

Le problème de Starcel, bien connu, est un problème de capacité du réseau qui est saturé depuis pratiquement son origine. Les dirigeants de l'époque avaient privilégié l'extension géographique de Telecel sur Goma, Bukavu, Lubumbashi, Mbuji Mayi puis ensuite sur le plan international au détriment d'investissements sur Kinshasa. Lors de la scission du groupe, M. Gatt ayant repris la totalité de la DRC aurait effectivement pu mettre les investissements nécessaires pour développer le réseau. Cependant les problèmes politiques n'ont pas incité aux investissements.

Parallèlement ce n'était pas très judicieux de développer la capacité de notre réseau " AMPS " alors que nous avions sollicité l'octroi d'une licence GSM.

Malheureusement la licence GSM ne nous a pas été accordée avant le milieu de l'année 2000 car le Gouvernement considérait que M. Miko, d'origine rwandaise donc faisant partie de la rébellion, était toujours associé dans notre société.

Dans l'entre-temps, M. Gatt a eu la possibilité, en mi-1999, de racheter la société Afritel qui détenait une licence numérique sur le standard américain CDMA avec un contrat de fourniture d'équipements avec Qualcom. Les actionnaires d'Afritel n'avaient pas obtenu les ressources nécessaires à financer ce contrat d'équipements et recherchaient donc un repreneur, c'est ainsi que M. Gatt a bouclé le financement avec Qualcom. Afritel a reçu et installé les équipements pendant le dernier trimestre 1999 et le réseau a été lancé en décembre 1999. Malheureusement le contrat d'équipements avec Qualcom ayant été modifié à plusieurs reprises pour des raisons financières, il s'est avéré que la capacité réelle fournie était quatre fois inférieure à celle qui aurait du être sur papier. Enfin, comble de malchance, la division CDMA de Qualcom était vendue fin 1999 à Ericsson qui est un des principaux fournisseurs d'équipements GSM au monde. C'est pourquoi nous avons eu beaucoup de difficultés pour acquérir de nouveaux équipements CDMA afin d'augmenter la capacité d'Afritel. Ces équipements sont à l'heure actuelle sous douane, nous allons donc pouvoir très bientôt disposer d'une capacité totale de 10.000 abonnés. Entre les deux réseaux AMPS et CDMA notre capacité sur Kinshasa sera de 20 à 22.000 abonnés seulement, mais nous privilégions la qualité de ces abonnés par rapport à la quantité.
Qu'attendez-vous des pouvoirs publics en vue de permettre une croissance soutenue du secteur?

Ces mesures sont de trois ordres:

. d'abord et avant tout, instituer un organe de régulation des télécoms. Ceci passe vraisemblablement par l'approbation d'une nouvelle loi sur les télécommunications, plus adaptée aux concepts actuels, qui fait l'objet de beaucoup de débats, notamment entre la FEC (Fédération des Entreprises Congolaises) et le Ministère des PTT. Nous n'avons malheureusement pas réussi à nous mettre d'accord sur le projet définitif soumis au gouvernement et à l'Assemblée pour approbation. Cet organe de régulation fait l'objet d'un différent avec le ministère des PTT car nous le souhaitons totalement indépendant du Ministère contrairement à ce dernier qui fait de cet organe une émanation du ministère. La règlementation et la régulation des télécoms est donc le premier volet des mesures attendues.

. Le deuxième volet est une clarification, une harmonisation des conditions d'octroi des licences GSM. Aujourd'hui, plus de douze licences GSM ont été accordées en plus des deux licences AMPS: Comcell et Starcel, et de la licence CDMA d'Afritel. Il y a au total plus ou moins quinze licences d'opérateurs mobiles en RDC. C'est beaucoup trop d'autant plus qu'il y a des licences dont les fréquences se chevauchent, mais ce problème est le troisième volet que nous aborderons plus tard. Le problème des conditions d'octroi des licences GSM est d'ordre financier. En effet, notre société, Intercel Congo, dans lequel le Gouvernement est actionnaire à hauteur de 10% via le Ministère des PTT, s'est vue attribué une licence GSM au prix de 15 millions USD. Nous savons que certains de nos concurrents ont payé leur licence GSM 1 million USD pour CWN et 2 millions $US pour SAIT alors qu'il s'est écoulé moins d'une année entre la mise en exploitation du réseau GSM de SAIT (ouverture en janvier 2001) et celle de Intercel (ouverture prévue en septembre 2001). Même si Intercel a obtenu un échéancier de paiement des 15 millions $US de licence GSM, c'est bien 13 millions $US supplémentaires qu'il faudra amortir sur le coût des communications facturées à nos abonnés.
. Enfin le troisième volet est l'allocation et la gestion des fréquences. Nous avons un réel problème de gestion des fréquences car pour certaines licences les fréquences allouées se chevauchent rendant impossible le fonctionnement des 2 réseaux concernés. Le même phénomène est constaté avec les fréquences allouées par notre voisin le Congo-Brazzaville qui empiètent sur les fréquences allouées en RDC. Nous avons déjà connu le cas pour le réseau Afritel, une interruption quasi-totale d'exploitation en février et mars de cette année parce qu'un opérateur de télévision de Brazzaville émettait sur la bande des 1820Mhz qui est la bande réceptrice de Afritel. Il nous a fallu plusieurs semaines avant de repérer la source de cette émission, cause de l'interférence. A Brazzaville nous avons appris de l'opérateur de télévision concerné qu'il avait lui-même été obligé de changer d'équipement depuis qu'il avait subit des interférences que nous avons identifiées provenant de Sait Oasis. Nous avons donc rencontré les responsables de Sait Oasis pour tenter de résoudre ce problème à trois mais nous n'avons pas obtenu leur aide malgré leurs promesses. Ce qui fait que nous avons dû racheter les nouveaux équipements à l'opérateur de télévision de Brazzaville pour qu'il émette sur une troisième bande de fréquence sans qu'il ne soit perturbé par SAIT et sans qu'il ne perturbe Afritel mais tout cela a pris deux mois. Le gouvernement ne nous a absolument pas aidé à résoudre ce problème sauf à mettre à notre disposition des " experts " pour aller enquêter à Brazzaville, " experts " que nous avons largement rétribués du reste.
Quant à moi, j'essaye d'obtenir une réduction sensible de mes frais de licence Afritel pour l'année 2001 compte tenu que j'ai perdu deux mois de chiffre d'affaires et beaucoup d'abonnés qui se sont découragés. A ce jour je n'ai reçu aucune réponse du Ministère des PTT à qui j'ai écrit à quatre reprises. Pourtant le volet allocation et gestion des fréquences est primordial dans le cadre de l'attribution des licences, c'est la contre-partie du prix payé par les opérateurs.

Vous évoquiez Afrilink, pouvez-vous nous parler de ses projets sur le continent africain ?

Afrilink, qui s'appelle maintenant Afrisat, est en fait une société qui développe une activité business-to-business qui met à la disposition des opérateurs locaux africains l'acheminement de tout leur trafic international in et out. Afrisat est connectée à 140 " carriers " et opérateurs mondiaux. Elle récupère près de 95% du trafic des opérateurs dans le monde pour les acheminer vers l'Afrique ou de l'Afrique vers ces opérateurs. Aujourd'hui, Afrisat travaille beaucoup avec la RDC qui est à l'origine de ses activités, la plupart de nos concurrents sont sous contrat avec Afrisat que ce soit CWN, Sait Oasis, Celtel et l'OCPT. C'est donc notre société " sœur " qui leur fournit le trafic international sans que cela crée de conflit d'intérêt dans la mesure ou les conditions sont identiques pour tous.

Le deuxième type d'activité que développe Afrisat est tout ce qui est transmission des données via le système Vsat. Ses clients sont principalement des opérateurs Internet, la Cita qui gère la transmission des données liées au transport et trafic aérien ainsi que les banques.

Quels sont vos projets en matière d'Internet ?

Nous allons lancer notre service d'accès à Internet (ISP) sous l'appellation Afritel OnLine qui aura pour particularité de proposer la connexion via les téléphones portables et fixes d'Afritel. Dans un premier temps, c'est une connexion internet des ordinateurs via le réseau téléphonique d'Afritel. La vitesse de transmission de 19,6 kbps n'est pas très élevée bien qu'elle soit supérieure à celle constatée en Europe sur le réseau GSM. Dans un deuxième temps, nous allons proposer à notre clientèle des connexions Internet " bridge wireless ", via des antennes.

Sur le plan économique et au regard des expériences que vous avez traversées, y a t-il aujourd'hui un nouvel espoir?

Effectivement, nos activités ont étaient dramatiquement affectées par les deux dernières années du pouvoir Kabila Père. En fait depuis la guerre de 1998 et toutes les mesures d'ordre économique qui ont été prises à l'encontre de toute approche économique, notamment l'arrêté 177 qui a été une catastrophe pour nous. Même si nous n'avions pas envisagé la fermeture de nos opérations à la fin de l'an 2000, comme certains ont pu vous dire en ce qui les concernait, il est clair que nos investissements sont restés très limités en attendant les jours meilleurs. A propos du nouveau " régime ", nous n'en sentons pas encore directement les effets ; en revanche, ce qui nous intéresse c'est de voir l'évolution positive de l'environnement économique et politique jusqu'à aujourd'hui, et nous sommes très optimistes. Les effets ne se feront sentir que dans six à douze mois. Tous les financements, tous les projets qui sont préparés actuellement se traduiront par des investissements sur le terrain dans 6 mois dans le meilleur des cas or le pays a aujourd'hui besoin d'un afflux de devises pour retrouver une capacité de fonctionnement normale et stabiliser le taux de change. La désinflation actuellement constatée, que je n'espère pas passagère, est le fruit d'un certain nombre de mesures prises très positives. Mais pour l'instant on reste vraiment dans l'expectative ; nous qui travaillons en postpaid nous sommes à nouveau très ennuyés par les effets de cette désinflation sur notre facturation du mois de juillet, pourtant nous avons pris la décision de baisser nos prix. C'est la première fois que nous modifions les prix facturés par rapport au tarif annoncé, mais dans la mesure ou c'est au bénéfice des abonnés personne ne viendra s'en plaindre. Le problème se présentera si le taux remonte au cours du mois d'août lorsque les abonnés viendront nous payer la facture de juillet. Dois-je participer à la baisse généralisée des prix et prendre le risque de subir les conséquences d'une remontée du taux… éternel problème d'une économie à deux monnaies !
Ce que nous recherchons avant tout est le développement des affaires d'une façon générale. Si les affaires reprennent la téléphonie aussi reprendra, avec la concurrence notre revenu s'est forcement effrité, il faut donc, pour revenir à des jours meilleurs, que le marché global de la téléphonie remonte. Pour cela il faut que le revenu redistribué à la population remonte, il donc faut créer des emplois et pour qu'il y ait des emplois il faut des investissements et pour qu'il y ait des investissements il faut des financements. Pour obtenir des financements il faut de bonnes conditions, stabilisées, sur le plan politique et économique.

Starcel n'est-elle pas l'une des compagnies les plus viables en RDC ?

Avec les brasseurs vous voulez dire. Oui, je pense qu'il y a deux secteurs relativement épargnés, les télécoms d'une part et les brasseurs et le tabac d'autre part.

Sur un plan plus personnel, pourriez-vous nous dire quel a été votre parcours professionnel.
Je pense être très expérimenté, pour ne pas dire expert, des pays et des environnements difficiles. Depuis une vingtaine d'années j'ai travaillé pour plus de 60% de mon expérience professionnelle en Afrique et près de 20% en Asie du Sud-Est. Après une formation de base en gestion des entreprises, j'ai travaillé pendant une dizaine d'années en administration et finances - notamment comme consultant auprès de la Banque mondiale sur des projets agro-industriels. J'ai parallèlement poursuivi et terminé des études d'expertise comptable, c'est ainsi que j'ai pu créer en 1991 mon propre Cabinet de Conseil et d'Audit en France en travaillant principalement sur des missions de privatisation de secteurs agro-industriels en Afrique. En 1994, je suis parti pour la Banque Lazard en Asie du Sud-Est, comme Responsable des investissements sur le Vietnam dans un premier temps et sur la Birmanie ensuite et Responsable du développement des activités " banque d'affaires " en Birmanie. Quelques temps avant la " crise asiatique " j'ai quitté la banque Lazard et j'ai intégré la London Business School pour y suivre une année de formation en Management international et Finances sanctionnée par un MBA. J'ai ensuite reçu une proposition de travail dans les télécoms pour une société américaine. J'étais très intéressé car je n'avais jamais travaillé ni dans les télécoms ni pour une société américaine et comme la localisation était Kinshasa, j'ai estimé que je pouvais m'appuyer sur mon expertise des pays difficiles pour l'accepter.

Quelle est votre principale satisfaction en RDC ?

J'aime bien travailler avec les congolais, ils sont intellectuellement habiles et ils apprennent vite. Au niveau technique, nous avons plusieurs expatriés congolais aussi bien aux Etats Unis qu'en Belgique. Ils sont tout à fait capables sur le plan scientifique comme sur le plan gestion et cela est très positif dans mon travail.

La vie à Kinshasa n'est pas forcément amusante tout les jours mais il y a quand même de bons restaurants et des possibilités sportives, mais pour moi c'est surtout le boulot qui m'intéresse ici.

Quel message adresseriez-vous à nos lecteurs ?

Venez maintenant, rendez-vous compte par vous-même de la situation, appréciez le risque et décidez en conséquence. Il y a effectivement des opportunités à saisir aujourd'hui avec des investissements adaptés ou à déclenchement progressif. On peut investir même 2.000.000 $US par exemple avec un risque limité aujourd'hui, et une espérance de retour à très court terme. Mais derrière, en cas de succès, cela peut conduire à des investissements bien plus importants avec des rentabilités à moyen et long termes, véritables développements du style usine de montage de voitures comme cela existait à l'époque. Le potentiel est là, donc je crois qu'il faut être présent maintenant, il faut prendre des positions et il ne faut pas forcément venir avec la grande cavalerie, mais il faut prendre des positions.

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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special Democratic Republic of Congo report on published in Forbes Global Magazine. April 1st, 2002 Issue.
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