THE REPUBLIC OF CONGO
Enormous potential for investors/D'énormes potentialités d'investissements

Interview avec:

M. Henri DJOMBO
Ministre de l'Economie Forestière, chargé de la Pêche et des Ressources Halieutiques
Lundi 18 février 2002
 
L'économie congolaise a souffert des récents évènements, mais votre secteur s'est vite relevé. Quelle est votre vision de la situation économique du Congo et de votre secteur en particulier ?

L'économie est en plein redressement, et le secteur forestier est en plein extension. Il dépasse le stade de la reconstruction, il dépasse le stade d'une restructuration post-conflit, et se jette plutôt dans un développement réel, à travers quelques axes essentiels, notamment la transformation de la plus grande partie du bois dans le pays, à travers la promotion de l'investissement dans la zone Nord-Congo, qui a permis justement de mettre en place plusieurs nouveaux complexes d'exploitation forestière et de transformation du bois.

Nous avons pu aussi restructurer les entreprises d'Etat, en les privatisant toutes. Les capitaux privés injectés dans ce secteur public permettent maintenant de relancer le secteur véritablement.

Le résultat de tout ce travail qui a été abattu ces trois dernières années, en particulier, c'est l'augmentation de la production. Dans les deux années qui suivent, nous devrions pouvoir doubler la production nationale qui passera de 700.000 à un million et demi de mètres cubes. Pour la première fois, on aura dépassé le seuil de 800.000 mètres cubes qui a été historiquement le plafond de la production de bois. Donc, nous allons doubler la production à l'horizon 2003, avec l'entrée en production des concessions forestières de la Likouala, de la Sangha, de la Cuvette-Ouest et aussi avec la réactivation de la production dans la zone Sud du pays, notamment dans le Niari et le Lékoumou.

A l'horizon 2004, 2005 nous devrions atteindre 2 millions, sinon dépasser 2 millions de mètres cube de bois.

Comment faites vous pour rétablir la confiance des opérateurs et des investisseurs ?


Au cours des différents entretiens avec le secteur privé, nous avons présenté la situation réelle dans notre pays, la paix en marche dans le pays, les dispositions qui sont prises pour protéger l'investissement et rassurer les investisseurs. Et puis les sociétés forestières qui ont fonctionné dans le Nord ont pu apporter leurs témoignages expliquant que leur activité n'avait pas été dérangée, excepté au niveau du transport intérieur. Les forestiers ont été obligés d'emprunter les voies extérieures comme celles du Cameroun ou de la RDC pour évacuer leurs productions à l'étranger. Mais, elles n'ont pas arrêté de travailler.

Les seuls problèmes d'arrêt de production que nous avons connu, ont eu lieu dans les régions méridionales, dans le Niari et la Lékoumou, mais ce sont également des régions productrices marginales de bois. Le plus gros de la production, 80% proviennent du Nord-Congo, et je suis certain que nous passerons à un pourcentage plus élevé au moment où tous les chantiers du Nord-Congo seront mis en route.

Où en sont actuellement les travaux d'infrastructures justement pour l'évacuation de la production ?

D'abord les sociétés forestières construisent elles-mêmes leurs infrastructures routières. Par exemple les routes d'évacuation des bois vers le Cameroun sont réalisées par les forestiers, vers la RCA ou vers d'autres destinations sont réalisées par les forestiers.

Ensuite la filière nationale de transport est en train de se restructurer. Le Chemin de fer est en cours d'investissement. La voie ferrée va bénéficier d'importants investissements dans les prochains mois, et nous attendons la privatisation du transport fluvial. L'autonomie qui va être accordée aux différents ports (port maritime de Pointe-Noire, port fluvial de Brazzaville, et les autres ports fluviaux secondaires) va permettre peut-être de changer la manière de travailler et d'améliorer les performances sur le plan du transit et du transport.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le SNR et son rôle ?

Le Service National de Reboisement (SNR) a pour rôle d'exécuter la politique du gouvernement en matière d'afforestation et jusque-là son rôle s'est cantonné à l'afforestation en savane. Nous avons réalisé, depuis une trentaine d'années d'importantes étendues de forêts d'eucalyptus et de pins notamment dans le Sud du pays près de la côte, dans le Niari mais aussi dans la Bouénza et dans le Mayombe.

Aujourd'hui, avec la nouvelle politique forestière, nous sommes en train de revoir le plan d'action du SNR pour lui donner un peu plus de compétences dans l'application des résultats des recherches forestières, dans l'assistance des privés et des paysans qui pourraient faire l'arboriculture. Nous allons lui donner de plus en plus, un rôle technique dans la création des forêts composées pour échapper aux effets de la monoculture ou des plantations monospéficiques. Il y a donc beaucoup de choses qui reviendront au SNR dans les prochaines années qui constitueront comme une sorte de redressement de ses objectifs.

Quelle est la situation dans le secteur de la pêche et des ressources halieutiques?

Elle est caractérisée par de faibles captures, aussi bien en mer qu'en eau douce. Nous n'avons pas beaucoup d'armement en mer. Le potentiel halieutique est sous-exploité, tandis que dans d'autres pays il est surexploité ou à la limite de la surexploitation. Donc, nous avons encore la possibilité de créer de nouveaux armements pour améliorer les captures et essayer de nous approcher du potentiel de nos eaux maritimes.

En eau douce, là aussi le potentiel est fortement sous-exploité. Théoriquement, nous pouvons produire cent mille tonnes de poissons, à partir de nos rivières, et du fleuve Congo. Mais, c'est à peu près le tiers ou un peu moins qui est produit. La production en eau douce est supérieure à celle qui provient de la pêche maritime. Le nombre de pêcheurs en eau douce est bien sûr beaucoup plus important, mais travaillant avec des moyens rudimentaires qui limitent les captures, qui ne permettent pas l'optimisation des recettes, notamment à cause des pertes importantes après capture. Il y a un problème de conservation, de conditionnement du produit pour lui faire supporter plus de temps et l'amener sur un rayon plus long de commercialisation. Nous sommes en train de travailler sur ces questions pour relever le défi et le gouvernement, ces dernières années, avec le concours de la FAO au début, se permet de distribuer des matériels de pêche, notamment des filets aux pêcheurs sinistrés du fait des guerres ou bien des inondations. Nous introduisons des techniques nouvelles de pêche, mais surtout de conservation à travers la salage et le séchage de poisson, le fumage de poisson à partir de fours améliorés qui permettent d'avoir de meilleurs rendements et un produit de meilleure qualité.

Quelles seraient aujourd'hui pour les investisseurs étrangers les opportunités que vous mettriez en avant ?

Les différents secteurs ouverts ne sont pas concurrentiels. Ils sont très différents par la nature de leurs activités. Nous mettons l'accent partout. Nous voudrions optimiser le potentiel de chaque secteur afin qu'il contribue au mieux au produit intérieur brut. Nous voulons que chaque secteur contribue fortement à l'économie nationale. Nous poussons à l'industrialisation de la filière bois, à une meilleure gestion du domaine forestier, à une gestion durable de la ressource forestière à travers un certain nombre de mesures que nous avons prises, nous cherchons à maximiser la pêche dans nos eaux aussi bien maritimes que douces pour accroître les captures, rendre auto-suffisant le pays en poisson, parce que nous importons près de 30.000 tonnes de poisson chaque année, ce qui est paradoxal pour un pays qui dispose de ressources halieutiques suffisantes, qui n'a pas une grande population et donc qui peut devenir rapidement auto-suffisant.
Il est aussi vrai qu'avec la libéralisation de l'économie, ces activités sont du ressort du secteur privé et l'Etat ne peut que les accompagner dans leur développement et aider à la vulgarisation des techniques nouvelles surtout pour assister les petits producteurs. Mais, on offre également suffisamment d'avantages pour inciter les privés à investir aussi bien dans la forêt que dans la pêche, mais aussi dans l'exploitation des aires protégées.

Nous disposons de 3 millions 600 mille hectares d'aires protégées qui représentent 11% du territoire national, ce qui est un record au plan international. Donc 11% du territoire congolais sont convertis en aires protégées. Et dans les 3,6 millions d'hectares, nous avons 3,5 millions d'hectares de forêt, c'est-à-dire près de 95% de nos espaces protégés sont constitués de forêts productives, ce qui est également une première au plan international. Donc. Si les forêts qui échappent, ou que nous avons soustraites, à l'industrie du bois, étaient exploitées, nous aurions à peu près 5O millions de dollars chaque année de revenus directs tirés de cette exploitation . Mais, nous avons consenti de convertir tout ce revenu dans la conservation de la biodiversité. C'est une première et le Congo, grâce à sa politique de gestion rationnelle de ces aires protégées veut jouer un rôle moteur dans le bassin du Congo, aussi bien dans la gestion de la faune que de l'espace forestier.

Je voudrais aussi vous dire que nous sommes les premiers au monde à avoir mis au point le clonage de l'eucalyptus. Au milieu des années 70, le Congo a mis au point la technique de clonage de l'eucalyptus, à partir de laquelle l'Afrique du Sud, le Brésil et d'autres pays d'Amérique latine ont pu développer de vastes programmes de plantation avec le concours des bailleurs de fonds internationaux, alors que le père de l'invention n'a pas du tout bénéficié des capitaux internationaux pour jouir de ces résultats. Toutefois nous nous sommes efforcés de mettre en place 42 mille hectares de plantation d'eucalyptus à Pointe-Noire, donc près du port. Au départ ces plantations étaient destinées à l'approvisionnement d'une usine de pâte à papier. Puis avec la conjoncture avec la chute des prix du pétrole, en 1984/85, ce projet a été mis entre parenthèses. Nous ne l'avons pas relancé, mais nous avons continué à développer les plantations dans la perspective de la mise en place d'un autre projet industriel qui pourrait remplacer l'usine de pâte à papier.
Aujourd'hui, ces plantations qui appartiennent à 100% à l'Etat font l'objet de négociation avec une société sud-africaine pour les privatiser ; avec l'obligation à nos partenaires d'installer à moyen terme une unité de transformation, de valorisation industrielle de ces plantations.

Quel message final aimeriez-vous passer à la communauté des investisseurs ?

Que le Congo est un pays sûr où il y a une fiscalité stable ; où les incitations à l'investissement sont nombreuses ; c'est un pays en plein développement et la filière bois est en plein expansion. Nous souhaitons dans le cadre de la diversification de l'investissement obtenir des professionnels tournés vers une transformation plus poussée, à haute valeur ajoutée, donc pour récupérer le maximum de bois et nous créer plus d'emplois dans le pays.
La paix est revenue dans notre pays. Elle est irréversible. Le processus démocratique a été redéclenché. Nous allons vers la mise en place des institutions démocratiquement élues, des institutions stables sur la base de la nouvelle Constitution qui tient compte absolument de la sociologie et de psychologie politique de ce pays. Donc il y a tout à fait intérêt à venir investir ici. Venez, venez voir, installez-vous et il y a de l'argent à gagner.

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