THE REPUBLIC OF CONGO
Enormous potential for investors/D'énormes potentialités d'investissements

Son Excellence Mambou - Aimée Gnali Interview avec:

Mme Aimée Mambou GNALI
Ministre de la Culture et des Arts chargée du Tourisme
Lundi 18 février 2002
 

Comment décririez vous le secteur du Tourisme Congolais aujourd'hui ?

Nous avons un potentiel considérable, mais par rapport au Sénégal, où j'ai longtemps vécu, et qui ne possède pas le quart de ce que nous avons ici, nous sommes en retard car ils ont su mettre en valeur ce qu'ils ont. Ici au Congo, je crois que nous sommes trop gâtés, et dans tous les domaines d'ailleurs. On ne fait pas l'effort de valoriser ce que nous avons et c'est bien dommage.

Cela a t il toujours été ainsi ?

En fait non, il y avait une activité auparavant, mais aujourd'hui c'est comme si il n'y avait rien eu. On repart véritablement de zéro. C'était surtout pendant la période coloniale puis également dans les premières années de l'indépendance. Mais, il n'y a pas eu de la part des gouvernements, une politique déterminée pour développer le tourisme.
Ce que je dis du tourisme est également vrai pour la culture. Nous sommes en train d'élaborer une loi d'orientation culturelle et également une loi de développement touristique. Nous en sommes encore au début, toutes les jeunes générations ne connaissent pas le tourisme, ils ne connaissent pas le pays parfois. Ils ont assisté au déclin de la culture congolaise, mais pas encore à la renaissance. C'est pourquoi à présent nous reprenons les choses de zéro.
Nous sommes optimistes car nous savons, et les gens à l'extérieur savent également, que le Congo était une destination prisée pour la pêche, la chasse et déjà une forme d'écotourisme. Il existait également une forme de tourisme culturel, moins développé, mais cela existait également.

Quelles sont aujourd'hui les grands axes de développement séléctionnés par le Ministère ?

Nous avons trois axes : l'écotourisme car nous sommes déjà connus dans le monde pour ça. Notamment pour la présence de certaines espèces de gorilles que l'on ne trouve qu'ici ainsi que de nombreux chimpanzés. Nous avons des éléphants, des tortues, des lamantins. Dans des lieux parfois plus difficiles d'accès, comme dans la région de Konkouati.

Cependant, quand vous allez à Odzala vous voyez des singes, des éléphants, mais aussi des oiseaux de toutes sortes. Il y a au moins sept espèces de martin-pêcheurs. De même pour les papillons. Récemment, quand nous sommes allés à Imvouba, j'ai réalisé que les papillons avaient disparus de Brazzaville. A Javouhey en pépriphérie de Brazzaville, il y avait une forêt qui, jouxte la Nonciature maintenant, et on y trouvait toutes sortes d'espèces de papillons, mais avec l'urbanisation ils ont disparu. Il faut maintenant aller au moins à 130 km d'ici pour voir des papillons.

Nous avions un parc zoologique, mais il a été décimé. On voit grandir des congolais qui ne savent absolument rien de la faune, de la végétation qui existent dans leur pays, alors que ces richesses sont encore là et qu'elles existent.

Le tourisme doit se développer sur deux niveaux, pour les Congolais d'abord pour qu'ils connaissent leur pays. Cela fait partie de notre environnement, de notre culture que les gens ne connaissent plus, surtout les jeunes.

Il y a aussi l'intérêt pour les étrangers qui peuvent trouver un dépaysement complet. Il y a ici tout ce qui correspond à l'image que l'on se fait à l'étranger de l'Afrique et d'un certain environnement, d'une certaine faune et d'une certaine végétation.

Nous nous heurtons cependant à deux obstacles, le manque d'intérêt de la part des pouvoirs publics, et le manque d'infrastructures.

Nous sommes en train de sensibiliser l'opinion, car je crois que les autorités ne sont pas conscientes de ce que cela représente en terme de création d'emplois.

Tous ces sites sont donc très difficiles d'accès et les agences ne se risquent pas à y envoyer leurs clients. Il y a une réelle nécessité en infrastructures, mais il faut cibler vers les sites d'utilité, que ce soit pour l'évacuation des marchandises agricoles ou pour la mise en valeur d'un site touristique. Tout cela implique un réel effort d'investissement et de reconstruction.

Nous sommes dans un programme post
conflit qui vise à rétablir la stabilité et à assurer la remise en route de l'économie. Les grands travaux font partie des projets du gouvernement et c'est une bonne chose car nous avons de nombreux jeunes prêts à travailler.

Existe-t-il une réelle volonté de changer les choses aujourd'hui de la part des opérateurs économiques ?

Nous avons connu 20 ans de monopartisme et de marxisme-léninisme et ça a complètement éteint toute initiative chez les Congolais. Aujourd'hui encore, en tant que ministère, on nous dit de construire les hôtels, les routes, les restaurants. Mais ce n'est pas notre travail, ce n'est pas à nous de faire ça. Nous avons eu du mal à faire comprendre aux opérateurs économiques qui sont nos partenaires que notre rôle est de les aider, de faciliter l'implantation, mais l'investissement doit venir d'eux. Nous pouvons répertorier les sites, faire refaire des cartes routières, des cartes touristiques, donner accès à l'information en créant des bureaux d'information touristique.

Quelle approche allez vous adopter ? Mettre en avant les atouts du Congo en tant que station balnéaire ou axer le dévelopement plus sur l'écotourisme ?

En fait nous souhaiterions promouvoir les deux aspects. Nous allons faire un film qui présente le Congo dans son ensemble, car en fait nous sommes entre le fleuve Congo et l'Océan Atlantique. Malheureusement nous avons très peu de moyens, mais nous avons déjà la chance d'avoir les sites, et nous avons des accords avec l'Union Européenne, et également l'intérêt des organisations écologistes internationales qui étudient le patrimoine naturel congolais.

En ce qui concerne le tourisme balnéaire, il y a de nombreuses opportunités. Pour ce qui est du fleuve il y avait un problème de sécurité qui se posait avec les gueres de RDC et celle d'ici, mais comme la situation s'améliore sur les deux rives, nous pensons que cette activité va pouvoir reprendre prochainement.

Nous avons tous les deux ans également, le Festival Panafricain de musique, qui est une manifestation culturelle qui peut attirer beaucoup de monde. Il est tout à fait possible lors du Festival, d'exploiter la proximité du fleuve et de Kinshasa également, en organisant des excursions ou des activités en marges de la musique, dans les alentours de Brazzaville.

Quelles sont les mesures d'encouragement sur lesquelles vous travaillez pour attirer les investisseurs ?

Nous essayons, mais au sortir de la guerre, c'est très difficile. Nous avons reçu des visiteurs qui semblaient intéressés par la construction d'hôtels, mais peut être était-ce trop tôt et la situation n'était pas au moins point qu'aujourd'hui et ils ont dû évaluer le risque comme étant trop important. Nous avons également reçu des déléguations d'Afrique du Sud, intéressées par le projet d'Odzala, l'écotourisme. Maintenant que le pays se stabilise, je pense que nous allons pouvoir concrétiser quelques projets en sommeil depuis trop longtemps. Nous avons repris la participation aux diverses foires internationales du tourisme depuis peu, nous nous rendons régulièrement dans ces manifestations pour faire connaître le potentiel du Congo, pour essayer de rappeler aux gens que le Congo a été une destination touristique par le passé, et qu'il ne manque pas grand chose pour que cela recommence.

N'avez vous pas souffert de l'arrivée tardive de l'Internet par rapport à d'autres pays africains ?

Absolument. Surtout pour ce genre de domaine, l'Internet est un lieu d'exposition indispensable de nos jours. Mais, encore faut-il aussi avoir de quoi alimenter les sites, et pour l'instant, nous n'avons pas grand chose. Malheureusement nous n'avons pas encore le matériel et les moyens pour mettre en valeur nos sites touristiques.

Si nous résumons, sur quels projets allez vous concentrer vos efforts dans les deux ans à venir ?

Comme je vous disais, sur l'écotourisme, sur le tourisme balnéaire et fluvial, en fait la mise en valeur de ce qui est déjà connu et pour lequel nous avons un minimum de structure. Odzala par exemple peut accueillir des visiteurs, une douzaine aujourd'hui. Les sites sont pour le moment dépourvus d'infrastructures, et nous ne pouvons pas amener les gens et rentrer à Brazzaville dans la journée, on ne profite pas des sites. Les paysages sont merveilleux, mais si on n'a pas un endroit ou boire un coup ou manger en route, c'est possible pour les gens de Brazzaville, mais pour des touristes c'est dommage.

Auriez vous un message final pour nos lecteurs ?

Qu'ils viennent voir et apprécier d'eux-mêmes, et qu'ils nous aident, justement à valoriser toutes ces potentialités et à les développer et, qu'ensemble, nous en fassions la promotion.


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